L'Iran et Israël semblent s'éloigner d'une escalade, Gaza à nouveau bombardée

Une femme et des enfants palestiniens vérifient les décombres d'un bâtiment touché par un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 avril 2024. (AFP)
Une femme et des enfants palestiniens vérifient les décombres d'un bâtiment touché par un bombardement israélien à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 20 avril 2024. (AFP)
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Publié le Dimanche 21 avril 2024

L'Iran et Israël semblent s'éloigner d'une escalade, Gaza à nouveau bombardée

  • Cette dernière poussée de fièvre intervient alors que la guerre ne connaît pas de répit dans la bande de Gaza, où l'ONU redoute une famine généralisée
  • Rafah, où sont massés environ un million et demi de Palestiniens, selon l'ONU, vit sous la menace d'une offensive terrestre qu'Israël a promis de lancer afin de vaincre le Hamas

TÉHÉRAN, Iran : L'Iran et Israël ont semblé samedi s'éloigner d'une escalade après une attaque de représailles attribuée à Israël, dont Téhéran a minimisé la portée, et une semaine de tensions au plus haut au Moyen-Orient depuis le début de la guerre à Gaza.

Engagé dans un bras de fer avec l'Iran, son ennemi juré, et en pleine offensive contre le Hamas, allié de Téhéran, dans le territoire palestinien, Israël a reçu samedi un nouveau soutien des Etats-Unis, où la Chambre des représentants a approuvé une aide militaire de plusieurs milliards de dollars.

La présidence palestinienne a parlé «d'agression», le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a salué une «défense de la civilisation occidentale».

Le président américain Joe Biden a lui salué une «aide cruciale», au «rendez-vous de l'Histoire». Mais pour la Russie, cette aide attribuée à Israël, comme à l'Ukraine et à Taïwan, «va exacerber les crises mondiales».

L'armée israélienne a mené pendant ce temps des dizaines de frappes sur la bande de Gaza assiégée dont l'une, selon la Défense civile, a tué neuf membres d'une même famille, dont des enfants, à Rafah, dans le sud du territoire.

La tension était brusquement montée au Moyen-Orient le 13 avril, lorsque l'Iran a mené une attaque sans précédent contre Israël, son ennemi depuis la révolution iranienne de 1979, avec 350 drones et missiles dont la plupart ont été interceptés avec l'aide des Etats-Unis et de plusieurs autres pays alliés.

Israël a promis de riposter tandis que l'Iran disait avoir agi en «légitime défense» après l'attaque meurtrière, attribuée à Israël, qui a détruit son consulat à Damas le 1er avril.

- Une région «en feu» -

Vendredi, des médias d'Etat iraniens ont annoncé que des détonations avaient été entendues à l'aube près d'une base militaire du centre de l'Iran. Selon des médias aux Etats-Unis, citant des responsables américains, il s'agissait d'une opération israélienne en riposte à l'attaque iranienne.

Un haut responsable auprès du Congrès américain a confirmé à l'AFP une attaque israélienne en Iran. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas fait de commentaire.

Dans un entretien avec la chaîne américaine NBC, le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a toutefois relativisé samedi l'attaque menée dans la région d'Ispahan.

«Ce qu'il s'est passé la nuit dernière n'était pas une attaque. Il s'agissait de deux ou trois drones quadrirotor, comme ceux avec lesquels les enfants jouent en Iran», a-t-il ironisé.

Selon le Washington Post, citant un responsable israélien, l'attaque visait à montrer à l'Iran qu'Israël avait la capacité de frapper à l'intérieur de son territoire.

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a souligné après cette attaque que «l'objectif» de son pays et des autres membres du G7, réunis en Italie, était «la désescalade».

Pour l'expert politique iranien Hamid Gholamzadeh, il s'agit d'un incident «très insignifiant», mais qui doit être placé dans le contexte de «la lutte pour l'équilibre du pouvoir» entre l'Iran et Israël.

«La région est en feu et une guerre totale peut être déclenchée à tout moment, et de telles actions la rendent plus imminente», a-t-il prévenu.

- «Une nuit très dure» -

Cette dernière poussée de fièvre intervient alors que la guerre ne connaît pas de répit dans la bande de Gaza, où l'ONU redoute une famine généralisée.

Selon le porte-parole de la Défense civile à Rafah, Mahmoud Bassal, l'armée a frappé samedi plusieurs endroits de la ville. «Cela a été une nuit très dure», a-t-il dit.

Cette ville, où sont massés environ un million et demi de Palestiniens, selon l'ONU, vit sous la menace d'une offensive terrestre qu'Israël a promis de lancer afin de vaincre le Hamas.

Samedi, l'armée a indiqué avoir frappé des «cibles terroristes», dont une «base de lancement à Beit Hanoun», dans le nord de Gaza, après l'interception d'un missile qui a visé la ville de Sderot, dans le sud d'Israël.

La guerre a aussi provoqué une flambée des violences en Cisjordanie occupée, où le Croissant rouge palestinien a annoncé samedi que 14 personnes avaient été tuées dans un raid israélien dans le camp de Nour-Shams, près de la ville de Tulkarem.

Dans ce contexte régional très tendu, une explosion nocturne sur une base militaire en Irak a fait un mort et huit blessés, selon les autorités. Le Commandement militaire américain pour le Moyen-Orient a rapidement annoncé que les Etats-Unis n'avaient «pas mené de frappes aériennes en Irak.»

- Appel à «l'unité» des Palestiniens -

La guerre à Gaza a été déclenchée par une attaque sans précédent lancée le 7 octobre contre Israël par des commandos du Hamas qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, essentiellement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Plus de 250 personnes ont été enlevées durant l'attaque et 129 d'entre elles sont retenues à Gaza, dont 34 sont mortes d'après des responsables israéliens.

En représailles, Israël a promis de détruire le mouvement islamiste, au pouvoir dans la bande de Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu'à présent 34.049 morts, majoritairement des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui considère le Hamas comme un mouvement de «libération», a reçu samedi son chef, Ismaïl Haniyeh. Il a appelé les Palestiniens à «l'unité» afin d'apporter «la réponse la plus forte à Israël».

Cette visite est intervenue au moment où le Qatar, qui piétine dans la négociation d'une trêve, dit vouloir «réévaluer» son rôle de médiateur. La Turquie, qui a des relations avec Israël et le Hamas, pourrait en profiter pour tenter de reprendre la médiation.


Syrie: opération israélienne aéroportée près de Damas, selon un média d'Etat

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays. (AFP)
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  • L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères
  • Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale

DAMAS: Un média d'Etat syrien a affirmé jeudi que l'armée israélienne avait mené mercredi soir une opération aéroportée dans un secteur au sud de Damas qu'elle avait auparavant bombardé.

Israël, qui mène régulièrement des frappes en Syrie, n'a pas confirmé cette opération mais son ministre de la Défense, Israël Katz, a affirmé jeudi que les forces israéliennes opéraient "jour et nuit" partout où cela était nécessaire pour la sécurité du pays.

Si ce raid est confirmé, il s'agirait de la première opération du genre près de la capitale depuis l'arrivée au pouvoir en décembre d'une coalition islamiste qui a renversé le président Bachar al-Assad.

L'aviation israélienne avait frappé mardi ce site près de Kesweh, à une trentaine de km au sud de Damas, tuant six soldats syriens, selon le ministère syrien des Affaires étrangères.

Mercredi, le site a été bombardé à nouveau, selon la télévision d'Etat, puis l'armée israélienne a "mené une opération aéroportée dont les détails ne sont pas encore connus", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source gouvernementale.

Depuis décembre, Israël a mené des centaines de frappes sur la Syrie et des incursions terrestres dans le sud du pays.

Un responsable du ministère de la Défense avait indiqué mardi à l'AFP que le site visé par Israël abritait des bâtiments de l'armée syrienne.

Des soldats syriens avaient trouvé mardi des "dispositifs de surveillance et d'écoute" dans la zone avant les frappes israéliennes, selon Sana, qui ne précise pas qui les avait installés.

"Les frappes aériennes et les drones ont continué à empêcher l'accès à la zone jusqu'à mercredi soir", avant l'opération aéroportée, a indiqué la même source.

"D'après ce que nous comprenons, les forces syriennes ont découvert des dispositifs de surveillance et de renseignement, apparemment israéliens", a expliqué au bureau de l'AFP à Jérusalem l'analyste israélienne Carmit Valensi.

"Les forces israéliennes tentaient essentiellement de démanteler les dispositifs de renseignement qui avaient été installés, afin d'empêcher qu'ils ne tombent entre les mains de diverses forces syriennes", a-t-elle ajouté.

Le site abritait des armes utilisées par le Hezbollah libanais, soutenu par l'Iran et allié de M. Assad, selon selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne n'a fait aucun commentaire sur les frappes.

"Nos forces opèrent sur tous les théâtres de guerre, jour et nuit, pour la sécurité d’Israël", a écrit jeudi M. Katz, sans plus de détails, sur son compte X.

Israël et la Syrie sont techniquement en état de guerre depuis des décennies, mais ont entamé un dialogue sous l'égide des Etats-Unis depuis la prise de pouvoir par le président par intérim  Ahmad al-Chareh, dans le but affiché de parvenir à des arrangements de sécurité.

 


Gaza: des experts de l'ONU dénoncent des «disparitions forcées» sur des sites d'aide

Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza. (AFP)
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  • Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah
  • L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies

GENEVE: Des experts des droits de l'Homme de l'ONU ont qualifié de "crime odieux" jeudi des informations faisant état de "disparitions forcées" de Palestiniens affamés en quête de nourriture dans des sites de distribution gérés par la Fondation Humanitaire de Gaza.

Les sept experts indépendants ont assuré dans une déclaration commune avoir reçu des informations selon lesquelles plusieurs personnes, dont un enfant, avaient disparu après avoir visité des sites de distribution d'aide à Rafah.

L'armée israélienne était "directement impliquée dans les disparitions forcées de personnes cherchant de l'aide", ont ajouté les experts, mandatés par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, mais qui ne parlent pas au nom des Nations Unies.

"Les signalements de disparitions forcées visant des civils affamés cherchant à exercer leur droit fondamental à se nourrir ne sont pas seulement choquants, mais équivalent à de la torture", ont-ils déclaré. "Utiliser la nourriture comme un outil pour mener des disparitions ciblées et massives doit cesser immédiatement", selon eux.

De son côté, la Fondation humanitaire de Gaza (GHF) a déclaré jeudi qu'il n'y avait "aucune preuve de disparitions forcées" dans ses sites d'aide dans les territoires palestiniens, après que des experts de l'ONU ont fait état d'informations sur de telles exactions.

"Nous opérons dans une zone de guerre où de graves allégations pèsent contre toutes les parties opérant en dehors de nos sites. Mais à l'intérieur des installations de la GHF, il n'y a aucune preuve de disparitions forcées", a déclaré la fondation dans un communiqué à l'AFP.

L'ONU a déclaré une famine dans le gouvernorat de Gaza la semaine dernière, accusant l'"obstruction systématique" des livraisons humanitaires par Israël. Israël, qui a accusé le Hamas de piller l'aide fournie par l'ONU, a imposé un blocus total sur Gaza entre mars et mai.

Une fois que les restrictions ont commencé à s'assouplir, la GHF, une organisation privée soutenue par Israël et les États-Unis, a été créée pour distribuer l'aide alimentaire, mettant de fait à l'écart les agences de l'ONU.

Le bureau des droits de l'Homme de l'ONU a déclaré la semaine dernière qu'il avait documenté la mort de 1.857 Palestiniens cherchant de l'aide depuis fin mai, dont 1.021 près des sites du GHF.


Liban: des formations palestiniennes remettent leurs armes à l'armée

Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes. (AFP)
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  • Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas
  • Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) ont été remis à l'armée

TYR: Des formations palestiniennes ont remis jeudi à l'armée libanaise des armes lourdes qu'elles détenaient dans trois camps de réfugiés du sud du pays, ont annoncé les autorités libanaises et palestiniennes.

Lors d'une visite à Beyrouth en mai, le président palestinien Mahmoud Abbas avait conclu avec le président libanais Joseph Aoun un accord prévoyant la remise aux autorités de toutes les armes présentes dans les camps palestiniens.

L'application de cet accord a commencé le 21 août lorsque le Fatah de Mahmoud Abbas a remis des armes dans le camp de réfugiés de Bourj al-Barajneh, à la périphérie de Beyrouth.

Le Liban accueille environ 222.000 réfugiés palestiniens, selon l'ONU, dont une majorité vit dans des camps. En vertu d'un accord tacite, les organisations palestiniennes contrôlent ces camps où l'armée libanaise ne pénètre pas.

Dans un communiqué, le Comité de dialogue libano-palestinien (officiel) a annoncé jeudi que "huit camions" contenant "des armes lourdes appartenant aux factions de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) dans les camps de Rachidiyé, Bass et Bourj Chemali ont été remis à l'armée".

Un photographe de l'AFP a vu au moins sept camions dans une caserne de l'armée dans la ville côtière de Tyr, que jouxte le camp de Rachidiyé.

Le Fatah est la plus importante composante de l'OLP dont le Hamas islamiste ou le Jihad islamique, alliés du Hezbollah libanais, ne font pas partie.

Selon le communiqué, le processus va se poursuivre dans les autres camps palestiniens du Liban.

A Ramallah, en Cisjordanie occupée, le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a confirmé que "la deuxième partie d'armes de l'OLP" dans les trois camps avait été remise, conformément à l'accord.

La remise des armes des formations palestiniennes intervient dans le cadre de la décision des autorités libanaises de désarmer tous les groupes non étatiques.

Sous forte pression américaine, le gouvernement libanais a également chargé ce mois-ci l’armée d’élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah pro-iranien d’ici la fin de l’année.

Des factions armées palestiniennes, dont le Hamas, ont revendiqué des tirs sur le territoire israélien au cours de la guerre entre Israël et le Hezbollah qui s'est terminée en novembre 2024.