Pays désertique, la Jordanie veut planter des forêts

Vue aérienne des pousses plantées dans le gouvernorat d’Ajloun (Photo, AFP).
Vue aérienne des pousses plantées dans le gouvernorat d’Ajloun (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 09 mars 2021

Pays désertique, la Jordanie veut planter des forêts

  • Sur une colline nue jouxtant la forêt de Kufranjah, dans le gouvernorat d'Ajloun, à 70 km au nord d'Amman, 150 hommes sont chargés de planter 30 000 arbres
  • Presque chaque année, les forêts jordaniennes subissent des incendies à cause des températures élevées en été, de barbecues organisés par les randonneurs ou de cigarettes jetées au sol

KUFRANJAH: Au milieu de l'ocre et du rouge qui recouvrent son territoire désertique, la Jordanie entend mettre une touche de vert en plantant 10 millions d'arbres en dix ans, créant de nouvelles forêts et reboisant celles décimées par des incendies.

« Nous n'avons pas l'intention de couvrir d'arbres tout le royaume car chaque partie du pays a sa spécificité », explique Belal Qtishat, chef du département en charge de la protection de la nature au ministère de l'Environnement. Mais « nous voulons réhabiliter les régions qui sont aptes à l'être et les verdir ».

Sur une colline nue jouxtant la forêt de Kufranjah, dans le gouvernorat d'Ajloun, à 70 km au nord d'Amman, 150 hommes sont chargés de planter 30 000 arbres. Ce sont des fonctionnaires des ministères de l'Agriculture et de l'Environnement mais aussi des volontaires.

Parmi ces derniers, Mohammed al-Ananza, 11 ans, et son père Moustafa plantent de petits caroubiers dans les trous qu'ils ont creusés.

« Les arbres de notre région sont magnifiques. C'est vraiment dommage que nous en ayons perdu tant à cause des incendies », déplore Mohammed. « Nous devons coopérer pour les préserver ».

Le grand-père, Mahmoud al-Ananza, regarde son fils et son petit-fils s'activer : « Je suis né ici et je peux vous dire que si vous plantez des cyprès, des eucalyptus, des oliviers, des caroubiers et des chênes, ça va pousser tout seul », dit-il.

Presque chaque année, les forêts jordaniennes subissent des incendies à cause des températures élevées en été, de barbecues organisés par les randonneurs ou de cigarettes jetées au sol.

« Poumon du pays »

« Le plus gros désastre, ce sont les incendies car la coupe illégale d'arbres ne représente que 1% des dégâts causés aux forêts », assure Mohamed Daoudia, ministre de l'Agriculture au moment où le projet de reboisement a été lancé le 11 février.

En 2020, son ministère a dénombré 499 incendies dans les zones boisées et les forêts.

En octobre de la même année, 50 hectares d'oliviers et d'arbres forestiers sont notamment partis en fumée à Ajloun, la grande région forestière du pays. Un an plus tôt, dans le gouvernorat de Jerash (50 km au nord d'Amman), 80 hectares avaient subi le même sort. 

La campagne de reboisement a commencé à Kufranjah, qui est, selon Qtishat, le « poumon de la Jordanie ».

L'objectif de la première étape est de planter 100 000 arbres pour créer des forêts à Karak et à Tafilah, au sud de la capitale. Il s'agit de planter des arbres locaux comme des eucalyptus, des jujubiers et des caroubiers.

Selon des spécialistes jordaniens, les espèces plantées dans le cadre de cette campagne n'ont pas besoin de beaucoup d'eau, sauf pour les premiers mois.

« D'ici quatre ou cinq ans vous verrez le résultat », assure Daoudia.

Miel et oliviers

Les forêts ne représentent que 1% de la superficie de la Jordanie, auxquelles s'ajoutent 23 millions d'arbres fruitiers, dont la moitié sont des oliviers. 

« Il est vital de compenser ce qui a été perdu dans les flammes », plaide Belal Qtishat. « C'est le seul moyen de lutter contre la désertification, le changement climatique et la préservation de la biodiversité ».

Cette campagne de reboisement devrait aussi avoir des effets bénéfiques pour les abeilles et donc la production de miel, selon Daoudia.

La Jordanie produit en moyenne 250 tonnes de miel chaque année.

« Le programme national de reboisement est ambitieux et réaliste car nos pépinières produisent 2,5 millions d'arbres forestiers par an et 500 000 arbres fruitiers », assure l'ancien ministre. « Théoriquement nous pourrions donc planter dix millions d'arbres en quatre ans mais nous nous sommes fixé dix ans pour mener à bien le projet ».

Mais planter ne suffit pas, il faut aussi prévenir les incendies. La Jordanie entend donc installer des postes de surveillance, doter la défense civile de véhicules conçus pour combattre les feux de forêt, utiliser des drones, organiser des patrouilles de gardes forestiers et ouvrir des chemins. 


L'Arabie saoudite : un acteur clé dans la lutte contre la criminalité financière, selon Nathalie Goulet

La sénatrice française Nathalie Goulet a salué l'ambition et l'engagement de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière. (AFP)
La sénatrice française Nathalie Goulet a salué l'ambition et l'engagement de l'Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière. (AFP)
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  • Le Royaume, selon Nathalie Goulet, dispose aujourd’hui des moyens économiques et techniques pour s’imposer comme acteur clé du dispositif mondial AML/CFT
  • L'Arabie saoudite ouvre une nouvelle ère de transparence, selon M. Goulet

DUBAÏ: À quelques semaines de la conférence internationale “Sanctions, AML & CFT for Banking and Finance in the Kingdom of Saudi Arabia”, qui se tiendra à Riyad les 21 et 22 octobre 2025, la sénatrice française Nathalie Goulet, dans un entretient accordé à Arab News en français, salue l’ambition et l'engagement de l’Arabie saoudite dans la lutte contre le blanchiment d'argent et la criminalité financière.

« L'Arabie saoudite a été en tête de ‘No Money for Terror’ dans le temps. Elle en est absolument capable, et en plus, elle a un leader très fort et une vision claire, » declare la sénatrice.

Une volonté politique affirmée

Pour Nathalie Goulet, l’évolution du Royaume ne fait aucun doute.

« Le Prince Mohammed Ben Salman, dès son arrivée au pouvoir, a immédiatement réglé les questions de corruption. Il a insufflé une politique et une volonté. »

Cette transformation accompagne l’ouverture rapide du Royaume, notamment dans le cadre de la Vision 2030, et s’inscrit dans un effort plus large pour assainir le climat des affaires et attirer des investissements étrangers dans un cadre juridico-financier stable.

« Ça se passe très bien. Mais c’est aussi une question de volonté. Et la volonté en Arabie saoudite est très marquée. »

Riyad, prochain centre de gravité régional pour la compliance

L’événement d’octobre réunira régulateurs, banquiers, juristes et spécialistes de la conformité du monde entier. Pour Nathalie Goulet, c’est une opportunité cruciale :

« Ce que j’attends, ce sont des échanges de bonnes pratiques très concrets. Car parfois, ce ne sont pas les lois qui changent les choses, ce sont aussi les interactions entre professionnels, au quotidien. »

Elle y partagera notamment son expérience sur les enjeux de transparence financière et de coopération internationale.

Des progrès significatifs et une coopération régionale renforcée

À la suite de sa participation au sommet Fighting Financial Crime à Abou Dhabi les 10 et 11 septembre derniers, Nathalie Goulet a salué les efforts des Émirats arabes unis, récemment sortis de la liste grise du GAFI.

« Il y a une vraie volonté au plus haut niveau. Et cette volonté est contagieuse. On voit aussi une forte implication saoudienne, par exemple par l'intermédiaire de Nazaha, l'autorité de lutte contre la corruption. »

Pour elle, la dynamique régionale est en marche : extraditions facilitées, respect accru des règles de coopération judiciaire, montée en compétence des autorités locales.

Un enjeu global et des réponses encore fragmentées

Malgré ces progrès, selon la sénatrice, le constat demeure alarmant : entre 2 et 5 % du PIB Mondial, seraient issus du blanchiment d’argent, mais seulement 1 à 2 % des fonds sont effectivement récupérés.

« Ce sont des milliards qui échappent aux écoles, aux hôpitaux, aux routes. Et un immense manque à gagner pour les citoyens. »

Outre l’utilisation massive de cryptoactifs non régulés et le traffic de migrants, Nathalie Goulet alerte sur les techniques des réseaux criminels de plus en plus inventives : trafic d’or déguisé en café et cargaisons de bananes trafiquées.

Enjeux spécifiques au Moyen-Orient

Le Moyen-Orient n’échappe pas à ces mutations. Nathalie Goulet pointe plusieurs problématiques: le trafic d’or, l’usage débridé des crypto-actifs, et la contrefaçon massive.

« La contrefaçon, ce ne sont pas que des faux sacs. Ce sont aussi des faux médicaments, des pièces détachées défectueuses, du tabac illicite… Le coût global est estimé à 650 milliards de dollars par an. » (Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle, 2022)

Elle insiste sur la nécessité de renforcer la traçabilité, même dans des réseaux informels comme les systèmes de transfert d’argent ou certaines plateformes numériques.

La coopération et la formation au cœur de la réponse

Face à ces défis, Nathalie Goulet appelle à une action multilatérale renforcée : formations spécialisées, partage d’informations, benchmarking international et adoption des nouvelles technologies.

« Il faut former les magistrats, les douaniers, les régulateurs. Mais aussi renforcer la coopération entre pays et partager les bonnes pratiques. »

Elle évoque aussi le rôle central de l’intelligence artificielle dans la détection des flux suspects, et appelle à la création de bourses d’étude sur les crypto-actifs et leurs mécanismes.

Arabie saoudite : vers un rôle structurant dans le système international

Alors que l’Arabie saoudite s’impose de plus en plus comme un hub régional de la finance, la question de son influence future au sein d’organisations comme le GAFI se pose.

« Le Royaume a les moyens, l’ambition et la volonté. Il applique déjà les règles, coopère efficacement, et montre l’exemple. »

La récente nomination d’un responsable émirien à la tête d’Interpol, le général de division Ahmed Naser Al-Raisi, ajoute-t-elle, reflète également l’influence croissante de la région dans la gouvernance sécuritaire mondiale.

Un combat global au service des citoyens

Selon Nathalie Goulet, l’enjeu dépasse largement les frontières des États et des institutions financières et ne peut être reléguée au second plan, même en temps de crise économique.

« Justement, parce que le climat économique est dégradé, on ne peut pas laisser l’argent échapper à la société. La criminalité détourne les ressources publiques. C’est un combat pour le citoyen, pour l’école, pour l’hôpital, » explique la sénatrice.

Riyad marquera une nouvelle étape. Et pour elle, chaque conférence, chaque échange entre professionnels, chaque progrès technique ou réglementaire contribue à une économie plus saine et plus équitable.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.