Gaza: avec son plan «tout ou rien», Trump pousse l'avantage d'Israël

Le plan de Donald Trump survient alors qu'Israël fait face à une condamnation croissante pour sa campagne militaire. Les Nations unies ont déclaré une famine dans une partie de la bande de Gaza et les enquêteurs de l'ONU affirment qu'Israël commet un génocide, accusations rejetées par Israël. (AFP)
Le plan de Donald Trump survient alors qu'Israël fait face à une condamnation croissante pour sa campagne militaire. Les Nations unies ont déclaré une famine dans une partie de la bande de Gaza et les enquêteurs de l'ONU affirment qu'Israël commet un génocide, accusations rejetées par Israël. (AFP)
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Publié le Mercredi 01 octobre 2025

Gaza: avec son plan «tout ou rien», Trump pousse l'avantage d'Israël

  • La Maison Blanche a rendu public lundi un plan en 20 points visant à mettre fin à l'offensive menée par Israël depuis près de deux ans dans la bande de Gaza, à obtenir la libération des otages
  • Selon Aaron David Miller, ancien conseiller spécialiste du Moyen-Orient, ce plan comporte des éléments susceptibles de mener au succès, mais il reste peu détaillé

WASHINGTON: En présentant un plan pour Gaza comme un ultimatum au Hamas, le président américain, Donald Trump, pousse l'avantage diplomatique d'Israël et lui donne une marge de manœuvre encore plus grande sur le terrain si un accord échoue.

La Maison Blanche a rendu public lundi un plan en 20 points visant à mettre fin à l'offensive menée par Israël depuis près de deux ans dans la bande de Gaza, à obtenir la libération des otages et à déclarer une zone économique spéciale sous la tutelle de Donald Trump.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et le président américain ont tous deux mis en garde le Hamas, dont l'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 a déclenché la guerre, Donald Trump déclarant mardi que le mouvement islamiste palestinien risquait "l'enfer" s'il n'acceptait pas ce plan dans les jours à venir.

Selon Aaron David Miller, ancien conseiller spécialiste du Moyen-Orient, ce plan comporte des éléments susceptibles de mener au succès, mais il reste peu détaillé.

"Donald Trump a un instinct stratégique, mais il n'a pas de stratégie pour passer du point A au point B", juge M. Miller, chercheur à la Fondation Carnegie pour la paix internationale.

"C'est un opportuniste, il est transactionnel. Il ne réfléchit pas à ces choses. Anchorage en est un exemple type", ajoute-t-il, faisant référence au sommet organisé un mois plus tôt dans l'Alaska avec le président russe, Vladimir Poutine, qui s'était conclu par de vagues déclarations sur les progrès accomplis et, comme lundi, sans aucune question de la presse.

"Chèque en blanc" 

Le plan de Donald Trump survient alors qu'Israël fait face à une condamnation croissante pour sa campagne militaire. Les Nations unies ont déclaré une famine dans une partie de la bande de Gaza et les enquêteurs de l'ONU affirment qu'Israël commet un génocide, accusations rejetées par Israël.

Exaspérées par M. Netanyahu, la France, la Grande-Bretagne et plusieurs autres puissances occidentales ont reconnu la semaine dernière l'Etat de Palestine.

Donald Trump, dans l'espoir de mettre le Hamas au pied du mur, a pris contact avec les principaux Etats arabes et musulmans et a présenté la semaine dernière un plan en 21 points à l'ONU.

Ces derniers, notamment le Qatar et l'Egypte, pays médiateurs, ainsi que l'Arabie saoudite et la Turquie, ont salué les efforts de M. Trump, mais n'ont pas explicitement approuvé le plan, qui compte finalement 20 points.

Benjamin Netanyahu et l'envoyé spécial de Trump, Steve Witkoff, ont apporté des modifications au plan, qui n'exclut plus clairement l'annexion de la Cisjordanie par Israël, une idée défendue par les alliés d'extrême droite du Premier ministre israélien.

Le plan reste vague sur la question de la création d'un Etat palestinien, à laquelle M. Netanyahu s'oppose depuis longtemps, évoquant une éventuelle "voie crédible".

Pour Brian Katulis, chercheur au Middle East Institute qui a travaillé sur la question israélo-palestinienne sous l'ancien président Bill Clinton, le plan de Trump ressemble à un "écran de fumée", permettant de damer le pion au consensus international sur une solution à deux Etats.

"Ce n'est pas vraiment un accord. Cela ne fait que renforcer la tentative d'Israël d'obtenir une capitulation sans condition", dit-il. "Cela montre que Trump est prêt à signer un chèque encore plus en blanc à Israël si le Hamas n'accepte pas cet accord."

Maigre bilan 

Donald Trump, qui s'attarde peu sur les détails, est le dernier dirigeant mondial en date à présenter un plan pour le Moyen-Orient.

L'ancien président Bill Clinton avait proposé un accord beaucoup plus détaillé pour régler le conflit israélo-palestinien lors du sommet de Camp David, vers la fin de son mandat.

Ce sommet a échoué, Israël et M. Clinton reprochant au défunt dirigeant palestinien Yasser Arafat de ne pas avoir fait de compromis.

"Les antécédents historiques ne sont pas prometteurs en termes de grand compromis", relève Dana Stroul, chercheuse au Washington Institute for Near East Policy.

"Même passer de 21 à 20 points, c'est beaucoup à mettre en œuvre et cela offre de nombreuses occasions de saboter le processus", souligne-t-elle.

Mais, selon elle, la différence cette fois-ci réside dans le "soutien de la région" et des circonstances plus graves.

"La situation humanitaire s'est aggravée, les choix qui s'offrent à l'armée et au gouvernement israéliens sont plus difficiles, l'isolement international d'Israël s'est accentué et il y a moins de dirigeants du Hamas encore en vie pour prendre des décisions", dit Dana Stroul.


Futur avion de combat européen: Paris et Berlin doivent «maintenir le cap», plaide Macron

Paris et Berlin doivent "maintenir le cap" pour avancer sur le programme du futur avion de combat européen (Scaf) face au blocage des discussions et aux oppositions entre industriels, a plaidé mercredi le président français Emmanuel Macron. (AFP)
Paris et Berlin doivent "maintenir le cap" pour avancer sur le programme du futur avion de combat européen (Scaf) face au blocage des discussions et aux oppositions entre industriels, a plaidé mercredi le président français Emmanuel Macron. (AFP)
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  • La semaine passée, un responsable français avait affirmé que la France disposait des capacités de construire "seule" un avion de combat de sixième génération si aucun accord n'était trouvé avec l'Allemagne et l'Espagne
  • Lancé en 2017 par Angela Merkel et Emmanuel Macron comme un étendard de la coopération de défense entre les deux pays, avant d'être rejoint par l'Espagne, le projet de Système de combat aérien futur (Scaf) vise à remplacer à l'horizon 2040 les Rafale

PARIS: Paris et Berlin doivent "maintenir le cap" pour avancer sur le programme du futur avion de combat européen (Scaf) face au blocage des discussions et aux oppositions entre industriels, a plaidé mercredi le président français Emmanuel Macron.

"Les entreprises d'armement des deux côtés revendiquent le leadership. C'est donc à nous de maintenir le cap de ce que nous considérons comme relevant de l'intérêt général franco-allemand et de continuer à travailler à des solutions communes", affirme-t-il dans un entretien au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ).

"Avec le chancelier (Friedrich Merz, ndlr), nous avons demandé une revue des projets par nos deux ministres des Armées, d'ici à la fin d'année. Et c'est sur cette base que nous allons statuer et prendre les décisions qui s'imposent, sans prêter le flanc aux commentaires des uns et des autres", ajoute-t-il.

Lancé en 2017 par Angela Merkel et Emmanuel Macron comme un étendard de la coopération de défense entre les deux pays, avant d'être rejoint par l'Espagne, le projet de Système de combat aérien futur (Scaf) vise à remplacer à l'horizon 2040 les Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols.

La semaine passée, un responsable français avait affirmé que la France disposait des capacités de construire "seule" un avion de combat de sixième génération si aucun accord n'était trouvé avec l'Allemagne et l'Espagne, laissant entrevoir un possible échec du plus gros projet de coopération de défense en Europe.

Berlin et Madrid sont particulièrement exaspérés par la position de l'avionneur français Dassault qui réclame plus d'autonomie dans son rôle de maître d’œuvre industriel pour lequel il a été désigné par les trois Etats.

Pour le président français, le Scaf et le projet de futur char de combat MGCS, lancé en même temps, correspondent toujours à des "besoins stratégiques" pour les deux pays malgré les difficultés attendues.

"Nous savions dès le départ que cela serait très difficile car des industriels concurrents ont été contraints de s'associer pour un projet", confie-t-il se disant en matière de défense européenne "favorable à une intégration maximale car nous devons produire davantage, et ce au niveau européen".


Climat: en dix ans, les glaciers suisses ont perdu un quart de leur volume

 Les glaciers suisses, très touchés par le réchauffement climatique, ont perdu un quart de leur volume en seulement dix ans, alerte une étude publiée mercredi, qui s'inquiète de l'accélération de la fonte. (AFP)
Les glaciers suisses, très touchés par le réchauffement climatique, ont perdu un quart de leur volume en seulement dix ans, alerte une étude publiée mercredi, qui s'inquiète de l'accélération de la fonte. (AFP)
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  • En 2025, le Réseau des relevés glaciologiques suisse (Glamos) a de nouveau observé une "fonte considérable" des glaciers, proche du record de 2022
  • "Depuis environ 20 ans, tous les glaciers suisses perdent de la glace et le rythme (...) s'accélère", a indiqué Matthias Huss, directeur de Glamos

GLETSCH: Les glaciers suisses, très touchés par le réchauffement climatique, ont perdu un quart de leur volume en seulement dix ans, alerte une étude publiée mercredi, qui s'inquiète de l'accélération de la fonte.

En 2025, le Réseau des relevés glaciologiques suisse (Glamos) a de nouveau observé une "fonte considérable" des glaciers, proche du record de 2022.

L'hiver avare en neige et les vagues de chaleur de juin et d'août ont entraîné une perte de 3% de leur volume, selon des mesures réalisées sur une vingtaine de glaciers, extrapolées à l'ensemble de ces 1.400 formations glaciaires que compte le pays alpin.

Il s'agit du quatrième plus fort recul depuis le début des mesures, après les années 2022, 2023 et 2003.

"Depuis environ 20 ans, tous les glaciers suisses perdent de la glace et le rythme (...) s'accélère", a indiqué Matthias Huss, directeur de Glamos, à l'AFP.

Face au glacier du Rhône, l'un des plus emblématiques de Suisse, où le spécialiste s'est rendu récemment, il ne peut que constater "la dévastation" : "là où nous nous trouvons, le glacier a perdu 100m (d'épaisseur), voire plus, dans les 20 dernières années, c'est très impressionnant !"

Les glaciers suisses, qui jouent un rôle important pour l'énergie hydraulique et l'approvisionnement en eau potable, ont perdu un quart (24%) de leur volume pendant la décennie 2015-2025, contre 17% sur la période 2010-2020, 14% sur la période 2000-2010 et 10% sur la période 1990-2000, détaille le rapport.

 "Vraiment triste" 

Devant le glacier du Rhône, près de la commune de Gletsch, deux touristes argentins se désolent : "On ne savait pas qu'il y avait un glacier ici. On a vu la cascade d'en bas. Alors on est venus, à pied, pour le voir. C'est impressionnant. C'est vraiment triste qu'il fonde si vite !" dit à l'AFP l'un d'entre eux, Wincho Ponte, 29 ans.

La Suisse est particulièrement touchée par le réchauffement climatique, qui y est "deux fois plus important que la moyenne mondiale", selon l'Office fédéral suisse de météorologie et de climatologie.

Les autres pays alpins sont également touchés.

En Suisse, où près de 50 sommets culminent à plus de 4.000 m d'altitude, les glaciers devraient avoir une espérance de vie plus longue qu'en Autriche, qui ne dépasse pas les 3.800 m d'altitude, a indiqué à l'AFP le directeur du Service mondial de surveillance des glaciers (WGMS), Michael Zemp.

Mais si les émissions mondiales de CO2 se maintiennent au niveau actuel, la quasi-totalité des glaciers suisses - qui représentent plus de la moitié du volume glacier alpin restant - aura fondu à la fin du siècle, prévient M. Huss.

Depuis le début des années 1970, plus de 1.100 glaciers suisses ont disparu, selon Glamos.

En France aussi, les scientifiques estiment qu'il n'y aura plus, ou presque plus de glaciers, d'ici 2100.

Neige en juillet 

Le recul progressif des glaciers alpins diminue les réserves d'eau douce en Europe.

Et outre, cela "déstabilise la montagne, ce qui peut entraîner des événements comme l'effondrement de pans de falaise et de glace. C'est ce qui a provoqué la destruction du village de Blatten en mai dernier", a expliqué M. Huss.

Fin 2025, le volume de glace des glaciers suisses devrait s'établir à 45,1 kilomètres cubes, soit 30 kilomètres cubes de moins qu'en 2000, selon l'étude. Leur superficie est elle estimée à 755 km2, soit une diminution de 30% sur la même période.

Cette année, le deuxième mois de juin le plus chaud jamais enregistré en Suisse a entraîné la fonte rapide des neiges jusqu'aux plus hautes altitudes. Août s'est accompagné d'une autre vague de chaleur, avec un isotherme du zéro degré passant parfois au-dessus de 5.000 mètres.

La fonte estivale n'a toutefois été supérieure que de 15% à la moyenne de 2010-2020, la valeur la plus faible des quatre dernières années. Selon Glamos, le rafraîchissement des températures en juillet, apportant de la neige fraîche au-dessus de 2.500 m d'altitude, "a permis d'éviter le pire" cette année.


Qu'est-ce qui pourrait faire dérailler le plan de paix en 20 points de Trump pour Gaza?

Un panache de fumée s'élève après un bombardement israélien sur la bande de Gaza. (AFP)
Un panache de fumée s'élève après un bombardement israélien sur la bande de Gaza. (AFP)
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  • Les experts avertissent que les délais vagues, la faible application et la polarisation politique rendent le plan de paix fragile et vulnérable à l'effondrement
  • Plusieurs analystes estiment qu'en l'absence d'une voie claire vers la souveraineté palestinienne, l'accord de paix ne peut assurer une stabilité régionale durable

LONDRES : Quelques heures après la conférence de presse de lundi à la Maison Blanche, il semblait que le monde entier était prêt à adopter avec enthousiasme le plan de paix en 20 points proposé par le président américain Donald Trump et - avec un certain degré de réticence - accepté par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Mais malgré la meilleure volonté du monde, disent les observateurs, la survie du plan de paix ne dépend ni de Trump ni de Netanyahou, mais de deux factions qui n'ont pas été consultées lors de sa création : Le Hamas et les membres de droite du gouvernement de Netanyahou, qui considèrent toute forme de paix avec le Hamas comme une trahison et une capitulation.

Selon le Qatar, la délégation du Hamas à Doha a accepté d'étudier la proposition de paix "de manière responsable". De son côté, l'Autorité palestinienne a déclaré qu'elle saluait "les efforts sincères et déterminés du président Donald J. Trump pour mettre fin à la guerre contre Gaza et affirme sa confiance dans sa capacité à trouver un chemin vers la paix."


Mais s'ils le souhaitent, les membres de droite du cabinet de M. Netanyahou pourraient provoquer l'effondrement de son gouvernement, ce qui déclencherait des élections l'année prochaine et mettrait en péril le processus de paix.

Dans le cadre du drame qui s'est déroulé lundi à Washington, M. Netanyahou a décroché son téléphone alors qu'il était assis dans le bureau ovale avec M. Trump et s'est excusé auprès de Mohammed Al-Thani, premier ministre du Qatar, pour l'attaque israélienne contre des délégués du Hamas à Doha le 9 septembre.

Il était évident que M. Trump avait insisté sur cet appel, au cours duquel, selon un communiqué de la Maison Blanche, M. Netanyahou "a exprimé son profond regret que la frappe de missile israélienne contre des cibles du Hamas au Qatar ait involontairement tué un militaire qatari".

Il "a également regretté qu'en ciblant les dirigeants du Hamas pendant les négociations sur les otages, Israël ait violé la souveraineté du Qatar et a affirmé qu'Israël ne mènerait plus ce type d'attaque à l'avenir".

L'appel a été passé juste avant que M. Trump et M. Netanyahou ne sortent pour présenter le plan de paix au monde.

La fureur avec laquelle les membres du cabinet d'extrême droite de M. Netanyahou, Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, ont accueilli les excuses du Qatar est un signe des difficultés qui attendent le Premier ministre israélien et le plan de paix.

M. Smotrich a déclaré que "des excuses rampantes à un État qui soutient et finance la terreur" étaient "une honte", les comparant à l'apaisement de l'ancien premier ministre britannique Neville Chamberlain à l'égard des nazis en 1938.

Mardi, au moins l'un des fils du plan de paix montrait déjà des signes d'effritement.

De retour dans son pays et face à son public, M. Netanyahou a rapidement précisé qu'il n'avait pas accepté la création d'un État palestinien et que "ce n'est pas non plus écrit dans l'accord". Il a ajouté : "Nous sommes fermement opposés à un État palestinien. Le président Trump l'a également dit ; il a dit qu'il comprenait notre position."

Mais ce n'est pas tout à fait vrai - un jonglage avec la vérité qui n'aura pas échappé à ceux qui font pression pour la création d'un État palestinien, du Hamas aux 159 des 193 États membres de l'ONU qui reconnaissent aujourd'hui un État de Palestine, et qui n'augure rien de bon pour la santé à long terme du plan de paix.

Le point 9 du plan prévoit que "Gaza sera gouvernée sous la gouvernance transitoire temporaire d'un comité palestinien technocratique et apolitique [...] sous le contrôle et la supervision d'un nouvel organe international de transition, le Conseil de la paix".

Ce comité, ajoute le plan, resterait en place jusqu'à ce que "l'Autorité palestinienne ait achevé son programme de réformes, comme indiqué dans diverses propositions, y compris la proposition franco-saoudienne, et puisse reprendre le contrôle de Gaza de manière sûre et efficace".

La proposition franco-saoudienne, bien sûr, envisage toutes ces étapes comme conduisant à terme à la création d'un État palestinien. En effet, l'article 19 du plan Trump lui-même identifie la création d'un État comme l'objectif ultime.

"Alors que le redéveloppement de Gaza progresse et que le programme de réforme (de l'Autorité palestinienne) est fidèlement mis en œuvre, les conditions peuvent enfin être réunies pour une voie crédible vers l'autodétermination palestinienne et la création d'un État, que nous reconnaissons comme l'aspiration du peuple palestinien.

Dans une déclaration commune, les ministres des affaires étrangères de l'Arabie saoudite, de la Jordanie, des Émirats arabes unis, de l'Indonésie, du Pakistan, de la Turquie, du Qatar et de l'Égypte ont soutenu le plan de paix, se déclarant "prêts à s'engager de manière positive et constructive avec les États-Unis et les parties en vue de finaliser l'accord et d'assurer sa mise en œuvre, de manière à garantir la paix, la sécurité et la stabilité pour les peuples de la région".

Mais, à la suite d'une série de reconnaissances internationales récentes du statut d'État palestinien, le point d'achoppement de l'accord de paix pourrait bien se trouver dans la demande inébranlable des huit pays, dans la même déclaration, pour "une paix juste sur la base de la solution à deux États, dans le cadre de laquelle Gaza est pleinement intégrée à la Cisjordanie dans un État palestinien conformément au droit international, ce qui est essentiel pour parvenir à la stabilité et à la sécurité régionales".


D'autres s'efforcent de contourner diplomatiquement cette question centrale qui revêt une telle importance pour le peuple palestinien et l'ensemble de la région.

L'article 9 du plan propose que l'ancien premier ministre britannique Tony Blair joue un rôle dans le "Conseil de la paix" dirigé par Trump - un choix curieux dans une région où beaucoup n'ont pas oublié le soutien et le rôle de son gouvernement dans l'invasion de l'Irak par les États-Unis en 2003.

Lundi, Tony Blair a salué "un plan audacieux et intelligent qui, s'il est accepté, peut mettre fin à la guerre, apporter un soulagement immédiat à Gaza, la possibilité d'un avenir meilleur pour son peuple, tout en garantissant la sécurité absolue et durable d'Israël et la libération de tous les otages".

Mais il n'a fait aucune mention du rôle qu'il propose de jouer, ni de l'ambition palestinienne de créer un État.

Kelly Petillo, responsable du programme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord au Conseil européen des relations étrangères, a déclaré à Arab News que le plan de paix "reflète le maximum que la communauté internationale peut obtenir des États-Unis et d'Israël, compte tenu de leur situation actuelle".

Elle a ajouté : "Il s'agit d'une tentative d'équilibrer les différents points de vue : "Il reflète une tentative d'équilibrer différentes considérations, telles que l'apaisement du public israélien et de l'armée, qui souhaitent la fin de la guerre et le retour des otages, et les composantes d'extrême droite du gouvernement israélien, ainsi que M. Netanyahou lui-même, qui veulent la poursuivre.

Il reflète également la pression exercée sur les États-Unis, à la fois par les électeurs qui soutiennent la fin de la guerre, et par les États arabes, qui ont pu empêcher l'annexion, remplacer le plan (initial de Trump) de la "Riviera de Gaza" par un plan qui, au moins, n'implique pas le déplacement forcé des Palestiniens de Gaza et tient compte d'une sorte d'entité dirigée par les Palestiniens."

À l'heure actuelle, les dirigeants du monde entier et de la région sont déterminés à ne pas compromettre le potentiel du plan en ergotant sur les détails à ce stade.

"Le plan a été salué par l'Union européenne, notamment la France et l'Italie, ainsi que par le Royaume-Uni et, bien entendu, par les pays arabes et musulmans, tels que le Qatar, l'Arabie saoudite et d'autres, qui ont été directement impliqués dans ces conversations", a déclaré M. Petillo.


"Tous ces acteurs mettent clairement l'accent sur la nécessité de faire fonctionner le plan dans son ensemble, sans trop s'attarder sur les détails ou sur des aspects particuliers. Lorsqu'ils ont été interrogés sur des aspects spécifiques, ces acteurs ont jusqu'à présent détourné les questions des journalistes.

"L'idée est que si l'on reste vague, que l'on ne fixe pas de calendrier et que l'on ne se concentre pas sur des aspects ou des conditions spécifiques, mais que l'on se concentre plutôt sur la situation dans son ensemble, on peut au moins mettre fin à la guerre dans l'immédiat et obtenir une certaine forme de percée.

"Mais, bien entendu, les problèmes ne tarderont pas à apparaître.

Brian Katulis, chercheur principal à l'Institut non partisan du Moyen-Orient, spécialisé dans la politique étrangère et la sécurité nationale des États-Unis, abonde dans le même sens.

"Comme le Saint Empire romain, qui n'était ni très saint ni très romain, ce plan n'est pas très convaincant et n'aboutira probablement pas à une paix significative", a-t-il déclaré à Arab News.

"Il s'agit d'une feuille de vigne permettant à l'actuel gouvernement israélien d'éviter le consensus au Moyen-Orient, qui est en faveur d'une solution à deux États.

"Il manque également le principe d'un engagement de la part de la droite israélienne et des colons violents en faveur d'une coexistence pacifique.

Pour Burcu Ozcelik, chercheur principal sur la sécurité au Moyen-Orient au Royal United Services Institute, basé au Royaume-Uni, ce plan constitue l'initiative de paix la plus complète à ce jour, rassemblant plusieurs idées qui ont été lancées au cours des derniers mois.

"Le principal espoir de réussite réside dans le soutien dont ce plan semble bénéficier de la part des pays arabes de la région et de la Turquie", a-t-elle déclaré à Arab News. "Ce n'est pas exactement ce qu'ils voulaient, mais toutes les parties n'obtiendront pas exactement ce qu'elles veulent dans une situation aussi complexe et traumatisante.


Elle a ajouté : "Tout plan post-conflit pour Gaza doit être soutenu par la région pour être représentatif et efficace. Il ne peut être considéré comme un plan israélo-américain dicté d'en haut au détriment de l'adhésion des pays arabes.

"Le principal point d'achoppement est ce que le Hamas va faire maintenant. Tout rejet sera un échec de la direction du Hamas et un échec des négociateurs arabes à exercer une pression suffisante sur le Hamas pour qu'il se conforme à la loi par un mélange de mesures incitatives et de sanctions.

"Ne vous y trompez pas : S'il s'agit d'une étape importante, ce n'est en aucun cas la fin du chemin. Il reste encore beaucoup à faire pour désarmer le Hamas, mettre en place une structure de gouvernance équitable et inclusive qui parle au nom du peuple palestinien et assurer le retrait israélien de Gaza. Mais c'est un début, et il semble que ce soit la meilleure et la dernière option dont dispose le Hamas.

Selon Sir John Jenkins, ancien ambassadeur britannique en Arabie saoudite, en Syrie et en Libye, le problème de ce plan "est qu'il s'agit d'une réponse technocratique à une question politique antérieure et plus fondamentale : Un État palestinien est-il souhaitable ?

"Cette question a toujours reçu deux réponses très différentes de la part des Israéliens et des Palestiniens", a-t-il déclaré à Arab News. "Pourquoi en irait-il autrement cette fois-ci, d'autant plus que l'opinion des deux côtés est si polarisée et que le Hamas et la droite religieuse israélienne ont tout intérêt à bloquer le processus ? Alors comment une autorité internationale non palestinienne peut-elle faire en sorte qu'il en soit ainsi ?".

La technocratie, a-t-il ajouté, "tente de retirer la politique de la politique".
Il a ajouté : "Mais cette époque est révolue. Ce plan est en fait la feuille de route de 2002, réactualisée et remaniée pour Gaza. La feuille de route a sombré dans la politique. Je pense qu'il en sera de même pour ce plan".

Selon Sanam Vakil, directrice du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord à Chatham House, les dirigeants arabes "ont prudemment soutenu le plan Trump-Blair parce qu'il promet un cessez-le-feu, un échange d'otages contre des prisonniers et une voie vers la stabilisation de Gaza, autant d'étapes importantes jugées préférables à une guerre sans fin et à l'effondrement humanitaire".

"Pourtant, alors que la guerre doit cesser, le plan est confronté à un certain nombre de défis", a-t-elle déclaré à Arab News. "Il exclut le Hamas et n'accorde qu'un rôle vague à l'Autorité palestinienne, laissant les principaux acteurs palestiniens sur la touche.

En outre, "il accorde à Israël une grande marge de manœuvre en matière de sécurité sans obligations contraignantes, ce qui renforce les asymétries de pouvoir ; il risque d'être perçu comme une tutelle étrangère qui porte atteinte à la souveraineté palestinienne ; et il sous-estime les immenses besoins humanitaires et de reconstruction".

Enfin, elle estime que "l'absence de délais clairs, de mécanismes d'application et d'intégration dans la question palestinienne au sens large rend sa mise en œuvre fragile".

Hasan Al-Hhasan, chercheur principal pour la politique du Moyen-Orient à l'Institut international d'études stratégiques de Bahreïn, s'attend à ce que "les pays arabes et à majorité musulmane qui ont jusqu'à présent apporté leur soutien à l'effort de Trump commencent à tempérer leur enthousiasme à mesure que les véritables intentions de Netanyahou et de Trump - qui tiennent peu compte des intérêts et des préférences de ces pays - deviennent plus évidentes."

La réalité, a-t-il déclaré à Arab News, est que "le plan en 20 points de Trump pour Gaza est un cadeau empoisonné. Tout en semblant offrir l'espoir d'un cessez-le-feu et d'une augmentation de l'aide, il fournit subrepticement à Israël un chèque en blanc pour mener une guerre sans fin à Gaza avec l'approbation des États-Unis et des pays arabes.

"Il ne comporte aucun engagement temporel de la part d'Israël d'arrêter les opérations militaires, permet à Israël de maintenir une présence militaire permanente à Gaza et consacre la séparation de Gaza de la Cisjordanie et de l'Autorité palestinienne".

Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi les pays à majorité arabe et musulmane soutiennent ce qu'ils considèrent comme leur meilleure chance d'obtenir un cessez-le-feu, étant donné leur désir de mettre fin à l'effusion de sang à Gaza et d'obtenir une augmentation de l'aide.
Mais le risque est qu'"ils signent un plan dont les dispositions sont si vagues qu'il est déjà interprété par Netanyahou comme autorisant une présence militaire israélienne illimitée à Gaza, avec la liberté de mener une guerre sans fin sous le prétexte de combattre le Hamas".

Par exemple, alors que la déclaration arabo-musulmane mentionne un "retrait total d'Israël", le plan permet à Israël de maintenir une présence militaire permanente dans un "périmètre de sécurité" à Gaza. Netanyahou a d'ailleurs clairement déclaré depuis qu'il n'avait pas l'intention de retirer l'armée israélienne de Gaza".

En outre, "le plan, qui offre au Hamas une sortie sûre en échange de la reddition, du désarmement et de la remise immédiate des otages, est conçu pour être rejeté par le groupe.

"Netanyahou espère présenter le Hamas comme la partie obstructionniste et désamorcer la pression internationale croissante sur Israël grâce à un plan qui n'impose aucune contrainte réelle sur sa capacité à continuer à mener la guerre à Gaza sans relâche".

Yossi Mekelberg, consultant principal du programme pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à Chatham House, est également sceptique.

"Le plan nécessite le consentement des deux parties", a déclaré Arab News. "Trump suppose qu'Israël l'accepte tel quel, et je ne suis pas sûr que Netanyahou, sous l'immense pression de ses partenaires de coalition, n'essaiera pas de le faire dérailler.

"Si le Hamas le refuse, il ne sera pas le seul à en subir les conséquences, mais les habitants de Gaza aussi, et cela ne peut certainement pas être juste.

"En outre, certains des 20 points sont réalisables et pourraient être mis en œuvre immédiatement, tandis que d'autres sont plus ambitieux, manquent de détails et nécessiteraient l'attention du monde pendant des années. Est-ce possible ?"