Droit de manifester: colère et indignation des étudiants turcs

Des policiers en tenue anti-émeutes s'affrontent avec des étudiants de l'université Bogazici, à Istanbul, le lundi 4 janvier 2021 (Photo, AP)
Des policiers en tenue anti-émeutes s'affrontent avec des étudiants de l'université Bogazici, à Istanbul, le lundi 4 janvier 2021 (Photo, AP)
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Publié le Mercredi 06 janvier 2021

Droit de manifester: colère et indignation des étudiants turcs

  • La police a eu recours au gaz lacrymogène et aux balles en caoutchouc pour disperser les étudiants qui s'étaient rassemblés pour protester contre la nomination de Melih Bulu au poste de directeur de l'université de Bogazici
  • L'université Bogazici d'Istanbul est réputée pour ses prises de position contre le déclin de la démocratie dans le pays. Elle a été la première université américaine créée en dehors des États-Unis.

ANKARA :  « Nous avons témoigné mardi de la manière dont le gouvernement turc traite les groupes d'opposition lorsque la police a fermé les portes du campus de l'université Bogazici d'Istanbul pour empêcher les étudiants de manifester », a déclaré un ancien diplomate. 

Dans un tweet, Namik Tan, ancien ambassadeur de Turquie aux Etats-Unis entre 2010 et 2014, a déclaré : « Vous pouvez peut-être verrouiller les portails, menotter les poignets, mais jamais vous ne pourrez contrôler les idées et les opinions ». 

Ces commentaires surviennent après les perquisitions effectuées mardi, à la suite de nouvelles manifestations d'étudiants qui ont eu lieu à Istanbul pour protester contre la nomination - par décret présidentiel - d'une personnalité politique au poste de recteur de l'université Bogazici, l'un des plus prestigieux établissements universitaires en Turquie. 

Pour répondre aux médias internationaux, dont la BBC et The Economist, qui ont couvert les manifestations estudiantines, le journal pro-gouvernemental turc A News a déclaré que « le Royaume-Uni soutient le chaos dans le pays », faisant référence aux manifestations anti-gouvernementales de Gezi Park en 2013. 

Mardi, la police a eu recours au gaz lacrymogène et aux balles en caoutchouc pour disperser les étudiants qui s'étaient rassemblés en masse pour manifester contre la nomination au poste de directeur de l'université Bogazici de Melih Bulu - membre du Parti de la justice et du développement (AKP), le parti au pouvoir en Turquie, et candidat aux précédentes élections législatives. 

L'université Bogazici d'Istanbul est réputée pour ses prises de position contre le déclin de la démocratie dans le pays. Elle a été la première université américaine créée en dehors des États-Unis. 

« Se retrouver impliquée dans des scandales administratifs qui peuvent dégénérer en crise politique est la dernière chose qu'une université souhaite ou désire, surtout quand il s'agit d'une université orientée vers la recherche », a déclaré à Arab News la Dr Evren Celik Wiltse, politologue à l'Université d'État du Dakota du Sud. 

« La bonne question à se poser aujourd'hui est de savoir comment aider les universités de recherche à s'épanouir. Si vous essayez de les placer sous la tutelle de telle ou telle idéologie et de tel ou tel programme en espérant les apprivoiser, vous ne ferez que massacrer la poule aux œufs d'or », a-t-elle déclaré. 

Outre les étudiants de l'université qui ont bouclé le bâtiment où se situe le bureau du recteur, des membres du corps enseignant ont eux aussi appelé M. Bulu à démissionner immédiatement de son poste. Plusieurs professeurs de l'université ont exprimé leur opposition à cette nomination en tournant le dos au bâtiment du recteur mardi. 

« N'oublions jamais que trois premiers ministres turcs ont suivi leurs études à l'université de Bogazici, et que tous trois étaient d'horizons politiques différents et d'idéologies différentes : Centre-gauche, centre-droit et conservateur », a ajouté Mme Wiltse. 

Les protestataires voient dans la nomination de M. Bulu la toute dernière ingérence directe du gouvernement dans la sphère universitaire et dans sa liberté de prise de décision. Ce faisant, le pouvoir cherche à réprimer la liberté d'expression dans le pays et de normaliser davantage le non-respect de la méritocratie en matière de nominations à des postes clés. 

Bulu est le premier recteur ne faisant pas partie de l'université de Bogazici depuis le coup d'État militaire sanglant de 1980. 

Alpay Antmen, député du Parti républicain du peuple (CHP), principal parti d'opposition en Turquie, a déclaré à Arab News que « les recteurs doivent être élus par l'administration de l'université. Les étudiants ont exercé leur droit constitutionnel lundi pour revendiquer que les autorités appliquent la norme de nomination de recteurs indépendants, universellement acceptée. Ils plaident pour une académie indépendante et libre ». 

Selon lui, les universités turques ne sont pas classées parmi les 500 meilleurs établissements d'enseignement du monde, principalement en raison du non-respect du principe des affectations basées sur le mérite. Il a ajouté que des postes importants dans d'autres universités du pays ont également été attribués par le passé à des personnes affiliées à l'AKP. 

« La fuite des cerveaux atteint des niveaux sans précédent dans le pays. Les événements auxquels nous avons assisté hier et aujourd'hui, que ce soit au campus de l'université ou dans les maisons des étudiants qui auraient été soumis à des fouilles à nu viennent marquer une période obscure dans l'histoire de la Turquie », a déclaré M. Antmen. 

En vertu d'un décret d'urgence publié en 2016, le président turc Recep Tayyip Erdogan a acquis le pouvoir de nommer les recteurs des universités. 

Par ailleurs, une nouvelle enquête menée par la firme de sondage MetroPoll révèle qu'environ 70 % des Turcs - le taux le plus élevé de personnes pessimistes sur les cinq dernières années - estiment que le pays évolue dans la mauvaise direction. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.  


Israël approuve la création de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie

Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
Cette photo montre des moutons dans un champ à Kafr al-Labad, avec la colonie israélienne d'Avnei Hefetz en arrière-plan, près de la ville de Tulkarem, en Cisjordanie occupée, le 18 décembre 2025. (FICHIER/AFP)
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  • Israël a approuvé l’installation de 19 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à 69 le nombre de colonies validées en trois ans, dans une démarche visant selon le gouvernement à empêcher la création d’un État palestinien
  • Cette décision, critiquée par l’ONU et de nombreux pays, intervient dans un contexte d’intensification de la colonisation et de fortes violences depuis le 7 octobre 2023

JÉRUSALEM: Les autorités israéliennes ont annoncé dimanche avoir approuvé l'installation de 19 colonies en Cisjordanie, une mesure visant selon elles à "bloquer l'établissement d'un Etat palestinien terroriste", dans un contexte d'intensification de la colonisation depuis le 7-octobre.

Cette annonce porte à 69 le nombre total de colonies ayant obtenu un feu vert ces trois dernières années, d'après un communiqué publié par les services du ministre des Finances d'extrême droite Bezalel Smotrich, lui-même colon et partisan d'une annexion de ce territoire occupé par Israël depuis 1967.

Elle intervient quelques jours après un rapport du secrétaire général des Nations unies faisant état d'une croissance record des colonies israéliennes depuis le début du suivi en 2017.

"La proposition du ministre des Finances Bezalel Smotrich et du ministre de la Défense Israël Katz de déclarer et formaliser 19 nouvelles colonies en Judée et Samarie (la Cisjordanie, NDLR) a été approuvée par le cabinet" de sécurité du gouvernement, ont annoncé les services de M. Smotrich.

Selon lui, cette initiative doit permettre d'empêcher l'émergence d'un Etat palestinien.

"Sur le terrain, nous bloquons l'établissement d'un Etat palestinien terroriste. Nous continuerons à développer, construire et à nous implanter sur la terre de notre patrimoine ancestral", est-il écrit dans le communiqué.

Hormis Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, plus de 500.000 Israéliens vivent aujourd'hui en Cisjordanie dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international, au milieu de quelque trois millions de Palestiniens.

Sur les colonies dévoilées dimanche, cinq sont des avant-postes qui existent déjà depuis plusieurs années, c'est-à-dire des colonies déjà implantées en territoire palestinien, sans avoir obtenu les autorisations nécessaires des autorités israéliennes.

Ces 19 colonies se trouvent dans des zones "hautement stratégiques", ont précisé les services du ministre. Deux d'entre elles, Ganim et Kadim, dans le nord de la Cisjordanie, seront réinstallées après avoir été démantelées il y a deux décennies.

- "Expansion implacable" -

La colonisation s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite depuis 1967, et s'est nettement intensifiée sous l'exécutif actuel, en particulier depuis le début de la guerre à Gaza déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

Dans le rapport de l'ONU consulté mi-décembre par l'AFP, son secrétaire général Antonio Guterres avait "condamné l'expansion implacable de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée, y compris Jérusalem Est, qui continue à alimenter les tensions, empêcher l'accès des Palestiniens à leur terre et menace la viabilité d'un Etat palestinien totalement indépendant, démocratique, continu et souverain".

"Ces développements enracinent encore l'occupation israélienne illégale et viole le droit international et le droit des Palestiniens à l'autodétermination", a-t-il ajouté.

L'avancée de la colonisation s'accompagne en outre d'une augmentation "alarmante" des violences des colons, dénonce-t-il dans le document, évoquant des attaques parfois "en présence ou avec le soutien des forces de sécurité israéliennes".

Depuis le 7-octobre, plus d'un millier de Palestiniens, parmi lesquels des combattants, mais aussi beaucoup de civils, ont été tués en Cisjordanie par des soldats ou des colons israéliens, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données de l'Autorité palestinienne.

Dans le même temps, selon des données officielles israéliennes, au moins 44 Israéliens, parmi lesquels des civils et des soldats, y ont été tués dans des attaques palestiniennes ou lors de raids militaires israéliens.

Les nouveaux projets de colonies dévoilés par Israël provoquent régulièrement un tollé international, Paris y voyant une "menace existentielle" pour un Etat palestinien.

Fin septembre, le président américain Donald Trump, pourtant un soutien indéfectible d'Israël, avait averti qu'il "ne lui permettrait pas d'annexer la Cisjordanie".


L’Arabie saoudite salue la décision des États-Unis de lever les sanctions contre la Syrie

L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
L'Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu de la loi César, affirmant que cette mesure favorisera la stabilité, la prospérité et le développement en Syrie. (AP)
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  • L’Arabie saoudite estime que la levée des sanctions américaines contre la Syrie soutiendra la stabilité et le développement du pay
  • Riyad salue le rôle des États-Unis et les mesures prises par Damas pour favoriser la reconstruction et le retour des déplacés

RIYAD : L’Arabie saoudite a salué la décision des États-Unis de lever les sanctions imposées à la République arabe syrienne en vertu du Caesar Act, estimant que cette mesure soutiendra la stabilité, la prospérité et le développement du pays, et contribuera à répondre aux aspirations du peuple syrien.

Dans un communiqué publié vendredi, le Royaume a salué le rôle positif joué par le président américain Donald Trump dans ce processus, depuis l’annonce faite lors de sa visite à Riyad en mai 2025 de la décision de lever l’ensemble des sanctions contre la Syrie, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Le communiqué précise que le processus a abouti à la signature par le président Trump de la loi d’autorisation de la défense nationale pour l’exercice 2026, laquelle inclut l’abrogation du Caesar Act, a ajouté la SPA.

L’Arabie saoudite a également félicité les dirigeants, le gouvernement et le peuple syriens à l’occasion de la levée des sanctions, tout en exprimant sa reconnaissance pour les mesures prises par Damas afin de rétablir la stabilité dans l’ensemble du pays.

Le Royaume a souligné que ces efforts contribueront à créer des conditions favorables à la reconstruction de l’État syrien et de son économie, ainsi qu’à faciliter le retour des réfugiés et des personnes déplacées syriennes dans leurs foyers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une fondation caritative saoudienne célèbre la Journée mondiale de la langue arabe avec l’UNESCO à Paris

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l'UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l'Arabie saoudite auprès de l'organisation, et Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation. (Fourni)
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  • Une célébration à l’UNESCO à Paris a mis en lumière le rôle mondial de la langue arabe et son apport au dialogue interculturel
  • Le partenariat entre l’UNESCO et la fondation saoudienne prévoit plusieurs projets clés pour renforcer la promotion de l’arabe

RIYAD : La fondation caritative Sultan bin Abdulaziz Al-Saud et l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) ont célébré cette semaine à Paris la Journée mondiale de la langue arabe lors d’un événement placé sous le thème : « Des voies innovantes pour l’arabe : politiques et pratiques pour un avenir linguistique plus inclusif ».

Organisée en collaboration avec la délégation permanente du Royaume auprès de l’UNESCO, la rencontre a réuni, selon les organisateurs, un groupe distingué de dirigeants internationaux, de décideurs politiques, d’experts, d’intellectuels et de spécialistes des affaires linguistiques et culturelles venus du monde entier, afin de souligner le rayonnement mondial de la langue arabe et son rôle central dans la promotion de la diversité culturelle et du dialogue entre les civilisations.

Parmi les participants figuraient Khaled Ahmed El-Enany, directeur général de l’UNESCO, Abdulelah Altokhais, délégué permanent de l’Arabie saoudite auprès de l’organisation, ainsi que Saleh Ibrahim Al-Kholaifi, directeur général de la fondation.

Dans son discours, El-Enany a mis en avant l’importance du partenariat entre l’UNESCO et la fondation, estimant qu’il permet à l’organisation d’élargir l’ampleur de ses ambitions. Plusieurs projets majeurs sont prévus dans le cadre de cette collaboration, a-t-il ajouté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com