A Laguiole, le plus célèbre couteau français veut protéger son savoir-faire

Un forgeron travaille une lame incandescente après l’avoir sortie de la presse à la forge de Laguiole (Photo, AFP).
Un forgeron travaille une lame incandescente après l’avoir sortie de la presse à la forge de Laguiole (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 10 mars 2021

A Laguiole, le plus célèbre couteau français veut protéger son savoir-faire

  • Le couteau de Laguiole se bat pour décrocher une Indication géographique, un précieux label d'Etat qui le protègerait davantage des copies venues de Chine et du Pakistan
  • Une enquête publique est en cours jusqu'au 29 mars. L'Institut aura ensuite deux mois pour se prononcer

LAGUIOLE: « On y croit dur comme fer » : le couteau de Laguiole, connu dans le monde entier et très souvent imité, se bat pour décrocher une Indication géographique, un précieux label d'Etat qui le protègerait davantage des copies venues de Chine et du Pakistan. 

Dans ce village aux solides maisons de pierre situé au cœur de l'Aubrac, haut plateau verdoyant fouetté par les vents, l'heure est à la mobilisation. 

Le syndicat des fabricants aveyronnais du couteau de Laguiole, qui ne bénéficie jusqu'à présent d'aucune protection juridique, a déposé une demande d'Indication géographique (IG, pour les produits manufacturés) auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI).

Une enquête publique est en cours jusqu'au 29 mars. L'Institut aura ensuite deux mois pour se prononcer. « On est en train d'écrire une nouvelle page de l'histoire du couteau. C'est formidable », se réjouit Vincent Alazard, le maire de cette commune aveyronnaise d'un peu plus de 1 200 habitants.

« Aujourd'hui, le consommateur veut identifier la provenance des produits, on essaie de répondre à ses besoins », indique Honoré Durand, le président du syndicat, qui regroupe sept couteliers de Laguiole et ses environs, représentant 15 millions d'euros de chiffre d'affaires et 230 emplois.

Un coutelier assemble un couteau sur son plan de travail à la forge de Laguiole (Photo, AFP).

« Contrefaçon » 

« Le gros problème, ce sont les quantités très importantes - et qu'on n'est même pas capable de chiffrer d'ailleurs - de couteaux fabriqués en Chine, au Pakistan et qui sont marqués Laguiole ». Ces copies fabriquées à bas coûts inondent les marchés et fragilisent les producteurs locaux qui misent sur la qualité. 

« La contrefaçon, on ne l'empêchera pas mais au moins on mettra quelque chose d'identitaire » avec le logo de l'IG gravé sur la lame et « quand quelqu'un achètera un couteau, il saura s'il vient de Laguiole », renchérit Christian Valat, dirigeant de la coutellerie Laguiole en Aubrac. 

A la Forge de Laguiole, la plus importante coutellerie du village, des dizaines d'artisans produisent plus de 100.000 couteaux par an, dont 60% sont vendues à l'étranger, notamment en Allemagne et de plus en plus aux Etats-Unis. 

Baptiste Boit vient de sortir d'un four à 1 000 degrés une barre d'acier à la couleur rouge orangée avant de l'écraser sous une presse de 400 tonnes : « Il faut que nos couteaux viennent de chez nous, ça nous permet de garder notre savoir-faire ». 

Un peu plus loin, Clarinda Pestana détaille comment elle « monte le couteau de A à Z » : « J'ai commencé par la croix, je blanchis les platines, je mets le manche. On vérifie si la lame claque. Une fois qu'il fonctionne, on met des rivets et je dégrossis le couteau ».

La production des fameux couteaux pliants et siglés d'une abeille constitue la seule activité manufacturière du village. Ce savoir-faire se perpétue depuis 1827 dans le Nord-Aveyron, même si une grande partie de la production est également assurée depuis plus d'un siècle, 200 km plus au nord, à Thiers (Puy-de-Dôme), capitale française de la coutellerie. 

Un couteau exceptionnel en acier de Damas forgé à Laguiole (Photo, AFP).

Deuxième demande d'IG

Et justement, une deuxième demande d'IG « couteau de Laguiole », englobant Thiers et Laguiole, va être déposée en avril par l’association CLAA (Couteau Laguiole Aubrac Auvergne) qui rassemble en grande partie des couteliers de la région de Thiers. 

« Nous sommes légitimes à fabriquer le Laguiole », assure le président de l'association, Aubry Verdier, septième génération de coutelier.

Il met en avant le « terroir de fabrication, c'est-à-dire l'endroit où le savoir-faire existe. Thiers ne veut pas être exclu de sa propre clientèle. Sans IG commune, cela va créer une concurrence déloyale énorme et il y a quand même plus de salariés qui travaillent le Laguiole à Thiers qu'à Laguiole ». 

Cette initiative est bien sûr diversement appréciée en Aubrac : « Une indication géographique, c'est la géographie, donc c'est Laguiole et ses environs, cela ne peut pas être la France entière », soutient Honoré Durand. 

L'indication géographique pour Laguiole, « on y croit dur comme fer, on a de très fortes chances de réussite », lance l'Aveyronnais. « C'est un droit de propriété industrielle, c'est très fort. Si quelqu'un copie (le logo de) l'IG Couteau de Laguiole, c'est du pénal. Ça ne rigole plus. C'est l'Etat français qui défend son label ».


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.