Hale lance un avertissement sévère aux politiciens libanais

La déclaration de Hale a eu lieu après sa rencontre jeudi avec le président libanais Michel Aoun. (Photo, Reuters)
La déclaration de Hale a eu lieu après sa rencontre jeudi avec le président libanais Michel Aoun. (Photo, Reuters)
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Publié le Vendredi 16 avril 2021

Hale lance un avertissement sévère aux politiciens libanais

  • Le sous-secrétaire d'État américain aux affaires politiques condamne l’attitude de la sphère politique au pouvoir qui «n’assume pas sa responsabilité de prioriser les intérêts du pays»
  • Le responsable s'en prend au rôle de l'Iran qui alimente et finance le Hezbollah, qu'il qualifie de «défi à l'État et une déformation de la vie politique libanaise»

BEYROUTH: Le sous-secrétaire d'État américain aux affaires politiques, David Hale, a lancé un avertissement contre «ceux qui continuent d'entraver les progrès du programme de réforme».

Ceux-là «mettent en péril leurs relations avec les États-Unis et nos partenaires et ils encourent des mesures punitives», poursuit Hale. «Ceux qui facilitent les progrès peuvent être sûrs de notre solide soutien».

La déclaration de Hale a eu lieu après sa rencontre de jeudi avec le président libanais Michel Aoun.

Les conflits ont empêché jusque-là le premier ministre désigné, Saad Hariri, de former un gouvernement de sauvetage composé de technocrates non partisans, afin de mettre en œuvre les réformes exigées par la communauté internationale.

Le camp du président Aoun et ses partisans s’opposent toujours à la dernière mouture présentée par Hariri en décembre dernier. Représentés par le Courant patriotique libre (CPL), exigent le pouvoir de nommer des ministres chrétiens dans le gouvernement, en plus du tiers de blocage. Le Hezbollah, qui soutient un gouvernement techno-politique, s’accroche également à certaines de ces revendications.

L'administration américaine a récemment imposé des sanctions au chef du CPL, Gebran Bassil, l’accusant de corruption.

Hale précise qu’il est venu au Liban «à la demande du Secrétaire Blinken pour souligner l’engagement constant de l’administration Biden envers le peuple libanais et notre désir commun de stabilité et de prospérité au Liban».

Hale a par ailleurs à nouveau condamné l’attitude de la sphère politique au pouvoir.

«Le peuple libanais souffre énormément. Il souffre parce que les leaders libanais n’assument pas leur responsabilité de prioriser les intérêts du pays et de s’attaquer aux problèmes socio-économiques croissants», a-t-il souligné.

Hale a évoqué ses deux précédentes visites au Liban, qui se sont déroulées en décembre 2019 et en août 2020. «J'ai entendu à l’époque un indéniable appel au changement de la part de Libanais de tous horizons. Ces exigences sont universelles: la transparence, la responsabilité et la fin de la corruption endémique et de la mauvaise gestion à l’origine de ces souffrances. Si ces demandes avaient été réglées, le Liban serait à la veille de réaliser son immense potentiel. Pourtant, aujourd'hui, il y a eu très peu de progrès. Mais il n’est pas trop tard».

Hale a renouvelé son appel aux leaders libanais «pour qu’ils fassent preuve d’assez de flexibilité afin de former un gouvernement disposé et capable de changer le cours l’effondrement actuel».

«Le moment est venu pour former un gouvernement, non pas l’entraver. Le moment est venu pour former un gouvernement. Le moment est venu pour procéder à une réforme globale. Les États-Unis et la communauté internationale sont prêts à aider. Mais nous ne pouvons pas aider, comme je l’ai dit hier, sans un partenaire au Liban».

«L’accumulation d’armes dangereuses par le Hezbollah, la contrebande et d’autres activités illicites et corrompues sapent les efforts des institutions légitimes de l’État», explique Hale dans une critique direct au parti pro-iranien.

 «Ils privent les Libanais de la capacité de construire un pays pacifique et prospère. Et c'est évidemment l'Iran qui alimente et finance ce défi à l'État et cette déformation de la vie politique libanaise. Ceci m’amène aux négociations renouvelées des États-Unis sur le programme nucléaire iranien. Un retour mutuel au respect de l'accord sur le nucléaire iranien est dans notre intérêt et dans celui de la stabilité régionale, mais ce ne serait que le début de nos efforts. Alors que nous abordons les autres éléments du comportement perturbateur de l’Iran, les États-Unis n’abandonneront pas leurs intérêts et leurs amis ici au Liban».

Hale, décrit au Liban comme le parrain du cadre des négociations sur la démarcation des frontières sud du Liban avec Israël, souligne que «les États-Unis sont prêts à modérer les négociations sur la frontière maritime entre le Liban et Israël en se basant sur nos engagements en vue de ces discussions».

L’insistance de Hale à modérer les négociations avec Israël «en se basant sur les engagements que (…) pour lancer ces discussions» vient en réponse à la demande du Liban, lors des négociations techniques libano-israéliennes de 2020, de modifier la zone qu’il entend récupérer en raison d’une erreur de calcul. Le rectificatif indique une superficie de 2 290 km2 au lieu d'une 860 km2. Cette expansion découle d'un effort de l'armée libanaise en 2019 pour délimiter les frontières maritimes.

Le Liban a rédigé un décret pour modifier cette zone afin de le soumettre à l'ONU.

Ce décret n'a pas encore été signé par Aoun, en attendant l'approbation du cabinet. Toutefois, le premier ministre par intérim Hassan Diab refuse de réunir le cabinet, en raison de l’illégalité d’une telle session.

À la suite de la déclaration de Hale, Aoun a souligné «l’importance de poursuivre les négociations sur la démarcation des frontières maritimes entre le Liban et Israël, et de remplir le rôle des États-Unis en tant que médiateur honnête et juste».

Aoun a aussi affirmé que le «Liban a le plein droit de faire évoluer sa position en fonction de ses intérêts, et conformément au droit international et aux principes constitutionnels».

Aoun a appelé à «nommer des experts internationaux pour délimiter les frontières entre le Liban et Israël». Il réclame aussi que Tel-Aviv s’engage à s'abstenir de toute activité de prospection dans le champ Karish et les eaux adjacentes».

Aoun assure qu'il n'abandonnerait pas «la souveraineté, les droits et les intérêts du Liban», et qu'il «ferait tout son possible pour que la démarcation des frontières soit un sujet de consensus entre les Libanais et non un sujet de division, dans le but de renforcer la position du Liban dans les négociations».

La rencontre de Hale avec le commandant de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, a porté sur «la mesure dans laquelle l’armée a été affectée par la décision de rationalisation des dépenses approuvée et son impact sur l’exécution des grandes tâches qui lui ont été confiées».

Les réunions de Hale à Beyrouth coïncident avec la visite de Hariri à Moscou. Le Kremlin a annoncé jeudi qu'un appel téléphonique a eu lieu entre le président Vladimir Poutine et Hariri, qui était présent au ministère russe des Affaires étrangères. L'appel a duré 50 minutes.

Selon la déclaration du Kremlin, Hariri a informé Poutine des développements internes et des mesures initiales pour former un gouvernement et surmonter la crise économique. La Russie a affirmé sa position ferme en faveur de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du Liban.

Une source au sein de la délégation libanaise à Moscou a déclaré à Arab News que l'appel entre Poutine et Hariri était «excellent en ce qui concerne la crise gouvernementale, indiquant que le gouvernement devrait être formé dès que possible».

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Première ministre italienne rend visite au personnel de la Finul au Liban

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  • Najib Mikati et Giorgia Meloni ont échangé sur les efforts déployés pour réduire les tensions dans la région, alors que le bilan des victimes des frappes israéliennes continue d’augmenter
  • Les sirènes ont retenti à deux reprises au quartier général de la Finul à Naqoura durant la visite de la Première ministre italienne dans le sud

BEYROUTH: Le Premier ministre sortant, Najib Mikati, réaffirme l'engagement du Liban à mettre pleinement en œuvre toutes les résolutions internationales, notamment la résolution 1701 du Conseil de sécurité des nations unies, adoptée en 2006 pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah cette même année.

Il souligne également la nécessité pour Israël de respecter pleinement ces résolutions et de cesser ses violations de la souveraineté du Liban.

M. Mikati a fait ces remarques lors de la réception de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, à Beyrouth.

Jeudi, Mme Meloni a rendu visite au contingent italien au quartier général de la Force intérimaire des nations unies au Liban (Finul), dans le village de Chamaa, et elle a exprimé sa gratitude aux troupes pour leurs services.

Le contingent italien est l'une des plus importantes unités militaires de la Finul dans le sud du Liban.

La visite de Giorgia Meloni a duré vingt-quatre heures, pendant lesquelles les tensions se sont considérablement accrues dans le sud du Liban en raison des derniers développements militaires.

Les sirènes ont retenti à deux reprises au quartier général de la Finul à Naqoura alors que la Première ministre italienne était dans le sud.

Le maire de Chamaa, Abdel Kader Safieddine, a déclaré que la visite se limitait à «une réunion militaire interne avec le chef de l'unité italienne et le général de la brigade alpine de Taurinense».

Il a informé Arab News que «compte tenu de la situation actuelle, aucune réception n'a été organisée».

Les entretiens entre Mme Meloni et M. Mikati ont eu lieu mercredi soir. Selon un communiqué publié par son bureau, Najib Mikati «a réitéré l'engagement du Liban à la pleine mise en œuvre de toutes les résolutions internationales relatives à la région et au Liban, en particulier la résolution 1701 du Conseil de sécurité des nations unies».

M. Mikati a rappelé qu'Israël devait également s'engager à respecter pleinement les résolutions de l'ONU et à cesser ses attaques terrestres, maritimes et aériennes contre la souveraineté du Liban.

Les deux parties «ont exprimé leur satisfaction concernant la résolution 2728 du Conseil de sécurité des nations unies, qui appelle à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza pendant le mois sacré du ramadan, espérant qu'il se transformera en un cessez-le-feu durable».

L'arrivée de Giorgia Meloni à Beyrouth mercredi soir a coïncidé avec une escalade sanglante de la part d'Israël.

La Maison-Blanche a appelé Israël et le Liban à accorder une priorité absolue au rétablissement du calme, alors que le bilan des frappes aériennes israéliennes mercredi dans le sud du Liban s'élevait à seize morts, dont plusieurs militants et membres de groupes paramédicaux.

«Le rétablissement du calme le long de cette frontière reste une priorité absolue pour le président Biden et pour son administration et nous pensons qu'il doit également être d'une importance primordiale pour le Liban et Israël», a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, John Kirby, à Washington.

Le sous-secrétaire d'État adjoint américain, Ethan Goldrich, est arrivé à Beyrouth et il a rencontré le ministre sortant des Affaires étrangères, Abdallah Bou Habib, accompagné de l'ambassadrice Lisa Jones.

M. Goldrich a souligné «la nécessité de soutenir les initiatives diplomatiques visant à rétablir la stabilité dans le sud et dans la région».

M. Bou Habib a assuré à Joanna Wronecka, la Coordinatrice spéciale des nations unies pour le Liban, que «le Liban continuera à œuvrer pour la pleine mise en œuvre de la résolution 1701, car il s’agit du meilleur moyen pour parvenir à la stabilité souhaitée».

Cette résolution appelle notamment au retrait des forces israéliennes du Liban et au désarmement des groupes armés, y compris le Hezbollah.

Après le massacre d'Al-Habbaryeh le matin même, l'armée israélienne a perpétré deux autres massacres à Naqoura et à Tayr Harfa.

Le Hezbollah et le mouvement Amal ont présenté leurs condoléances aux familles des victimes dans des déclarations publiées jeudi.

Plusieurs blessés, dont une femme, ont été transportés vers des hôpitaux de la ville de Tyr pour recevoir des soins, tandis que les cours étaient bondées de résidents et de donneurs de sang.

Le Hezbollah a riposté aux attaques israéliennes jeudi matin en prenant pour cible les colonies de Goren et de Shlomi avec des missiles et des tirs d'artillerie.

Le groupe a déclaré avoir visé le quartier général nouvellement établi du bataillon Liman avec des obus d'artillerie.

Dans le même temps, la Société de radiodiffusion publique israélienne a cité un responsable israélien affirmant que «l'armée israélienne entrera au Liban après l'achèvement de l'opération de Rafah».

De son côté, le chef du commandement nord israélien, Uri Gordin, a annoncé mercredi que «les forces israéliennes étaient prêtes à agir à la frontière libanaise».


Guerre au Soudan: l'arrêt d'un oléoduc menace d'ébranler le fragile Soudan du Sud

Des combattants du Mouvement de libération du Soudan, un groupe rebelle soudanais actif dans l'État du Darfour, qui soutient le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan, assistent à une cérémonie de remise de diplômes dans l'État de Gedaref, dans le sud-est du pays, le 28 mars 2024. (AFP).
Des combattants du Mouvement de libération du Soudan, un groupe rebelle soudanais actif dans l'État du Darfour, qui soutient le chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhan, assistent à une cérémonie de remise de diplômes dans l'État de Gedaref, dans le sud-est du pays, le 28 mars 2024. (AFP).
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  • L'arrêt d'un oléoduc stratégique dans le Soudan en guerre menace de déstabiliser son voisin sud-soudanais, privé de revenus pétroliers cruciaux pour la gestion du pays
  • La nouvelle a filtré avec la révélation d'un courrier daté du 16 mars adressé par le ministre soudanais de l'Energie et du Pétrole à ses partenaires chinois et malaisien

JUBA: L'arrêt d'un oléoduc stratégique dans le Soudan en guerre menace de déstabiliser son voisin sud-soudanais, privé de revenus pétroliers cruciaux pour la gestion du pays, l'un des plus pauvres au monde en proie à l'instabilité et aux violences politico-ethniques chroniques, estiment des experts.

La nouvelle a filtré avec la révélation d'un courrier daté du 16 mars adressé par le ministre soudanais de l'Energie et du Pétrole à ses partenaires chinois et malaisien, annonçant qu'"une rupture majeure" avait été constatée dans l'oléoduc transportant du pétrole brut depuis le Soudan du Sud jusqu'à la ville soudanaise de Port-Soudan.

Cette "rupture", qui remonte à février, a eu lieu dans une "zone d'opérations militaires" du conflit qui oppose depuis le 15 avril 2023 l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, précise la lettre consultée par l'AFP.

"La résolution de ces problèmes est compliquée par les conditions de guerre actuelles" et "en tant que tel, le gouvernement du Soudan déclare un cas de force majeure qui nous empêche de remplir notre obligation de livrer du pétrole brut dans et via" l'oléoduc, concluait le ministre.

La "force majeure" consiste en une circonstance exceptionnelle, étrangère à la personne touchée, qui l'empêche d'honorer un contrat.

Le gouvernement sud-soudanais est jusqu'à présent resté silencieux sur cet épisode, qui vient pourtant ébranler le fragile équilibre du pays.

Le secteur pétrolier contribue à 90% de ses revenus et représente quasiment l'intégralité de ses exportations, selon la Banque mondiale.

« Crise économique imminente »

Mardi, le député Boutros Magaya, chef de la sous-commission parlementaire sur le pétrole, a sonné l'alarme.

"Nous sommes confrontés à une crise économique imminente à la suite de la récente déclaration de force majeure et l'arrêt de l'oléoduc par le gouvernement soudanais", a-t-il alerté dans un communiqué, faisant état d'informations indiquant que "cette fermeture pourrait s'étendre sur une période d'un an".

"Avec la perte de la majorité de notre revenu national, nous sommes confrontés à la sombre perspective d'un désastre humanitaire, d'une instabilité politique et de troubles de la sécurité dans notre État déjà fragile", ajoute-t-il.

Selon M. Magaya, la perte pourrait s'élever à au moins 100 millions de dollars par mois (92 millions d'euros).

"Cela entraînera d'importantes pertes de revenus, une augmentation des prix du marché, des pénuries de carburant, des pannes d'électricité prolongées, des perturbations dans les transports et d'autres services essentiels vitaux pour le bien-être de nos citoyens", insiste-t-il.

Cela pourrait également mener à une dépréciation de la monnaie, la livre sud-soudanaise, souligne le directeur du département d'économie de l'Université de Juba, Akol Maduok: "La situation va s'aggraver dans les deux ou trois prochains mois parce que la banque centrale pourrait manquer de réserves de change et ne pas être en mesure d'approvisionner le marché en devises fortes".

Cet épisode est une nouvelle conséquence du conflit chez le voisin soudanais, qui a fait des milliers de morts et contraint huit millions de personnes à fuir depuis un an.

Plus de 500.000 d'entre eux ont trouvé refuge au Soudan du Sud, venant aggraver une situation humanitaire déjà dramatique.

Environ 9 millions de personnes ont besoin d'assistance dans le pays, selon l'agence humanitaire de l'ONU.

Elections menacées 

Plus largement, c'est la stabilité du pays qui est menacée, prévient Boboya James Edimond, directeur exécutif de l'Institut pour la politique et la recherche sociale (ISPR), centre de réflexion basé à Juba, la capitale sud-soudanaise.

"Le gouvernement n'a pas été en mesure de payer les salaires des fonctionnaires depuis près de neuf mois quand le pétrole circulait", souligne-t-il, évoquant un scénario alarmiste: "Si le pétrole ne circule pas, il y aura un effondrement du gouvernement qui pourrait amener les citoyens à manifester et les militaires (qui n'ont pas non plus été payés depuis des mois, ndlr) sont susceptibles de les rejoindre".

La manne pétrolière est aussi très largement détournée à des fins politiques et d'enrichissement dans ce pays classé parmi les plus touchés par la corruption par l'ONG Transparency International (177e sur 180).

Alors que le pays doit tenir en décembre des élections déjà repoussées à plusieurs reprises, l'absence de ressources pour les organiser rend "très probable" l'hypothèse d'un nouveau report, estime Andrew Smith, analyste pour l'Afrique au cabinet de conseil en évaluation des risques Verisk Maplecroft.

"Tous les fonds qu'il (le gouvernement) recevra pour combler le déficit des revenus pétroliers seront désormais probablement destinés à apaiser l'élite politique, et non aux préparatifs électoraux qui manquaient déjà de ressources", estime-t-il.


Turquie: la reconquête d'Istanbul, obsession d'Erdogan

En 2019, après un scrutin annulé puis reprogrammé, Ekrem Imamoglu, candidat d'une coalition de partis d'opposition, avait remporté la ville, infligeant son pire revers électoral au chef de l'Etat, qui tenait la capitale économique de la Turquie dans son escarcelle depuis 1994. (AFP).
En 2019, après un scrutin annulé puis reprogrammé, Ekrem Imamoglu, candidat d'une coalition de partis d'opposition, avait remporté la ville, infligeant son pire revers électoral au chef de l'Etat, qui tenait la capitale économique de la Turquie dans son escarcelle depuis 1994. (AFP).
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  • En 2019, après un scrutin annulé puis reprogrammé, Ekrem Imamoglu, candidat d'une coalition de partis d'opposition, avait remporté la ville
  • "Istanbul est le joyau, le trésor, la prunelle des yeux de notre nation", a déclaréM. Erdogan lors d'un meeting dans la ville à sept jours des élections municipales du 31 mars

ISTANBUL: Reconquérir Istanbul, "le joyau de la nation" qui l'a fait roi, obsède le président turc Recep Tayyip Erdogan qui en fut le maire dans les années 1990 et assigne trente ans plus tard à son parti la mission de l'arracher dimanche à l'opposition.

En 2019, après un scrutin annulé puis reprogrammé, Ekrem Imamoglu, candidat d'une coalition de partis d'opposition, avait remporté la ville, infligeant son pire revers électoral au chef de l'Etat, qui tenait la capitale économique de la Turquie dans son escarcelle depuis 1994.

"Istanbul est le joyau, le trésor, la prunelle des yeux de notre nation", a déclaré M. Erdogan lors d'un meeting dans la ville à sept jours des élections municipales du 31 mars.

Au soir de sa réélection à la tête de la Turquie en mai dernier, le "Reis" ("Chef"), surnom qui remonte à ses années de maire d'Istanbul (1994-1998), avait dès son discours de victoire lancé la campagne des municipales.

"Sommes-nous prêts à remporter Istanbul ?", avait-il demandé à une foule enthousiaste, juché sur un bus devant sa résidence sur la rive asiatique de la ville.

A deux jours du scrutin, la reconquête d'Istanbul par son Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) apparaît comme l'enjeu ultradominant de ces municipales.

Le sondeur Erman Bakirci, de l'institut Konda, résume en un dicton l'importance de la ville, sise de part et d'autre du Bosphore, et qui représente à elle seule 30% du PIB du pays: "L'hiver n'arrive en Turquie que lorsqu'il neige à Istanbul", dit-il, rappelant la formule du président Erdogan selon laquelle "qui remporte Istanbul remporte la Turquie".

"Lorsque vous gouvernez Istanbul, vous servez et touchez près de seize millions de personnes, dont onze millions d'électeurs", développe-t-il. "Cela vous offre une opportunité politique énorme."