Gaza: l'UNRWA réclame une enquête sur les attaques d'Israël et une reprise de son financement

Des Palestiniens déplacés se réfugient dans une école gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 mars 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le mouvement Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés se réfugient dans une école gérée par l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA), à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 3 mars 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le mouvement Hamas. (Photo par AFP)
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Publié le Mercredi 24 avril 2024

Gaza: l'UNRWA réclame une enquête sur les attaques d'Israël et une reprise de son financement

  • «A la date d'aujourd'hui, 180 employés de l'UNRWA (avaient) été tués (...) et plus de 160 locaux endommagés ou complètement détruits», a détaillé le dirigeant onusien italo-suisse
  • Selon le rapport de Catherine Colonna, «l'UNRWA n'a pas reçu de preuves par Israël» d'une éventuelle implication d'employés palestiniens avec des «organisations terroristes» comme le Hamas

NATIONS UNIES: L'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, dans la tourmente depuis des mois dans la bande de Gaza, a réclamé mardi une "enquête" du Conseil de sécurité sur les attaques d'Israël qui ont tué selon elle 180 employés depuis le début de la guerre et compte sur une reprise de son financement gelé.

Le chef de l'UNRWA Philippe Lazzarini a répondu mardi devant la presse au siège des Nations unies à New York à un rapport d'experts emmenés par l'ex-ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna. Ce groupe "indépendant" a pointé lundi le manque de "neutralité" politique de l'agence humanitaire onusienne tout en reconnaissant qu'elle était "irremplaçable" pour les 5,9 millions de Palestiniens de la région.

Après plus de six mois d'offensive israélienne contre le Hamas, M. Lazzarini a déclaré avoir "demandé aux membres du Conseil de sécurité une enquête indépendante en responsabilité pour le mépris flagrant à l'égard des locaux de l'ONU, du personnel de l'ONU et des opérations de l'ONU dans la bande de Gaza".

"A la date d'aujourd'hui, 180 employés de l'UNRWA (avaient) été tués (...) et plus de 160 locaux endommagés ou complètement détruits", a détaillé le dirigeant onusien italo-suisse.

Son agence, qui compte plus de 30 000 personnes dans toute la région, est accusée par Israël d'avoir dans ses rangs dans la bande de Gaza "plus de 400 terroristes".

Et 12 personnes sont montrées du doigt par les Israéliens pour avoir été, selon eux, directement impliquées dans l'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le Hamas sur le sol israélien qui a fait 1.170 morts, essentiellement civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles.

Gel des financements 

Mais d'après le rapport de Catherine Colonna, "l'UNRWA n'a pas reçu de preuves par Israël" d'une éventuelle implication d'employés palestiniens avec des "organisations terroristes" comme le Hamas.

Ce qui ne veut pas dire, avait précisé lundi à New York l'ex-ministre française, que ces "preuves n'existent pas".

Reste que les allégations israéliennes avaient provoqué en janvier le gel des financements d'une quinzaine de donateurs comme les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Depuis, nombre d'Etats ont rouvert leurs caisses, à l'instar des pays scandinaves, du Japon, de l'Allemagne, la France et du Canada.

L'Union européenne a même appelé mardi tous les donateurs à poursuivre leur soutien à l'UNRWA.

Mais la Maison Blanche a réclamé "de vrais progrès" avant de rouvrir le porte-monnaie américain fermé jusqu'en mars 2025 en raison d'une loi budgétaire votée en mars suspendant tout financement de l'UNRWA par les Etats-Unis pendant un an.

«Confiance»

Au total, 450 millions de dollars ont été gelés au moment où les 2,3 millions d'habitants de la bande de Gaza vivent une catastrophe humanitaire et ont besoin d'une aide d'urgence, a rappelé M. Lazzarini.

Il a dit "espérer qu'avec le rapport (Colonna) et les mesures que nous allons mettre en oeuvre, le dernier groupe de donateurs aura suffisamment confiance pour revenir comme partenaire de l'agence".

Le patron de l'UNRWA pense tenir financièrement "jusque fin juin" et fonctionner "pour l'instant au jour le jour" grâce à la collecte de "100 millions de dollars" de dons privés, "signe extraordinaire de la solidarité du terrain".

Mais Philippe Lazzarini, cible d'Israël depuis des mois, a riposté après que la diplomatie de l'Etat hébreu eut qualifié lundi soir l'UNRWA à Gaza d'"arbre pourri et venimeux dont les racines sont le Hamas".

"Le véritable objectif derrière les attaques contre l'UNRWA est de nature politique: il est de priver les Palestiniens du statut de réfugiés à commencer par Gaza, Jérusalem et la Cisjordanie", a-t-il dit. Et "c'est exactement ce que nous avons entendu (la semaine dernière) au Conseil (de sécurité) de l'ambassadeur israélien (à l'ONU Gilad Erdan). C'est un objectif d'Etat".

M. Lazzarini avait alors prévenu: en cas de "démantèlement" de son agence, il pourrait y avoir une "famine" qui menace déjà le nord du territoire palestinien où plus de 34.000 personnes, la plupart des civils, ont été tuées depuis le début de l'offensive israélienne, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Afin de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, Washington va débuter "très prochainement" la construction d'une jetée à Gaza, a indiqué mardi le Pentagone.


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".