Intempéries: recherches suspendues dans le Gard, trois morts et quatre disparus

Un pont submergé par la rivière Gard en crue est photographié à Dions, le 10 mars 2024, suite à de fortes pluies sur le sud-est de la France. (AFP).
Un pont submergé par la rivière Gard en crue est photographié à Dions, le 10 mars 2024, suite à de fortes pluies sur le sud-est de la France. (AFP).
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Publié le Lundi 11 mars 2024

Intempéries: recherches suspendues dans le Gard, trois morts et quatre disparus

  • Plus de 300 pompiers, gendarmes et autres secouristes au total ont été mobilisés dans ce département, avec bateaux, hélicoptères, drones et chiens
  • Mais les recherches ne peuvent se poursuivre de nuit, "car compte tenu de la situation des cours d'eau, l'intervention est extrêmement dangereuse"

DIONS: Les recherches pour retrouver quatre disparus, dont un père et ses deux enfants, ont été suspendues dimanche à la tombée de la nuit, après que trois premières victimes des violentes intempéries qui ont balayé le Sud-Est ont été retrouvées dans le Gard.

Plus de 300 pompiers, gendarmes et autres secouristes au total ont été mobilisés dans ce département, avec bateaux, hélicoptères, drones et chiens, à la recherche de six personnes emportées en tentant de traverser en voiture des ponts sur des cours d'eau en crue.

Mais les recherches ne peuvent se poursuivre de nuit, "car compte tenu de la situation des cours d'eau, l'intervention est extrêmement dangereuse", a indiqué à l'AFP à Dions le directeur départemental adjoint des pompiers du Gard, Thierry Carret. Le dispositif sera "remis en place (lundi) matin et recalibré en fonction de la baisse des cours d'eau", a-t-il expliqué.

D'autres équipes recherchent également un homme disparu en Ardèche voisine.

Les trois personnes toujours recherchées dans le Gard sont un père de famille et ses deux enfants, âgés de 4 et 13 ans, emportés par les flots alors qu'ils tentaient de traverser vers 23H30 un pont submersible sur le Gardon à Dions, village de 500 habitants au nord de Nîmes.

La mère de famille, âgée de 40 ans, a pu être sauvée et a été hospitalisée. La voiture a été retrouvée, vide, en aval du lieu du drame, emblématique de ceux survenus pendant cet épisode lié au passage de la tempête Monica.

Les trois victimes déjà retrouvées mortes dans le Gard avaient elles aussi tenté de franchir des ponts submersibles sur les rivières en crue, gonflées par les trombes d'eau qui se sont abattues samedi et dans la nuit, parfois la valeur de plus d'un mois de pluie en à peine 24 heures.

Le premier corps sans vie a été retrouvé à quelques centaines de mètres de l'endroit où une voiture, avec deux personnes de nationalité belge, a été emportée par les flots samedi vers 18H45 à Gagnières, village du nord du département. Le véhicule avait emprunté un pont alors que la route avait été fermée par la municipalité et qu'un garde champêtre avait demandé directement au conducteur de ne pas s'y engager.

Une des deux personnes à bord du véhicule avait réussi à en sortir, avant d'être récupérée par les sauveteurs après plus de deux heures accrochée à des branches. Les deux hommes résidaient à Gagnières, a indiqué la préfecture à l'AFP.

Appel d'urgence

A Goudargues, 1.100 habitants, dans le nord du Gard près de l'Ardèche, les sauveteurs ont retrouvé deux corps dans une voiture. Ils y menaient des recherches après un appel d'urgence reçu vers 05H00 dimanche de deux automobilistes se disant en difficulté.

Selon les premiers éléments d'enquête, cités par la préfecture du Gard, la voiture aurait été occupée par deux femmes, âgées de 47 et 50 ans, qui se rendaient en Espagne.

Dans le département voisin de l'Ardèche, un homme est également porté disparu depuis samedi dans le village de Saint Martin de Valamas, à la suite des intempéries, a indiqué la préfecture. Selon une source de la gendarmerie, il s'agit du responsable d'une centrale hydroélectrique qui était parti contrôler son installation.

"Mes pensées vont vers les victimes des intempéries et leurs familles, ainsi que vers les personnes sinistrées", a réagi dans la soirée sur X (ex-Twitter) le président Emmanuel Macron.

Appelant à la "vigilance et (la) prudence", il a  souligné que "les services de l'État sont mobilisés pour porter assistance et retrouver nos disparus".

Le Gard et six autres départements avaient été placés samedi en vigilance orange par Météo-France en raison de la tempête Monica.

Le niveau orange est le troisième sur une échelle de quatre et appelle le public à être "très vigilant", en raison de "phénomènes dangereux prévus". Il est notamment recommandé d'éviter de se déplacer ou de s'approcher des cours d'eau.

Malgré la répétition des messages de précaution, "nous déplorons toujours des comportements (...) dangereux, d'abord pour les personnes qui s'exposent, dangereux également pour les personnes dont le devoir est d'aller leur porter secours", a souligné la préfecture du Gard, estimant qu'un tel épisode ne s'était pas produit dans le département depuis une dizaine d'années.

"Il est tombé des pluies diluviennes hier, c'était impressionnant, un niveau historique. Je suis restée chez moi car avec l'eau, il ne faut pas tenter le diable, ça peut être dangereux", a témoigné auprès de l'AFP Pascale Fuchs, habitante de Dions où des routes sont encore fermées.

Six départements sont toujours en vigilance orange crues (Charente-Maritime, Gironde, Puy-de-Dôme, Pyrénées-Atlantiques, Saône-et-Loire, Yonne), selon le dernier bulletin actualisé de Météo-France à 06H00 lundi. La Gironde l'est également pour "vagues-submersion".


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.