Les partis politiques redoublent d’efforts pour atténuer la crise dans le sud du Liban

Les frappes israéliennes, qui utilisent des armements hautement destructeurs, ont tué des dizaines de membres du Hezbollah ainsi que des civils. (AFP)
Les frappes israéliennes, qui utilisent des armements hautement destructeurs, ont tué des dizaines de membres du Hezbollah ainsi que des civils. (AFP)
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Publié le Vendredi 08 mars 2024

Les partis politiques redoublent d’efforts pour atténuer la crise dans le sud du Liban

  • La crainte d'une escalade est exacerbée en raison de l'implication du Hezbollah dans le conflit dans la bande de Gaza et de l'instabilité qui résulte du vide présidentiel au Liban
  • Jeudi, le Hezbollah a annoncé «avoir ciblé la colonie d'Afdoun avec des roquettes Katioucha en réponse aux attaques de l’ennemie contre la ville de Dhayra»

BEYROUTH: Les efforts politiques s'intensifient pour éviter toute escalade supplémentaire de la violence dans le sud du Liban, alors que l'opposition grandit dans les rangs chrétiens contre une confrontation susceptible de dégénérer en guerre ouverte.

La crainte d'une escalade est exacerbée en raison de l'implication du Hezbollah dans le conflit dans la bande de Gaza et de l'instabilité qui résulte du vide présidentiel au Liban. Des appels de plus en plus pressants sont lancés pour résoudre pacifiquement la situation dans le sud du Liban et éviter tout nouvel épisode de violence.

Le Conseil des évêques maronites a vivement réagi en exprimant son «refus catégorique d'entraîner le Liban dans le conflit israélo-palestinien, une position partagée par l'ensemble des pays arabes pour éviter qu’ils soient engloutis par ce brasier».

Les évêques ont également exprimé leur inquiétude relative à «toute initiative de négociation libanaise qui vise à traiter la situation dans le sud du pays en l’absence d'un président ayant l'autorité nécessaire pour gérer ce dossier».

Dans ce contexte, une délégation de députés du Hezbollah a rencontré jeudi l'ancien président libanais Michel Aoun après des mois de tensions politiques entre les deux parties.

À cette occasion, le député Mohammed Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, a fait part à Aoun de la situation réelle sur le terrain. Il a souligné la volonté de son parti de renforcer l'unité nationale face au défi posé par Israël.

«Il est impératif de démontrer notre bonne foi et de promouvoir une communication responsable entre tous les groupes et acteurs concernés dans notre pays afin d’apporter une solution efficace aux principaux défis auxquels nous sommes confrontés», a-t-il affirmé.

Par ailleurs, le Courant patriotique libre, fondé par Michel Aoun, a confié dans un communiqué ses craintes quant à l’éventuelle association de l'élection présidentielle au conflit à Gaza.

Le parti a également exprimé sa préoccupation quant aux «véritables intentions de certaines personnes qui ont pour but de compromettre le partenariat, de retarder le processus d'élection d'un président et de gouverner le pays sans lui, excluant ainsi les chrétiens de la gouvernance».

Plusieurs députés qui représentent des blocs parlementaires chrétiens ont fait part à l'envoyé américain Amos Hochstein, qu'ils ont rencontré lundi soir au Parlement, de leur désaccord avec «la division des dispositions de la Résolution 1701, qui reste une question fondamentale». Ils ont dit refuser «que l’élection présidentielle soit influencée par la guerre dans la bande de Gaza ou par tout autre facteur».

Ils ont également expliqué que «le soutien externe devrait se limiter à empêcher toute ingérence étrangère dans le processus électoral».

Pendant ce temps, les équipes de défense civile libanaises ont retrouvé la dépouille d'un jeune civil libanais jeudi matin. Rabih al-Yassin, 25 ans, se trouvait chez lui dans la ville frontalière du sud de Dhayra mercredi soir lorsqu'une frappe aérienne israélienne a touché sa maison.

Après des heures de recherche à travers les décombres durant la nuit, les équipes de secours ont finalement retrouvé son corps jeudi matin. Al-Yassin a été inhumé par les habitants.

Les frappes israéliennes, qui utilisent des armements hautement destructeurs, ont tué des dizaines de membres du Hezbollah ainsi que de civils. Leurs corps ont été retrouvés sous les décombres des bâtiments et dans les champs avoisinants.

Jeudi, le Hezbollah a annoncé «avoir ciblé la colonie d'Afdoun avec des roquettes Katioucha en réponse aux attaques de l’ennemie contre la ville de Dhayra, ce qui a entraîné la mort d'un citoyen dans cette localité».

Alors que les affrontements entre le Hezbollah et l'armée israélienne se prolongent, les tensions le long du front sud semblent s'apaiser. Des négociations complexes sont en cours pour parvenir à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza avant le ramadan. Le Hezbollah espère que cette trêve s’étendra également au sud du Liban.

De son côté, l'armée israélienne a de nouveau ouvert le feu sur les abords de la zone agricole de Wazzani pour intimider les agriculteurs, marquant ainsi le deuxième jour consécutif d'incidents.

En outre, des tirs d'artillerie israéliens ont également visé les abords de Naqoura, Alma el-Chaab et Yaroun, dans le district de Bint-Jbeil, ainsi que certains quartiers de Kfar Kila et des champs situés dans la plaine de Marjayoun.

Selon le rapport de la chaîne israélienne Canal 12, des frappes aériennes ont été menées contre des installations militaires du Hezbollah à Aitaroun et Aïta ach-Chaab.

En réponse, le Hezbollah a visé le site militaire israélien de Zabdin et a déclaré dans un communiqué qu’il s’agissait d’un «coup direct».

Il a également ciblé «le nouveau quartier général de commandement établi dans le secteur de Liman avec des obus d'artillerie, le touchant directement», ainsi que la position d'Al-Zaoura avec des roquettes, a-t-il ajouté.


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.