Critiques et inquiétudes à Gaza après la désignation d'un nouveau chef du Hamas

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Publié le Mercredi 07 août 2024

Critiques et inquiétudes à Gaza après la désignation d'un nouveau chef du Hamas

  • "La nomination de Yahya Sinouar à la tête du Hamas n'était pas appropriée à ce stade critique.
  • Sinouar "pourrait avoir un impact positif sur les négociations et représenter un défi pour Israël, étant donné qu'il vit à l'intérieur de la bande de Gaza parmi la population assiégée.

DEIR AL BALAH : Un "homme têtu", un choix "pas approprié", le "sommet de l'incertitude": des habitants de la bande de Gaza interrogés par l'AFP critiquent le choix de Yahya Sinouar à la tête du Hamas, un radical offrant peu d'espoir de cessez-le-feu après dix mois de guerre avec Israël.

"La nomination de Yahya Sinouar à la tête du Hamas n'était pas appropriée à ce stade critique. Cela pourrait avoir des conséquences négatives à plusieurs niveaux, notamment l'arrêt des négociations" indirectes avec Israël en vue d'un cessez-le-feu dans le territoire palestinien, dit Ibrahim Abou Daqa, 35 ans.

Un autre habitant de Gaza, Bachir Qarqaz, se montre encore plus pessimiste: "La guerre ne se terminera pas dans un avenir proche parce qu'Israël rejette Sinouar (...), un homme têtu qui ne peut pas céder", dit-il.

"C'est un combattant, comment des négociations pourront-elles avoir lieu?", renchérit Mohammed al-Charif. "Nous sommes maintenant au sommet de l'incertitude et nous ne voulons rien d'autre que la fin de la guerre", insiste ce Gazaoui de 29 ans.

Yahya Sinouar, qui était le chef du Hamas à Gaza, a été propulsé mardi soir à la tête du mouvement islamiste palestinien pour succéder à Ismaïl Haniyeh, tué la semaine dernière en Iran, pays qui accuse Israël, son ennemi juré, de l'avoir assassiné.

Sinouar est l'un des hommes les plus recherchés par Israël qui dit ouvertement vouloir l'éliminer, comme l'a répété mardi soir le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz.

Israël le considère comme l'un des cerveaux de l'attaque d'une ampleur inédite du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Abou Dawa, originaire de Rafah, ville du sud du petit territoire palestinien, déplacé à Deir el-Balah (centre), est lui aussi inquiet: "l'occupation (Israël) a tué le négociateur Ismaïl Haniyeh. Que va-t-il se passer avec le combattant Sinouar?", se demande-t-il.

Un responsable du Hamas a déclaré mardi que la désignation de Sinouar envoyait un "message fort" à Israël indiquant que le mouvement "restait sur la voie de la résistance".

- Optimisme en Cisjordanie -

Un autre Gazaoui, Hani al-Qano, dit que "personne ne s'attendait à ce que Sinouar remplace Ismaïl Haniyeh", et lui pense que "cela va accélérer la fin de la guerre".

Sinouar "pourrait avoir un impact positif sur les négociations et représenter un défi pour Israël, étant donné qu'il vit à l'intérieur de la bande de Gaza parmi la population assiégée. Il est différent de Haniyeh qui a vécu à l'étranger", dit-il. Haniyeh dirigeait l'organisation depuis Doha au Qatar.

Cet optimisme est davantage partagé en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967 et administré par l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, dont le parti Fatah est un rival du Hamas. Ce dernier a chassé le Fatah de la bande de Gaza et y a pris le pouvoir en 2007.

Le nouveau chef du Hamas? "Une excellente décision, car Sinouar vit au coeur de la bataille et sait donc exactement ce qu'il négocie, plutôt que quelqu'un qui est assis à l'extérieur du pays", estime Farah Qassem, un habitant de Ramallah, en référence à Ismaïl Haniyeh.

"Sinouar a payé et continue de payer un lourd tribut à la guerre, de sorte que ses décisions découleront des souffrances endurées par la population de Gaza", ajoute cet homme de 54 ans, en référence aux conditions catastrophiques pour les habitants qui manquent de tout dans ce territoire ravagé par dix mois de guerre.

Même sentiment pour Emad Abou Fokheidah, qui vit dans un village près de Ramallah: "le choix de Sinouar était une sage décision et un message à l'occupation selon lequel la solution politique, qu'Israël a rejetée en assassinant Haniyeh, ne viendra que par les armes".

"On sait que toutes les guerres se terminent par des négociations, et aujourd'hui, c'est le négociateur qui mènera la bataille", dit cet homme de 57 ans.


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".


Les clubs de la Saudi Pro League démentent toute discussion avec Mohamed Salah

Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
Les clubs de football saoudiens n'ont pas envisagé de négocier le transfert de l'attaquant égyptien de Liverpool Mohamed Salah vers la Ligue professionnelle saoudienne, ont déclaré mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat. (X/@FabrizioRomano)
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  • Un article d’Asharq Al-Awsat qualifie d’« rumeurs infondées » les insinuations médiatiques évoquant un possible départ de Salah vers le Royaume
  • Des sources affirment que les grands clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont jamais envisagé de contacter Salah, Liverpool ou son agent

RIYAD : Les clubs saoudiens n’ont à aucun moment envisagé de négocier le transfert de l’attaquant égyptien de Liverpool, Mohamed Salah, vers la Saudi Pro League, ont indiqué mercredi des sources officielles saoudiennes à Asharq Al-Awsat.

Des spéculations médiatiques au sujet de possibles discussions entre Salah et des clubs du Royaume ont émergé plus tôt cette semaine, après que le joueur a critiqué la direction du Liverpool Football Club et l’entraîneur Arne Slot.

Cependant, des sources saoudiennes ont rejeté ces affirmations, les qualifiant de « news promotionnelles » diffusées par l’agent de Salah et son entourage.

Les clubs de la Roshn Saudi League « n’ont entrepris aucune démarche » en ce sens, notamment en raison du contrat actuel de Salah, valable jusqu’à la mi-2027, ont ajouté les sources.

Selon elles, impliquer des clubs saoudiens est devenu une pratique courante chez plusieurs joueurs internationaux en conflit avec leurs clubs, afin d’augmenter leur valeur sur le marché ou de créer un intérêt artificiel.

Les clubs Al-Hilal, Al-Nassr, Al-Ittihad et Al-Ahli, ainsi qu’Al-Qadisiyah et NEOM, n’ont tenu aucune discussion et n’ont même pas envisagé de prendre contact avec Salah, Liverpool ou son agent, ont précisé les sources.

Asharq Al-Awsat a publié mardi un démenti officiel d’une source au sein d’Al-Hilal, qualifiant les informations de « rumeurs sans fondement ».

Le journal a également publié un démenti similaire provenant de sources internes à Al-Qadisiyah, qui ont confirmé que le club, propriété d'Aramco, n'avait aucune intention de recruter Salah.

Omar Maghrabi, PDG de la SPL, a déclaré mercredi lors de son discours au World Football Summit que Salah serait le bienvenu dans le championnat saoudien, mais que les clubs restent les parties responsables des négociations avec les joueurs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Asharq Al-Awsat