L'ex-gouverneur de la Banque du Liban, encensé puis maudit

Le gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salameh, pose lors d'une séance photo en studio dans la capitale Beyrouth, le 20 décembre 2021. (Photo par Joseph EID / AFP)
Le gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salameh, pose lors d'une séance photo en studio dans la capitale Beyrouth, le 20 décembre 2021. (Photo par Joseph EID / AFP)
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Publié le Mardi 03 septembre 2024

L'ex-gouverneur de la Banque du Liban, encensé puis maudit

  • Il est suspecté de détournement massif de fonds publics libanais et de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe, avec l'aide de ses proches.
  • Mais avec la descente aux enfers du pays depuis fin 2019, beaucoup le rendent responsable, avec les dirigeants politiques, de la faillite économique du Liban.

BEYROUTH : Architecte du redressement du Liban après la guerre avant d'être accusé d'être un des principaux responsables de son effondrement économique, l'ex-gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, a été arrêté mardi à Beyrouth.

C'est la première fois qu'il comparaît en justice depuis l'expiration de son mandat le 31 juillet 2023. M. Salamé, 74 ans, se faisait discret et était juste apparu en public fin 2023 à l'occasion des funérailles d'un de ses frères.

Il est suspecté de détournement massif de fonds publics libanais et de s'être constitué un riche patrimoine immobilier et bancaire en Europe via un montage financier complexe, avec l'aide de ses proches.

Mais il nie toute malversation financière et affirme être un "bouc émissaire" commode pour la classe politique à laquelle il était étroitement lié.

M. Salamé a été arrêté après avoir été interrogé par le procureur général "au sujet de soupçons de détournement de fonds de la BDL dépassant 40 millions de dollars" (environ 36 millions d'euros), selon une source judiciaire.

L'ancien patron de la BDL fait par ailleurs l'objet d'un mandat d'arrêt international depuis qu'il n'a pas répondu à une convocation d'un juge français en mai 2023. Et le Liban refuse d'extrader ses ressortissants.

La justice française a effectué 12 saisies sur son patrimoine immobilier et bancaire, d'une valeur de plusieurs dizaines de millions d'euros.

Son frère Raja a en outre été mis en examen début août en France dans le cadre des investigations menées à Paris sur des soupçons de biens mal acquis libanais.

La justice allemande a de son côté annulé en juin dernier un mandat d'arrêt contre M. Salamé, sans pour autant boucler l'enquête à son encontre.

- Années fastes -

Les Etats-Unis, le Canada et le Royaume-Uni ont imposé des sanctions économiques pour corruption contre lui, Washington estimant que ses "actions corrompues et illégales ont contribué à l'effondrement de l'Etat de droit au Liban".

Riad Salamé, qui détient l'un des records de longévité à la tête d'une banque centrale (1993-2023), a pourtant été applaudi pour avoir été l'architecte d'une politique financière qui a permis au Liban de rebondir après 15 années de guerre civile (1975-1990).

Mais avec la descente aux enfers du pays depuis fin 2019, beaucoup le rendent responsable, avec les dirigeants politiques, de la faillite économique du Liban.

Le gouverneur se défend et répète avoir amassé sa fortune lorsqu'il travaillait dans la banque d'investissements américaine Merril Lynch, où il gérait le portefeuille d'actifs du milliardaire Rafic Hariri, qui a fait fortune en Arabie saoudite.

Devenu Premier ministre en 1992, Rafic Hariri - assassiné en 2005 - installe Riad Salamé à la tête de la Banque centrale, poste réservé à la communauté chrétienne maronite en vertu du partage confessionnel du pouvoir au Liban.

Il fixe alors le taux de change de la livre libanaise par rapport au dollar. Commencent des années fastes pour le Liban, qui attire les capitaux, notamment grâce à des taux d'intérêt très élevés.

Riad Salamé accumule les lauriers: il est désigné meilleur gouverneur d'une banque centrale dans le monde par Euromoney en 2006 et par le Banker Magazine en 2009.

- "Fuite en avant" -

Mais avec la guerre qui éclate en Syrie en 2011, "les signaux rouges" s'accumulent pour l'économie libanaise, explique l'économiste Nicolas Chikhani.

Au lieu de restructurer l'économie et d'abandonner sa politique qui commence à coûter cher au Liban, M. Salamé choisit "la fuite en avant", explique-t-il.

Dès 2016, il se lance dans des montages financiers comparés à une "pyramide de Ponzi", et fin 2019, commence l'effondrement qui fait perdre à la livre libanaise plus de 98% de sa valeur.

Alors que les épargnants n'ont plus accès à leur argent dans les banques, il aide des dirigeants politiques à transférer leurs capitaux vers l'étranger en octobre 2019, juste avant l'effondrement, "pour un total de neuf milliards de dollars", selon un spécialiste des marchés financiers.

Il explique que M. Salamé avait des ambitions présidentielles: "Il ne refusait rien à la classe politique" et "a protégé les banques, dont les principaux actionnaires sont des politiciens".


Yémen: les rebelles houthis seront «complètement anéantis», menace Trump

Lundi, Donald Trump avait déjà indiqué qu'il tiendrait dorénavant l'Iran "pour responsable" de "chaque coup de feu" tiré par les Houthis et menacé Téhéran que les conséquences seraient "terribles". (AFP)
Lundi, Donald Trump avait déjà indiqué qu'il tiendrait dorénavant l'Iran "pour responsable" de "chaque coup de feu" tiré par les Houthis et menacé Téhéran que les conséquences seraient "terribles". (AFP)
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  • "Beaucoup de dégâts ont été infligés aux barbares houthis, et observez comment cela va s'empirer progressivement. Ce n'est même pas un combat équitable, et ça ne le sera jamais. Ils seront complètement anéantis!", a écrit le président américain
  • Peu après, des frappes américaines ont ciblé la capitale du Yémen, Sanaa, et le fief des Houthis dans le nord du pays, selon des médias des rebelles yéménites

WASHINGTON: Les Houthis, qui ont revendiqué une quatrième attaque en quelques jours sur un porte-avion américain en réponse à des frappes les visant, "seront complètement anéantis", a menacé mercredi Donald Trump, en demandant également à l'Iran l'arrêt "immédiat" de son soutien aux rebelles yéménites.

"Beaucoup de dégâts ont été infligés aux barbares houthis, et observez comment cela va s'empirer progressivement. Ce n'est même pas un combat équitable, et ça ne le sera jamais. Ils seront complètement anéantis!", a écrit le président américain sur Truth Social.

Peu après, des frappes américaines ont ciblé la capitale du Yémen, Sanaa, et le fief des Houthis dans le nord du pays, selon des médias des rebelles yéménites.

"Des informations nous parviennent selon lesquelles, même si l'Iran a réduit l'intensité de son soutien général et en matériel militaire aux Houthis, ils continuent de les approvisionner. L'Iran doit cesser cet approvisionnement immédiatement. Laissez les Houthis régler leurs comptes tout seuls. De toute façon ils vont perdre, mais de cette manière ils perdront rapidement", a ajouté le milliardaire américain.

Lundi, Donald Trump avait déjà indiqué qu'il tiendrait dorénavant l'Iran "pour responsable" de "chaque coup de feu" tiré par les Houthis et menacé Téhéran que les conséquences seraient "terribles".

Issus de la minorité zaïdite, une branche de l'islam chiite, les Houthis sont soutenus par l'Iran.

Ils ont revendiqué mercredi avoir mené une quatrième attaque en 72 heures contre le porte-avion américain USS Harry Truman en mer Rouge, après les attaques américaines les visant.

Donald Trump a annoncé samedi des frappes contre les bastions houthis au Yémen.

Ces attaques, qui ont touché Sanaa et d'autres régions, ont fait 53 morts et 98 blessés, selon les Houthis.

Washington affirme avoir éliminé plusieurs hauts responsables du mouvement.

 


Israël lance un «dernier avertissement» et bombarde Gaza

"Nous avons tous été pris en otage par un gouvernement sanguinaire", ont scandé certains manifestants, d'autres appelant à la démission du Premier ministre. (AFP)
"Nous avons tous été pris en otage par un gouvernement sanguinaire", ont scandé certains manifestants, d'autres appelant à la démission du Premier ministre. (AFP)
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  • "Nous avons tous été pris en otage par un gouvernement sanguinaire", ont scandé certains manifestants, d'autres appelant à la démission du Premier ministre
  • Par ailleurs, l'armée israélienne a indiqué jeudi avoir intercepté un missile en provenance du Yémen, les rebelles Houthis déclarant de leur côté avoir visé l'aéroport Ben Gourion, proche de Tel Aviv

GAZA: Israël a bombardé tôt jeudi matin la bande de Gaza au lendemain de l'annonce par Israël d'une intensification de ses opérations militaires, présentée comme un "dernier avertissement" aux habitants du territoire palestinien si le Hamas ne libère pas les otages.

"Au moins 10 civils ont été tués et des dizaines d'autres blessés dans des frappes aériennes israéliennes qui ont visé six maisons à l'est de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, tôt jeudi matin", a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile du territoire, Mahmoud Bassal.

Mercredi, la Défense civile avait recensé au moins 470 morts depuis la reprise des bombardements massifs dans la nuit de lundi à mardi.

Fuyant les tirs israéliens dans le nord du territoire palestinien assiégé et dévasté, des familles plusieurs fois déplacées pendant la guerre ont repris le chemin de l'exode.

Le Hamas a accusé Israël de chercher à "torpiller" l'accord de trêve entré en vigueur le 19 janvier après quinze mois de guerre à Gaza, déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Alors que les craintes d'une reprise de la guerre s'amplifient, le mouvement palestinien a affirmé rester ouvert aux négociations indirectes avec Israël sur les modalités de la poursuite de l'accord de trêve, en réitérant des exigences déjà rejetées par le gouvernement israélien.

Fort du soutien de l'allié américain, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a affirmé que la reprise des opérations militaires à Gaza était "indispensable" pour assurer la libération des otages encore aux mains du Hamas.

Un employé de l'ONU tué 

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a adressé aux Gazaouis un "dernier avertissement" exigeant qu'ils libèrent les otages et se "débarrassent" du Hamas qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

"Si tous les otages israéliens ne sont pas libérés et si le Hamas n'est pas complètement sorti de Gaza, Israël prendra des mesures d'une envergure jamais vue jusqu'à présent", a-t-il dit dans une vidéo.

Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque du 7-Octobre, 58 restent retenues à Gaza dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne. Et Benjamin Netanyahu a prévenu que toute négociation pour leur libération se déroulerait désormais "sous le feu".

Les Affaires étrangères israéliennes ont annoncé pour leur part enquêter sur "les circonstances" de la mort d'un employé bulgare de l'ONU, tué par une explosion à Deir al-Balah dans le centre de Gaza. Le Hamas a accusé l'armée israélienne qui a démenti.

Dans le nord de Gaza, hommes, femmes et enfants ont fui plus au sud au milieu des décombres, à pied ou entassés dans des charrettes tirées par des ânes, emportant matelas de mousse, bassines en plastique ou tentes.

Manifestation anti-Netanyahu 

Mardi, Israël a lancé sur Gaza ses frappes les plus meurtrières depuis l'entrée en vigueur de l'accord de trêve le 19 janvier, et M. Netanyahu a averti qu'elles n'étaient "que le début".

Mais M. Netanyahu est sous pression aussi en Israël.

A Jérusalem, des milliers de personnes ont manifesté en l'accusant de poursuivre la guerre au mépris du sort des otages.

"Nous avons tous été pris en otage par un gouvernement sanguinaire", ont scandé certains manifestants, d'autres appelant à la démission du Premier ministre.

Par ailleurs, l'armée israélienne a indiqué jeudi avoir intercepté un missile en provenance du Yémen, les rebelles Houthis déclarant de leur côté avoir visé l'aéroport Ben Gourion, proche de Tel Aviv.

Même si le Hamas a affirmé ne pas "refermer la porte des négociations", il a réitéré ses exigences de commencer la seconde phase des négociations prévues par l'accord de trêve.

La première phase de la trêve, qui a expiré le 1er mars, a permis le retour en Israël de 33 otages, dont huit morts, et la libération d'environ 1.800 détenus palestiniens.

Depuis, les négociations menées par l'intermédiaire du Qatar, des Etats-Unis et de l'Egypte, n'ont pas progressé.

Le Hamas veut passer à la deuxième phase de l'accord, qui prévoit un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des points de passage pour l'aide humanitaire et la libération des derniers otages.

Israël souhaite une extension de la première phase jusqu'à mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la "démilitarisation" de Gaza et le départ du Hamas.

Comme moyens de pression, Israël a déjà bloqué l'entrée de l'aide humanitaire à Gaza et coupé l'électricité dans ce territoire pauvre où s'entassent quelque 2,4 millions de Palestiniens.

 


Le prince héritier saoudien et le président français discutent de l'évolution de la situation dans la région

Le prince héritier saoudien et le président français discutent de l'évolution de la situation dans la région
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RIYAD: Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a reçu, mercredi, un appel téléphonique du président français Emmanuel Macron, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

Ils ont discuté de la reprise des frappes israéliennes sur Gaza, ainsi que des efforts visant à mettre fin aux attaques et à protéger les civils.

M. Macron a salué le rôle du Royaume dans le dialogue américano-russe et les pourparlers visant à résoudre la crise en Ukraine.

Les deux dirigeants ont également abordé des questions d'intérêt commun.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com