ENTRETIEN : La société Metito présente sa stratégie visant à fournir de l'eau à la région

Illustration par Luis Grañena
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Publié le Dimanche 16 mai 2021

ENTRETIEN : La société Metito présente sa stratégie visant à fournir de l'eau à la région

  • Rami Ghandour, directeur exécutif, explique pourquoi il est impératif que le Moyen-Orient comprenne que « l'eau n'est pas gratuite »
  • Une statistique brutale suffit à récapituler le défi en matière d'eau au Moyen-Orient : la région héberge 6 % de la population mondiale, alors qu'elle ne dispose que de 1 % de l'eau douce nécessaire.

Rami Ghandour, directeur général de Metito Utilities, une société de distribution d'eau dont le siège est aux EAU, connaît ces chiffres par cœur. Il peut vous indiquer la proportion de la population de l'Égypte qui habite des villes à forte consommation d'eau (97 %) et la quantité d'eau consommée par habitant dans la région du Conseil de coopération du Golfe (CCG) en comparaison avec les États-Unis (une quantité nettement supérieure).

« La première chose à faire est de réaliser que l'eau n'est pas gratuite. Elle est assez coûteuse. Ainsi, les gens sont tenus de s'en occuper », déclare-t-il à Arab News.

Depuis plus de 60 ans, Metito gère l'eau dans la région et dans le monde, depuis sa création au Liban en 1958 par la famille d'entrepreneurs Ghandour, dont les membres demeurent à ce jour des actionnaires importants.

En effet, cette entreprise est un leader mondial en matière d'infrastructures de l'eau. Elle exploite des installations d'assainissement, de traitement de l'eau et de dessalement dans 46 pays et joue un rôle de plus en plus important dans l'initiative mondiale en faveur d'une utilisation plus renouvelable et durable des ressources de la planète.

Peut-on donc qualifier Metito de fournisseur de services publics, d'entreprise d'infrastructure ou de prestataire de services environnementaux ?

« Vous pouvez cocher toutes ces cases. Historiquement, nous sommes une entreprise environnementale dans le sens où nous dessalons de l'eau, fournissons de l'eau aux gens, traitons et recyclons les eaux usées, qu'elles soient industrielles ou domestiques. Plus récemment, nous avons étendu nos activités aux énergies renouvelables », précise M. Ghandour.

Le groupe Metito, qui bénéficie du soutien de grands investisseurs tels que la société japonaise Mitsubishi et la branche d'investissement de la Banque mondiale, s’articule autour de trois axes d'activité : une unité de conception et de construction qui couvre l'ensemble du processus d'ingénierie, d'approvisionnement et de construction –  et dont les projets dépassent, à ce jour, les 3 000 à travers le monde – ; la division des services publics et des investissements qui offre le financement de projets, des services de conseil et de gestion ; enfin, l'unité des produits chimiques qui conçoit des produits chimiques écologiques ainsi que des solutions de traitement pour les clients.

 « Nous conservons volontairement une certaine autonomie entre les différentes entreprises. Nous sommes toutefois en mesure de développer des projets – ce qui constitue le cœur de notre activité –,  et de les proposer aux populations afin de favoriser à la fois un environnement plus sain ainsi que l'amélioration des besoins fondamentaux de l'homme », ajoute M. Ghandour.

L'eau –  qu'elle soit bon marché, gratuite ou subventionnée – a longtemps été perçue comme acquise au Moyen-Orient, en dépit de la pression croissante, sur les ressources en raison de la croissance démographique et des usages tant agricoles qu'industriels. Pour M. Ghandour, cet état d'esprit doit être revu.

« La région dispose évidemment de juridictions, y compris ici aux Émirats arabes unis, où les prix du marché sont payés en totalité, où le coût est entièrement amorti et où les taxes sont exigées. Mais il existe d'autres zones où l'eau est subventionnée en grande quantité, ce qui encourage le gaspillage", souligne-t-il.

BIOGRAPHIE

NAISSANCE

Beyrouth 1975

 

FORMATION

Maîtrise en génie chimique de l'Université de Cambridge

MBA en finance et gestion d'entreprise de la Wharton Business School

 

CARRIÈRE

Ingénieur des procédés, Bechtel Londres

Consultant en gestion, Boston Consulting Group, New York

Directeur général, Metito Utilities

Directeur, Metito Group

Les programmes d'éducation publique – qui encouragent par exemple les gens à fermer les robinets et à laver leur voiture moins souvent –  jouent évidemment un rôle de sensibilisation du public, mais les plus grands défis sont de nature plus structurelle.

À titre d'exemple, c'est l'agriculture qui consomme le plus d'eau dans la région, et non la consommation domestique des particuliers.

Les gouvernements –  dont celui de l'Arabie saoudite –  ont réussi à encourager un usage plus efficace de l'eau pour l'agriculture, et les nouvelles technologies telles que les cultures hydroponiques et verticales peuvent également promouvoir un usage optimal des ressources en eau.

Par ailleurs, certains pays se sont engagés dans une démarche plus radicale : ils achètent des terres agricoles dans d'autres parties du monde dotées de meilleures ressources en eau, y cultivent des denrées qu'ils importent par la suite dans le Golfe.

Toutefois, M. Ghandour souligne qu'il existe d'autres moyens simples et efficaces d'optimiser l'utilisation de l'eau. Les fuites et les vols d'eau constituent des problèmes de taille dans certains pays.

« Les gens ne font que s'aider au niveau personnel et la règlementation n'est pas assez contraignante pour éviter ce problème », ajoute-t-il.

En outre, la réutilisation de l'eau offre un grand potentiel. Singapour en est un exemple : ce pays a fait de grands progrès dans la réutilisation de l'eau à des fins domestiques, industrielles et agricoles.

Dans la région du Golfe, un des phénomènes qui met les environnementalistes sur les nerfs est l'utilisation abusive de l'eau précieuse dans les terrains de golf ou les espaces verts publics, dans des régions qui ne sont que des déserts arides.

Toutefois, M. Ghandour souligne que cette eau provient de plus en plus souvent d'une eau recyclée qui n'est pas forcément consommable par l'homme, mais qui est parfaitement utilisable pour l'irrigation. Dubaï, par exemple, possède une installation novatrice de recyclage des eaux usées qui met à la disposition des utilisateurs deux robinets pour différents usages de l'eau.

La société Metito a présenté une offre pour un projet au Botswana, en Afrique, où les eaux usées sont directement recyclées en eau potable, l'un des deux projets de ce type dans le monde. 

La société examine également la technologie utilisée dans un projet pionnier en Californie, qui consiste à recycler les eaux usées directement dans les aquifères souterrains qui alimentent à nouveau le cycle de consommation.

En effet, le golfe Arabique, aride, nécessitera toujours le recours au dessalement, même si la région optimise sa consommation, évite les fuites et adopte des stratégies de facturation efficaces.

Le dessalement a été le pilier principal de l'infrastructure qui a permis à la région de bénéficier de hauts taux de croissance économique pendant des décennies. Cependant, il a également fait l'objet de critiques de la part des écologistes, et ce pour deux raisons : la consommation de combustibles à base de carbone, comme le pétrole et le gaz, dans le processus coûteux de conversion de l'eau de mer en eau utilisable, mais aussi le surplus de saumure (eau salée) expulsé en mer en tant que produit dérivé de ce processus.

D'après M. Ghandour, la deuxième réserve est moins significative, dans la mesure où le golfe Arabique et la mer Rouge constituent des voies maritimes à marée ouverte, mais aussi parce que certaines installations de dessalement aux EAU sont construites du côté de l'océan Indien, ce qui permet à la saumure de se répandre dans un bassin d'eau plus étendu. L'utilisation de combustibles fossiles hydrocarbonés pour produire de l'eau, en revanche, est une préoccupation bien différente.

« Je dissocierais la question de la consommation d'énergie de celle du dessalement. Heureusement, le modèle économique des énergies renouvelables est devenu largement plus compétitif. Aujourd'hui, les énergies renouvelables sont souvent moins coûteuses que les énergies fossiles », a-t-il ajouté.

Les mégaprojets d'Arabie saoudite ont constitué un terrain d'essai idéal pour ce nouveau modèle. La société Metito est engagée dans deux installations de dessalement alimentées par l'énergie solaire dans le cadre du développement de la ville de NEOM. Ces installations fonctionnent avec de l'énergie renouvelable et des sources provenant du réseau électrique du pays. Metito a aussi remporté un contrat pour la construction d'une énorme usine de dessalement dans la zone industrielle de Jubail, dans la province orientale. M. Ghandour fait allusion à d'autres gros contrats en perspective en Arabie Saoudite.

De l'autre côté de la mer Rouge, en Égypte, Metito mène également d'énormes projets, notamment un programme ambitieux pour irriguer le désert du Sinaï avec de l'eau recyclée et provenant du canal de Suez.

Les besoins de l'Arabie saoudite en eau propre, efficace et réutilisable, vont probablement croître de manière exponentielle au cours de la prochaine décennie. Ainsi, outre les mégaprojets tels que NEOM et Qiddiya à la périphérie de Riyad, il existe des plans gigantesques qui prévoient de doubler la taille de la capitale de l'Arabie saoudite d'ici 2030, sans compter l'initiative destinée à planter 10 milliards d'arbres dans le Royaume en vue d'atténuer les émissions de carbone. M. Ghandour juge-t-il que ces plans ambitieux sont envisageables, du point de vue d'un expert en eau ?

En effet, la manière dont l'Arabie saoudite et les autres pays du Golfe abordent cette tâche est prometteuse, selon lui, notamment en raison des investissements de plus en plus importants du secteur privé. « Je dirais que c'est le moyen le plus efficace de réaliser ces projets en appliquant des normes de conformité environnementale très rigoureuses », dit-il, en tenant compte des normes plus strictes désormais exigées par les investisseurs internationaux du secteur privé, en conformité avec les normes ESG (environnementales, sociales et de gouvernance).

« Cette tendance incite chacun à prendre en compte les priorités ESG, de façon à ce que tout le monde cherche à réaliser des projets de manière durable. Les Saoudiens sont certes particulièrement impliqués dans ce processus », ajoute-t-il.

Et pense-t-il que le Royaume sera en mesure d'arroser tous ces arbres ? 

« Je ne dispose pas des détails du plan d'irrigation de ces arbres, mais je dirais oui, en tant que spectateur. Le pays développe ses capacités de dessalement à un rythme élevé grâce à ces projets de partenariat entre le secteur public et le secteur privé.

« Il possède des sources d'eau supplémentaires, les eaux usées qui peuvent être réutilisées dans l'irrigation des arbres. Aujourd'hui, un grand volume d'eaux usées est gaspillé dans le Royaume. Voilà donc un domaine dans lequel la réutilisation de l'eau présenterait un avantage considérable pour l'environnement », ajoute-t-il.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


L 'Arabie saoudite domine le classement de l'économie numérique de la région MENA

Le pays a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données, contribuant à une augmentation de 42 % de la capacité nationale des centres de données en 2024, atteignant 290,5 mégawatts. (Shutterstock)
Le pays a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données, contribuant à une augmentation de 42 % de la capacité nationale des centres de données en 2024, atteignant 290,5 mégawatts. (Shutterstock)
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  • Le Royaume a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données.
  • Ces chiffres sont publiés à l'occasion de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information.

RIYAD : l'Arabie saoudite est devenue la plus grande économie numérique du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, avec une valeur de marché dépassant les 495 milliards de SR (131,9 milliards de dollars) en 2024, soit 15 % du produit intérieur brut national.

Ces chiffres ont été communiqués par le ministère des Communications et des Technologies de l'Information à l'occasion de la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information, comme le rapporte l'agence de presse saoudienne.

Ces résultats interviennent alors que l'Arabie saoudite continue de renforcer son rôle de puissance numérique régionale et mondiale grâce à des avancées significatives dans les domaines de l'intelligence artificielle, des centres de données, de l'administration en ligne et du développement du capital humain.

« Le marché des communications et des technologies de l'information a enregistré une croissance record de 180 milliards de SR en 2024, grâce à l'expansion des investissements du secteur privé et à l'augmentation de l'innovation, ce qui a renforcé la position du Royaume en tant que plus grand marché technologique du Moyen-Orient », indique le rapport de la SPA. 

L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)
L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)

Le pays a investi plus de 55 milliards de SR dans les technologies de l'IA et l'infrastructure des centres de données, contribuant à une augmentation de 42 % de la capacité nationale de ces centres en 2024, pour atteindre 290,5 mégawatts.

Les efforts du Royaume sont illustrés par le lancement de Humain, une entreprise d'IA soutenue par l'État, qui souligne cet engagement.

Humain a pour objectif de mettre en place des technologies et des infrastructures d'IA, notamment de grands centres de données et des modèles d'IA en langue arabe, afin de positionner l'Arabie saoudite comme un centre mondial de l'IA.

Le Royaume a activement recherché des partenariats avec des entreprises technologiques mondiales de premier plan. Nvidia devrait notamment fournir 18 000 de ses puces d'IA avancées à l'Arabie saoudite dans le cadre d'un partenariat stratégique avec Humain.

La couverture en fibre optique s'étend désormais à plus de 3,9 millions de foyers, tandis que la pénétration d'Internet atteint 99 %, ce qui place l'Arabie saoudite parmi les nations les plus connectées au monde. ***

L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)
L'Arabie Saoudite célèbre la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l'information (X/@Mobily)

Cette expansion de l'infrastructure soutient les services numériques à haute efficacité et témoigne de la volonté du Royaume de promouvoir l'informatique en nuage et les applications intelligentes.

Le développement du capital humain reste une composante essentielle de la stratégie de transformation numérique.

Avec plus de 381 000 emplois spécialisés dans le secteur technologique, l'Arabie saoudite abrite la plus grande concentration de talents numériques au Moyen-Orient.

La participation des femmes dans ce secteur est passée de 7 % en 2018 à 35 % en 2024, soit la plus élevée de la région, dépassant les moyennes du G20 et de l'Union européenne.

Le Royaume a également obtenu des classements mondiaux de premier plan dans le domaine de la gouvernance numérique. Il s'est classé au quatrième rang mondial dans l'indice des services en ligne des Nations unies, au sixième rang dans l'indice de développement de l'administration en ligne et au deuxième rang parmi les pays du G20.

Il occupe également la première place en matière de services publics numériques au niveau régional. Le Royaume a également obtenu la première place mondiale en matière de compétences numériques et d'administration numérique ouverte, et la septième place en matière d'e-participation. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 

 

 

 

 


Aramco prépare l’avenir avec une stratégie ambitieuse dans les énergies propres

Des visiteurs se rendent au stand d'exposition de Saudi Aramco au Centre national des expositions d'Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis. (Shutterstock)
Des visiteurs se rendent au stand d'exposition de Saudi Aramco au Centre national des expositions d'Abou Dhabi, aux Émirats arabes unis. (Shutterstock)
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  • La stratégie d'investissement de Saudi Aramco reflète une approche pragmatique et tournée vers l'avenir alors que le paysage énergétique mondial continue d'évoluer

DJEDDAH : La stratégie d'investissement de Saudi Aramco reflète une approche pragmatique et tournée vers l'avenir alors que le paysage énergétique mondial continue d'évoluer, ont déclaré des experts à Arab News.

Ayant annoncé un revenu net de 106,2 milliards de dollars en 2024, la société énergétique la plus importante et la plus précieuse du monde reste concentrée sur sa croissance à long terme.

Ses ambitieux projets de gaz naturel, notamment le champ de gaz non conventionnel de Jafurah et l'usine de gaz de Tanajib, sont essentiels pour la sécurité énergétique future de l'Arabie saoudite.

Ces initiatives soutiennent la transition en cours du pétrole brut vers la production d'électricité à partir de gaz et s'alignent étroitement sur les objectifs de diversification économique et de responsabilité environnementale de Vision 2030.

Une approche pragmatique

Saudi Aramco intensifie son développement du gaz naturel, reconnaissant son rôle d'alternative plus propre au pétrole brut. Ces efforts s'inscrivent dans une stratégie nationale plus large visant à réduire les émissions tout en renforçant la résilience économique.

Tamer al-Sayed, directeur financier de l’Institut Future Investment Initiative (FII), a déclaré à Arab News que la diversification d'Aramco s'étendait à ses entreprises mondiales de gaz naturel liquéfié, telles que sa participation dans MidOcean Energy.

"Le gaz naturel est un carburant de transition fiable dont l'intensité en carbone est inférieure à celle du pétrole brut", a-t-il expliqué.

Aramco exploite également l'intelligence artificielle pour améliorer l'efficacité opérationnelle et réduire les émissions, renforçant ainsi son avantage concurrentiel dans un monde de plus en plus axé sur les énergies renouvelables.

"Cette double stratégie - développer des carburants plus propres et déployer des technologies intelligentes - permet à Aramco de rester compétitive au niveau mondial tout en contribuant aux objectifs climatiques du Royaume", a déclaré M. al-Sayed.

Investir dans la capture du carbone

La pierre angulaire de la décarbonisation d'Aramco est une installation de captage et de stockage du carbone à grande échelle en cours de développement à Jubail. Prévu pour capturer jusqu'à 9 millions de tonnes de CO2 par an, ce sera l'un des plus grands projets de ce type au niveau mondial.

M. al-Sayed a reconnu les problèmes liés au captage et au stockage du carbone : "Les aspects économiques restent difficiles sans un mécanisme solide de tarification du carbone".

Il a souligné que le CSC est un pari stratégique qui permettra à l'industrie saoudienne de maintenir son accès au marché dans un contexte de durcissement des réglementations en matière de faibles émissions de carbone. Il existe également un potentiel de nouvelles sources de revenus grâce au "captage du carbone en tant que service".

"En termes macroéconomiques, il s'agit d'un pari sur l'avenir de l'industrie saoudienne", a-t-il ajouté, soulignant que le Royaume est prêt à tirer parti des marchés émergents du carbone et des politiques commerciales vertes.

Un avenir plus propre

Les investissements d'Aramco dans les énergies renouvelables se concentrent fortement sur l'énergie solaire et l'hydrogène. La société fait progresser la centrale solaire photovoltaïque de Sudair et trois autres projets totalisant 5,5 gigawatts, qui visent à rendre le réseau plus écologique et à réduire la consommation intérieure de pétrole, libérant ainsi des hydrocarbures pour l'exportation ou l'utilisation industrielle.

Dans le secteur de l'hydrogène, Aramco vise à produire 2,5 millions de tonnes d'ammoniac bleu par an d'ici à 2030, en tirant parti de ses réserves de gaz et de son infrastructure de CSC pour devenir un exportateur d'énergie propre de premier plan.

"Cette démarche s'inscrit dans l'objectif de Vision 2030, qui consiste à développer des industries à forte valeur ajoutée et fondées sur la connaissance", a indiqué M. al-Sayed.

Si les énergies renouvelables ne remplaceront pas les hydrocarbures du jour au lendemain, elles restent un élément essentiel de la diversification énergétique à long terme de l'Arabie saoudite.

Expansion en aval

Les récentes acquisitions d'Aramco sur les marchés émergents témoignent d'une poussée stratégique vers les activités en aval. Sa participation totale dans la société chilienne Esmax et sa participation de 40% dans le réseau de distribution de carburant pakistanais Gas & Oil donnent à l'entreprise saoudienne un accès direct à des marchés énergétiques en pleine croissance.

"Du point de vue de l'économie saoudienne, de tels investissements en aval contribuent à réduire la dépendance excessive à l'égard des exportations de pétrole brut en monétisant l'ensemble de la chaîne de valeur des hydrocarbures, du puits à la roue", a révélé M. al-Sayed.

Ces initiatives génèrent également des flux de revenus étrangers, soutiennent la balance des paiements du Royaume et complètent les efforts plus larges de diplomatie commerciale.

La demande en carburant du Pakistan augmentant parallèlement à la croissance de sa population et de ses infrastructures, et le Chili servant de porte d'entrée dans le paysage de la vente au détail d'énergie en Amérique du Sud, Aramco se positionne en vue d'une croissance durable au-delà des activités en amont.

"Ces investissements permettent également de résister aux fluctuations de la demande régionale, renforçant ainsi la stratégie d'Aramco qui consiste à maintenir une présence mondiale sur les marchés de l'énergie", a ajouté M. al-Sayed.

Un recalibrage pour l'avenir

Face à la décarbonisation rapide, Aramco recalibre sa stratégie à long terme par la diversification, les investissements mondiaux et l'adoption de technologies tournées vers l'avenir. L'entreprise cherche à concilier les réalités opérationnelles d'aujourd'hui avec les objectifs énergétiques de demain.

"Il ne s'agit pas seulement de résilience, mais aussi de pertinence", a conclu M. al-Sayed, soulignant que la diversification et les investissements stratégiques ancrent fermement Aramco dans l'économie énergétique de demain.

La résilience au milieu des coupes

Yaseen Ghulam, professeur agrégé d'économie et directeur de recherche à l'université Al-Yamamah de Riyad, a mis en perspective la baisse du revenu net d'Aramco en 2024, soit 12% de moins que les 121,3 milliards de dollars enregistrés en 2023.

Il l'a attribuée aux réductions stratégiques de la production de pétrole convenues par l'OPEP+, y compris une réduction de 6,25% à partir de 2023 et une réduction de 14,28% à partir de 2022.

"L'OPEP+ prévoit en outre de prolonger les réductions volontaires de la production de pétrole jusqu'en septembre 2026, ce qui pourrait entraîner une réduction de 0,4 million de barils par jour en 2025", a confirmé M. Ghulam.

Malgré ces contraintes de marché, il a noté que le secteur non pétrolier de l'Arabie saoudite a compensé la baisse des revenus liés au pétrole grâce à la hausse de la consommation des ménages et à l'augmentation des investissements, sous l'impulsion des efforts de diversification du gouvernement.

Il prévoit une croissance du secteur hors hydrocarbures d'au moins 4%, soutenue par un faible taux de chômage, une augmentation de la participation des femmes à la main-d'œuvre et la poursuite des progrès de la Vision 2030, avec l'appui de solides amortisseurs budgétaires.

Investissement durable

Interrogé sur les dépenses d'investissement d'Aramco - 53,3 milliards de dollars en 2024 et jusqu'à 58 milliards de dollars en 2025 - M. Ghulam a souligné le rôle central de l'entreprise dans l'élaboration des tendances mondiales en matière d'approvisionnement en pétrole.

"Aramco a réalisé un investissement record et continuera probablement à investir dans l'intelligence artificielle, la fabrication et les acquisitions d'entreprises afin d'améliorer les chaînes d'approvisionnement pétrolières nationales et mondiales et de contribuer à la diversification de l'économie du pays", a-t-il noté.

Il a en outre souligné l'engagement de l'entreprise à développer des produits à faible teneur en carbone dans les secteurs de l'énergie, de la chimie et des matériaux, parallèlement à son plan visant à tirer parti de sa production en amont à faible coût et à faible teneur en carbone pour répondre à la demande mondiale croissante.

Il a également signalé les investissements de l'entreprise dans les énergies renouvelables par l'intermédiaire de sa division des nouvelles énergies, en déclarant : "Aramco a signé un accord pour construire de nouvelles installations de production d'hydrogène et d'ammoniac verts. L'entreprise souhaite produire 11 millions de tonnes d'ammoniac bleu par an d'ici à 2030, avec la possibilité d'exporter vers les marchés d'Asie et d'Europe".

Soutenir les plans de diversification

Selon son rapport annuel 2024, les initiatives technologiques d'Aramco visent à améliorer les opérations en amont et en aval, à élargir son portefeuille de produits et à promouvoir une croissance durable alignée sur ses ambitions nettes zéro.

M. Ghulam a observé que l'économie de l'Arabie saoudite réduit rapidement sa dépendance à l'égard des recettes pétrolières, grâce à des politiques en matière d'infrastructures, de tourisme et de technologie.

"Les activités non pétrolières représentent aujourd'hui 52% de l'activité économique globale et devraient atteindre 65% d'ici à la fin de la décennie. Les revenus non pétroliers ont en fait doublé en quatre ans. Les industries qui stimulent cette croissance sont l'industrie manufacturière, la construction, la communication, la finance, le commerce de détail, la restauration, l'hôtellerie, la logistique et les transports", a-t-il déclaré.

Le Royaume met en œuvre plus de 5 000 projets visant à la diversification, 73% des nouveaux investissements étant destinés aux secteurs non pétroliers.

M. Ghulam a conclu qu'Aramco joue un rôle essentiel dans le soutien de cette transition en investissant massivement dans le GNL, l'hydrogène, le solaire, l'éolien et les matériaux pour batteries comme le lithium, tout en maintenant des projets pétroliers en amont pour conserver sa position de leader mondial.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Air France Industries KLM Engineering & Maintenance : cap sur l’Arabie saoudite avec une vision durable et partenariale

Benjamin Moreau, vice-président de la stratégie et du développement commercial chez Air France Industries KLM Engineering & Maintenance(Photo Loai AlKelawy)
Benjamin Moreau, vice-président de la stratégie et du développement commercial chez Air France Industries KLM Engineering & Maintenance(Photo Loai AlKelawy)
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  • Présente aux Journées franco- saoudiennes de l’aviation organisées par Business France, la filiale maintenance d’Air France-KLM Engineering et Maintenance dévoile ses ambitions en Arabie saoudite.
  • "Nous avons donc mis en place toute une série d'actions visant à réduire l'impact environnemental de notre activité. Notre credo est de pouvoir réparer plutôt que de remplacer par des pièces neuves. » affirme Mr. Moreau

RIYAD : Le secteur de la maintenance, de la réparation et des opérations (MRO) joue un rôle crucial dans le développement de l'industrie aéronautique et aérospatiale d'Arabie saoudite. Cette importance témoigne de l'engagement du Royaume à progresser dans le secteur de l'aviation, ce qui renforce sa position en tant qu'acteur régional et international de premier plan.

Présente aux Journées franco- saoudiennes de l’aviation organisées par Business France, la filiale maintenance d’Air France-KLM Engineering et Maintenance dévoile ses ambitions en Arabie saoudite.

Grâce à une stratégie tournée vers le développement durable, des partenariats locaux et l’innovation technologique, la filiale maintenance d’Air France-KLM Engineering et Maintenance affirme sa volonté d’ancrage dans un marché en pleine transformation.

Avec un chiffre d’affaires de 4,3 milliards d’euros en 2024, Air France Industrie est un acteur de référence de la maintenance aéronautique à l’échelle internationale. Présente sur plusieurs continents, l’entreprise soutient plus de 300 compagnies aériennes et emploie 13 000 collaborateurs.

Une expertise mondiale et intégrée

Benjamin Moreau, vice-président de la stratégie et du développement commercial chez Air France Industries KLM Engineering & Maintenance, a déclaré à Arab News : « Nous avons une branche maintenance qui s'appelle Air France Industries-KLM Engineering & Maintenance et qui est implantée dans le monde entier. Nous soutenons plus de 300 compagnies aériennes et 2 000 avions.

Nous avons évidemment des implantations en Europe, mais aussi en Asie, au Moyen-Orient et aux États-Unis. Nous privilégions une stratégie d'implantation locale car nous estimons qu'il est essentiel d'être proche des marchés pour offrir le meilleur service à nos clients. »

Un engagement environnemental structurant

AFI KLM E&M inscrit ses activités dans une logique circulaire et responsable, fondée sur la réparation plutôt que le remplacement. Benjamin Moreau a expliqué : « Notre stratégie d'entreprise est déjà fortement axée sur les enjeux de durabilité et d'impact environnemental, principes qui guident toutes nos activités, notamment dans le domaine de la maintenance. Nous avons donc mis en place toute une série d'actions visant à réduire l'impact environnemental de notre activité. Notre credo est de pouvoir réparer plutôt que de remplacer par des pièces neuves. »

L’entreprise agit sur plusieurs leviers : réduction de la consommation énergétique et hydrique, optimisation des transports de pièces et introduction de carburants d’aviation durables dans les tests moteurs.

« Dans les tests moteurs, nous utilisons du carburant d’aviation durable… Nous avons une politique très agressive sur ce sujet », affirme M. Moreau.

L’Arabie saoudite : une nouvelle étape stratégique

L’entreprise se tourne avec intérêt vers ce pays, porté par la Vision 2030 du Royaume. Ce plan ambitieux ouvre en effet de nouvelles perspectives pour le secteur aérien. AFI KLM E&M entend s’y implanter durablement.

Le vice-président de l’entreprise a confié : « Nous avons actuellement des projets de développement en Arabie saoudite pour la maintenance aéronautique. Notre positionnement est d'aligner notre activité sur cette vision stratégique en développant des activités de maintenance dans le Royaume. »

Relever les défis du marché saoudien

Le principal défi évoqué reste celui de la main-d'œuvre spécialisée. Toutefois, l’entreprise voit dans le pays un fort potentiel. « L’Arabie saoudite est un pays qui présente un potentiel considérable, avec une population très bien éduquée. Les partenariats sont le pilier de notre stratégie, car ils représentent à la fois un défi et un atout.

Les partenariats sont le pilier de la stratégie.

L’entreprise mise fortement sur la collaboration avec les acteurs locaux pour bâtir un modèle gagnant-gagnant. Le responsable a ainsi déclaré : « Le développement de partenariats est une pierre angulaire de notre implantation en Arabie saoudite. Notre objectif est de développer des partenariats qui bénéficient à tous : nos clientes du secteur aérien, les acteurs locaux et nous-mêmes. »

Ces collaborations visent à renforcer la qualité du service, à valoriser les compétences locales et à favoriser le partage d’expertise.

Maintenir l’avantage dans un marché hautement concurrentiel

Pour conserver sa place sur un marché très dynamique, AFI KLM E&M s’appuie sur plusieurs atouts : une double expertise dans les domaines de la compagnie aérienne et de la maintenance, une forte maîtrise technologique, ainsi que des services digitaux avancés, comme la maintenance prédictive.

Benjamin Moreau a affirmé : « À chaque fois qu’il y a des nouvelles technologies, on se positionne très en amont. Nous proposons des solutions de maintenance en nous appuyant sur des technologies numériques avancées, comme l’intelligence artificielle. »

Un regard tourné vers la coopération

En conclusion, interrogé sur les conseils à donner aux entreprises souhaitant s’implanter en France, le représentant AFI KLM E&M a appelé à l’humilité et à l’écoute. « Il faut arriver avec humilité, être à l’écoute et construire avec les compagnies aériennes et les partenaires locaux. »