Israël et le Hamas s'accusent de saboter les pourparlers de trêve

Le Hamas a déclaré samedi qu'il avait soumis sa réponse aux médiateurs égyptiens et qatariens sur un projet de trêve avec Israël dans la bande de Gaza, insistant sur un « cessez-le-feu permanent ». (Reuters)
Le Hamas a déclaré samedi qu'il avait soumis sa réponse aux médiateurs égyptiens et qatariens sur un projet de trêve avec Israël dans la bande de Gaza, insistant sur un « cessez-le-feu permanent ». (Reuters)
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Publié le Dimanche 14 avril 2024

Israël et le Hamas s'accusent de saboter les pourparlers de trêve

  • Le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya «Sinouar ne veut pas d'accord humanitaire, ni le retour des otages», indique le Mossad, dans un communiqué diffusé par le bureau du Premier ministre
  • Sinouar «continue d'exploiter les tensions avec l'Iran» dans le dessein d'«obtenir une escalade dans la région», ajoute le communiqué

JERUSALEM: A tour de rôle, Israël et le Hamas palestinien s'accusent de vouloir saboter les pourparlers en vue d'une trêve dans la bande de Gaza, mais le fil n'est pas (encore) rompu.

Samedi, alors que l'Iran, soutien du mouvement islamiste palestinien, allait pour la première fois lancer depuis son territoire des centaines de drones et missiles en direction d'Israël, le Hamas annonçait qu'il avait remis sa réponse aux médiateurs.

Sans opposer une fin de non-recevoir explicite à leur proposition, le Hamas avait réaffirmé ses principales exigences, sur lesquelles butte catégoriquement Israël: un cessez-le-feu permanent et le retrait de l'armée israélienne de toute la bande de Gaza.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne veut pas en entendre parler, déterminé à lancer une offensive terrestre à Rafah, dans l'extrême sud du territoire palestinien, qu'il présente comme le dernier grand bastion du Hamas dans la bande de Gaza.

En 24 heures, 43 nouveaux décès ont été recensés dans le territoire palestinien assiégé et dévasté par plus de six mois de guerre, selon le ministère de la Santé du Hamas, qui fournit dimanche un nouveau bilan de 33.729 personnes tuées depuis le début de l'offensive israélienne lancée en représailles d'une attaque inédite menée le 7 octobre par le mouvement palestinien sur le sol israélien, durant laquelle 250 personnes avaient été enlevées.

M. Netanyahu a accusé samedi le Hamas d'être "le seul obstacle" à un accord qui puisse "permettre la libération des otages" retenus à Gaza.

"Le gouvernement et les forces de sécurité sont unies dans leur opposition à ces demandes infondées", a-t-il dit au sujet des prétentions du Hamas, lequel s'est dit toujours disposé à "conclure un accord sérieux".

Tensions avec l'Iran 

Dimanche, le Mossad, les services de renseignement israéliens, a publié un communiqué diffusé par le bureau de M. Netanyahu affirmant que le Hamas "a rejeté les grandes lignes" du plan du Caire, négocié par le Qatar, l'Egypte et les Etats-Unis.

Ce rejet montre que le chef du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya "Sinouar ne veut pas d'accord humanitaire, ni le retour des otages", soutient le texte.

Sinouar "continue d'exploiter les tensions avec l'Iran" dans le dessein d'"obtenir une escalade dans la région", ajoute le communiqué publié quelques heures après une attaque aux drones et missiles lancée par Téhéran en direction d'Israël, en riposte à une frappe meurtrière ayant détruit le consulat iranien à Damas début avril.

Israël "continuera d'oeuvrer pour réaliser les objectifs de la guerre contre le Hamas de toutes ses forces, et retournera chaque pierre pour faire revenir les otages de Gaza", ajoute-t-on de même source.

Si les positions de chacun des deux camps semblent toujours aussi éloignées, le négociations ne sont pas terminées pour autant, note Hasni Abidi, du Centre d'études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève.

"Les négociations ne sont pas à l'arrêt", assure-t-il à l'AFP, mais les médiateurs sont renvoyés à leurs études dans le but de rechercher un meilleur compromis.

Netanyahu sous pression 

Le plan présenté au Caire prévoit d'abord une trêve de six semaines, un échange d'une quarantaine otages israéliens et de centaines de prisonniers palestiniens, l'augmentation de l'aide humanitaire et le retour des habitants du nord de la bande de Gaza déplacés par la guerre, selon une source au sein du Hamas.

A terme, tous les otages seraient libérés ainsi qu'un nombre indéterminé de détenus palestiniens. L'armée quitterait totalement Gaza et lèverait le siège du territoire imposé après que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

Toutes les tentatives de négocier un arrêt des hostilités ont échoué. Fin novembre, une trêve de sept jours avait toutefois permis la libération de 80 otages israéliens (et de 25 autres hors de l'accord), en échange de celle de 240 prisonniers palestiniens.

La guerre a été déclenchée par l'attaque inédite du Hamas le 7 octobre, qui a entraîné la mort de 1.170 personnes en Israël, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir des données officielles israéliennes.

Benjamin Netanyahu a retiré récemment l'essentiel des troupes israéliennes de la bande de Gaza après six mois de guerre, n'y laissant qu'une brigade tout en poursuivant les frappes aériennes.

Il se dit résolu à neutraliser les derniers bataillons actifs du Hamas à Rafah mais Washington, qui craint un bilan humain très élevé car 1,5 million de Gazaouis s'y sont réfugiés, a récemment haussé le ton pour l'en dissuader.

M. Netanyahu subit aussi en Israël la pression croissante de l'opinion publique et des familles des 129 otages demeurant captifs dans la bande de Gaza sur les 250 enlevés le 7 octobre. Parmi eux, 34 seraient morts selon des responsables israéliens.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.


Turquie: le principal parti d'opposition dans l'attente d'une décision judiciaire cruciale

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  • "Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !"
  • "Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes"

ANKARA: Le principal parti d'opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan, le CHP, attend lundi une décision judiciaire cruciale qui pourrait chambouler sa direction en raison d'une accusation de fraudes.

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Ankara à la veille de cette audience pour soutenir le CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) qui rejette les accusations et estime que les autorités tentent de l'affaiblir par un "procès politique".

"Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !".

"Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes. Quiconque représente une menace démocratique pour lui est désormais sa cible", a affirmé M. Özel.

"Ce procès est politique, les allégations sont calomnieuses. C'est un coup d'État et nous résisterons", a-t-il martelé.

"Il ne s'agit pas du CHP mais de l'existence ou de l'absence de démocratie en Turquie", a déclaré pour sa part Ekrem Imamoglu aux journalistes vendredi, après avoir comparu devant un tribunal pour des accusations sans lien avec cette affaire.

Lorsque Özgür Özel a pris sa direction en novembre 2023, le CHP était en crise mais, en mars 2024, il a conduit le parti à une éclatante victoire aux élections locales.

Depuis l'arrestation du maire d'Istanbul en mars dernier, M. Özel a su galvaniser les foules, s'attirant les foudres du pouvoir en organisant chaque semaine des rassemblements, jusque dans des villes longtemps considérées comme des bastions du président Erdogan.

Peines de prison 

L'audience doit débuter à 10H00 (07H00 GMT), devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale turque. Elle doit statuer sur la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023.

Pendant ce congrès, les délégués avaient évincé le président de longue date du parti, Kemal Kilicdaroglu, tombé en disgrâce, et élu Özgür Özel.

L'acte d'accusation désigne M. Kilicdaroglu comme étant la partie lésée et réclame des peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans pour M. Imamoglu et dix autres maires et responsables du CHP, accusés de "fraude électorale".

Si la justice le décidait, M. Özel pourrait donc se voir démettre de ses fonctions à la tête de cette formation.

Le 2 septembre, un tribunal a destitué la direction de la branche d'Istanbul du CHP en raison d'accusations d'achats de votes au cours de son congrès provincial et nommé un administrateur pour prendre le relais.

Cette décision, qui a été largement perçue comme pouvant faire jurisprudence, a déclenché de vives protestations et entraîné une chute de 5,5% de la Bourse, faisant craindre que le résultat de lundi ne nuise également à la fragile économie de la Turquie.

Si le tribunal d'Ankara déclarait les résultats du congrès du CHP nuls et non avenus, cela pourrait annoncer le retour de son ancien leader Kemal Kilicdaroglu, qui a accumulé une série de défaites électorales ayant plongé le parti dans une crise.

Selon certains observateurs, l'affaire s'apparente à une tentative des autorités de saper le plus ancien parti politique de Turquie, qui a remporté une énorme victoire contre l'AKP (Parti de la justice et du développement, conservateur) du président Erdogan aux élections locales de 2024 et gagne en popularité dans les sondages.

Sa popularité a augmenté depuis qu'il a organisé les plus grandes manifestations de rue de Turquie en une décennie, déclenchées par l'emprisonnement en mars de son candidat à la présidence de la République, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Dans une tentative de protéger sa direction, le CHP a convoqué un congrès extraordinaire le 21 septembre. Si le tribunal destituait M. Özel et rétablissait M. Kilicdaroglu, les membres du parti pourraient donc tout simplement réélire Özgür Özel six jours plus tard.