Des centaines de personnes affamées fuient le nord de Gaza vers le sud

Des Palestiniens fuient leurs maisons avec leurs biens après le bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 février 2024 (Photo, AFP).
Des Palestiniens fuient leurs maisons avec leurs biens après le bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 24 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 25 février 2024

Des centaines de personnes affamées fuient le nord de Gaza vers le sud

  • La situation humanitaire ne cesse d'empirer dans le territoire palestinien où 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées d'une «famine de masse»
  • L'aide, qui entre au compte-gouttes par le terminal de Rafah à l'extrême sud de Gaza, est soumise au feu vert d'Israël et son acheminement vers le nord est presque impossible en raison des destructions et des combats

TERRITOIRES PALESTINIENS: Des centaines de personnes, poussées par la faim, fuient dimanche le nord de la bande Gaza, alors que des discussions sur une trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas se déroulent au Qatar, après des négociations en France et en Egypte.

La situation humanitaire ne cesse d'empirer dans le territoire palestinien où 2,2 millions de personnes, soit l'immense majorité de la population, sont menacées d'une "famine de masse", selon l'ONU.

L'aide, qui entre au compte-gouttes par le terminal de Rafah, à l'extrême sud de Gaza, est soumise au feu vert d'Israël et son acheminement vers le nord est presque impossible en raison des destructions et des combats.

Les affrontements se sont poursuivis dans la nuit à Khan Younès (sud) mais aussi à Beit Lahia et Zeitoun (nord), et c'est le manque de nourriture qui pousse également la population au départ, un correspondant de l'AFP faisant état dimanche de centaines de personnes quittant le nord, où 300.000 personnes risquent la famine selon l'ONU, vers le centre de la bande de Gaza.

Parmi elles, Samir AbdRabbo, 27 ans, est arrivé à Nousseirat (centre) dimanche matin avec sa fille d'un an et demi.

«Dieu, notre seul espoir»

"Je suis venu à pied (...) Je ne peux décrire le genre de famine qui se répand là-bas (...) Il n'y a pas de lait (pour ma fille). J'essaie de lui donner du pain que je prépare à partir de fourrage mais elle ne le digère pas (...) Notre seul espoir est l'aide de Dieu", dit-il à l'AFP.

"Tuer notre peuple en l'affamant est un crime de génocide qui menace tout le processus de négociations", a affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat un responsable du Hamas dans le nord de la bande de Gaza.

Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, avait fustigé vendredi le "siège imposé à Gaza" par Israël pouvant "représenter une utilisation de la famine comme méthode de guerre" qui est, a-t-il rappelé, un "crime de guerre".

A Jabaliya (nord), des dizaines d'habitants se pressaient et s'invectivaient samedi pour obtenir de la nourriture. "C'est fini", crie un homme chargé de la distribution de ce qui semble être une soupe, selon des images de l'AFP.

"Que le monde voit où on en est arrivé", lance un homme.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée en Israël par des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Durant l'attaque, quelque 250 personnes ont en outre été enlevées et emmenées à Gaza. Selon Israël, 130 otages --dont 30 seraient morts-- y sont encore retenus après la libération d'une centaine lors d'une trêve fin novembre, en échange de prisonniers palestiniens.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007 et qu'il considère, à l'instar des Etats-Unis et de l'Union européenne, comme une organisation terroriste.

L'offensive militaire israélienne a fait 29.692 morts à Gaza, en grande majorité des civils, depuis le 7 octobre, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement islamiste palestinien.

Le ministère fait état quotidiennement d'une centaine de morts dans la bande de Gaza, dans ce qui est l'offensive la plus vaste de l'histoire d'Israël.

Discussions à Doha

Des technocrates égyptiens, qataris, américains, israéliens et des cadres du Hamas ont repris dimanche à Doha les négociations pour une trêve à Gaza, selon une télévision proche du renseignement égyptien.

Ces discussions "seront suivies de réunions au Caire" où s'étaient rencontrés le 13 février les directeurs des renseignements égyptien, américain et israélien et le Premier ministre qatari, a indiqué AlQahera News.

Selon elle, ces pourparlers "assurent le suivi de ce qui a été discuté à Paris", où s'était rendu vendredi le chef du Mossad (services de renseignement extérieurs israéliens), David Barnea.

D'après une source du Hamas, un plan discuté en janvier à Paris prévoyait une pause de six semaines et la libération de 200 à 300 prisonniers palestiniens détenus par Israël en échange de 35 à 40 otages.

Pour conclure un accord, Israël exige au préalable "la libération de tous les otages, à commencer par toutes les femmes", a indiqué samedi soir Tzachi Hanegbi, conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Un tel accord ne signifie pas la fin de la guerre", a-t-il toutefois prévenu.

Le Hamas réclame, lui, un "cessez-le-feu complet" et le retrait des troupes israéliennes de Gaza.

Pendant ce temps, l'inquiétude grandit aussi à Rafah, à la frontière fermée avec l'Egypte, où se massent dans des conditions précaires au moins 1,4 million de personnes, des déplacés pour la plupart, qui sont menacées d'une opération militaire terrestre d'envergure.

«Le plus vite possible»

M. Netanyahu a affirmé samedi qu'il convoquerait "en début de semaine le cabinet pour approuver les plans opérationnels d'action à Rafah, y compris l'évacuation de la population civile".

Selon un journaliste de l'AFP, au moins six raids aériens ont été menés samedi soir sur la ville.

L'armée israélienne a annoncé dimanche poursuivre notamment des opérations à Khan Younès (sud) affirmant qu'une unité spéciale "avait éliminé des dizaines de terroristes et localisé des armes".

En Israël, des milliers de personnes se sont rassemblées une nouvelle fois samedi soir à Tel-Aviv sur la "place des otages" pour réclamer leur libération.

"Nous pensons tout le temps à eux, nous voulons qu'ils nous reviennent vivants et le plus vite possible", a dit à l'AFP Orna Tal, 60 ans, dont un ami fait partie des 130 otages.


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
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  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
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  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
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  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.