L’IPI blâme Ankara pour les pressions exercées sur des médias critiques

Le président du RTUK, Ebubekir Sahin (Photo, fournie).
Le président du RTUK, Ebubekir Sahin (Photo, fournie).
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Publié le Dimanche 14 février 2021

L’IPI blâme Ankara pour les pressions exercées sur des médias critiques

  • Les dernières amendes confirment que Le Conseil suprême de la radio et de la télévision (RTUK) est devenu un moyen d'étouffer le contenu médiatique critique non seulement du gouvernement ou du président, mais aussi de tout allié politique
  • Le RTUK est chargé de délivrer des permis et de surveiller les stations de télévision et de radio

ANKARA: L'Institut international de la presse (IPI), un réseau mondial de hauts responsables des médias, de journalistes et d'éditeurs qui prônent la liberté de la presse, a condamné jeudi la dernière série d'amendes émises par le régulateur turc des médias, le Conseil suprême de la radio et de la télévision (RTUK), contre plusieurs chaînes de télévision dissidentes pour leur diffusion critique.

Le RTUK est chargé de délivrer des permis et de surveiller les stations de télévision et de radio.

« Ces dernières amendes confirment que le RTUK est devenu un moyen d'étouffer le contenu médiatique critique non seulement du gouvernement ou du président, mais aussi de tout allié politique » a souligné l'IPI le 11 février, après que des amendes ont été prononcées contre Halk TV, Haberturk, Tele 1, KRT et Fox TV.

Les militants de la liberté de la presse affirment que l'IPI considère ces amendes comme un instrument qui a pour but de faire taire le contenu médiatique critique et d'avertir les défenseurs des médias libres.

En 2020, ces réseaux ont fait l'objet d'un total de 46 amendes administratives totalisant environ 10 millions de livres turques (environ 1,42 million de dollars) et de huit suspensions de diffusion.

Halk TV a récemment été condamné à une amende après avoir animé une émission dans laquelle le chef du Parti du mouvement nationaliste (MHP), partenaire de coalition du Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir, a été durement critiqué.

Une autre amende contre la même chaîne était liée aux commentaires sur le recours excessif à la force de police contre les manifestations étudiantes dans tout le pays à la suite de la nomination par le président Recep Tayyip Erdogan d'une personnalité politique en tant que nouveau recteur de la prestigieuse université de Bogazici.

Les autres chaînes de télévision ont également été condamnées à une amende pour les commentaires des invités sur plusieurs programmes qui critiquent Erdogan et les membres de la justice pro-gouvernementale.

Malgré le fait que les membres du RTUK sont désignés par les partis au parlement proportionnellement à leur nombre de sièges, l'AKP et le MHP occupent six des neuf postes de surveillance, ce qui leur donne la majorité pour définir les limites de la liberté de la presse dans le pays.

Certains professionnels des médias ont reproché au RTUK de rester partial lors de l'examen des demandes de permis de diffusion des chaînes de télévision indépendantes et de poser des défis bureaucratiques aux nouveaux d’entre elles.

L’année dernière, le président du RTUK, Ebubekir Sahin, a déclaré publiquement son affiliation politique au gendre d’Erdogan avec un tweet, considéré par beaucoup comme un autre signe de la partialité du conseil.

Utku Cakirozer, un législateur du principal parti d'opposition, le CHP et journaliste de profession, a signalé que les organismes de réglementation, en particulier le RTUK et l'Agence de publicité dans la presse (BIK), abusaient de plus en plus de leur autorité telle que définie par la constitution.

« Ces organisations sont en fait chargées de fournir un environnement libre aux canaux médiatiques. Cependant, ils sont devenus des instruments de sanction pour ceux qui tentent d’exercer un journalisme indépendant et critique », a-t-il déclaré à Arab News.

L'année dernière, la BIK a imposé des interdictions de publicité publique aux journaux critiques pour un total de 803 jours, les privant ainsi d'une source importante de revenus pour soutenir leur tâche de journalisme.

« La hausse de nombre d’amendes a malheureusement poussé les entreprises de médias à l'autocensure afin de protéger leurs revenus publicitaires indispensables », a souligné Cakirozer.

Renan Akyavas, coordinatrice du programme turc de l’IPI, a déclaré que les dernières amendes du RTUK confirmaient une tendance claire à punir certains radiodiffuseurs qui critiquent le gouvernement et ses alliés.

« Les amendes ont un impact négatif considérable sur les revenus publicitaires de ces   diffuseurs, créant de sérieuses pressions financières qui pourraient conduire à leur fermeture étant donné le taux et la fréquence accrus des sanctions », a-t-elle déclaré à Arab News.

Selon Akyavas, la Turquie a une longue histoire bien établie de journalisme d'investigation et de qualité, qui continue de survivre dans un contexte difficile, à la fois financièrement et juridiquement.

« Le grand potentiel du journalisme turc ne peut prospérer que si la répression et les restrictions du gouvernement prennent fin. La couverture critique des représentants du gouvernement et d'autres personnalités publiques doit être tolérée dans une démocratie », a-t-elle souligné.

Les experts constatent également que la numérisation accrue de la société turque a inévitablement poussé le journalisme critique vers les plateformes en ligne de manière à atteindre un public plus large sans ingérence politique.

Akyavas croit que dans ces conditions restrictives, les médias turcs se sont adaptés avec succès et sont en concurrence avec les médias conventionnels pro-gouvernementaux pour atteindre les citoyens turcs.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.