Tunisie : Hichem Mechichi et Ennahdha coupent la poire en deux

Quelques heures avant la fin du délai de trente jours que lui accorde la Constitution pour monter son équipe, le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, en a dévoilé la composition lundi 24 août 2020 à minuit. Ici, M. Mechichi présente sa formation au président tunisien Kais Saied. (Photo AFP).
Quelques heures avant la fin du délai de trente jours que lui accorde la Constitution pour monter son équipe, le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, en a dévoilé la composition lundi 24 août 2020 à minuit. Ici, M. Mechichi présente sa formation au président tunisien Kais Saied. (Photo AFP).
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Publié le Mardi 25 août 2020

Tunisie : Hichem Mechichi et Ennahdha coupent la poire en deux

  • Cette nouvelle formation n’a pas obtenu la nomination de cadres encartés Ennahda. En revanche, trois membres de la nouvelle équipe gouvernementale peuvent être considérés comme proches d’elle
  • Ce nouveau gouvernement est le treizième depuis la chute du président Ben Ali, le 14 janvier 2011

TUNIS : Le ministre de l’Intérieur chargé de former le nouveau gouvernement a choisi de faire des concessions au parti islamiste en intégrant à son équipe quatre personnalités qui en sont proches. En revanche, il n’a pas cédé à la demande de la formation du président du Parlement, Rached Ghannouchi, de retirer le portefeuille de l’Intérieur confié à un proche du président Kais Saied.

Quelques heures avant la fin du délai de trente jours que lui accorde la Constitution pour monter son équipe, le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, en a dévoilé la composition lundi 24 août 2020 à minuit. Le ministre de l’Intérieur, chargé de cette mission par le président Kais Saied, avait annoncé que son équipe est constituée de technocrates indépendants n’ayant pas de passé et, donc, pas de passif politique. Il a grosso modo tenu sa promesse, mais il a dû faire des concessions aux partis politiques, notamment au mouvement Ennahdha.

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Le Premier ministre arrive à Medea pour annoncer la formation de son cabinet. (Photo AFP).

Certes, cette formation n’a pas obtenu la nomination de cadres encartés. En revanche, trois membres de la nouvelle équipe gouvernementale peuvent être considérés comme proches d’elle. Le premier est Ahmed Adhoum, ministre des Affaires religieuses, nommé médiateur administratif par la Troïka – bâtie autour du parti islamiste – au lendemain de sa victoire aux élections du 23 octobre 2011 – qui avait gouverné la Tunisie de décembre 2011 à janvier 2014. Le deuxième est Fadhel Kraiem, qui avait succédé au nahdhaoui Anouar Maarouf au poste de ministre des Technologies de l’information et de la communication, qu’il garde, dans le gouvernement sortant. La troisième est Aksa Bahri (Agriculture), choisie comme secrétaire d'État auprès du ministre de l'Agriculture chargée des Ressources hydrauliques en 2020 par l’actuel ministre de l’Agriculture Oussama Kheriji, un nahdhaoui.

Othman Jerandi, le ministre des Affaires étrangères, est, lui, un homme de confiance d’Ennahdha, puisqu’il avait occupé le même poste dans le deuxième gouvernement de la Troïka. M. Jerandi avait été nommé en avril dernier conseiller spécial auprès du président Kais Saïed.

En revanche, le parti du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a dû accepter le maintien au poste de ministre de l’Intérieur de Taoufik Charfeddine, dont il avait critiqué la nomination – une fuite la semaine dernière – pour cause de proximité avec le président de la république – en guerre ouverte avec la formation islamiste – dont il a dirigé la campagne électorale dans la région de Sousse (centre du pays).

Quelques heures avant la fin du délai de trente jours que lui accorde la Constitution pour monter son équipe, le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, en a dévoilé la composition lundi 24 août 2020 à minuit.

Le nouveau gouvernement compte trois autres figures ayant déjà fait partie de ce monde : Thouraya Jribi, ministre de la Justice dans le gouvernement qui va passer le témoin, et qui va désormais s’occuper des relations avec les instances constitutionnelles ; Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires sociales, proche de l’UGTT, la centrale syndicale historique, qui a déjà occupé ce poste entre 2016 et 2019 ; et Ali Hafsi, qui rempile dans le fauteuil des relations avec le Parlement qu’il occupait dans le gouvernement sortant.

Quatre ministres parmi les nouveaux ne sont pas des inconnus, bien qu’ils fassent leur entrée au gouvernement pour la première fois. Le premier est M. Ali Kooli (Économie, finance et investissement), un banquier (CEO & managing directeur des filiales tunisiennes du groupe Bank ABC). Le deuxième est M. Moez Chakchouk (Transport et logistique) qui a dirigé La Poste tunisienne pendant trois ans avant d’être recruté par l’Unesco en mars 2018 comme sous-directeur général pour la communication et l'information. Le troisième est Mme Saloua Sghaier qui retrouve le ministère de l’Industrie où elle était directrice générale de l’Industrie avant d’être nommée PDG de la compagnie aérienne nationale Tunisair en 2014. Le quatrième est M. Habib Ammar qui rentre au bercail au ministère du Tourisme, où il a été notamment chef de cabinet (2008-2010) et directeur général de l’Office national du tourisme et du thermalisme (2010-2014). Depuis juillet 2015, il est président directeur général du groupe touristique Sousse Nord.

Tous les autres membres du gouvernement sont de nouveaux venus.

Qu’il s’agisse du ministre de la Défense, Brahim Baltagi, universitaire, professeur de droit, formé à la faculté de droit et de science politique de Tunis (la même par où est passé le président Kais Said) ; de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine (avocat) ; de la Justice, Mohamed Bousseta ; de l’Équipement, Kamel Doukh, directeur général de l'aménagement du territoire au sein de ce département ; des Domaines de l’État, Leila Jaffel, magistrat, président d’un tribunal ; de la Santé, Faouzi Mehdi, professeur agrégé de médecine préventive & communautaire à la faculté de médecine de Tunis ; de l’Environnement, Mohamed Aroui, directeur de l’Écologie dans ce ministère ; de la Culture, Walid Zidi ; de l’Éducation, Fethi Sellaouti, président de l’Université El Manar I ; de l’Enseignement supérieur, Olfa ben Ouda, enseignante à l'Institut des hautes études commerciales de Carthage ; de la Femme, Imen Houimel (jusque-là directrice générale des Affaires de la femme et de la famille) ; et du Commerce, Mohamed Bousaid, (ancien P.-DG de l’Office national de l’artisanat et du quotidien gouvernemental La Presse).

Ce nouveau gouvernement est le treizième depuis la chute du président Ben Ali, le 14 janvier 2011. Pourtant, c’est la première fois en un peu plus de neuf ans que le bluff est de mise dans ce genre d’opération. M. Mechichi a bien caché son jeu lors de sa première sortie médiatique. Après avoir reçu son ordre de mission des mains du président Kais Saïed, il déclare le 25 juillet 2020 que « cette confiance constitue une lourde responsabilité dans la situation que connaît le pays » et promet de « former un gouvernement répondant aux aspirations légitimes de tous les Tunisiens dont ils attendent la satisfaction depuis des années ».

C’est la première fois en un peu plus de neuf ans que le bluff est de mise dans ce genre d’opération.

Deux semaines plus tard, le huitième chef de gouvernement post-Ben Ali abat ses cartes : il annonce le 10 août avoir décidé de former un gouvernement de compétences nationales indépendantes. Il n’en fallait pas plus pour déclencher un feu de barrage de certains partis politiques – notamment du plus important parmi eux, le mouvement Ennahdha –, mécontents d’être privés de jouer ce qu’ils estiment être leur rôle : gouverner.

« Le mouvement est opposé à la formation d’un gouvernement de compétences dans l’absolu et par principe parce que c’est une démarche non démocratique qui revient à dévaloriser les élections et leurs résultats […]. La démocratie, c’est le gouvernement des partis et non celui des compétences. Tous les partis ont des compétences qui doivent être au service du politique. Gouverner n’est pas une opération technique seulement, mais la capacité à avoir une vision, un projet et un discours constructif, capables de mobiliser les masses autour d’eux », a résumé le président du parti islamiste, dimanche 23 août, lors d’un meeting à Sfax.

Justifiant son choix par l’impossibilité de mettre d’accord les partis représentés à l’ARP, le chef du gouvernement désigné croit, comme beaucoup d’observateurs, que le parti islamiste n’a pas du tout envie d’aller en ce moment vers des élections législatives anticipées. Il table sur cela pour lui faire accepter un gouvernement de technocrates indépendants. Mais, forte de la majorité qu’elle détient à l’ARP, avec l’appoint de deux alliés (les partis Al Karama, composé de radicaux dissidents pour bon nombre d’Ennahdha, et Qalb Tounes « Le Cœur de la Tunisie »), cette formation menace de ne pas lui accorder sa confiance.

Peut-il se le permettre ? Il faut avoir présent à l’esprit que les nahdhaouis, qui dans une autre vie seraient de très grands joueurs de poker, sont passés maîtres dans l’art de la dissimulation et de la manœuvre. Sur la base de leurs déclarations, on pouvait croire que la présence au gouvernement est pour eux très importante, voire vitale. Ennahdha a fait partie de tous les gouvernements sans discontinuer depuis décembre 2011. Ce qui pourrait donner à penser que le parti de Rached Ghannouchi, devenu « accro » au pouvoir, à la suite de sa victoire aux élections du 23 octobre de cette année-là, n’est pas prêt à accepter d’en être privé. 

L’histoire récente pourrait les conforter dans cette position. Elyes Fakhfakh, chef du gouvernement sortant, lui aussi désigné par le président de la république, qui avait clamé haut et fort dès le début qu’il ne tiendrait pas compte des résultats des élections législatives de 2019 – où Ennahdha est arrivé premier – pour former son équipe, n’a-t-il pas fini par accorder au parti islamiste une portion non négligeable du gâteau gouvernemental – sept portefeuilles (transport et logistique, enseignement supérieur, affaires locales, jeunesse, sport, et équipement).

Il faut avoir présent à l’esprit que les nahdhaouis, qui dans une autre vie seraient de très grands joueurs de poker, sont passés maîtres dans l’art de la dissimulation et de la manœuvre.

Toutefois, sous la présidence du défunt Béji Caïd Essebsi (2014-2019), Ennahdha s’était contenté de beaucoup moins – un seul ministre (formation professionnelle et emploi) et trois secrétaires d’État. Avant cela, il s’était même résolu à accepter de n’avoir aucune présence dans l’équipe de Mehdi Jomaa, formée en 2014 par le Dialogue national, qui avait mis un terme à l’expérience de la Troïka (décembre 2011-janvier 2014) dominée par Ennahdha. Serait-il prêt à faire de même aujourd’hui ?

Ce n’était pas exclu si le parti islamiste obtenait des assurances. La première concerne le chef du gouvernement lui-même. Bien sûr, à la différence de Mehdi Jomaa – nommé en mars 2013 ministre de l’Industrie dans le deuxième gouvernement de la Troïka, dirigé par Ali Laarayedh –, Hichem Mechichi ne doit pas son entrée en politique à la formation islamiste. Mais, tout en réaffirmant sa détermination à ne pas nommer de politiques dans son équipe, le chef du gouvernement désigné s’est efforcé d’établir un dialogue constructif avec Ennahdha et les autres partis représentés à l’ARP, qu’il a consultés aussi bien sur la composition de son équipe que sur le programme économique que cette dernière compte mettre en application.

Donc, le parti islamiste est disposé à renoncer à toute présence au gouvernement. Toutefois il n’est pas prêt à voir n’importe qui y figurer, notamment aux postes auxquels il accorde le plus d’importance : les ministères de l’Intérieur et de la Justice. En particulier le premier, qui a toujours été confié à des personnalités proches du parti islamiste, ou, à tout le moins, qui ne lui sont pas hostiles. Sauf une fois, lorsque l’ancien président Béji Caïd Essebsi a choisi d’y nommer en 2017 l’ancien directeur général commandant de la Garde nationale Lotfi Brahem, connu pour son hostilité aux islamistes.

Ennahdha en a fait un casus belli et, en guise de riposte, s’est rangée aux côtés du chef du gouvernement d’alors, Youssef Chahed, dans la guerre que lui livrait Hafedh Caïd Essebsi, fils du président. Youssef Chahed n’a pas hésité à renvoyer l’ascenseur au parti islamiste en limogeant le ministre de l’Intérieur en qui il voyait un nouveau Ben Ali, le président qui avait le plus durement réprimé les islamistes.

Le parti islamiste est disposé à renoncer à toute présence au gouvernement. Toutefois il n’est pas prêt à voir n’importe qui y figurer:

Trois ans plus tard, Ennahdha craint de revivre ce cauchemar. Une fuite dévoilant une partie de la composition du nouveau gouvernement lui a donné de l’urticaire et l’a fait sortir de ses gonds car, affirment certains de ses responsables, M. Fethi Charfeddine, à qui devrait échoir le portefeuille de l’Intérieur est un partisan du président Kais Saied, ennemi juré du parti islamiste – il a dirigé sa campagne électorale dans la région de Sousse (centre du pays) –, est un homme qui ne porte pas les islamistes dans son cœur.

Est-ce à dire qu’il serait prêt à empêcher l’octroi de la confiance au nouveau gouvernement si cette nomination devait se confirmer ? Rien n’est moins sûr, car le contexte n’est plus celui d’il y a trois ans lorsque le parti de Rached Ghannouchi n’avait pu empêcher la nomination de Lotfi Brahim au ministère de l’Intérieur.

À l’époque, cette formation pesait beaucoup plus qu’aujourd’hui – avec 69 députés, contre 54 dans l’actuelle Assemblée – et, surtout, ne semblait pas avoir d’craindre une concurrence sérieuse sur le plan électoral. Ce n’est plus le cas puisque les sondages donnent régulièrement depuis trois mois comme largement favori lors d’éventuelles élections législatives le Parti destourien libre (PDL), la formation d’Abir Moussi, le plus farouche ennemi des islamistes. Dont ils savent pertinemment, d’autant qu’elle l’a réaffirmé haut et fort plus d’une fois, qu’elle sera sans pitié avec eux une fois au pouvoir. Les nahdhaouis seraient-ils assez fous pour lui en baliser le chemin ?

Les concessions faites par le chef du nouveau gouvernement devrait en toute logique inciter le parti islamiste à lui accorder sa confiance.


Soudan: le chef de l'armée qualifie la proposition de trêve envoyée par l'émissaire américain de «la pire» jusqu'ici

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  • Dans une vidéo diffusée dimanche, il a également rejeté la dernière proposition de trêve soumise par l’émissaire américain Massad Boulos, la qualifiant de « pire » proposition reçue jusqu’ici
  • Le Conseil de souveraineté, présidé par Burhane, s’est pour sa part dit disposé à coopérer avec les États-Unis et l’Arabie saoudite pour relancer un processus de paix

PORT-SOUDAN: Le chef de l’armée soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, a affirmé dimanche que le groupe médiateur appelé le « Quad » — composé des États-Unis, de l’Arabie saoudite et de l’Égypte — ne pouvait jouer un rôle neutre dans les efforts visant à mettre fin au conflit entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR).

Dans une vidéo diffusée dimanche, il a également rejeté la dernière proposition de trêve soumise par l’émissaire américain Massad Boulos, la qualifiant de « pire » proposition reçue jusqu’ici. Selon lui, elle ne tient pas compte des réalités du terrain et ne garantit pas une cessation durable des hostilités.

Le conflit, qui a fait des milliers de morts et provoqué le déplacement de millions de personnes depuis avril 2023, reste au cœur des préoccupations internationales. Washington s’est récemment dit déterminé à mettre fin aux « atrocités » commises au Soudan, à la suite d’un appel du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane en faveur d’un engagement américain plus fort.

Le Conseil de souveraineté, présidé par Burhane, s’est pour sa part dit disposé à coopérer avec les États-Unis et l’Arabie saoudite pour relancer un processus de paix.

En septembre, le Quad avait proposé un plan comprenant une trêve de trois mois et l’exclusion tant du gouvernement actuel que des FSR de la transition post-conflit, une clause rejetée par l’armée. Début novembre, les paramilitaires avaient annoncé accepter une trêve humanitaire après avoir pris El-Fasher, dernier bastion de l’armée au Darfour, où l’ONU a signalé de graves violations.

Désormais maîtres de la quasi-totalité de la région, les FSR ont intensifié leurs offensives dans le voisin Kordofan, riche en pétrole.


Une délégation du Hamas discute au Caire de la trêve à Gaza

Une délégation du Hamas discute au Caire de la trêve à Gaza
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  • Menée par le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, la délégation est arrivée samedi dans la capitale égyptienne pour des entretiens dimanche avec Hassan Rashad
  • Sur place, le Hamas "a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre la première phase de l'accord (de cessez-le-feu), soulignant l'importance de mettre un terme aux violations israéliennes"

LE CAIRE: Une délégation du Hamas s'est engagée dimanche au Caire à respecter la "première phase" de l'accord de trêve dans la bande de Gaza lors d'un entretien avec le chef des services de renseignement égyptiens, a indiqué le mouvement islamiste palestinien.

Menée par le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya, la délégation est arrivée samedi dans la capitale égyptienne pour des entretiens dimanche avec Hassan Rashad, avaient indiqué à l'AFP deux responsables du mouvement, précisant que la deuxième phase de la trêve devait également être abordée.

Sur place, le Hamas "a réaffirmé son engagement à mettre en œuvre la première phase de l'accord (de cessez-le-feu), soulignant l'importance de mettre un terme aux violations israéliennes (...) et la nécessité d'un mécanisme clair et précis, sous l'égide et le contrôle des médiateurs, permettant de leur signaler immédiatement toute violation", a affirmé le mouvement dans un communiqué.

Ces derniers jours, Israël et le Hamas se sont accusés mutuellement de violer la trêve entrée en vigueur le 10 octobre sous pression américaine après deux ans de guerre déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement contre Israël le 7 octobre 2023.

Samedi, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé des cibles" du Hamas, faisant 21 morts selon la Défense civile locale, en réponse selon elle à l'attaque d'un "terroriste armé" contre ses soldats.

L'accord de trêve a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

La deuxième phase prévoit notamment la mise en place d'une autorité transitoire pour administrer Gaza et le déploiement d'une force internationale pour assurer la sécurité du territoire et désarmer le Hamas et les autres factions armées sur place.

Le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance future du territoire selon le plan Trump adopté par le Conseil de sécurité de l'ONU, refuse pour l'heure de désarmer.

"La nature de la deuxième phase de l'accord" a fait l'objet de discussions au Caire, a indiqué le mouvement, ajoutant avoir aussi évoqué le sort de "combattants" à Rafah (sud) avec lesquels les communications sont "interrompues".

Selon plusieurs médias, jusqu'à 200 combattants du Hamas seraient coincés dans des tunnels de Gaza sous une partie du territoire où s'est redéployée l'armée israélienne dans le cadre de l'accord.


Israël tue le chef militaire du Hezbollah dans une frappe sur la banlieue de Beyrouth

Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises. (AFP)
Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises. (AFP)
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  • Israël tue le chef militaire du Hezbollah dans une frappe sur la banlieue de Beyrouth
  • L'armée israélienne a affirmé avoir tué Haitham Ali Tabatabai dans une cinquième frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah

BEYROUTH: Israël a tué dimanche le chef militaire du Hezbollah lors d'une frappe sur la banlieue sud de Beyrouth dimanche qui a visé un immeuble d'un quartier densément peuplé, faisant cinq morts selon les autorités libanaises.

C'est le plus haut responsable du Hezbollah à être tué depuis la fin il y a près d'an de la guerre meurtrière qui a opposé le mouvement pro-iranien à Israël et dont il est sorti décapité.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué Haitham Ali Tabatabai dans une cinquième frappe sur la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, depuis l'entrée en vigueur du cessez-le feu. Un peu plus tard, en soirée, le mouvement islamiste a confirmé que "le grand dirigeant" Tabatabai a été tué "à la suite d'une agression israélienne".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a assuré qu'Israël "ne permettra pas au Hezbollah de reconstruire son pouvoir" et appelé le gouvernement libanais à "respecter son engagement à désarmer le Hezbollah" à la suite de cette attaque qui intervient une semaine avant la visite du pape Léon XIV au Liban.

Tabatabai, présenté par l'armée israélienne comme "le plus important commandant du Hezbollah", avait été promu chef militaire du Hezbollah après la mort des principaux responsables militaires du mouvement durant la guerre avec Israël.

"Comme un éclair" 

Dans le quartier qui a été visé, la frappe a touché les troisième et quatrième étages d'un immeuble de neuf étages, et laissé plusieurs voitures calcinées à son pied, a constaté un journaliste de l'AFP.

Il a vu les secouristes évacuer un corps enveloppé dans un sac blanc et au moins six blessés, dont trois femmes, de l'immeuble au rez-de-chaussée duquel s'alignent une pâtisserie, un magasin de jouets et une boutique d'électroménagers.

"Je rendais visite à ma mère et j'étais sur le balcon", a raconté à l'AFP un homme qui se trouvait dans un immeuble faisant face au bâtiment touché. "Il y a eu comme un éclair, puis j'ai percuté la balustrade et tout le verre s'est brisé", a ajouté ce quadragénaire en état de choc, qui n'a pas voulu dire son nom.

Cinq personnes ont été tuées et 28 blessées, selon le ministère libanais de la Santé.

Benjamin Netanyahu, qui avait juré de "faire tout le nécessaire" pour empêcher un renforcement du mouvement pro-iranien, "a ordonné l'attaque sur recommandation du ministre de la Défense et du chef d'état-major", selon ses services.

Le président libanais Joseph Aoun a, lui, appelé la communauté internationale à "intervenir sérieusement et avec force pour mettre fin aux attaques contre le Liban" menées par Israël, soulignant que le Liban respectait de son côté le cessez-le-feu.

Yémen et Syrie 

Israël a récemment intensifié ses frappes dans les bastions du Hezbollah au sud et à l'est du Liban, où il affirme viser le mouvement chiite qu'il accuse de violer le cessez-le-feu en se réarmant et réactivant ses infrastructures.

Le Hezbollah avait lancé les hostilités en ouvrant un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre 2023. Un cessez-le-feu est en vigueur dans le territoire palestinien depuis le 10 octobre.

"Nous continuerons à agir avec force pour prévenir toute menace contre les habitants du nord et l'Etat d'Israël. Quiconque lèvera la main contre Israël verra sa main coupée", a martelé le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.

Le nom de Tabatabai, né en 1968 selon le communiqué du Hezbollah, était inconnu du grand public au Liban.

Il était, avant de prendre ses fonctions, "responsable du dossier du Yémen" au sein du Hezbollah, qui soutient les rebelles houthis, selon une source proche de la formation pro-iranienne.

Il avait également occupé des fonctions en Syrie où la formation soutenait militairement le pouvoir de Bachar al-Assad, selon les Etats-Unis qui l'avaient placé sur leur liste des personnes liées au terrorisme.

Le Hezbollah est sorti affaibli du conflit avec Israël, qui a culminé en deux mois de guerre ouverte avant la trêve, et assure depuis respecter le cessez-le-feu.

Pour leur part, les autorités libanaises accusent régulièrement Israël de violer l'accord de cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, en poursuivant ses frappes et en continuant d'occuper cinq points stratégiques du sud du territoire libanais.

Les Etats-Unis font dans le même temps pression sur le gouvernement libanais pour qu'il oblige le Hezbollah à rendre ses armes, ce que le groupe a jusqu'à présent refusé de faire.