Une commission de l'ONU accuse Israël de crimes contre l'humanité et le Hamas de crimes de guerre

Selon le décompte d’Israël, plus de 1 200 personnes ont été tuées et 250 prises en otages lors des attaques transfrontalières du 7 octobre qui ont déclenché des représailles militaires à Gaza qui ont depuis tué plus de 37 000 personnes (Photo, Reuters).
Selon le décompte d’Israël, plus de 1 200 personnes ont été tuées et 250 prises en otages lors des attaques transfrontalières du 7 octobre qui ont déclenché des représailles militaires à Gaza qui ont depuis tué plus de 37 000 personnes (Photo, Reuters).
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Publié le Mercredi 12 juin 2024

Une commission de l'ONU accuse Israël de crimes contre l'humanité et le Hamas de crimes de guerre

  • Dans ce territoire, plus de 37.200 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués depuis dans les bombardements et les opérations militaires israéliennes terrestres
  • A l'inverse du génocide, les crimes contre l'humanité ne doivent pas obligatoirement prendre pour cible un groupe de population particulier mais peuvent viser toute population civile, selon l'ONU

 

GENEVE: Israël est responsable dans la bande de Gaza de crimes contre l'humanité, notamment pour "extermination", a estimé mercredi une commission d'enquête de l'ONU, accusant aussi les autorités israéliennes et les groupes armés palestiniens de crimes de guerre depuis le 7 octobre.

L'ambassade d'Israël à Genève a immédiatement accusé la commission de "discrimination systématique" à son encontre.

"Les crimes contre l'humanité d'extermination, de meurtre, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de transfert forcé, d'actes de torture et de traitements inhumains et cruels, ont été commis" par Israël, conclut dans un rapport cette commission, créée par le Conseil des droits de l'homme après la guerre de 11 jours que se sont livrés Israël et le Hamas en mai 2021.

La commission d'enquête "a prouvé une fois de plus que ses actions sont toutes au service d’un ordre du jour politique focalisé contre Israël", a dénoncé l'ambassadrice d'Israël auprès de l'ONU à Genève, Meirav Shahar, dans un communiqué.

Interrogé sur ce rapport, Antonio Guterres n'a pas souhaité le commenter. "Mais nous sommes parfaitement conscients du niveau unique de destruction et de victimes au sein de la population palestinienne au cours de ces mois de guerre, qui n'a de précédent dans aucune autre situation que j'ai vécue en tant que secrétaire général des Nations unies", a-t-il dit au cours d'un point de presse à Genève.

A l'inverse du génocide, les crimes contre l'humanité ne doivent pas obligatoirement prendre pour cible un groupe de population particulier mais peuvent viser toute population civile, selon l'ONU. Ils doivent toutefois être commis dans le cadre d'attaques à grande échelle, contrairement aux crimes de guerre qui peuvent être des faits isolés.

Selon les enquêteurs onusiens, les autorités israéliennes et "la branche militaire du Hamas et six autres groupes armés palestiniens" sont "responsables" de "crimes de guerre".

"Il est impératif que tous ceux qui ont commis des crimes soient tenus pour responsables", a déclaré dans un communiqué la présidente de la commission, la Sud-Africaine Navi Pillay, qui fut Haute-Commissaire aux droits de l'homme, présidente du Tribunal pénal international pour le Rwanda et juge à la Cour pénale internationale (CPI).

La commission accuse les autorités israéliennes d'"entraver" ses investigations et n'a pas accès à Israël et aux territoires occupés. Le rapport s'appuie sur des entretiens avec des victimes, réalisés à distance et au cours d'une mission en Turquie et en Egypte, et des documents, dont des rapports médico-légaux et des images satellite.

«Lrosme palestinien»

"Israël doit immédiatement cesser ses opérations militaires et ses attaques à Gaza", a demandé Mme Pillay. "Le Hamas et les groupes armés palestiniens doivent immédiatement cesser leurs tirs de roquettes et libérer tous les otages. La prise d'otages constitue un crime de guerre".

La commission "tente de justifier l'odieux attentat terroriste du 7 octobre en le contextualisant à travers le prisme du narratif palestinien. Il ne mentionne pas le +terrorisme+ qui dure depuis des décennies, ni les tirs de roquettes incessants sur le territoire israélien", a répliqué l'ambassade israélienne.

La guerre, déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas du 7 octobre sur le sol israélien, a entraîné la mort de 1.194 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un comptage de l'AFP effectué à partir de chiffres officiels israéliens. Sur 251 personnes enlevées, 116 sont toujours dans la bande de Gaza, dont 41 sont mortes, selon l'armée israélienne.

Dans ce territoire, plus de 37.200 Palestiniens, en majorité des civils, ont été tués depuis dans les bombardements et les opérations militaires israéliennes terrestres, selon des données du ministère de la Santé de la bande de Gaza dirigé par le Hamas.

Concernant le 7 octobre, la commission accuse les groupes armés palestiniens d'avoir commis divers crimes de guerre, notamment des attaques contre des civils, des meurtres et des tortures.

Concernant l'offensive israélienne dans la bande de Gaza, la commission affirme que les autorités israéliennes sont "responsables de crimes de guerre" : utilisation de la famine comme méthode de guerre, attaques intentionnellement dirigées contre des civils, violences sexuelles, tortures et transferts forcés.

En Cisjordanie, elle assure que les forces israéliennes ont "commis des actes de violence sexuelle, de torture, des traitements inhumains ou cruels et des atteintes à la dignité de la personne, qui constituent tous des crimes de guerre". Sur les violences sexuelles, Israël dénonce une "fausse équivalence".

La commission affirme que le gouvernement israélien et les forces israéliennes "ont permis, encouragé et incité à une campagne de violence des colons".

Le rapport souligne aussi que les déclarations de responsables israéliens – "y compris celles reflétant la politique consistant à infliger des destructions généralisées et à tuer un grand nombre de civils" - peuvent constituer des crimes internationaux graves, tels que l'incitation au génocide ou aux discriminations et à la violence.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.

 


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.