La Convention de Montreux doit rester en place, préviennent d'anciens diplomates turcs

Une carte montrant le projet proposé du canal d'Istanbul, reliant la mer Noire et la mer de Marmara en Turquie, afin de détourner le Bosphore. (Wikimedia Commons)
Une carte montrant le projet proposé du canal d'Istanbul, reliant la mer Noire et la mer de Marmara en Turquie, afin de détourner le Bosphore. (Wikimedia Commons)
Short Url
Publié le Samedi 03 avril 2021

La Convention de Montreux doit rester en place, préviennent d'anciens diplomates turcs

  • Dans un geste rare, 126 ambassadeurs turcs à la retraite ont publié vendredi un communiqué avertissant que le projet d’un canal à Istanbul pourrait avoir un effet négatif sur les intérêts turcs
  • Le projet controversé de 9,2 milliards de dollars a suscité des critiques en Turquie et des désapprobations à l’international

ANKARA: Pendant que les discussions sur la révision de la Convention de Montreux de 1936 concernant le contrôle du détroit d'Istanbul sont en cours, Ankara a récemment approuvé des plans de développement pour le projet controversé du « Kanal Istanbul » long de 45 kilomètres.

Le projet a suscité des critiques non seulement pour son coût financier et son impact environnemental, mais aussi pour ses répercussions potentielles sur le transit maritime.

La voie maritime artificielle coûtera environ 9,2 milliards de dollars et reliera la mer Noire au nord d'Istanbul à la mer de Marmara au sud. Elle vise à faciliter la circulation sur le détroit du Bosphore.

Le Kanal Istanbul est présenté comme une voie de navigation mondiale alternative, mais le projet qui est présenté au public comme un «projet fou», a été sévèrement critiqué par le maire d’opposition d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, depuis le début.

Dans un geste rare, 126 ambassadeurs turcs à la retraite ont publié vendredi un communiqué avertissant que le projet du Kanal Istanbul pourrait mettre la Convention de Montreux en péril et avoir un effet négatif sur les intérêts turcs.

«Le Kanal Istanbul ouvrira la Convention de Montreux à la discussion et conduira à la perte de la souveraineté absolue de la Turquie sur la mer de Marmara», a indiqué le communiqué.

Dans une interview accordée à HaberTurk le 24 mars, le président du Parlement turc Mustafa Sentop a été interrogé: «Et si un jour un président dira: «Je ne reconnais pas la convention Montreux. Je l’ai annulée»?

Sentop a répondu: «Il a certes le pouvoir de le faire. Mais il y a toujours une différence entre le possible et le probable».

Dans un décret présidentiel de 2018, le président turc Recep Tayyip Erdogan s'est donné le pouvoir de retirer la Turquie de tout traité ou pacte international, comme la Convention de Montreux, sans même l'approbation du Parlement.

La convention de Montreux accorde le libre passage à tous les navires civils et détermine le mode d'entrée et la durée de séjour, ainsi que le tonnage des navires de guerre de tous les pays non littoraux de la mer Noire.

Une fois terminé, le Kanal Istanbul offrira un passage plus court aux navires de guerre des pays non littoraux d'atteindre la mer Noire, à condition qu'ils paient les frais nécessaires.

Néanmoins, si aucune autre révision urgente n'est apportée à la Convention de Montreux, ces navires doivent respecter les règles de Montreux car ils entreront dans le Kanal Istanbul depuis le détroit des Dardanelles qui est toujours concerné depuis plusieurs décennies par cet accord international.

Aydin Sezer, un expert sur les relations Turquie-Russie, installé à Ankara, croit que la Russie s'opposera à toute tentative d'annuler la Convention de Montreux.

«Cette convention internationale a été préparée en convoquant les États concernés lors d'une conférence internationale. Par conséquent, un retrait unilatéral est peu probable, car il suscitera sans aucun doute une colère et des représailles sérieuses du côté du Kremlin », a déclaré Sezer à Arab News.

Dans une interview en décembre 2019 avec le journaliste turc Murat Yetkin, Aleksey Yerkhov, ambassadeur de Moscou à Ankara, a déclaré que si le canal devait être construit, la Russie insisterait pour appliquer les dispositions de la Convention de Montreux à tous les passages.

Ozgur Unluhisarcikli, directeur du Fonds Marshall allemand, a déclaré à Arab News: «Il y a deux points de vue opposés sur la question de savoir si le Kanal Istanbul tomberait sous le régime de Montreux s'il est construit. Bien que je ne pense pas que l'interprétation qui sera acceptée aura finalement une importance en ce qui concerne les navires de guerre, je ne dirais pas la même chose pour les navires marchands ainsi que la production des recettes».

Unluhisarcikli estime qu’Ankara décidera en fin de compte d'appliquer unilatéralement les dispositions de la Convention de Montreux concernant les navires de guerre, car toute autre ligne de conduite pourrait conduire à l'effondrement du régime de Montreux, soumettant la Turquie à la pression de ses alliés occidentaux et de la Russie.

«Cependant, dans ce cas, la Turquie pourrait appliquer des règles différentes aux navires marchands afin de pouvoir générer des revenus», a-t-il ajouté.

«Si le Kanal Istanbul était accepté comme relevant du régime de Montreux, la Turquie pourrait avoir du mal à générer des revenus importants, car la Convention de Montreux limite les taxes et les redevances qui peuvent être imposées aux navires marchands», a conclu Unluhisarcikli.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une délégation saoudienne se rend à New York pour assister à la 80e session de l’Assemblée générale de l’ONU

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le 28 septembre 2024. (AFP/File)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, s'exprime lors de la 79e session de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, le 28 septembre 2024. (AFP/File)
Short Url
  • Une délégation de haut niveau, dirigée par le ministre des Affaires étrangères saoudien, participe à la 80e session de l’AGNU à New York, avec un agenda axé sur la paix, le développement et la coopération internationale
  • L’Arabie saoudite présidera des événements majeurs autour de la question palestinienne et renforcera ses engagements en matière de diplomatie humanitaire et de développement durable

RIYAD: Le ministre des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite s’est envolé vendredi pour New York afin de diriger la délégation du Royaume participant à la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU).

Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères a précisé que la délégation conduite par le prince Faisal ben Farhane comprend la princesse Reema bent Bandar Al Saud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis ; Adel ben Ahmed Al-Jubeir, ministre d’État aux Affaires étrangères et envoyé pour le climat ; Faisal ben Fadhil Alibrahim, ministre de l’Économie et de la Planification ; le Dr Abdullah Al Rabeeah, directeur général du centre d’aide humanitaire saoudien KSRelief ; Abdulrahman Al-Rassi, vice-ministre chargé des affaires multilatérales internationales et superviseur général de la diplomatie publique ; ainsi qu’Abdulaziz Alwasil, ambassadeur saoudien auprès de l’ONU.

En marge de l’AGNU80, le Royaume organisera plusieurs initiatives et réunions visant à renforcer la sécurité et la stabilité régionales et internationales, et à faire progresser les efforts diplomatiques, humanitaires et de développement, indique le communiqué.

L’Arabie saoudite présidera également la Conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États au niveau des dirigeants, ainsi que la réunion ministérielle de haut niveau de l’Alliance mondiale pour la mise en œuvre de la solution à deux États.

Le prince Faisal et sa délégation participeront également aux célébrations du 80e anniversaire de l’ONU, en plus d’un large éventail de réunions officielles visant à renforcer la coopération multilatérale, examiner les développements régionaux et internationaux, soutenir les efforts en faveur de la paix et de la sécurité mondiales, et coordonner l’action conjointe pour atteindre les Objectifs de développement durable.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: deux morts dans des frappes israélienne dans le sud

Les frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué deux personnes et en ont blessé 11 autres vendredi, selon le ministère libanais de la Santé. Il s'agit des dernières attaques en date malgré le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. (X/@AmalKhalil83)
Les frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué deux personnes et en ont blessé 11 autres vendredi, selon le ministère libanais de la Santé. Il s'agit des dernières attaques en date malgré le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah. (X/@AmalKhalil83)
Short Url
  • Deux personnes ont été tuées et onze blessées dans des frappes israéliennes au sud du Liban, dont l’une a visé un véhicule à l’entrée d’un hôpital à Tebnine, selon le ministère libanais de la Santé
  • L’ONU et l’armée libanaise alertent sur les risques d’escalade, évoquant plus de 4.500 violations du cessez-le-feu par Israël depuis novembre 2024

BEYROUTH: Deux personnes ont été tuées et onze autres blessées vendredi dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Ces frappes interviennent au lendemain d'une série de raids aériens sur cinq localités du sud du pays, dont les habitants ont été sommés par l'armée israélienne d'évacuer.

L'armée israélienne mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à une guerre meurtrière.

Dans un communiqué, le ministère de la Santé a indiqué qu'une "frappe de l'ennemi israélien a visé une voiture devant l'entrée de l'hôpital gouvernemental de Tebnine", faisant un mort et 11 blessés.

Une autre frappe a visé un véhicule dans la ville d'Ansar, également dans le sud du Liban, faisant un mort, a ajouté la même source.

L'armée israélienne n'a pas commenté dans l'immédiat.

Jeudi, elle avait affirmé avoir frappé plusieurs installations de stockage d'armes appartenant à l'unité al-Radwan, force d'élite du Hezbollah pro-iranien.

Dans un communiqué, les Casques bleus déployés dans le sud du Liban ont estimé que ces attaques "mettent en danger la stabilité fragile qui a été instaurée depuis novembre" 2024.

Ils ont appelé Israël à "s'abstenir de toute nouvelle frappe et à se retirer complètement du territoire libanais", où l'armée israélienne occupe toujours cinq positions.

L'armée libanaise a indiqué que les frappes de jeudi portaient à 4.500 les "violations" du cessez-le-feu par Israël, ajoutant qu'elles entravaient les efforts pour désarmer le Hezbollah.

Sous pression américaine, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli de la guerre.


L'armée israélienne va frapper Gaza-ville avec «une force sans précédent», appelle la population à évacuer

Ci-dessus, de la fumée s'échappe lors d'un bombardement israélien sur le territoire palestinien assiégé, le 19 septembre 2025. (AFP)
Ci-dessus, de la fumée s'échappe lors d'un bombardement israélien sur le territoire palestinien assiégé, le 19 septembre 2025. (AFP)
Short Url
  • L’armée israélienne prépare une offensive massive sur Gaza-ville, appelant les civils à fuir vers le sud, déjà surchargé de déplacés, au milieu de bombardements intensifiés
  • La communauté internationale, dont l’ONU, Paris et Londres, condamne fermement cette escalade, qualifiée d’intolérable et destructrice, alors que les accusations de génocide se multiplient

Jérusalem: L'armée israélienne s'apprête à frapper Gaza-ville avec une "force sans précédent", a-t-elle déclaré vendredi, appelant la population à évacuer la zone déjà massivement bombardée depuis mardi et le début d'une offensive majeure largement décriée par la communauté internationale.

"Les forces israéliennes vont continuer leurs opérations avec une force sans précédent contre le Hamas et d'autres organisations terroristes", a affirmé sur X le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, le colonel Avichay Adraee, appelant la population à évacuer.

Il a enjoint ceux restés dans la ville, située dans le nord de la bande de Gaza, à "rejoindre les centaines de milliers de résidents qui ont évacué vers la zone humanitaire dans le sud" du territoire palestinien ravagé par la guerre.

"Nous n'avons nulle part ou aller", témoigne auprès de l'AFP Oum Mohamed al-Hattab, une Palestinienne du camp de réfugiés de Chati, dans l'ouest de Gaza-ville.

"Mes sept enfants et moi vivons encore dans des tentes dans l'ouest de la ville après que l'occupation (l'armée israélienne) a bombardé notre maison", ajoute-t-elle.

"Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur pour mes enfants", confie Layla Azzam, 34 ans, qui vit avec ses trois enfants à Tel al-Hawa dans le sud de Gaza-ville.

"Nous n'avons même pas de tente, nous voulons être en sécurité, arrêter la guerre", poursuit-elle.

La Défense civile de Gaza, sous l'autorité du Hamas, a fait état de 13 morts dans des frappes israéliennes vendredi.

L'ONU estimait fin août à environ un million le nombre d'habitants dans la ville de Gaza et ses environs. L'armée israélienne a affirmé que "plus de 350.000" personnes avaient fui la zone.

- Exode massif -

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

Israël mène ces derniers jours d'intenses bombardements sur Gaza-ville, provoquant de nouveaux déplacements de la population vers le sud.

La route côtière longeant la bande de Gaza est saturée de personnes fuyant vers le sud, à pied, en voiture ou sur des charrettes tirées par des ânes, leurs affaires entassées à la hâte, rapportent des journalistes de l'AFP sur place.

L'offensive sur Gaza-ville a valu à Israël de nombreuses et sévères condamnations à l'international. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a déploré une situation "moralement, politiquement et légalement intolérable" à Gaza.

Paris de son côté a exhorté Israël à "mettre fin à cette campagne destructrice", tandis que Londres l'a qualifiée de "totalement irresponsable et épouvantable".

Mardi, une commission d'enquête indépendante mandatée par l'ONU a établi qu'Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza. Les autorités israéliennes ont nié.

Fort du soutien américain, Israël avait annoncé mardi le début de cette nouvelle campagne terrestre et aérienne à Gaza-ville, déclarant vouloir y anéantir le Hamas, dont l'attaque du 7 octobre 2023 en Israël a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

En riposte à l'attaque, Israël a lancé une offensive dévastatrice qui a fait des dizaines de milliers de morts et provoqué un désastre humanitaire dans le petit territoire, où quelque deux millions de Palestiniens assiégés ont été plusieurs fois déplacés depuis le début de la guerre il y a bientôt deux ans.

En Cisjordanie, l'armée israélienne a par ailleurs annoncé vendredi avoir arrêté une cellule "terroriste", soupçonnée d'un tir de roquette dans cette région.

Selon l'armée, trois suspects ont été arrêtés et des "dizaines de roquettes et des explosifs" ont été trouvés dans un bâtiment, situé dans un village proche de Ramallah en Cisjordanie occupée.