Quand des Israéliens bloquent des convois d'aide à Gaza

Une centaine de manifestants sont réunis dimanche devant le point de passage de Nizzana, à la limite du Sinaï égyptien et du Néguev israélien, séparés par une haute clôture auréolée de barbelés. (AFP)
Une centaine de manifestants sont réunis dimanche devant le point de passage de Nizzana, à la limite du Sinaï égyptien et du Néguev israélien, séparés par une haute clôture auréolée de barbelés. (AFP)
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Publié le Lundi 19 février 2024

Quand des Israéliens bloquent des convois d'aide à Gaza

  • A cause de la manifestation, les convoyeurs qui attendent de l'autre côté de la frontière, en Egypte, ne peuvent franchir la porte d'Israël
  • Des familles d'otages, qui manifestent chaque semaine pour pousser le gouvernement israélien à accepter un accord pour leur libération, ont dit ce weekend vouloir bloquer le terminal de Nizzana

NIZZANA: L'ONU craint une famine à Gaza, et le Hamas lie le sort des otages à l'entrée de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien. Mais cela n'empêche pas certains Israéliens de bloquer des camions à la frontière pour faire pression sur "l'ennemi".

Une centaine de manifestants sont réunis dimanche devant le point de passage de Nizzana, à la limite du Sinaï égyptien et du Néguev israélien, séparés par une haute clôture auréolée de barbelés.

Ni les blocs de béton ni la présence de soldats dans cette zone militaire israélienne ne les ont empêchés d'accéder près du terminal où une partie de l'aide humanitaire doit être passée au peigne fin par les autorités israéliennes avant de remonter vers Rafah, dans la bande de Gaza.

A cause de la manifestation, les convoyeurs qui attendent de l'autre côté de la frontière, en Egypte, ne peuvent franchir la porte d'Israël.

David Rudman, 35 ans, est venu dimanche matin de Jérusalem, à trois heures de route, pour empêcher la nourriture, le fioul et des médicaments d'entrer à Gaza, où l'ONU craint désormais une famine chez les 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé, pilonné depuis plus de quatre mois par Israël.

"Vous vous dites peut-être que ce n'est pas acceptable de ne pas laisser entrer la nourriture et l'eau. Mais compte tenu de la situation dans laquelle nous sommes, c'est acceptable", tranche-t-il, en évoquant le sort des otages.

Désespoir

Le mouvement islamiste Hamas a menacé ce weekend de suspendre les pourparlers en vue d'une trêve à Gaza assortie de la libération d'otages enlevés lors de l'attaque du 7 octobre en Israël, si davantage d'aide n'entrait pas rapidement dans le territoire palestinien.

Une première trêve avait permis fin novembre la libération d'une centaine d'otages sur environ 250 personnes enlevées ce jour-là et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages y sont encore retenus, dont 30 seraient morts.

"Un de mes bons amis est otage (...). Nous espérons qu'il est bien en vie à Gaza. Ça n'a pas de sens. D'un côté, nous leur donnons de l'eau, des médicaments et de la nourriture mais de l'autre nous n'avons même pas une liste" des otages et de leur état, affirme David, qui refuse de révéler l'identité de son ami pour le protéger.

"Nous voulons faire libérer les otages. Cela fait des semaines qu'il n'y a pas de progrès (pour leur libération) et vous allez donc voir de plus en plus de gens venir ici", prédit-il.

Des familles d'otages, qui manifestent chaque semaine pour pousser le gouvernement israélien à accepter un accord pour leur libération, ont dit ce weekend vouloir bloquer le terminal de Nizzana, ou celui de Kerem Shalom, plus au nord, où est aussi inspectée l'aide avant d'entrer à Gaza.

Mais dimanche à Nizzana, un seul membre des familles d'otages était présent. Et il a refusé de parler, craignant des représailles sur les captifs.

«Désobéissance civile»

Selon un sondage de la chaîne israélienne 12 publié fin janvier, 72% des Israéliens estiment que l'aide humanitaire ne devrait pas entrer à Gaza tant que les otages ne sont pas relâchés.

D'après l'ONU, les manifestations qui ont eu lieu ces derniers mois à Nizzana et Kerem Shalom, et empêchent pendant plusieurs heures l'entrée des camions dans Gaza, réduisent encore les maigres ressources disponibles dans le territoire ravagé par la guerre.

Dimanche, plusieurs membres de l'association de droite radicale "Israel is Forever" parmi lesquels des Franco-Israéliens sont venus bloquer l'aide à Gaza.

"Le Hamas ne va pas de bonté d'âme libérer nos otages si nous donnons des camions humanitaires à la population civile de Gaza. De toute façon, il n'y a pas de population civile innocente à Gaza", affirme Nili Naouri, la président de l'association.

Sa solution? "Que les Gazaouis partent de Gaza" s'ils veulent de l'aide. Selon elle, l'aide de la communauté internationale à Gaza ne fait qu'y favoriser le maintien du Hamas.

Habitué de ces blocages, David Ickowicz, 39 ans, est convaincu de l'utilité de sa "désobéissance civile": "Les dirigeants du Hamas vivent dans les tunnels. Or pour vivre dans les tunnels, et y respirer de l'oxygène, cela prend de l'électricité produite avec du carburant. En coupant l'entrée de carburant, on les fera sortir des tunnels".

Dimanche soir, le Croissant-Rouge palestinien a annoncé que 123 camions étaient entrés à Gaza via Kerem Shalom. Mais aucun via Nizzana, en raison de la manifestation.


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.