Frappe israélienne sur la maison du chef du Hamas à Gaza, avant une réunion de l'ONU

Une boule de feu éclate de la tour Jala alors qu'elle est détruite lors d'une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza le 15 mai 2021. (AFP)
Une boule de feu éclate de la tour Jala alors qu'elle est détruite lors d'une frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza le 15 mai 2021. (AFP)
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Publié le Dimanche 16 mai 2021

Frappe israélienne sur la maison du chef du Hamas à Gaza, avant une réunion de l'ONU

  • Abbas a reçu samedi un appel téléphonique «important» de Biden
  • Netanyahu a affirmé avoir le soutien «sans équivoque» de Biden

GAZA: L'armée israélienne a bombardé dimanche la maison du chef du Hamas pour la bande de Gaza, franchissant un nouveau palier dans ses attaques contre le mouvement islamiste palestinien, quelques heures avant une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.

On ignore dans l'immédiat le sort de ce haut dirigeant --Yahya Sinouar-- du mouvement contrôlant l'enclave palestinienne, un territoire pauvre de deux millions d'habitants sous blocus israélien depuis plus de 10 ans.

La frappe est intervenue au lendemain de bombardements à Gaza ayant fauché la vie d'enfants et pulvérisé les locaux de médias internationaux, et de tirs de salves de roquettes vers Israël.

Depuis le début lundi de ce nouveau conflit entre l'Etat hébreu et les groupes palestiniens armés de Gaza, près de 170 personnes, en grande majorité des Palestiniens, ont été tuées.

Les forces israéliennes ont «attaqué le domicile de Yahya Sinouar et de son frère, un militant terroriste», a écrit l'armée sur Twitter, en publiant une vidéo montrant une maison pulvérisée dans un nuage de poussière.

Des sources de sécurité palestiniennes ont confirmé une frappe sur le domicile de M. Sinouar, réélu en mars à la tête du bureau politique du Hamas à Gaza.

Alors que les protagonistes sont restés sourds jusque-là aux appels internationaux à la cessation des hostilités, les tractations diplomatiques s'intensifient avec une réunion virtuelle du Conseil de sécurité prévue à 14H00 GMT.

Le patron de l'ONU Antonio Guterres s'est dit «consterné» par le «nombre croissant de victimes civiles» et «profondément perturbé» par l'attaque israélienne contre le bâtiment abritant des médias.

De son côté, un émissaire américain, Hady Amr, doit rencontrer dans la journée des dirigeants israéliens à Jérusalem et des  responsables palestiniens en Cisjordanie occupée.

Immeuble abritant des médias pulvérisé

Samedi, dix Palestiniens, parmi lesquels huit enfants d'une même famille, ont péri dans une frappe israélienne sur un camp de réfugiés dans l'enclave palestinienne.

Un Israélien de 50 ans, au volant de sa voiture, a ensuite été tué dans la banlieue de Tel-Aviv dans l'explosion de roquettes tirées par le Hamas pour «venger», selon ce mouvement, la frappe «contre des femmes et des enfants» dans le territoire.

Plus tard, un immeuble de 13 étages qui abritait notamment les équipes de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera et l'agence de presse américaine Associated Press (AP) a été pulvérisé par des frappes de l'armée israélienne qui avait demandé préalablement l'évacuation du bâtiment. 

Selon l'armée, l'immeuble abritait «des entités appartenant au renseignement militaire» du Hamas accusé de se servir de civils comme «boucliers humains».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui s'est entretenu avec le président américain après ces frappes, a affirmé avoir le soutien «sans équivoque» de Joe Biden.

M. Biden, qui a également parlé au téléphone avec le président palestinien Mahmoud Abbas, a dit soutenir le droit d'Israël «à se défendre» tout en faisant part de sa préoccupation au sujet de «la sécurité des journalistes».

Tard en soirée samedi, un autre immeuble d'une dizaine d'étages, la tour al-Andalous, a été gravement endommagé par des frappes.

Et le Hamas a ensuite lancé un nouveau barrage de roquettes vers des villes israéliennes, dont Tel-Aviv.

La direction d'AP s'est dite «choquée et horrifiée» par la frappe israélienne. 

Le chef du bureau d'Al-Jazeera en Israël et dans les Territoires palestiniens Walid al-Omari a accusé Israël de vouloir «faire taire ceux qui montrent» «les destructions et les morts». 

L'AFP a exprimé sa «solidarité» avec les «collègues d'AP et d'Al-Jazeera»

Violences en Cisjordanie

Alors que la flambée de violence ne montre aucun signe d'accalmie, le dernier bilan palestinien a fait état de 157 morts parmi lesquels 41 enfants, et 1.100 blessés, à Gaza depuis lundi.

En Israël, dix personnes ont été tuées dont un enfant, et 540 blessées.

Ce nouveau conflit a commencé en réponse à un barrage de roquettes du Hamas sur Israël, tirées en «solidarité» avec les manifestants palestiniens et les centaines de Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne à Jérusalem-Est. A l’origine des violences, la menace d'expulsion de familles palestiniennes au profit de colons israéliens dans ce secteur palestinien occupé par Israël depuis plus de 50 ans.

En Cisjordanie, territoire palestinien également occupé par Israël depuis 1967, de nouvelles manifestations de colère ont eu lieu samedi, à l'occasion de la Nakba, la «catastrophe» qu'a représentée aux yeux des Palestiniens la création d'Israël en 1948, et synonyme d'exode pour des centaines de milliers d'entre eux. Deux Palestiniens ont été tués dans des confrontations avec les soldats.

Sur son territoire, Israël est également confronté à des violences inédites et des menaces de lynchages dans ses villes «mixtes», où vivent Juifs et Arabes israéliens.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.