Netanyahou et son cabinet extrémiste - les architectes de l'effacement de Gaza

Netanyahou, en maître manipulateur, permet à ces voix de s'exprimer et les arme. Pour lui, leur extrémisme est politiquement utile - un mur de fer contre l'opposition intérieure et une distraction de son procès pour corruption. En donnant du pouvoir aux radicaux, il détourne les responsabilités et se présente comme le centriste indispensable qui maintient l'unité d'Israël. (AFP)
Netanyahou, en maître manipulateur, permet à ces voix de s'exprimer et les arme. Pour lui, leur extrémisme est politiquement utile - un mur de fer contre l'opposition intérieure et une distraction de son procès pour corruption. En donnant du pouvoir aux radicaux, il détourne les responsabilités et se présente comme le centriste indispensable qui maintient l'unité d'Israël. (AFP)
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Publié le Mardi 09 septembre 2025

Netanyahou et son cabinet extrémiste - les architectes de l'effacement de Gaza

Netanyahou et son cabinet extrémiste - les architectes de l'effacement de Gaza
  • Parfois, Netanyahou détruit des hôpitaux, parfois sa machine de guerre écrase des abris, parfois il affame des familles en prenant pour cible des convois d'aide
  • Aujourd'hui, après avoir tué des dizaines de milliers de personnes et réduit des quartiers entiers en ruines, il menace de lâcher ses avions de guerre sur les derniers gratte-ciel de Gaza, anéantissant ainsi les derniers fragments d'une société assiégée

Rien ne semble pouvoir freiner la folie d'un homme qui a fait de l'effusion de sang une politique d'État. Benjamin Netanyahu, le premier ministre israélien le plus ancien, s'est entouré du cabinet le plus extrémiste de l'histoire d'Israël - une coalition d'ultranationalistes, de zélotes messianiques et d'idéologues colons qui considèrent l'existence palestinienne comme un obstacle à éliminer. Ensemble, ils ont transformé la guerre contre Gaza en une campagne d'extermination maquillée en "légitime défense".

Parfois, Netanyahou détruit des hôpitaux, parfois sa machine de guerre écrase des abris, parfois il affame des familles en prenant pour cible des convois d'aide. Aujourd'hui, après avoir tué des dizaines de milliers de personnes et réduit des quartiers entiers en ruines, il menace de lâcher ses avions de guerre sur les derniers gratte-ciel de Gaza, anéantissant ainsi les derniers fragments d'une société assiégée. Son message à la population de Gaza est clair : il ne vous reste plus rien ici, votre existence même est intolérable.

Pour comprendre cette campagne, il faut comprendre l'idéologie de la coalition de Netanyahou. Des personnalités comme Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich ne se contentent pas de tolérer la souffrance des Palestiniens, ils appellent ouvertement à l'expulsion et à l'annexion. Leur rhétorique est génocidaire, leur programme est ouvertement colonial. Ils rêvent d'un "Grand Israël" purgé des Palestiniens et Gaza est leur terrain d'essai.

En donnant du pouvoir aux radicaux, il détourne les responsabilités et se présente comme le centriste indispensable à la cohésion d'Israël.

Hani Hazaimeh

Netanyahou, en maître manipulateur, permet à ces voix de s'exprimer et les arme. Pour lui, leur extrémisme est politiquement utile - un mur de fer contre l'opposition intérieure et une distraction de son procès pour corruption. En donnant du pouvoir aux radicaux, il détourne les responsabilités et se présente comme le centriste indispensable qui maintient l'unité d'Israël. En réalité, il a livré l'État à des extrémistes qui considèrent le nettoyage ethnique non pas comme un sous-produit de la guerre, mais comme son objectif principal.

La guerre israélienne contre Gaza ne vise pas seulement le Hamas, mais l'infrastructure même de la vie palestinienne. Les hôpitaux, les écoles, les centrales électriques, les réseaux d'eau et les centres de distribution de nourriture ont été systématiquement détruits. La famine est devenue une arme de guerre. Les convois d'aide sont bloqués ou attaqués. Les tours qui abritent les familles déplacées sont menacées de bombardement. Il ne s'agit pas de dissuasion, mais d'effacement délibéré.

Netanyahou et ses alliés mettent en œuvre, étape par étape, un plan visant à déplacer la population de Gaza et à réaffirmer le contrôle israélien. Ce qui est testé à Gaza sera étendu à la Cisjordanie, où l'expansion des colonies, les saisies de terres et la violence des colons suivent déjà la même logique.

Derrière cette brutalité se cache le désespoir personnel de M. Netanyahou. Inculpé pour corruption et confronté à un paysage politique fracturé, il s'appuie sur une crise perpétuelle pour survivre. La guerre le protège de l'obligation de rendre des comptes, unit ses partisans et repousse le moment où il devra faire face à la justice. Pour Netanyahou, le sang des enfants de Gaza n'est pas une tragédie, c'est un capital politique.

Son cabinet extrémiste, quant à lui, veille à ce que l'escalade soit toujours la voie à suivre. Les ministres qui se nourrissent de l'incitation poussent à des politiques de destruction maximale et Netanyahou, craignant l'effondrement de sa coalition, leur donne raison. Le résultat est un gouvernement où la politique est indissociable du fanatisme.

Les mêmes dirigeants qui prêchent la démocratie et les droits de l'homme ailleurs détournent les yeux des charniers de Gaza

Hani Hazaimeh

L'extrémisme du cabinet de Netanyahou ne serait pas possible sans l'indulgence de l'Occident. Les États-Unis continuent de fournir des armes, une couverture diplomatique et une légitimité politique, tandis que les gouvernements européens oscillent entre l'inquiétude timide et le silence. Les mêmes dirigeants qui prêchent la démocratie et les droits de l'homme ailleurs détournent les yeux des charniers de Gaza.

Cette complicité enhardit Netanyahou et ses alliés. Elle leur dit qu'il n'y a pas de ligne rouge à ne pas franchir, pas d'atrocité trop grave, pas de crime trop flagrant.

Gaza est devenu le test ultime, non seulement de la faillite morale d'Israël sous Netanyahou et son cabinet extrémiste, mais aussi de la capacité du monde à faire respecter les principes qu'il prétend défendre. La communauté internationale ne peut permettre à un État d'effacer une population entière sous prétexte de sécurité.

Si Netanyahou réussit, le précédent hantera l'ordre mondial : un message aux dirigeants autoritaires du monde entier que le génocide peut être maquillé en défense et récompensé par le silence.

Netanyahou et son cabinet extrémiste ne défendent pas Israël, ils détruisent son tissu moral tout en anéantissant Gaza. Leurs politiques de famine, de bombardement et de déplacement ne sont pas des accidents de guerre, mais des stratégies délibérées. Et l'incapacité du monde à les confronter le rend complice.

L'histoire ne se souviendra pas des excuses des gouvernements occidentaux, ni des manœuvres juridiques qui ont protégé Netanyahu. Elle se souviendra des enfants affamés, des hôpitaux bombardés, des familles ensevelies sous les décombres - et du gouvernement extrémiste qui a orchestré tout cela.

La question n'est plus de savoir si Netanyahou et son cabinet vont escalader le conflit. Ils l'ont déjà fait. La question est de savoir si le monde décidera enfin de les arrêter - ou si le silence restera l'arme la plus meurtrière qui soit.

Hani Hazaimeh est un rédacteur en chef basé à Amman.

X: @hanihazaimeh

NDLR:  Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section leur sont propres et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com