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Dans son discours annuel devant le Conseil de la Choura ce mercredi, le prince héritier Mohammed ben Salmane a livré une allocution à la fois boussole stratégique et déclaration d’intention. Un moment de clarté et d’assurance dans une région souvent assombrie par l’incertitude.
La partie politique du discours s’est ouverte sur une position ferme en faveur de l’unité du Golfe. Le prince héritier a clairement indiqué que l’Arabie saoudite considère la sécurité du Qatar comme indissociable de la sienne. Toute agression contre Doha est perçue comme une attaque contre l’ensemble du Conseil de coopération du Golfe, et toutes les ressources saoudiennes seront mobilisées pour soutenir la souveraineté du Qatar. C’était une réponse directe aux récentes provocations israéliennes et un signal fort : Riyad poursuivra toutes les voies politiques et juridiques pour dissuader de futures violations.
Le prince héritier a qualifié les actions d’Israël de flagrantes et illégales, rejetant leur mépris du droit international. Le message était clair : l’Arabie saoudite continuera de mobiliser les efforts arabes et internationaux pour demander des comptes à Israël et faire respecter le droit international. Il ne s’agissait pas uniquement du Qatar — mais de la défense de l’intégrité de la région.
La Palestine est restée, comme toujours, au cœur des priorités. Le prince héritier a mis en lumière le rôle de l’Arabie saoudite dans l’organisation de la conférence internationale sur la question palestinienne, malgré les tentatives de sabotage. Il a rappelé que le Royaume avait déjà accueilli en octobre 2024 le sommet de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États. Ces efforts ne sont pas symboliques — ils témoignent d’un engagement profond envers la cause palestinienne et d’une conviction : la reconnaissance internationale de l’État palestinien constitue le levier de pression le plus efficace contre l’occupation israélienne.
Le discours a également rappelé une avancée diplomatique majeure : la levée des sanctions américaines contre la Syrie, obtenue grâce à un dialogue direct avec Washington. Cette percée, qui vise à stabiliser la Syrie, soutenir sa reprise économique et soulager sa population, illustre la diplomatie saoudienne dans ce qu’elle a de plus concret et efficace.
Le message était clair : l’Arabie saoudite continuera de mobiliser les efforts arabes et internationaux pour demander des comptes à Israël.
Faisal J. Abbas | Rédacteur en chef
Le prince héritier a exprimé son espoir de paix au Liban, au Yémen et au Soudan, réaffirmant l’engagement du Royaume en faveur du dialogue et de la diplomatie. Ce ne sont pas de simples aspirations — ce sont des impératifs stratégiques. L’Arabie saoudite a investi massivement dans la consolidation de la paix, consciente que la stabilité régionale est essentielle à la prospérité à long terme.
Sur le plan intérieur, le prince héritier a offert un aperçu convaincant de l’avancement de la Vision 2030. Les activités hors hydrocarbures représentent désormais 56 % du produit intérieur brut de l’Arabie saoudite, un jalon qui en dit long sur le succès de sa diversification économique. Qui aurait pu imaginer la transformation d’AlUla et des îles de la mer Rouge en destinations touristiques mondiales ou l’arrivée de plus de 100 millions de visiteurs ?
À mes yeux, cela prouve que les ambitions du Royaume ne sont pas seulement atteignables — elles sont déjà en train de se réaliser.
L’Arabie saoudite a massivement investi dans la consolidation de la paix, consciente que la stabilité régionale est essentielle à la prospérité à long terme.
Faisal J. Abbas | Rédacteur en chef
La décision de 660 entreprises multinationales d’établir leur siège régional en Arabie saoudite fut un autre moment fort. Elle traduit la confiance croissante du monde dans la résilience économique du Royaume, ses infrastructures et son environnement réglementaire. L’Arabie saoudite n’est plus seulement une puissance régionale — elle devient un centre mondial d’affaires.
Le prince héritier a également souligné l’ambition du Royaume de devenir un pôle mondial en intelligence artificielle. Ce n’est pas une chimère futuriste — c’est une priorité stratégique. En investissant dans les technologies émergentes, l’Arabie saoudite se positionne à l’avant-garde de la quatrième révolution industrielle.
Dans une réponse percutante aux critiques sur l’évolution des objectifs de la Vision 2030, le prince héritier a affirmé que l’intérêt public est la boussole de chaque politique. La flexibilité n’est pas une faiblesse — c’est une preuve de sagesse. Le Royaume continuera d’adapter ses stratégies pour mieux servir son peuple, une posture qui reflète maturité et réactivité. Rappelons que, si certains critiquent aujourd’hui les changements de cap, les critiques d’hier portaient sur l’absence de vision, d’indicateurs de performance ou d’ambition.
Peut-être faut-il surtout retenir la capacité du Royaume à équilibrer les turbulences géopolitiques avec la stabilité intérieure. En dépit des incertitudes mondiales et des menaces régionales, l’Arabie saoudite a maintenu sa cohésion interne et poursuivi des réformes ambitieuses. La direction du prince héritier a su guider le Royaume dans des eaux agitées, sans sacrifier le progrès sur l’autel de la géopolitique.
En somme, le discours devant le Conseil de la Choura n’était pas une simple allocution — c’était une feuille de route stratégique. Il a mis en lumière un Royaume à la fois affirmé et mesuré, visionnaire et ancré dans le réel. Sous la direction du prince héritier Mohammed ben Salmane, l’Arabie saoudite ne se contente pas de naviguer vers l’avenir — elle est en train de le définir.
Faisal J. Abbas est le rédacteur en chef d'Arab News.
X : @FaisalJAbbas
NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
