Au Liban, la Force de l'ONU accuse Israël d'avoir tiré sur son quartier général, suscitant un tollé diplomatique

Des véhicules blindés de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) patrouillent à l'entrée de la ville de Naqoura, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 17 juin 2024. (AFP)
Des véhicules blindés de la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban) patrouillent à l'entrée de la ville de Naqoura, au sud du Liban, près de la frontière avec Israël, le 17 juin 2024. (AFP)
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Publié le Vendredi 11 octobre 2024

Au Liban, la Force de l'ONU accuse Israël d'avoir tiré sur son quartier général, suscitant un tollé diplomatique

  • Rome a accusé Israël de possibles "crimes de guerre" après que la force de l'ONU déployée entre le Liban et Israël ait dénoncé des tirs "répétés" des troupes israéliennes sur ses positions,
  • Dimanche, la Finul avait dénoncé des opérations de l'armée israélienne près d'une de ses positions dans le secteur du village frontalier de Maroun al-Ras, les jugeant "extrêmement dangereuses".

BEYROUTH : Rome a accusé Israël de possibles "crimes de guerre" après que la force de l'ONU déployée entre le Liban et Israël ait dénoncé des tirs "répétés" des troupes israéliennes sur ses positions, dont un ayant blessé deux Casques bleus jeudi.

La Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dont 10.000 soldats sont déployés dans le sud du pays, appelle à l'arrêt des hostilités depuis que les tirs transfrontaliers entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont récemment tourné à la guerre ouverte.

Jeudi matin, la Finul a annoncé que "deux Casques bleus ont été blessés après qu'un char Merkava de l'armée israélienne a tiré sur une tour d'observation du QG de la Finul" à Naqoura, "la touchant directement et provoquant la chute" des deux hommes.

De nationalité indonésienne selon une porte-parole de la Finul, ces derniers sont "encore à l'hôpital" mais "leurs blessures ne sont pas graves".

Aussitôt, Rome, premier pays occidental contributeur de la Finul en termes d'effectifs, avec près de 900 militaires mobilisés, a dénoncé des actes "intolérables" et convoqué l'ambassadeur d'Israël pour une "ferme protestation".

- "Une obligation" -

Le ministre italien de la Défense Guido Crosetto a ensuite estimé que les tirs des troupes israéliennes contre la Finul  "pourraient constituer des crimes de guerre".

"Les actions hostiles commises de manière répétée par les forces israéliennes contre la base de la Finul pourraient constituer des crimes de guerre et représentent certainement de très graves violations des normes du droit international humanitaire", a affirmé le ministre lors d'une conférence de presse.

Pour sa part, la France "attend des explications", a indiqué le ministère des Affaires étrangères à Paris.

"La protection des Casques bleus est une obligation qui s'impose à toutes les parties à un conflit", a souligné le ministère dans un communiqué, insistant sur le fait que Paris "condamne toute atteinte à la sécurité de la Finul".

La France a aussi annoncé avoir décidé d'organiser avec l'Italie une rencontre la semaine prochaine avec les autres pays européens contributeurs --Espagne et Irlande.

Le Premier ministre irlandais Simon Harris a fustigé sur X "un acte irresponsable" ajoutant que "cela doit cesser".

"Les soldats israéliens ont également tiré sur une position de l'ONU à Ras al-Naqoura, touchant l'entrée du bunker où des Casques bleus avaient trouvé abri et endommageant des véhicules et des systèmes de communication", a encore dit la Finul dans un communiqué.

Mercredi, "des soldats israéliens ont délibérément tiré sur les caméras de la position, les mettant hors d'usage et ont également tiré délibérément sur une position où des réunions tripartites se tenaient régulièrement avant que ce conflit n'éclate", selon la même source.

- "Extrêmement dangereuses" -

Jeudi matin, le Hezbollah avait affirmé avoir "détruit un char israélien qui avançait" vers Ras al-Naqoura, à la frontière.

Il a ensuite indiqué avoir "visé des troupes israéliennes qui tentaient d'évacuer des soldats blessés de Ras al-Naqoura avec des salves de roquettes".

La formation armée pro-iranienne a ajouté avoir tiré des roquettes sur des soldats israéliens qui avançaient en direction de la localité frontalière libanaise de Maïs al-Jabal.

Le Hezbollah assure encore avoir tiré "d'importantes salves de roquettes" sur le nord d'Israël, frontalier du sud du Liban.

Dimanche, la Finul avait dénoncé des opérations de l'armée israélienne près d'une de ses positions dans le secteur du village frontalier de Maroun al-Ras, les jugeant "extrêmement dangereuses".

Elle avait annoncé le 5 octobre "maintenir ses positions", malgré une demande de l'armée israélienne d'en "déplacer certaines".

Le mouvement islamiste libanais a affirmé avoir appelé ses combattants à ne pas mettre en danger les Casques bleus.

La Finul appelle depuis le début de l'escalade les deux belligérants à appliquer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l'ONU.

Cette résolution, qui avait acté la fin de la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah en 2006, stipule que seules les forces de maintien de la paix de l'ONU et l'armée libanaise peuvent être déployées dans le sud du Liban.

En dépit de cette résolution, le Hezbollah a maintenu depuis 2006 une présence dans cette région, et Israël a lancé le 30 septembre des opérations terrestres contre le Hezbollah dans le sud du Liban.


Le chef de la diplomatie libanaise décline une invitation de l'Iran

Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
Le ministre libanais des Affaires étrangères, Youssef Rajji, s'exprime lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue égyptien au siège du ministère des Affaires étrangères au Caire. (AFP)
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  • Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a refusé une invitation à se rendre en Iran, évoquant des conditions inappropriées, et a proposé une rencontre dans un pays tiers neutre
  • Ce refus intervient sur fond de pressions américaines pour désarmer le Hezbollah, soutenu par l'Iran, alors que Beyrouth insiste sur la non-ingérence dans ses affaires internes

BEYROUTH: Le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Raggi a décliné mercredi une invitation de son homologue à se rendre en Iran, qui soutient le Hezbollah islamiste, et proposé une rencontre dans un pays tiers.

Le gouvernement libanais est soumis à une intense pression des Etats-Unis pour désarmer le Hezbollah, affaibli par une guerre avec Israël, alors que l'Iran a affiché son opposition à cette mesure.

Début décembre, le chef de la diplomatie iranienne Abbas Araghchi avait invité M. Raggi à se rendre à Téhéran pour évoquer "les relations bilatérales" ainsi que les "développements régionaux et internationaux", selon le ministère iranien des Affaires étrangères.

En réponse à M. Araghchi, "j'ai déclaré que je ne pouvais pas accepter son invitation à me rendre à Téhéran dans les circonstances actuelles", a annoncé mercredi M. Raggi sur X.

"Cela ne signifie pas un refus d'engager le dialogue, mais plutôt que les conditions ne sont pas propices à cette visite", a-t-il ajouté.

Il a proposé à son homologue de s'entendre pour se rencontrer "dans un pays tiers neutre", soulignant que les relations entre le Liban et l'Iran devaient être basées sur le principe de "non ingérence dans les affaires internes" de chaque pays.

L'Iran arme et finance le puissant Hezbollah, qu'une guerre a opposé à Israël d'octobre 2023 à novembre 2024.

En août, le Liban avait signifié à un haut responsable iranien, Ali Larijani, en visite à Beyrouth, son refus catégorique de "toute ingérence" dans ses affaires internes, après des critiques par Téhéran de la décision du gouvernement de désarmer le Hezbollah.

Téhéran dénonce régulièrement les frappes israéliennes qui le visent. Les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, avaient appelé en novembre à "venger" l'assassinat par Israël au Liban du chef militaire du Hezbollah, Haitham Ali Tabatabai.


L'Arabie saoudite et l'Iran réaffirment leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin

Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
Une réunion organisée par Téhéran a rassemblé mardi des responsables saoudiens, iraniens et chinois. (SPA)
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  • Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a participé mardi à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint

RIYAD : L’Arabie saoudite et l’Iran ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin lors d’une réunion tenue mardi à Téhéran.

Le vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed Al-Khureiji, a assisté à la troisième réunion du Comité tripartite conjoint entre l’Arabie saoudite, l’Iran et la Chine.

Les parties saoudienne et iranienne « ont réaffirmé leur engagement à mettre en œuvre l’Accord de Pékin dans son intégralité, ainsi que leur volonté de renforcer les relations de bon voisinage entre leurs pays, dans le respect de la Charte des Nations unies, de la Charte de l’Organisation de la coopération islamique et du droit international », a indiqué l’Agence de presse saoudienne dans un communiqué.

L’Arabie saoudite et l’Iran ont également salué le rôle positif continu joué par la Chine ainsi que son soutien constant à la mise en œuvre de l’Accord de Pékin.

De son côté, la Chine a réaffirmé sa disponibilité à poursuivre son soutien et à encourager les démarches entreprises par le Royaume et l’Iran pour développer leurs relations dans divers domaines.

Les trois pays ont salué les progrès continus dans les relations saoudo-iraniennes et les perspectives qu’ils offrent à tous les niveaux, a ajouté la SPA.

Les trois pays ont également appelé à une cessation immédiate des agressions israéliennes en Palestine, au Liban et en Syrie.

Ils ont en outre condamné tout acte portant atteinte à l’intégrité territoriale de l’Iran.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'armée israélienne dit avoir frappé des infrastructures du Hezbollah au Liban

Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
Des véhicules de l'ONU passent devant des bâtiments détruits par l'offensive aérienne et terrestre menée par Israël contre le Hezbollah dans le sud du Liban, vue depuis la ville la plus septentrionale d'Israël, Metula, le dimanche 30 novembre 2025. (AP)
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  • L’armée israélienne affirme avoir frappé plusieurs infrastructures du Hezbollah dans le sud du Liban, dont un site de lancement, un complexe d’entraînement et des installations militaires, malgré le cessez-le-feu de novembre 2024
  • Le contexte reste tendu depuis l’assassinat de Hassan Nasrallah en 2024, tandis que Washington presse Beyrouth de désarmer le Hezbollah, une demande rejetée par le groupe et ses alliés

JERUSALEM: L'armée israélienne a annoncé tôt mardi avoir frappé des infrastructures du mouvement islamiste Hezbollah pro-iranien dans le sud du Liban.

Les forces armées israéliennes ont indiqué "avoir frappé des infrastructures appartenant à l'organisation terroriste Hezbollah dans plusieurs zones du sud du Liban", dont un site de lancement utilisé pour des attaques contre Israël, dans un communiqué publié sur plusieurs réseaux sociaux.

Elles disent avoir ciblé également un complexe d'entraînement de la force al-Radwan, une unité d'élite, des champs de tir, des zones d'entraînement aux armes pour divers types d'armes et des structures militaires appartenant au Hezbollah.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe chiite pro-iranien, Israël continue de mener des attaques régulières le visant dans ses bastions libanais, et d'occuper cinq points frontaliers dans le sud du Liban.

Israël avait menacé début novembre d'intensifier ses attaques au Liban, accusant le mouvement de se "réarmer".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, un plan auquel le Hezbollah et ses alliés s'opposent en invoquant notamment la poursuite d'une présence israélienne sur le territoire libanais.