RIYAD : Alors que des millions de pèlerins se rendent chaque année à La Mecque pour accomplir le pèlerinage qui constitue le cinquième pilier de l'islam, de nombreux Saoudiens se connectent à l'esprit du Hajj sans jamais quitter leur domicile.
Qu'ils ne soient pas encore éligibles, incapables de voyager ou simplement en attente de leur tour, ces personnes ont trouvé des moyens significatifs de vivre cette expérience spirituelle à travers des écrans, des rituels, des réflexions et la communauté.
Cette forme évolutive de connexion spirituelle met en évidence une pratique intentionnelle à distance de plus en plus courante, en particulier chez les jeunes Saoudiens qui considèrent le Hajj non pas comme un événement spectaculaire, mais comme une période de transformation personnelle, où qu'ils se trouvent.
Pour Shatha Al-Jadaan, 25 ans, qui a déjà accompli le Hajj, la façon dont elle s'engage désormais dans le pèlerinage est plus intime que jamais, même lorsqu'elle n'est pas physiquement présente.
« Maintenant que j'ai fait l'expérience du Hajj, je le vis d'une manière plus personnelle », a-t-elle déclaré. « Je regarde en direct les flux vidéo de La Mecque 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, chez moi. Ce n'est pas un bruit de fond, c'est un rappel d'un moment que j'ai vécu. »
Elle ajoute que son engagement numérique autour du pèlerinage est profondément structuré. « Je jeûne pendant les dix jours du mois du pèlerinage (Dul Hijjah) et je commence ma journée plus tôt. Je veille à ce que l'atmosphère de la maison soit différente, plus calme, plus propice à la réflexion.
« Je prie en pleine conscience. C'est une façon de revivre le rythme du Hajj, même si je ne suis pas sur place.
Les écrans ne peuvent pas remplacer le sentiment, mais ils transmettent l'esprit. »
Noor Ahmad, 21 ans, partage le même sentiment. Elle explique que voir le Hajj en ligne l'a aidée à se préparer pour le moment où elle y est finalement allée, et que maintenant, quand elle voit d'autres personnes s'y rendre, cela renforce sa gratitude.
« J'avais toujours vu le Hajj à la télévision, sur les réseaux sociaux ou à travers les récits d'autres personnes », dit-elle. « Ces images m'ont donné un aperçu et ont éveillé en moi l'envie d'y aller. Et quand j'y suis enfin allée, j'ai pu faire le lien entre mes souvenirs visuels et ce que je vivais en temps réel. »
Après son retour, regarder ces images est devenu une sorte de souvenir. « Ce n'est pas seulement de la nostalgie. C'est une forme de présence spirituelle », a-t-elle expliqué.
Omar Al-Shehri, âgé de 33 ans, profite de la saison du Hajj pour enseigner les rituels à ses enfants.
« Chaque jour pendant le mois de Dul Hijjah, nous nous asseyons en famille pour regarder les scènes de Mina et d'Arafat, et j'explique chaque étape à mes enfants. Même si nous ne sommes pas là-bas, ils comprennent l'importance et la signification de cet événement. »
Il ajoute : « Ils accompliront le pèlerinage un jour, in sha Allah, mais d'ici là, ils grandissent en ayant pris conscience. »
Les plateformes numériques ont joué un rôle considérable dans la manière dont les gens s'engagent spirituellement dans le Hajj. Des chaînes officielles telles que Saudi Press Agency et Al-Ekhbariya, ainsi que des applications numériques telles que Haramain Watch, permettent aux téléspectateurs de suivre en temps réel la taille des foules, le déroulement des rituels et même les fatwas en direct.
Layla Al-Fahad, 29 ans, utilise X pour communiquer avec ses proches et des groupes WhatsApp avec ses amis proches, afin d'y partager des messages spirituels. « Nous partageons des rappels, des dhikr et de courtes prières chaque jour pendant les dix jours. C'est comme une mini-retraite spirituelle, mais en groupe. »
D'autres Saoudiens se tournent vers des brochures numériques, des rappels quotidiens par téléphone ou des calendriers interactifs des rituels du Hadj pour rester en phase avec le pèlerinage.
La conclusion la plus frappante de nombreux observateurs à distance est que la distance n'affecte en rien l'intention. Pour certains, elle la renforce même.
« Il y a quelque chose d'humble dans le fait de savoir que vous n'êtes pas là, mais que vous vous sentez toujours connecté », a déclaré Al-Fahad. « Vous commencez à prier, à lire et à marcher différemment pendant ces 10 jours. Tout devient alors plus doux et plus réfléchi. »
Pour de nombreux Saoudiens, participer à cette saison spirituelle ne nécessite pas de prendre le bus, l'avion ou le train. Cela nécessite d'être présent dans sa tête et dans son cœur, et d'avoir l'intention juste.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com