En Irak, après un nouvel assassinat, le gouvernement accusé de laxisme

Depuis des années, Ehab al-Ouazni était l'une des voix anti-pouvoir en Irak (Photo, AFP).
Depuis des années, Ehab al-Ouazni était l'une des voix anti-pouvoir en Irak (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 09 mai 2021

En Irak, après un nouvel assassinat, le gouvernement accusé de laxisme

  • Ce nouvel assassinat «pose de nouveau la question : quelles vraies mesures ont été prises par le gouvernement Kazimi pour que les auteurs répondent de leurs crimes» ?
  • Comme pour les dizaines d'autres Irakiens abattus par des hommes à moto qui disparaissent dans la nuit, personne n'a revendiqué les tirs

KERBALA: Depuis des années, Ehab al-Ouazni était l'une des voix anti-pouvoir en Irak. Il n'hésitait pas à dénoncer l'intégrisme religieux ou la mainmise de l'Iran dans son pays. Tôt dimanche, il s'est tu, comme des dizaines de militants de la « révolution d'octobre » avant lui.

Au beau milieu d'une des « nuits du destin » du ramadan --sacrées dans l'islam--, alors qu'il rentrait chez lui dans les ruelles de Kerbala, ville sainte chiite du Sud où les factions armées pro-Iran sont légion, des tireurs à moto ont surgi.

Le coordinateur des manifestations à Kerbala, qui avait été de toutes les luttes sociales depuis des années dans la ville où ne vivent qu'une poignée de grandes familles qui toutes se connaissent, a probablement tout de suite compris ce qui se tramait.

En décembre 2019 déjà, il avait réchappé de justesse au même scénario. Des tireurs à moto, pistolets munis de silencieux en main, avaient tué sous ses yeux Fahem al-Taï, père de famille de 53 ans et camarade de lutte.

Dans la nuit de samedi à dimanche, des tireurs sont revenus, cette fois-ci pour Ouazni, devant chez lui, sous l'œil de caméras de surveillance, comme souvent depuis le début en octobre 2019 d'une révolte inédite conclue par près de 600 morts, quasiment tous des manifestants tués dans des défilés ou assassinés sur leur pas de porte.

Manifestations et accusations

Aussitôt, des manifestations ont éclaté à Kerbala, mais aussi à Nassiriya et Diwaniya, d'autres villes du sud.

Différents politiciens, dont le leader chiite Ammar al-Hakim, ont condamné cet assassinat et réclamé justice. 

Les comités de coordination de manifestants à travers le sud, chiite, tribal et agricole, reprenaient, eux, les mots d'ordre de la « révolution d'octobre » : contre la corruption, la gabegie de l'Etat, la mainmise des groupes armés et des religieux et l'influence de l'Iran en Irak. Et pour la justice pour les « martyrs ».

La police de Kerbala a annoncé « ne pas ménager ses efforts » pour retrouver « les terroristes » derrière cet « assassinat ».

Mais pour les militants, un an après sa prise de fonction, le Premier ministre Moustafa al-Kazimi, dont plusieurs conseillers proches se revendiquent de la révolte d'octobre, n'a toujours pas fait justice aux critiques assassinés.

Ce nouvel assassinat « pose de nouveau la question : quelles vraies mesures ont été prises par le gouvernement Kazimi pour que les auteurs répondent de leurs crimes », accuse Ali Bayati, de la Commission gouvernementale des droits humains.

Al-Beit al-Watani (bloc national en arabe), l'un des rares partis nés de la « révolution d'octobre » qui tenait encore à participer aux législatives censées avoir lieu en octobre, a jeté l'éponge.

« Comment un gouvernement qui laisse passer sous ses yeux des pistolets à silencieux et des bombes peut-il garantir un climat électoral sûr ? », affirme-t-il dans un communiqué, appelant à « boycotter l'ensemble du système politique ».

Comme pour les dizaines d'autres Irakiens abattus par des hommes à moto qui disparaissent dans la nuit, personne n'a revendiqué les tirs. Mais pour les militants, comme pour l'ONU, ce sont des « milices ».

« Les milices de l'Iran ont assassiné Ehab et vont tous nous tuer, elles nous menacent et le gouvernement reste silencieux », affirme ainsi un ami de Ouazni dans une vidéo amateur tournée à la morgue.  

« Tu es au courant qu'on tue ? »

Depuis octobre 2019, une trentaine de militants ont été assassinés et des dizaines enlevés plus ou moins brièvement. En juillet 2020, un des spécialistes mondiaux du jihadisme, Hicham al-Hachémi, avait été assassiné sous les yeux de ses enfants devant sa maison à Bagdad.

A chaque fois, les autorités assurent ne pas pouvoir identifier les auteurs de ces assassinats politiques, dans un pays qui en était coutumier durant la guerre civile (2006-2009) mais où ils avaient depuis cessé.

En février, sur Facebook, Ouazni s'en prenait lui-même au chef de gouvernement : « Tu es au courant de ce qui se passe ? Tu sais qu'ils enlèvent et tuent ou bien tu vis dans un autre pays que nous ? ».

Depuis longtemps, ses proches s'inquiétaient pour cet homme à la parole jamais muselée.

Fin 2017, alors que la province de Kerbala votait un arrêté préfectoral sur l' « indécence » interdisant d'exposer des habits féminins en vitrine, Ouazni renvoyait dos à dos tous les intégrismes.

« Ce genre de décision disant s'appuyer sur la religion ne diffère en rien de l'idéologie du groupe Etat islamique », l'EI, affirmait-il alors.

En août 2020, alors qu’il se trouvait dans le cortège des « martyrs d'Octobre » pour un pèlerinage aux mausolées chiites, il faisait malgré tout montre d'optimisme.

« Tous les tyrans ont une fin, même si parfois elle met très longtemps à arriver », disait-il alors.


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
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  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com