Tunisie : Hichem Mechichi et Ennahdha coupent la poire en deux

Quelques heures avant la fin du délai de trente jours que lui accorde la Constitution pour monter son équipe, le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, en a dévoilé la composition lundi 24 août 2020 à minuit. Ici, M. Mechichi présente sa formation au président tunisien Kais Saied. (Photo AFP).
Quelques heures avant la fin du délai de trente jours que lui accorde la Constitution pour monter son équipe, le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, en a dévoilé la composition lundi 24 août 2020 à minuit. Ici, M. Mechichi présente sa formation au président tunisien Kais Saied. (Photo AFP).
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Publié le Mardi 25 août 2020

Tunisie : Hichem Mechichi et Ennahdha coupent la poire en deux

  • Cette nouvelle formation n’a pas obtenu la nomination de cadres encartés Ennahda. En revanche, trois membres de la nouvelle équipe gouvernementale peuvent être considérés comme proches d’elle
  • Ce nouveau gouvernement est le treizième depuis la chute du président Ben Ali, le 14 janvier 2011

TUNIS : Le ministre de l’Intérieur chargé de former le nouveau gouvernement a choisi de faire des concessions au parti islamiste en intégrant à son équipe quatre personnalités qui en sont proches. En revanche, il n’a pas cédé à la demande de la formation du président du Parlement, Rached Ghannouchi, de retirer le portefeuille de l’Intérieur confié à un proche du président Kais Saied.

Quelques heures avant la fin du délai de trente jours que lui accorde la Constitution pour monter son équipe, le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, en a dévoilé la composition lundi 24 août 2020 à minuit. Le ministre de l’Intérieur, chargé de cette mission par le président Kais Saied, avait annoncé que son équipe est constituée de technocrates indépendants n’ayant pas de passé et, donc, pas de passif politique. Il a grosso modo tenu sa promesse, mais il a dû faire des concessions aux partis politiques, notamment au mouvement Ennahdha.

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Le Premier ministre arrive à Medea pour annoncer la formation de son cabinet. (Photo AFP).

Certes, cette formation n’a pas obtenu la nomination de cadres encartés. En revanche, trois membres de la nouvelle équipe gouvernementale peuvent être considérés comme proches d’elle. Le premier est Ahmed Adhoum, ministre des Affaires religieuses, nommé médiateur administratif par la Troïka – bâtie autour du parti islamiste – au lendemain de sa victoire aux élections du 23 octobre 2011 – qui avait gouverné la Tunisie de décembre 2011 à janvier 2014. Le deuxième est Fadhel Kraiem, qui avait succédé au nahdhaoui Anouar Maarouf au poste de ministre des Technologies de l’information et de la communication, qu’il garde, dans le gouvernement sortant. La troisième est Aksa Bahri (Agriculture), choisie comme secrétaire d'État auprès du ministre de l'Agriculture chargée des Ressources hydrauliques en 2020 par l’actuel ministre de l’Agriculture Oussama Kheriji, un nahdhaoui.

Othman Jerandi, le ministre des Affaires étrangères, est, lui, un homme de confiance d’Ennahdha, puisqu’il avait occupé le même poste dans le deuxième gouvernement de la Troïka. M. Jerandi avait été nommé en avril dernier conseiller spécial auprès du président Kais Saïed.

En revanche, le parti du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a dû accepter le maintien au poste de ministre de l’Intérieur de Taoufik Charfeddine, dont il avait critiqué la nomination – une fuite la semaine dernière – pour cause de proximité avec le président de la république – en guerre ouverte avec la formation islamiste – dont il a dirigé la campagne électorale dans la région de Sousse (centre du pays).

Quelques heures avant la fin du délai de trente jours que lui accorde la Constitution pour monter son équipe, le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, en a dévoilé la composition lundi 24 août 2020 à minuit.

Le nouveau gouvernement compte trois autres figures ayant déjà fait partie de ce monde : Thouraya Jribi, ministre de la Justice dans le gouvernement qui va passer le témoin, et qui va désormais s’occuper des relations avec les instances constitutionnelles ; Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, proche de l’UGTT, la centrale syndicale historique, qui a déjà occupé ce poste entre 2016 et 2019 ; et Ali Hafsi, qui rempile dans le fauteuil des relations avec le Parlement qu’il occupait dans le gouvernement sortant.

Quatre ministres parmi les nouveaux ne sont pas des inconnus, bien qu’ils fassent leur entrée au gouvernement pour la première fois. Le premier est M. Ali Kooli (Économie, finance et investissement), un banquier (CEO & managing directeur des filiales tunisiennes du groupe Bank ABC). Le deuxième est M. Moez Chakchouk (Transport et logistique) qui a dirigé La Poste tunisienne pendant trois ans avant d’être recruté par l’Unesco en mars 2018 comme sous-directeur général pour la communication et l'information. Le troisième est Mme Saloua Sghaier qui retrouve le ministère de l’Industrie où elle était directrice générale de l’Industrie avant d’être nommée PDG de la compagnie aérienne nationale Tunisair en 2014. Le quatrième est M. Habib Ammar qui rentre au bercail au ministère du Tourisme, où il a été notamment chef de cabinet (2008-2010) et directeur général de l’Office national du tourisme et du thermalisme (2010-2014). Depuis juillet 2015, il est président directeur général du groupe touristique Sousse Nord.

Tous les autres membres du gouvernement sont de nouveaux venus.

Qu’il s’agisse du ministre de la Défense, Brahim Baltagi, universitaire, professeur de droit, formé à la faculté de droit et de science politique de Tunis (la même par où est passé le président Kais Said) ; de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine (avocat) ; de la Justice, Mohamed Bousseta ; de l’Équipement, Kamel Doukh, directeur général de l'aménagement du territoire au sein de ce département ; des Domaines de l’État, Leila Jaffel, magistrat, président d’un tribunal ; de la Santé, Faouzi Mehdi, professeur agrégé de médecine préventive & communautaire à la faculté de médecine de Tunis ; de l’Environnement, Mohamed Aroui, directeur de l’Écologie dans ce ministère ; de la Culture, Walid Zidi ; de l’Éducation, Fethi Sellaouti, président de l’Université El Manar I ; de l’Enseignement supérieur, Olfa ben Ouda, enseignante à l'Institut des hautes études commerciales de Carthage ; de la Femme, Imen Houimel (jusque-là directrice générale des Affaires de la femme et de la famille) ; et du Commerce, Mohamed Bousaid, (ancien P.-DG de l’Office national de l’artisanat et du quotidien gouvernemental La Presse).

Ce nouveau gouvernement est le treizième depuis la chute du président Ben Ali, le 14 janvier 2011. Pourtant, c’est la première fois en un peu plus de neuf ans que le bluff est de mise dans ce genre d’opération. M. Mechichi a bien caché son jeu lors de sa première sortie médiatique. Après avoir reçu son ordre de mission des mains du président Kais Saïed, il déclare le 25 juillet 2020 que « cette confiance constitue une lourde responsabilité dans la situation que connaît le pays » et promet de « former un gouvernement répondant aux aspirations légitimes de tous les Tunisiens dont ils attendent la satisfaction depuis des années ».

C’est la première fois en un peu plus de neuf ans que le bluff est de mise dans ce genre d’opération.

Deux semaines plus tard, le huitième chef de gouvernement post-Ben Ali abat ses cartes : il annonce le 10 août avoir décidé de former un gouvernement de compétences nationales indépendantes. Il n’en fallait pas plus pour déclencher un feu de barrage de certains partis politiques – notamment du plus important parmi eux, le mouvement Ennahdha –, mécontents d’être privés de jouer ce qu’ils estiment être leur rôle : gouverner.

« Le mouvement est opposé à la formation d’un gouvernement de compétences dans l’absolu et par principe parce que c’est une démarche non démocratique qui revient à dévaloriser les élections et leurs résultats […]. La démocratie, c’est le gouvernement des partis et non celui des compétences. Tous les partis ont des compétences qui doivent être au service du politique. Gouverner n’est pas une opération technique seulement, mais la capacité à avoir une vision, un projet et un discours constructif, capables de mobiliser les masses autour d’eux », a résumé le président du parti islamiste, dimanche 23 août, lors d’un meeting à Sfax.

Justifiant son choix par l’impossibilité de mettre d’accord les partis représentés à l’ARP, le chef du gouvernement désigné croit, comme beaucoup d’observateurs, que le parti islamiste n’a pas du tout envie d’aller en ce moment vers des élections législatives anticipées. Il table sur cela pour lui faire accepter un gouvernement de technocrates indépendants. Mais, forte de la majorité qu’elle détient à l’ARP, avec l’appoint de deux alliés (les partis Al Karama, composé de radicaux dissidents pour bon nombre d’Ennahdha, et Qalb Tounes « Le Cœur de la Tunisie »), cette formation menace de ne pas lui accorder sa confiance.

Peut-il se le permettre ? Il faut avoir présent à l’esprit que les nahdhaouis, qui dans une autre vie seraient de très grands joueurs de poker, sont passés maîtres dans l’art de la dissimulation et de la manœuvre. Sur la base de leurs déclarations, on pouvait croire que la présence au gouvernement est pour eux très importante, voire vitale. Ennahdha a fait partie de tous les gouvernements sans discontinuer depuis décembre 2011. Ce qui pourrait donner à penser que le parti de Rached Ghannouchi, devenu « accro » au pouvoir, à la suite de sa victoire aux élections du 23 octobre de cette année-là, n’est pas prêt à accepter d’en être privé. 

L’histoire récente pourrait les conforter dans cette position. Elyes Fakhfakh, chef du gouvernement sortant, lui aussi désigné par le président de la république, qui avait clamé haut et fort dès le début qu’il ne tiendrait pas compte des résultats des élections législatives de 2019 – où Ennahdha est arrivé premier – pour former son équipe, n’a-t-il pas fini par accorder au parti islamiste une portion non négligeable du gâteau gouvernemental – sept portefeuilles (transport et logistique, enseignement supérieur, affaires locales, jeunesse, sport, et équipement).

Il faut avoir présent à l’esprit que les nahdhaouis, qui dans une autre vie seraient de très grands joueurs de poker, sont passés maîtres dans l’art de la dissimulation et de la manœuvre.

Toutefois, sous la présidence du défunt Béji Caïd Essebsi (2014-2019), Ennahdha s’était contenté de beaucoup moins – un seul ministre (formation professionnelle et emploi) et trois secrétaires d’État. Avant cela, il s’était même résolu à accepter de n’avoir aucune présence dans l’équipe de Mehdi Jomaa, formée en 2014 par le Dialogue national, qui avait mis un terme à l’expérience de la Troïka (décembre 2011-janvier 2014) dominée par Ennahdha. Serait-il prêt à faire de même aujourd’hui ?

Ce n’était pas exclu si le parti islamiste obtenait des assurances. La première concerne le chef du gouvernement lui-même. Bien sûr, à la différence de Mehdi Jomaa – nommé en mars 2013 ministre de l’Industrie dans le deuxième gouvernement de la Troïka, dirigé par Ali Laarayedh –, Hichem Mechichi ne doit pas son entrée en politique à la formation islamiste. Mais, tout en réaffirmant sa détermination à ne pas nommer de politiques dans son équipe, le chef du gouvernement désigné s’est efforcé d’établir un dialogue constructif avec Ennahdha et les autres partis représentés à l’ARP, qu’il a consultés aussi bien sur la composition de son équipe que sur le programme économique que cette dernière compte mettre en application.

Donc, le parti islamiste est disposé à renoncer à toute présence au gouvernement. Toutefois il n’est pas prêt à voir n’importe qui y figurer, notamment aux postes auxquels il accorde le plus d’importance : les ministères de l’Intérieur et de la Justice. En particulier le premier, qui a toujours été confié à des personnalités proches du parti islamiste, ou, à tout le moins, qui ne lui sont pas hostiles. Sauf une fois, lorsque l’ancien président Béji Caïd Essebsi a choisi d’y nommer en 2017 l’ancien directeur général commandant de la Garde nationale Lotfi Brahem, connu pour son hostilité aux islamistes.

Ennahdha en a fait un casus belli et, en guise de riposte, s’est rangée aux côtés du chef du gouvernement d’alors, Youssef Chahed, dans la guerre que lui livrait Hafedh Caïd Essebsi, fils du président. Youssef Chahed n’a pas hésité à renvoyer l’ascenseur au parti islamiste en limogeant le ministre de l’Intérieur en qui il voyait un nouveau Ben Ali, le président qui avait le plus durement réprimé les islamistes.

Le parti islamiste est disposé à renoncer à toute présence au gouvernement. Toutefois il n’est pas prêt à voir n’importe qui y figurer:

Trois ans plus tard, Ennahdha craint de revivre ce cauchemar. Une fuite dévoilant une partie de la composition du nouveau gouvernement lui a donné de l’urticaire et l’a fait sortir de ses gonds car, affirment certains de ses responsables, M. Fethi Charfeddine, à qui devrait échoir le portefeuille de l’Intérieur est un partisan du président Kais Saied, ennemi juré du parti islamiste – il a dirigé sa campagne électorale dans la région de Sousse (centre du pays) –, est un homme qui ne porte pas les islamistes dans son cœur.

Est-ce à dire qu’il serait prêt à empêcher l’octroi de la confiance au nouveau gouvernement si cette nomination devait se confirmer ? Rien n’est moins sûr, car le contexte n’est plus celui d’il y a trois ans lorsque le parti de Rached Ghannouchi n’avait pu empêcher la nomination de Lotfi Brahim au ministère de l’Intérieur.

À l’époque, cette formation pesait beaucoup plus qu’aujourd’hui – avec 69 députés, contre 54 dans l’actuelle Assemblée – et, surtout, ne semblait pas avoir d’craindre une concurrence sérieuse sur le plan électoral. Ce n’est plus le cas puisque les sondages donnent régulièrement depuis trois mois comme largement favori lors d’éventuelles élections législatives le Parti destourien libre (PDL), la formation d’Abir Moussi, le plus farouche ennemi des islamistes. Dont ils savent pertinemment, d’autant qu’elle l’a réaffirmé haut et fort plus d’une fois, qu’elle sera sans pitié avec eux une fois au pouvoir. Les nahdhaouis seraient-ils assez fous pour lui en baliser le chemin ?

Les concessions faites par le chef du nouveau gouvernement devrait en toute logique inciter le parti islamiste à lui accorder sa confiance.


Israël: le ministre de la Défense avertit qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays

Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
Un an après le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne maintient toujours cinq positions dans le sud du Liban, avec des fortifications et des voies d'accès élargies, selon des images satellites analysées par l'AFP. (AFP)
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  • Israël avertit qu’aucun calme ne reviendra au Liban tant que sa propre sécurité ne sera pas garantie, intensifiant ses frappes malgré la trêve et affirmant vouloir désarmer le Hezbollah
  • L’Égypte tente de désamorcer les tensions, tandis que l’application du cessez-le-feu reste bloquée : l’armée libanaise dit vouloir démanteler les positions du Hezbollah, mais Israël et les États-Unis accusent Beyrouth de traîner

JERUSALEM: Le ministre de la Défense israélien a averti mercredi qu'il n'y aura "pas de calme" au Liban sans sécurité pour son pays, alors qu'Israël a intensifié ses opérations militaires au Liban ces dernières semaines, en dépit d'un accord de cessez-le-feu.

"Nous ne permettrons aucune menace contre les habitants du nord, et une pression maximale continuera à être exercée et même s'intensifiera", a déclaré Israël Katz lors d'une intervention devant le parlement israélien, avançant pour preuve "l'élimination" dimanche à Beyrouth du chef militaire du Hezbollah.

"Il n'y aura pas de calme à Beyrouth ni d'ordre et de stabilité au Liban tant que la sécurité de l'Etat d'Israël ne sera pas garantie", a ajouté M. Katz en affirmant que son pays allait désarmer le Hezbollah.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères a déclaré mercredi que son pays oeuvrait à la désescalade des tensions entre Israël et le mouvement armé libanais soutenu par l'Iran.

"Nous craignons toute escalade et nous sommes inquiets pour la sécurité et la stabilité du Liban", a déclaré ce ministre, Badr Abdel Ati, après sa rencontre avec le président libanais Joseph Aoun à Beyrouth mercredi.

"Nous engageons des efforts considérables pour épargner au Liban tout risque, ou toute atteinte, concernant sa sécurité", a-t-il ajouté.

Israël a frappé le Liban à plusieurs reprises malgré la trêve, affirmant régulièrement cibler les membres et les infrastructures du Hezbollah pour empêcher le groupe de se réarmer, ce qu'il nie être en train de faire.

En vertu de l'accord de cessez-le-feu, l'armée libanaise doit démanteler la présence militaire du Hezbollah sur une bande d'une trentaine de kilomètres entre la frontière avec Israël et le fleuve Litani, plus au nord.

L'armée a soumis un plan au gouvernement, dans lequel elle s'engage à accomplir cette tâche titanesque, avant de procéder par étapes sur le reste du territoire libanais. Mais les Etats-Unis et Israël accusent les autorités libanaises de tarder, face à la ferme opposition du Hezbollah.

Ce dernier invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban, dont l'accord de cessez-le-feu stipule pourtant que l'armée israélienne doit se retirer.


Soudan: le chef de l'armée exhorte Trump à mettre fin à la guerre

Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
Des filles soudanaises qui ont fui El-Fasher reçoivent une aide humanitaire au camp de déplacés d'Al-Afad, à Al-Dabba, dans le nord du Soudan, mardi. (AFP)
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  • Abdel Fattah al-Burhane appelle Donald Trump à intervenir pour imposer la paix au Soudan
  • Alors que les violences s’intensifient, les initiatives internationales peinent à avancer

PORT-SOUDAN : Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, en guerre depuis avril 2023 contre un groupe paramilitaire rival, a appelé mercredi le président américain Donald Trump à instaurer la paix.

« Le peuple soudanais se tourne désormais vers Washington pour la prochaine étape : s’appuyer sur l’honnêteté du président américain et travailler avec nous — ainsi qu’avec ceux dans la région qui recherchent sincèrement la paix — pour mettre fin à cette guerre », écrit le dirigeant de facto du Soudan dans une tribune publiée dans The Wall Street Journal.

Les tentatives de paix entre Burhane et son ancien adjoint, le chef des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdan Dagalo, ont échoué à maintes reprises au fil d’un conflit ayant fait des dizaines de milliers de morts, déplacé 12 millions de personnes et provoqué les pires crises de faim et de déplacement au monde.

Trump s’est intéressé pour la première fois à cette guerre la semaine dernière, promettant d’y mettre fin après avoir été exhorté à s’impliquer par le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.

« Le consensus parmi les Soudanais est que M. Trump est un dirigeant qui parle directement et agit avec détermination. Beaucoup estiment qu’il a la capacité de s’opposer aux acteurs étrangers qui prolongent notre souffrance », écrit Burhane.

Les États-Unis et les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, tentent actuellement de négocier une trêve.

Dans son texte de 1 200 mots publié mercredi, Burhane affirme qu’il s’agit de choisir « entre un État souverain qui tente de protéger ses citoyens et une milice génocidaire déterminée à détruire des communautés ».

Le gouvernement de Burhan est reconnu au niveau international, et en janvier, les États-Unis ont déterminé que la RSF avait commis un génocide dans la région occidentale du Darfour.

Mais ses propres forces ont également été accusées d’exactions depuis le début de la guerre, notamment d’avoir visé des civils et bombardé sans discrimination des zones résidentielles.

Le militaire de carrière, qui avait collaboré avec Dagalo en 2021 pour écarter les civils d’un gouvernement de transition, écrit mercredi : « J’ai longtemps reconnu que les FSR étaient une poudrière. »

Le chef des FSR, Dagalo, dont les combattants avaient été initialement recrutés par Khartoum pour mener ses guerres dans les périphéries du Soudan, était devenu le bras droit de Burhane après le soulèvement de 2018-2019.

Un long conflit de pouvoir, resté latent, a finalement explosé en guerre ouverte le 15 avril 2023.


Tunisie: l'ambassadeur UE convoqué par le président Saied pour «non respect des règles du travail diplomatique» 

Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés. (AFP)
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  • Le président Saied a exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques"
  • L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents

TUNISIE: Le président tunisien Kais Saied a convoqué mardi Giuseppe Perrone, ambassadeur de l'Union européenne, pour "lui exprimer une protestation ferme concernant le non-respect des règles diplomatiques", selon un bref communiqué officiel diffusé mercredi à l'aube qui ne précise pas les faits reprochés.

Le président Saied a également exprimé à son interlocuteur son rejet du "recours à des pratiques en dehors des cadres officiels reconnus par les usages diplomatiques".

Lundi, M. Perrone avait reçu Noureddine Taboubi, chef du principal syndicat tunisien UGTT -- qui a récemment menacé de déclencher une grève générale pour obtenir des hausses salariales -- et avait salué "le rôle important" de l'organisation "en faveur du dialogue social et du développement économique" en Tunisie, selon un communiqué de la délégation européenne à Tunis.

L'UGTT, ancienne co-lauréate du Prix Nobel de la Paix en 2015 pour sa contribution à la phase de démocratisation de la Tunisie, après la révolution de 2011 et la chute du président Zine El Abidine Ben Ali, revendique plus de 700.000 adhérents.

Le diplomate européen avait "réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs", selon la même source. De son côté, le secrétaire général de l'UGTT avait appelé à renforcer et développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne.

La semaine passée, M. Taboubi a présidé une réunion de l'UGTT où il a apporté son soutien à différents mouvements de grève en cours dans le secteur privé pour réclamer des augmentations de salaires. Il a salué le succès d'une grève générale ayant eu lieu dans la grande ville de Sfax (centre-est) et menacé d'organiser prochainement une grande grève au niveau national.

"L'organisation se dirige vers une grève générale pour défendre les acquis matériels et sociaux des travailleurs face aux difficultés quotidiennes".

M. Taboubi a dénoncé "une baisse du pouvoir d'achat" des Tunisiens face à "des conditions de vie précaires sur le plan des transports, de la santé et de la maladie", défendant "leur droit syndical à se défendre" afin d'obtenir "un salaire décent qui leur fait défaut actuellement".

Le salaire minimum en Tunisie est d'environ 520 dinars (150 euros) pour 48 heures par semaine. Le taux d'inflation reste très élevé notamment pour les produits alimentaires. Il est récemment revenu à environ 5% après avoir atteint un pic de 10% en 2023.