Le plan de paix de Trump et le pari raté de Netanyahou

Aussi encourageant que puisse paraître le projet de Trump, il lui manque ce que l'histoire nous enseigne être le plus essentiel : des garanties contraignantes (File/AFP)
Aussi encourageant que puisse paraître le projet de Trump, il lui manque ce que l'histoire nous enseigne être le plus essentiel : des garanties contraignantes (File/AFP)
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Publié le Mercredi 01 octobre 2025

Le plan de paix de Trump et le pari raté de Netanyahou

Le plan de paix de Trump et le pari raté de Netanyahou
  • La proposition de M. Trump, si elle est pleinement mise en œuvre et appliquée, pourrait offrir une telle voie
  • Mais son sort dépend en fin de compte du même obstacle qui a torpillé d'innombrables initiatives auparavant : Le pari raté de Benjamin Netanyahou et le mépris obstiné du droit international par Israël

Le plan récemment annoncé par le président américain Donald Trump pour mettre fin à l'agression israélienne sur Gaza a injecté une rare note d'espoir prudent dans l'un des chapitres les plus sombres du Moyen-Orient moderne.

Après près de deux ans de bombardements incessants, de famine artificielle et de déplacements massifs, la population de Gaza cherche désespérément une issue à ce cauchemar. La proposition de M. Trump, si elle est pleinement mise en œuvre et appliquée, pourrait offrir une telle voie. Mais son sort dépend en fin de compte du même obstacle qui a torpillé d'innombrables initiatives auparavant : Le pari raté de Benjamin Netanyahou et le mépris obstiné du droit international par Israël.

Sur le papier, le plan semble prometteur. Il prévoit la fin des hostilités, l'accès à l'aide humanitaire et un nouvel élan vers la solution des deux États - le seul cadre qui ait jamais offert la possibilité d'une paix juste et durable. Pourtant, aussi encourageant que cela puisse paraître, le plan manque de ce que l'histoire nous enseigne être le plus essentiel : des garanties contraignantes. Ni Washington ni la communauté internationale n'ont proposé de mécanismes concrets pour obliger Israël à se conformer au plan. Cette omission est d'autant plus importante que Netanyahou exploite depuis longtemps les initiatives de paix comme couverture politique, tout en renforçant l'occupation israélienne et en intensifiant la violence.

Le pari imprudent de M. Netanyahou depuis le 7 octobre 2023 a été mis à nu. Il a parié qu'une guerre sans fin ferait taire les critiques, le protégerait des accusations de corruption et réaliserait l'ambition sioniste de dépeupler Gaza par la terreur et le désespoir. Il a échoué. Gaza est toujours debout, meurtrie mais intacte. Les Palestiniens restent enracinés dans leur patrie, comme ils l'ont fait en 1948, en 2008, en 2014 et maintenant en 2025. Au lieu d'une victoire, Netanyahou a provoqué des morts massives, la famine et l'effondrement de la position morale d'Israël sur la scène mondiale.

Le plan de Trump pourrait recentrer l'agenda international sur la création d'un État palestinien et sur la responsabilité des crimes commis par Israël.

Hani Hazaimeh


La catastrophe humanitaire à Gaza n'est pas un dommage collatéral, c'est la politique elle-même. Les enfants affamés, les hôpitaux bombardés et les familles ensevelies sous les décombres sont la sinistre monnaie d'échange de la stratégie de survie de Netanyahou. Il ne s'agit pas de défense, mais de punition collective, un crime au regard du droit international, que le monde reconnaît de plus en plus comme un génocide.

Pourtant, malgré l'ampleur des crimes de Netanyahou, rejeter d'emblée le plan de Trump serait rendre un mauvais service à ceux qui souffrent le plus. Pour les femmes qui font bouillir de l'herbe pour nourrir leurs enfants, pour les médecins qui amputent des membres sans anesthésie, pour les enfants en bas âge qui meurent de malnutrition, même une proposition imparfaite offre une lueur d'espoir. Un soutien prudent, associé à une pression internationale incessante, pourrait être le seul moyen de forcer l'ouverture de la plus étroite des fenêtres de secours.

Au niveau mondial, le vent tourne. En marge de l'Assemblée générale des Nations unies et de la conférence parrainée par la France et l'Arabie saoudite en faveur d'une solution à deux États, une dynamique se met en place en faveur de la reconnaissance d'un État palestinien. Le "train en marche" de la reconnaissance s'accélère, laissant Netanyahou de plus en plus isolé. Dans ce contexte, le plan de Trump - s'il est exploité judicieusement - pourrait accélérer cette dynamique en recentrant l'agenda international sur la création d'un État palestinien et sur la responsabilité des crimes commis par Israël.

Netanyahou avait tort. Les Palestiniens endurent, l'indignation arabe est unie et le monde observe la situation de plus près que jamais.

Hani Hazaimeh


Soyons clairs : le plan de Trump ne réussira pas s'il est traité comme un autre geste diplomatique, facilement balayé par les dérobades de Netanyahou. Il nécessite une mise en œuvre, un suivi et des conséquences réelles en cas de non-respect. Sans ces mécanismes, il risque de rejoindre le long cimetière des initiatives abandonnées. Mais avec une pression mondiale soutenue - et avec des acteurs arabes et internationaux saisissant l'occasion - il pourrait marquer le début de la fin du pari destructeur de Netanyahou.

Netanyahou a tout misé sur trois illusions : que les Palestiniens se rendraient, que les Arabes resteraient paralysés et que la communauté internationale détournerait le regard. Il s'est trompé. Les Palestiniens endurent, l'indignation arabe est unie et le monde observe la situation plus attentivement que jamais. Le plan de Trump, aussi imparfait soit-il, offre une chance de transformer cette réalité en progrès politique.

Il se peut que l'histoire retienne cette guerre non seulement comme la chute de Netanyahou, mais aussi comme le moment où le monde, pressé par une souffrance humaine inimaginable, a choisi d'agir. La voie à suivre doit commencer par un cessez-le-feu, un accès humanitaire sans entrave, des échanges de prisonniers et un cadre crédible pour la souveraineté palestinienne. Le plan de Trump pourrait être ce cadre - si le monde a enfin le courage de demander des comptes à Israël.

Hani Hazaimeh est un rédacteur en chef basé à Amman.

X : @hanihazaimeh

NDLR: Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.