Le contrôle du marché noir peine à freiner la chute de la livre libanaise

Le taux de change a atteint 10 500 livres libanaises 1 un dollar. (Photo, AFP/Archives)
Le taux de change a atteint 10 500 livres libanaises 1 un dollar. (Photo, AFP/Archives)
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Publié le Mercredi 10 mars 2021

Le contrôle du marché noir peine à freiner la chute de la livre libanaise

  • Le gouverneur de la Banque du Liban est «incapable de contrôler la flambée du taux de change sur le marché noir et d’intervenir sur le marché des devises»
  • L’analyste économique Violette Balaa explique que la mise en arrestation des changeurs illégaux porte ses fruits mais ne règle pas la question en amont

BEYROUTH : Le taux de change entre le dollar et la livre libanaise est encore une fois monté en flèche mardi malgré les mesures prises par les forces de sécurité pour poursuivre les changeurs du marché noir.

Le taux de change a atteint 10 500 livres libanaises pour 1 dollar, une augmentation de 200 livres libanaises depuis lundi.

Les changeurs illégaux ont été poursuivis par les autorités à Beyrouth et dans ses banlieues. Certains ont été arrêtés à Tyr et à Chtaura, et des bureaux de change du marché noir ont été mis sous scellés.

Les forces de sécurité ont perquisitionné les résidences et les centres où se déroulent normalement les activités de change. Cette mesure coïncide avec une interdiction des plates-formes et des sites Web locaux dédiés.

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, avait informé le président Michel Aoun et le premier ministre sortant Hassan Diab lors de la réunion financière et sécuritaire au palais de Baabda lundi, qu’il était «incapable de contrôler la flambée du taux de change sur le marché noir et d’intervenir sur le marché des devises». Il explique que le marché se base sur l’offre et la demande, et qu’il ne détient plus assez de réserves pour intervenir.

Les manifestations se sont poursuivies mardi, mais avec moins d’élan. L’armée et les Forces de sécurité intérieure (FSI) ont négocié avec les manifestants pour rouvrir les routes bloquées. Les récalcitrants ont été arrêtés, surtout Beyrouth-Sud.

L’analyste économique Violette Balaa explique que la mise en arrestation des changeurs illégaux porte ses fruits mais ne règle pas la question en amont.

«La poursuite des changeurs du marché noir pourrait permettre de contrôler le taux de change pour une très courte période, mais cela ne résoudra pas le problème. Arrêter l’effondrement de la livre libanaise nécessite une solution radicale, et rien n’indique que des mesures sérieuses soient prises dans ce sens», dit-elle à Arab News. «Le Liban demeure économiquement isolé du monde, il n’y a pas de réformes ni de gouvernement. Le Hezbollah contrôle toujours les décisions politiques et il n’y a plus de dollars sur le marché des importations», poursuit-elle.

«La hausse du taux de change pendant le week-end a peut-être été artificielle, mais le marché noir est chaotique en l’absence d’un organe exécutif qui contrôle et prévienne les cybercrimes», souligne Mme Balaa.

«Le taux de change du dollar est ouvert et n’a pas de plafond tant qu’il n’y a pas de gouvernement de salut national. Nous entendons dire qu’un gouvernement ne sera pas formé avant la fin du mandat d’Aoun, et nous voyons comment les crises régionales ne sont pas résolues. Il y a aussi un article de presse qui raconte que le Hezbollah achète des terres syriennes adjacentes à la frontière libanaise. Tout cela contribue à compliquer la situation au Liban», a-t-elle ajouté.

En outre, le premier ministre Saad Hariri, qui a été désigné il y a cinq mois, n’a toujours pas réussi à former un gouvernement en raison de son désaccord avec le Courant patriotique libre concernant le tiers de blocage. Le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim, a continué à assurer la médiation entre les deux parties. Il a également visité le patriarche maronite Béchara Raï mardi.

D’après Walid Ghayad, porte-parole du patriarcat maronite au Liban, «l’atmosphère de la réunion entre les deux hommes est positive, et il y a de l’espoir quant à la formation d’un gouvernement dans peu de temps. Il faut faire pression dans toutes les directions pour former le gouvernement».

Hariri insiste sur un gouvernement de 18 spécialistes non politiques, sans représentation de partis ni de quotas.

Hariri, qui se trouve actuellement à Abou Dhabi, a rencontré le ministre des Affaires étrangères russe Sergei Lavrov. Étaient également présents à la réunion l’envoyé spécial présidentiel russe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Mikhail Bogdanov, ainsi que l’envoyé de Hariri pour les affaires russes, George Chaaban.

Selon le bureau de presse de Hariri, la réunion a porté sur «les développements au Liban et dans la région».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk