Les tirs des Houthis sur Riyad, un message pour l'administration Biden ?

Tout le monde sait que les Houthis, soutenus par l'Iran, sont les seuls à commettre de tels actes terroristes et à se servir de missiles balistiques et de drones, affirme l'analyste Hamdan al-Shehri (AFP/Dossier).
Tout le monde sait que les Houthis, soutenus par l'Iran, sont les seuls à commettre de tels actes terroristes et à se servir de missiles balistiques et de drones, affirme l'analyste Hamdan al-Shehri (AFP/Dossier).
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Publié le Jeudi 28 janvier 2021

Les tirs des Houthis sur Riyad, un message pour l'administration Biden ?

  • En à peine trois jours, plusieurs projectiles envoyés par les Houthis ont ciblé la population civile à Ryad
  • La stratégie des Houthis oscille entre fanfaronnades visant à cibler la population saoudienne et le déni de responsabilité, dans l’attente de réactions de l’administration Biden

LONDRES: Quel était donc cet objet observé mardi au-dessus de Riyad? Un projectile égaré et sans cible précise? Ou un avertissement adressé à l'administration Biden? Voilà la question qui préoccupe les experts en défense et les analystes politiques, à peine trois jours après qu'une «cible aérienne hostile» – un prétendu missile balistique – a été interceptée et anéantie alors qu'elle se dirigeait vers la capitale saoudienne.

Mardi 26 janvier, les réseaux sociaux bourdonnaient d'images de fumée flottant au-dessus de la ville de Riyad. Les habitants, eux, racontaient que les fenêtres de leurs maisons avaient tremblé sous l'impact d'au moins une explosion. En fin de soirée, les Houthis, soutenus par l'Iran, ne se sont pas vantés d'être derrière cette attaque directe visant la capitale saoudienne, où vivent 7,68 millions de personnes. Le comportement de cette milice à la solde de l’Iran reste inchangé: elle a nié toute implication dans l'attentat raté, perpétré samedi dernier.

Ces attaques sont les premières à viser une grande ville saoudienne depuis la désignation des Houthis le 19 janvier par le département d'État américain comme «organisation terroriste étrangère», l’une des dernières actions de l'administration Trump menées dans le cadre de sa politique de «pression maximale» contre l'Iran et ses alliés.

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À travers une série d'attaques visant les alliés des États-Unis, l'Iran cherchera probablement à mettre à l'épreuve la détermination du président Biden, voire de relancer le dialogue (AFP).

Sans désigner explicitement les Houthis, l'administration Biden a condamné l’attaque dans une déclaration dénonçant le ciblage manifeste des civils. «Ces attaques enfreignent le droit international et sapent tous les efforts entrepris pour promouvoir la paix et la stabilité», a déclaré le département d'État américain.

Pour de nombreux observateurs politiques, la milice houthie adopte une nouvelle approche claire: menacée de sanctions et d'isolement politique, et cherchant désespérément à obtenir des concessions potentielles de la part de Washington, elle tente d'avoir le beurre et l'argent du beurre, en attaquant Riyad sans pour autant assumer la responsabilité de ses actes.

Dans un entretien accordé à Arab news, Hamdan al-Shehri, analyste politique et spécialiste des relations internationales, affirme «qu’il est évident que les Houthis n’ont pas voulu reconnaître leur responsabilité dans l'attentat de samedi, après avoir évalué la réponse internationale et constaté que revendiquer l’attaque serait contre-productif». 

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La ville de Riyad, située à environ 850 km de la frontière yéménite, a été attaquée pour la première fois par les Houthis le 4 novembre 2017 (Shutterstock).

Selon les experts, la stratégie des Houthis oscille entre fanfaronnades visant à cibler la population saoudienne et déni de responsabilité. Ils choisissent la position qui répond le mieux à leurs objectifs et à ceux de leurs commanditaires iraniens.

Autrement dit, les frappes qui ont audacieusement visé la capitale saoudienne ne constituent probablement pas des opérations tactiques de routine dans un conflit de faible intensité. Elles traduisent plutôt une décision stratégique et plus vaste prise par l'Iran dans le but de se manifester auprès de l'équipe de politique étrangère de Joe Biden.

Sous l'administration Trump, les États-Unis sont revenus sur l'accord nucléaire conclu avec l'Iran à l'époque d'Obama en mai 2018. Ils ont alors imposé de nouveau toute une série de sanctions économiques à Téhéran. Cette stratégie a été accompagnée d'une tolérance zéro à l’égard des actions de l'Iran au Yémen, en Irak, en Syrie, au Liban et en Palestine.

C'est dans ce contexte que la vague d'attaques visant les alliés et partenaires de Washington dans la région pourrait illustrer une tentative de Téhéran de tester la détermination du président Biden, voire de relancer le dialogue.

«L'Iran cherche sans aucun doute à tester la nouvelle administration américaine pour mesurer son engagement sur la question yéménite et le dossier nucléaire iranien. L'Iran souhaite également pouvoir négocier avec plus d'une carte en main», confie M. Al-Shehri à Arab news. «Le message qu’ils veulent faire passer, c’est que si les États-Unis sont disposés à alléger la pression sur la question nucléaire, ils atténueront leurs attaques contre Riyad. Il s'agit tout simplement d'un chantage politique mesquin et effronté, et le monde en est bien conscient».

Le 26 mars 2018, on a assisté à l'un des plus grands raids menés par les Houthis. Ce jour-là, des missiles balistiques livrés par l'Iran se sont abattus sur des zones civiles dans quatre villes saoudiennes. Trois d'entre eux ont ciblé Riyad, deux ont visé la ville de Jazan tandis que les autres ont atteint Khamis Mushayt et Najran.

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Dès le premier jour de leur prise de contrôle de Sanaa, les Houthis ont placé les civils dans leur ligne de mire (AFP/Fichier).

Les défenses aériennes saoudiennes ont intercepté les sept missiles. Cependant, les débris ont tué un ressortissant égyptien et blessé deux autres personnes. L'ensemble de ces attaques aurait délibérément visé des zones peuplées. «Le droit humanitaire international prohibe les attaques aveugles», avait affirmé à l'époque Samah Hadid, membre de l’ONG Amnesty International.

«On a peut-être réussi à limiter le nombre de morts, probablement grâce à l'interception des missiles. Toutefois, cela ne dédouane pas les Houthis de la responsabilité de cet acte imprudent et illicite. Ces missiles ne peuvent pas être lancés avec précision à de telles distances, leur utilisation de cette manière est illégale et constitue un danger pour les civils», avait souligné à l’époque Samah Hadid.

C'est le 4 novembre 2017 que la ville de Riyad, située à environ 850 km de la frontière avec le Yémen, a été attaquée pour la première fois par les Houthis. Ce jour-là, un missile balistique non guidé avait pris pour cible l'aéroport international du Roi Khalid, situé à environ 35 km au nord-est de la capitale. Si le missile a été intercepté en vol, des fragments sont tombés dans le périmètre de l'aéroport. Il n'a fait aucun blessé, mais aurait pu entraîner des conséquences catastrophiques.

«Toute attaque menée à une telle distance au moyen d'un missile balistique non guidé, tel que le Burkan H2, constitue une attaque aveugle. En effet, ces armes ne possèdent pas la précision nécessaire pour cibler efficacement des objectifs militaires», avait pour sa part déclaré Human Rights Watch. «De telles attaques constituent une violation des lois de la guerre et peuvent être qualifiées de crimes de guerre, lorsqu'elles sont dirigées intentionnellement ou aveuglément vers des zones peuplées ou vers des civils», avait estimé l’organisation des droits de l’homme.

Un an auparavant, en octobre 2016, les défenses aériennes saoudiennes avaient intercepté un autre missile, soupçonné cette fois d'être un Burkan 1, à seulement 65 km au sud de La Mecque. Selon les Houthis, le missile visait l'aéroport international du Roi Abdelaziz à Djeddah.

Dès le premier jour de leur prise de contrôle de Sanaa, les Houthis ont eu les civils dans leur ligne de mire. En mai 2015, une série d'attaques aveugles menées au moyen de roquettes de courte portée ont envoyées du nord du Yémen vers des zones peuplées dans le sud de l'Arabie saoudite. Elles ont fait plusieurs morts parmi les civils.

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Les Houthis essaient d’avoir le beurre et l'argent du beurre, en attaquant Riyad sans pour autant se déclarer responsable de ces actes (Reuters/Dossier).

Le Yémen a connu une première escalade des combats en 2015 lorsque les Houthis ont renversé le gouvernement du président Abed Rabbo Mansour Hadi, gouvernement reconnu par les Nations unies. À la suite de cette prise de pouvoir, une coalition arabe, avec le soutien des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France, a donc entrepris une opération militaire dans l’objectif de ramener le gouvernement légitime au pouvoir.

Depuis, les multiples tentatives visant à conclure un accord de paix ont avorté: les représentants des Houthis ont refusé de participer aux négociations de Genève en septembre 2018, tenues sous l'égide des Nations unies, et ses combattants ont délibérément fait fi des termes des accords de Stockholm et de Riyad.

Le cessez-le-feu annoncé en avril 2020 par la coalition arabe, au moment où la pandémie de Covid-19 faisait surface, n'a pas tardé à tomber à l'eau, lorsque les Houthis ont relancé les attaques de drones et de missiles contre l'Arabie saoudite. Le conflit, qui entre dans sa sixième année, a provoqué la mort de 112 000 personnes et placé 24 millions de personnes dans un état de détresse humanitaire.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur arabnews.com


Les dirigeants du CCG réaffirment le lien de «sécurité indivisible» lors du sommet de Bahreïn

Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
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  • Toute atteinte à la souveraineté d'un État membre est considérée comme une menace pour la sécurité collective
  • Les pays soulignent l'objectif d'un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires

LONDRES: Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe ont réaffirmé leur lien de sécurité indivisible, enraciné dans une foi, une lignée et une langue communes, ainsi que dans une destinée partagée, à l'issue de la 46e session du Conseil suprême au palais d'Al-Sakhir, à Bahreïn.

Les délégués ont déclaré que la sécurité des États du CCG était indivisible et que toute atteinte à la souveraineté d'un État membre constituait une menace directe pour leur sécurité collective.

"Respecter la souveraineté des États du CCG et de tous les pays de la région, ne pas s'ingérer dans leurs affaires intérieures et rejeter le recours à la force ou à la menace d'y recourir", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Le secrétaire du CCG, Jasem Mohamed Albudaiwi, a déclaré que les États du Golfe étaient unis dans leur soutien au Qatar à la suite des attaques distinctes lancées cette année contre ce pays par l'Iran et Israël dans le cadre du conflit à Gaza.

L'attaque de missiles iraniens visant la base aérienne américaine d'Al-Udeid en juin était "une agression rejetée, une violation claire de sa souveraineté, de son espace aérien et des principes de bon voisinage", a-t-il déclaré.

En septembre, Israël a lancé une attaque aérienne contre des figures du Hamas à Doha, qui a fait six morts, dont un citoyen qatari.

"L'agression israélienne brutale (...) représente une attaque flagrante contre les efforts internationaux visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages", a déclaré M. Albudaiwi.

Les dirigeants du Golfe ont salué les résultats du sommet de la paix de Charm el-Cheikh en octobre et les efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre de Gaza, à faciliter l'aide humanitaire et à soutenir un État palestinien indépendant le long des frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à la solution à deux États et à l'initiative de paix arabe.

Ils ont déclaré que leur objectif était de consolider une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, tout en s'efforçant de résoudre les conflits régionaux et internationaux par des moyens pacifiques.

M. Albudaiwi a félicité l'Arabie saoudite et la France d'avoir coprésidé une conférence organisée en septembre à New York, qui a abouti à la reconnaissance du statut d'État palestinien par plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie. Il a également salué les efforts constants du Qatar, de l'Égypte et de la Turquie pour faciliter les discussions qui ont abouti à l'accord de Gaza.


Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG et a coprésidé la quatrième réunion du Conseil de coordination saoudo-bahreïnien.

Le roi de Bahreïn, Hamad bin Isa bin Salman Al-Khalifa, a déclaré que le sommet avait abordé des questions régionales et diverses méthodes pour renforcer la solidarité et l'intégration du CCG.

L'émir du Koweït, Cheikh Mishal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a déclaré que le CCG avait surmonté des circonstances régionales et internationales complexes et a réitéré la condamnation par le CCG de l'agression israélienne contre le Qatar.

Les dirigeants ont insisté sur l'objectif consistant à débarrasser le Moyen-Orient des armes nucléaires et des armes de destruction massive. Ils ont souligné les efforts déployés par les forces navales conjointes basées à Bahreïn pour renforcer la sécurité énergétique, protéger la navigation maritime et préserver le commerce international.

Ils ont également souligné la nécessité de satisfaire aux exigences du marché commun et de l'union douanière du CCG, de stimuler le commerce et le tourisme et d'investir dans des domaines clés tels que les infrastructures, les transports, l'énergie, les communications, l'eau et l'alimentation.

Les dirigeants ont accueilli le premier ministre italien, Giorgia Meloni, qui a participé au sommet en tant qu'invitée d'honneur.

Le CCG a été créé en 1981 et se compose de six membres : Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn, Qatar et Koweït. Son siège est situé à Riyad.


Yémen: les marins d'un navire coulé par les Houthis libérés 

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
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  • "L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate"
  • Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X

SANAA: Les membres d'équipage d'un cargo coulé par les rebelles yéménites houthis en juillet ont été libérés, a annoncé mercredi un média de ces insurgés, ajoutant qu'ils avaient été transportés par avion de Sanaa à Mascate, la capitale omanaise.

"L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate", a déclaré la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah.

Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X.

Des images de la chaîne Oman TV ont ensuite montré les marins arriver à Mascate, où ils ont été reçus par des responsables omanais et philippins.

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts.

Un responsable houthi a indiqué à l'AFP que la remise en liberté de l'équipage faisait partie d'un accord conclu avec Oman, visant à rapatrier 35 Yéménites, "des malades et des blessés" qui se trouvent "bloqués à l'étranger".

"Ils seront remis à Sanaa" et en échange, les marins du navire doivent être "remis à la partie omanaise", a expliqué cette source sécuritaire, sous couvert d'anonymat.

L'Eternity C, battant pavillon libérien, avait été coulé en juillet dernier en mer Rouge.

Les Houthis avaient publié à l'époque une vidéo de l'attaque, en déclarant avoir "sauvé" un nombre non précisé de marins et les avoir transférés en lieu sûr.

Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis pro-iraniens, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des attaques contre des navires qu'ils estimaient liés à Israël.

Ils n'ont revendiqué aucune attaque de ce type depuis la trêve conclue à Gaza en octobre.


Premières discussions directes entre le Liban et Israël en plus de 40 ans

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
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  • Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU
  • La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat

BEYROUTH: Des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu dans le sud du Liban, les premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays.

Alors que les deux voisins sont toujours techniquement en état de guerre, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a pris soin de souligner qu'il ne s'agissait pas de négociations de paix.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui salué "l'atmosphère positive" dans laquelle s'est déroulée la réunion, selon son bureau.

Celle-ci intervient alors qu'Israël menace d'une escalade au Liban, où son armée continue de viser le Hezbollah malgré un cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, accusant le mouvement pro-iranien de se réarmer.

"Pas important" 

Dirigées par des civils, les deux délégations se sont rencontrées au quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), à Naqoura, près de la frontière avec Israël, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus, selon l'ambassade américaine à Beyrouth.

Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU.

La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat.

L'ambassade des Etats-Unis au Liban a salué mercredi sur X la participation à la réunion de représentants civils: l'ancien diplomate libanais, Simon Karam, et le responsable du Conseil de sécurité nationale d'Israël, Uri Resnick. Elle a parlé d'un "pas important" en vue d'une "paix durable".

"Il a été convenu d'élaborer des idées pour promouvoir une éventuelle coopération économique entre Israël et le Liban", a souligné le bureau de Benjamin Netanyahu.

Le Premier ministre libanais a indiqué pour sa part que ce type de réunions avait pour but de parvenir "à la cessation des hostilités (et) au retrait israélien total" du territoire libanais, où l'armée israélienne conserve des positions dans le sud.

"Les relations économiques viendront à la toute fin du processus de normalisation, qui doit venir après la paix", a expliqué M. Salam. "Elles ne peuvent pas précéder la paix".

Il a souligné que le Liban n'avait pas l'intention de conclure une paix séparée avec Israël.

La rencontre intervient au lendemain de réunions de Mme Ortagus avec Benjamin Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, qui a affirmé sur X que "le désarmement du Hezbollah était crucial pour l'avenir du Liban et la sécurité d'Israël".

Désarmement "incontournable" 

Le gouvernement israélien a répété mercredi que le désarmement du Hezbollah était "incontournable".

L'émissaire américaine est par la suite attendue au Liban, où le président Joseph Aoun s'était déclaré prêt à des négociations avec Israël, brisant un tabou entre les deux pays.

En 1983, après l'invasion israélienne du Liban, les deux pays avaient mené des contacts directs qui avaient abouti à la signature d'un accord prévoyant l'établissement de relations entre eux, mais il n'a jamais été ratifié.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.

"Israël se prépare à une escalade majeure au Liban à la lumière du renforcement militaire en cours du Hezbollah", a affirmé la radio-télévision publique israélienne mercredi.

Selon M. Salam, le Liban est ouvert à ce que l'ONU, les Etats-Unis et la France "vérifient" le désarmement du mouvement pro-iranien par l'armée libanaise dans le sud du pays.

Il a confirmé qu'elle devrait achever d'ici la fin de l'année le démantèlement des structures militaires du Hezbollah entre la frontière et le fleuve Litani, à une trentaine de km plus au nord.