J'étais dans la capitale saoudienne, Riyad, la semaine dernière, pour le neuvième forum de la Future Investment Initiative. L'événement a rassemblé environ 600 intervenants qui ont participé à 250 sessions, ce qui témoigne du dynamisme de la ville et de la qualité de ses invités, qui ne sont pas restés confinés dans un seul endroit. Ils étaient présents non seulement dans les salles du forum, mais aussi dans les restaurants, les cafés, les espaces publics et les centres commerciaux. Malgré l'emploi du temps chargé de la plupart des participants, les changements rapides qui se produisent à Riyad les ont obligés à explorer les événements actuels et à observer les détails de la vie quotidienne, des services et de la culture sociale saoudienne. Il ne s'agit pas de simples détails secondaires ; ils sont essentiels pour quiconque cherche à investir en Arabie saoudite, afin de se faire une idée plus large et plus complète de la situation.
J'ai été invité à dîner avec un groupe d'amis et de personnalités saoudiennes ayant une expertise et une connaissance des affaires économiques et politiques. Parmi nous se trouvaient plusieurs invités du forum, dont un haut fonctionnaire du Fonds monétaire international, qui a parlé du rôle central que joue aujourd'hui l'Arabie saoudite au Moyen-Orient et de la manière dont elle est devenue une plaque tournante pour les personnes en quête de croissance et de développement.
Fort de ses relations et de sa vaste expérience, l'invité n'a pas parlé d'un point de vue émotionnel et n'a pas cherché à flatter son auditoire saoudien. Il a plutôt articulé sa vision sur la base d'observations et d'analyses politiques, citant des exemples clairs de la République arabe syrienne qui, dans ses efforts pour se redresser, revenir dans le giron arabe et résoudre ses problèmes avec les États-Unis, a choisi l'Arabie saoudite, reconnaissant la capacité de Riyad à exercer une influence positive sur la politique régionale. Et en effet, selon l'invité, c'est ce qui s'est passé.
Ce récit peut être considéré comme révélateur de l'importance du forum, des années après sa création en 2017, et de la manière dont il est devenu aujourd'hui un point de repère dans la transformation du Royaume, reliant l'économie, la politique et la diplomatie, ainsi que la sécurité.
Les accords conclus par le forum se sont élevés à 60 milliards de dollars, s'ajoutant à plus de 250 milliards de dollars d'accords signés au cours des neuf dernières années. Ces chiffres ne doivent pas être considérés comme de simples indicateurs financiers ; ils incarnent plutôt une vision saoudienne qui considère l'investissement comme un outil de promotion de la stabilité régionale et d'expansion de l'influence par le biais de la coopération économique - et non par la force brute, la guerre et la coercition des pays du Moyen-Orient, comme le fait Israël.
Dans ce contexte politique, le forum FII est apparu comme une plateforme diplomatique active, utilisant l'économie comme un outil efficace pour pousser les participants à la coopération et à l'intégration, et pour faire des partenariats bilatéraux et multilatéraux un filet de sécurité qui atténue les répercussions négatives des guerres et des crises, tout en promouvant une culture du dialogue en lieu et place de la logique de confrontation qui a pesé sur la région pendant des décennies.
L'Arabie saoudite est devenue un pôle de croissance.
Hassan Al-Mustafa
Dans ce contexte, le président syrien Ahmad Al-Sharaa a participé à une table ronde en présence du prince héritier Mohammed bin Salman, annonçant que "le Royaume est devenu une boussole économique pour les investisseurs, grâce à sa vision et à sa stabilité." Il s'agit là d'un signe clair de la réintégration de Damas dans la diplomatie économique régionale sous les auspices saoudiens.
Un autre événement notable coïncidant avec le forum a été la reconnaissance officielle par la Syrie de l'État du Kosovo, lors d'une réunion trilatérale réunissant le prince héritier, Al-Sharaa et le président du Kosovo, Vjosa Osmani. Cette reconnaissance, chaleureusement accueillie par Riyad, a une signification politique qui va au-delà des relations bilatérales entre Damas et Pristina. Elle reflète l'utilisation par le Royaume de ses outils économiques et diplomatiques pour construire un réseau d'intérêts s'étendant du Moyen-Orient aux Balkans, ancré dans le principe de "la stabilité par le développement". C'est ce que souligne la déclaration d'Osmani : "Le Kosovo ne sera pas une nouvelle arène de conflit, mais un partenaire pour la paix et l'investissement."
Quiconque a suivi les discussions du forum FII, ainsi que les dialogues parallèles, et fait le lien avec les grands changements au Moyen-Orient, constatera que Riyad est conscient des risques profonds qui pèsent sur la région. L'objectif est de réunir des hommes politiques, des économistes et des chefs d'entreprise afin de constituer une force pour le bien, et non pour le mal et la tyrannie.
L'augmentation des investissements directs étrangers à 31,7 milliards de dollars en 2024, ainsi que l'augmentation de la contribution des secteurs non pétroliers à 56 % du produit intérieur brut, confirment que la transformation d'une économie rentière en une économie productive est devenue une réalité aujourd'hui dans le Royaume. L'Arabie saoudite cherche à présenter son modèle de développement régional directement lié à sa politique étrangère ancrée dans ce que l'on pourrait appeler le "pouvoir tranquille". Cette approche met l'accent sur la création d'un réseau financier et d'investissement qui favorise l'équilibre pratique entre les nations, réduit le potentiel d'escalade et met fin aux guerres insensées qui ont détruit plusieurs États, comme on l'a vu à Gaza et au Liban.
La vision qui sous-tend le forum reflète la compréhension du fait que la stabilité ne peut être assurée par les seules alliances de sécurité, mais plutôt par un environnement économique ouvert capable d'engager tout le monde. C'est pourquoi le forum a rassemblé des personnalités issues d'un large éventail politique et économique, et a inscrit à l'ordre du jour les énergies vertes, les technologies modernes et l'intelligence artificielle en tant que piliers du développement durable. L'Arabie saoudite cherche à investir dans ces domaines et à former et qualifier ses cadres nationaux pour réaliser les objectifs de la Vision saoudienne 2030, ce qui nécessite un environnement régional moins tendu.
Hassan Al-Mustafa est un écrivain et chercheur saoudien qui s'intéresse aux mouvements islamiques, à l'évolution du discours religieux et aux relations entre les États du Conseil de coopération du Golfe et l'Iran.
X : @Halmustafa
NDLR: Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section leur sont propres et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.














