GAZA: La Défense civile dans la bande de Gaza a fait état de 18 personnes tuées mardi par de nouveaux raids aériens et tirs de l'armée israélienne dans le territoire palestinien ravagé et affamé par 21 mois de guerre, dont deux femmes près d'un centre d'aide.
"Au moins 18 martyrs ont été transportés par les équipes de la Défense civile (vers les hôpitaux pour y être déclarées mortes) depuis 02H00 du matin (23H00 GMT)", a affirmé à l'AFP cette organisation de premiers secours.
La plupart des personnes décédées ont été tuées par des bombardements aériens sur le nord de la bande de Gaza, selon la Défense civile, qui évoque le cas de six personnes tuées par un raid sur une tente à Rimal, à Gaza-ville.
Deux femmes ont également été tuées "par des tirs de l’armée" israélienne dans la zone d'al-Chakouch, près d'un point de distribution d’aide américaine, au nord-ouest de Rafah (sud), ajoute la même source, faisant état de 13 blessés.
Selon un nouveau rapport de l'ONU, 875 personnes ont été tuées depuis fin mai en essayant d'obtenir de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien. Le bilan précédent de l'ONU datant de vendredi faisait état de 800 morts.
Dans le camp de réfugiés d'al-Chati, en bordure de la ville de Gaza, un correspondant de l'AFP a vu deux hommes cherchant des survivants dans les décombres du logement de la famille Nassar, effondré.
Jihad Omar, l'un d'eux, dit espérer trouver deux enfants au milieu des ruines qu'il fouille presque à mains nues.
"Trouvez-nous une solution!"
"Trouvez-nous une solution! Chaque jour, nous enterrons des enfants, des femmes et des personnes âgées", a-t-il lancé. "Arrêtez le massacre! Laissez-nous élever ceux (des enfants) qui restent".
La Défense civile avait rapporté la mort de cinq personnes, tuées sur place par un bombardement aérien.
Le Hamas avait pour sa part annoncé la mort de Mohammad Faraj al-Ghoul, présenté comme un ancien ministre de son gouvernement à Gaza, et un membre de sa direction politique.
Cisjordanie: les déplacements de population sont les plus importants depuis 1967, selon l'ONU
L'ONU a averti mardi que les déplacements massifs de population en Cisjordanie avaient atteint des niveaux jamais vus depuis le début de l'occupation israélienne du territoire palestinien il y a près de 60 ans.
Depuis le 21 janvier, l'armée israélienne mène une offensive d'envergure appelée "Mur de fer" dans plusieurs zones de Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967.
Selon l'ONU, cette opération militaire, présentée par l'armée israélienne comme une offensive contre des groupes armés palestiniens, a déplacé des dizaines de milliers de personnes.
Cette opération militaire est "la plus longue depuis la deuxième Intifada", au début des années 2000, a déclaré Juliette Touma, porte-parole de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), s'exprimant depuis la Jordanie.
"Elle touche plusieurs camps de réfugiés dans la région et provoque le plus grand déplacement de population palestinienne en Cisjordanie depuis 1967", a-t-elle affirmé.
"Ce sont environ 30.000 personnes qui ont été déplacées" depuis l'opération "Mur de fer" et "elles demeurent déplacées aujourd'hui", a expliqué un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Thameen Al-Kheetan.
Sur cette période, les forces de sécurité israéliennes ont émis des ordres pour démolir environ 1.400 maisons dans le nord de la Cisjordanie, a-t-il déclaré lors du point de presse, qualifiant ces chiffres d'"alarmants".
Selon l'ONU, les démolitions israéliennes ont déplacé 2.907 Palestiniens en Cisjordanie depuis l'attaque du 7 octobre 2023 du mouvement islamiste palestinien Hamas. Sur cette même période, 2.400 Palestiniens – dont près de la moitié sont des enfants – ont été déplacés à la suite d'actions menées par des colons israéliens.
"Déplacer de manière permanente la population civile dans un territoire occupé équivaut à un transfert illégal", a expliqué M. Al-Kheetan, soulignant que cela pourrait être assimilé à un "nettoyage ethnique" et "constituer un crime contre l'humanité".
Selon l'ONU, 757 attaques menées par des colons israéliens ont été enregistrées en Cisjordanie au cours des six premiers mois de l'année, une augmentation de 13% par rapport à la même période en 2024.
Ces attaques ont blessé 96 Palestiniens rien qu'en juin, le bilan mensuel le plus élevé "depuis près de deux décennies", a-t-il relevé.
Les violences ont flambé en Cisjordanie depuis le début de la guerre de Gaza, déclenchée par l'attaque du 7-Octobre. Depuis, au moins 964 Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, selon l'ONU.
Sur la même période, 53 Israéliens ont été tués dans des attaques attribuées à des Palestiniens ou lors de combats armés – 35 d'entre eux en Cisjordanie et 18 en Israël.
Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a dit avoir "frappé plusieurs membres du Hamas dans la région d'al-Chati", sans commenter les faits rapportés par la Défense civile dans ce même lieu.
Par ailleurs, l'armée israélienne a indiqué dans un communiqué avoir "démantelé un tunnel terroriste d'environ 3,5 kilomètres de long" dans la région de Khan Younès (sud), sans préciser quand ceci avait eu lieu.
L'attaque du Hamas en Israël qui a déclenché la guerre le 7 octobre 2023 a entraîné côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Sur les 251 personnes enlevées, 49 sont toujours otages à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
Dans la bande de Gaza, au moins 58.479 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les représailles israéliennes, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, jugées fiables par l'ONU.
Israël avait assoupli fin mai le blocus hermétique imposé pendant deux mois à la bande de Gaza et depuis le 26 mai, la distribution de l'aide, auparavant pilotée par les Nations unies, est confiée à la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), soutenue par les Etats-Unis et par Israël.
L'ONU et les principales organisations humanitaires refusent de travailler avec la GHF, affirmant qu'elle sert les objectifs militaires israéliens et viole les principes humanitaires de base.
La distribution de l'aide, vitale pour les plus de 2 millions d'habitants du territoire palestinien assiégé, constitue, selon le Hamas, l'un des enjeux des difficiles négociations indirectes en cours au Qatar pour tenter d'avancer vers une trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.