Borrell: Loukachenko va sentir «le poids» des sanctions de l'UE

Le chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, arrive pour le deuxième jour du sommet de l'UE au bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 25 mai 2021 / AFP
Le chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, arrive pour le deuxième jour du sommet de l'UE au bâtiment du Conseil européen à Bruxelles, le 25 mai 2021 / AFP
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Publié le Jeudi 27 mai 2021

Borrell: Loukachenko va sentir «le poids» des sanctions de l'UE

  • Les Vingt-Sept ont riposté en interdisant aux compagnies aériennes bélarusses l'accès à l'Union européenne et en demandant aux transporteurs européens de ne pas survoler son espace aérien
  • Outre des propositions de nouvelles sanctions frappant des secteurs économiques dont Minsk tire profit, ils ont demandé l'ajout de noms à la liste des 88 personnalités du régime et aux sept entreprises déjà inscrites sur une liste noire

LISBONNE: L'UE a l'intention de faire payer le prix fort au président bélarusse Alexandre Loukachenko pour le détournement dimanche vers Minsk d'un avion de ligne européen afin d'arrêter un opposants au régime, a déclaré à l'AFP le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

"Les chefs d'État et de gouvernement nous ont demandé lundi de proposer des sanctions économiques sectorielles, ce que nous n'avons pas l'habitude de faire dans l'UE", a-t-il expliqué lors d'un entretien mercredi soir à Lisbonne, à la veille d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE.

"Le Bélarus est un gros exportateur de potasse : 2,5 milliards de dollars. Tout passe par les pays baltes. Il est facile de le contrôler, si on le veut vraiment", a-t-il déclaré. "On peut aussi imaginer que le gaz russe qui arrive en Europe via le Bélarus pourrait arriver par un autre gazoduc. Le Bélarus perdrait les droits de transit, ce qui n'est pas négligeable".

Alexandre Loukachenko a suscité l'indignation des Occidentaux en envoyant dimanche un avion de chasse pour intercepter un vol Ryanair reliant Athènes à Vilnius, à bord duquel voyageaient le journaliste dissident bélarusse Roman Protassevitch et son amie Sofia Sapega, qui ont été arrêtés.

Les Vingt-Sept ont riposté en interdisant aux compagnies aériennes bélarusses l'accès à l'Union européenne et en demandant aux transporteurs européens de ne pas survoler son espace aérien.

Outre des propositions de nouvelles sanctions frappant des secteurs économiques dont Minsk tire profit, ils ont demandé l'ajout de noms à la liste des 88 personnalités du régime et aux sept entreprises déjà inscrites sur une liste noire pour leur implication dans la répression de l'opposition bélarusse.

"Détourner un avion pour arrêter un passager, cela nécessitait une réaction forte (...). Si on n'employait pas maintenant le langage du pouvoir, cela serait la preuve qu'on ne veut pas le faire", estime M. Borrell.

"Les Européens hésitent toujours à prendre des sanctions économiques, mais cette fois nous devons vraiment prendre des mesures dont Loukachenko sente le poids", a-t-il souligné, ajoutant que cela pouvait être fait "rapidement". 

Le casse-tête russe

Les ministres des Affaires étrangères de l'UE, réunis jeudi au Portugal, devraient entamer des discussions sur ces sanctions mais aucune décision n'est attendue dans l'immédiat.

Si l'atterrissage forcé de l'avion a propulsé le Bélarus en tête des priorités de l'UE, M. Borrell a prévenu qu'à plus long terme, l'Union aura davantage de difficultés à gérer sa relation avec la Russie, principal soutien de M. Loukachenko.

"Tout ne peut pas être réalisé par des sanctions. Avec la dynamique +Je te sanctionne, tu me sanctionnes+, nous entrons dans une spirale", a-t-il averti.

Les dirigeants européens ont demandé un rapport sur la Russie en juin avec des options d'actions. "Mais j'insiste : on ne nous a pas demandé de sanctions", précise M. Borrell.

Pour lui, le président russe Vladimir Poutine a opté pour la "confrontation" avec l'UE et "devient de plus en plus autoritaire" chez lui. "Mais nous devons être prudents. Face à la Russie, nous avons besoin de l'unité de l'UE pour réussir à l'arrêter lorsqu'elle viole le droit international, mais nous devons aussi être capables de lui parler".

"Malheureusement, l'UE ne parvient pas toujours à trouver l'unité. Chaque État a ses intérêts et la tentation de certains est de faire cavalier seul".

 

Les parents du journaliste bélarusse arrêté appellent à l'aide

Les parents de Roman Protassevitch, le journaliste dissident arrêté par le régime bélarusse après le détournement de son vol contraint d'atterrir à Minsk, ont lancé jeudi un appel à l'aide pour la libération de leur fils.

"Je veux m'adresser à vous en tant que mère de Roman, je veux que vous entendiez mon cri, le cri de mon âme, afin que vous compreniez à quel point c'est difficile pour nous maintenant et à quel point nous vivons cette absurdité, cette situation", a déclaré Natalia Protassevitch lors d'une conférence de presse à Varsovie. 

"Je veux que vous transmettiez notre demande partout à travers le monde, aux représentants des gouvernements, aux pays de l'UE, aux dirigeants de l'UE, aux dirigeants américains: je crie, je vous en supplie, aidez-moi à libérer mon fils", a-t-elle ajouté visiblement émue. 

Le père de Roman, Dmitry a souligné que son fils était "un homme solide". 

"Tout au long de sa vie, il a lutté pour la vérité et l'a transmise aux gens, c'est pourquoi Loukachenko a commis cet acte ignoble", a-t-il dit ajoutant que son fils était "un héros". 

Les parents de Roman Protassevitch ont déménagé en Pologne il y a huit mois, après avoir connu la répression dirigée contre les manifestations sans précédent qui ont suivi une élection présidentielle contestée en août 2020. 

Ulcérés par le déroutement dimanche vers Minsk d'un avion de ligne afin d'arrêter Roman Protassevitch par le régime bélarusse, les dirigeants de l'UE ont décidé dès le lendemain d'interdire leur espace et leurs aéroports aux appareils de ce pays et recommandé aux compagnies aériennes de l'UE d'éviter son espace aérien.

Ils ont également demandé la mise en oeuvre d'un nouveau train de sanctions.

Jeudi, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a indiqué à l'AFP que les exportations de potasse et le transit du gaz russe, deux importantes sources de revenus pour le Bélarus, étaient deux pistes pour les sanctions économiques étudiées par l'UE.

Dépendance envers Washington

La relation avec Washington est un autre exemple des divisions entre Européens.

"Il y a des pays qui s'aligneront toujours sur les positions américaines et d'autres qui ont une vision plus autonome", a-t-il souligné.

"Chaque fois que je prononce les mots +autonomie stratégique+, il y a des États membres qui disent +Vous voulez que nous prenions nos distances avec les États-Unis, vous voulez affaiblir l'Otan+. Mais cela n'a rien à voir", a-t-il insisté.

"J'ai parfois l'impression que certains se sentent beaucoup plus rassurés par un état de dépendance dans le partenariat avec les États-Unis", regrette-t-il.

"Il n'y a pas d'alternative à l'Otan pour la défense territoriale de l'Europe. Mais il y a des problèmes pour lesquels nous, Européens, devrions être capables d'apporter une solution car ni l'Otan, ni les États-Unis ne s'en occuperont".


Trump assure que l'économie va décoller mais reconnaît un risque de récession

Des camions transportant des conteneurs sont vus au port de Los Angeles le 30 avril 2025 dans le quartier de San Pedro à Los Angeles, en Californie. Dans le port de Los Angeles, la valse des grues déchargeant les conteneurs acheminés d'Asie par d'immenses navires s'est déréglée ces derniers jours : ce baromètre de l'économie américaine tourne au ralenti en raison de la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump. (AFP)
Des camions transportant des conteneurs sont vus au port de Los Angeles le 30 avril 2025 dans le quartier de San Pedro à Los Angeles, en Californie. Dans le port de Los Angeles, la valse des grues déchargeant les conteneurs acheminés d'Asie par d'immenses navires s'est déréglée ces derniers jours : ce baromètre de l'économie américaine tourne au ralenti en raison de la guerre commerciale lancée par le président américain Donald Trump. (AFP)
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  • Donald Trump a assuré vendredi que ses choix politiques allaient, au bout du compte, doper l'économie américaine, tout en reconnaissant l’existence d'un risque de récession dans un premier temps
  • Le produit intérieur brut des Etats-Unis s'est contracté au premier trimestre 2025 (-0,3% en rythme annualisé), pour les débuts du second mandat du président

WASHINGTON: Donald Trump a assuré vendredi que ses choix politiques allaient, au bout du compte, doper l'économie américaine, tout en reconnaissant l’existence d'un risque de récession dans un premier temps.

Le produit intérieur brut des Etats-Unis s'est contracté au premier trimestre 2025 (-0,3% en rythme annualisé), pour les débuts du second mandat du président, selon des chiffres publiés mercredi.

"C'est une période de transition, et je pense que ça va super bien se passer", a déclaré Donald Trump à la chaîne NBC News, selon un extrait diffusé vendredi d'un entretien à paraître entièrement dimanche.

Interrogé sur le risque d'une récession aux Etats-Unis, le président américain a répondu que "tout peut se passer."

"Mais je pense que nous allons avoir la plus grande économie de l'histoire de notre pays. Je pense que nous allons observer le plus grand boom économique de l'histoire", a-t-il déclaré à NBC.

Le milliardaire républicain a déclenché une guerre commerciale en imposant d'importants droits de douane à de très nombreux pays, faisant initialement chuter les cours à Wall Street.

Mais les marchés ont terminé vendredi la semaine en hausse après des chiffres de l'emploi meilleurs qu'attendu.


Vatican: la cheminée sur la chapelle Sixtine installée en vue du conclave

Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai. (AFP)
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  • Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans
  • À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle

CITE DU VATICAN: Le Vatican a installé vendredi une cheminée au sommet de la chapelle Sixtine en vue du conclave qui débutera le 7 mai, a constaté une journaliste de l'AFP.

À l'issue de chaque session de vote des cardinaux réunis à l'intérieur de la chapelle, les bulletins sont brûlés dans un poêle. La cheminée, visible depuis la place Saint-Pierre, émet alors une fumée noire si aucun pape n'a été élu, ou une fumée blanche en cas d'élection, par ajout de produits chimiques.

Les cardinaux du monde entier ont été rappelés à Rome à la suite du décès du pape François, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans.

Les 133 "Princes de l'Eglise" âgés de moins de 80 ans et donc habilités à élire son successeur - il y en a 135 mais deux se sont fait porter pâle - se réuniront à partir du 7 mai pour commencer à voter en secret, au cours d'un processus qui devrait durer plusieurs jours.

Le premier jour, ils voteront une fois, puis deux fois le matin et deux fois l'après-midi.

Pour qu'un cardinal soit élu, il doit obtenir la majorité des deux tiers requise, soit au moins 89 voix.

Si aucun candidat n'obtient suffisamment de voix lors du premier vote du matin, les cardinaux procéderont à un second vote, et ce n'est qu'à ce moment-là qu'il y aura de la fumée.

Il en va de même pour la session de l'après-midi : si un pape est élu lors du premier vote, il y aura de la fumée blanche, mais si ce n'est pas le cas, les cardinaux procéderont à un second vote sans brûler les bulletins.

Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d'autres séries de scrutins sont organisées jusqu'à l'élection définitive.


Washington condamne les violences contre les Druzes en Syrie

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
Le ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad al-Shaibani, rencontre d'autres diplomates au siège des Nations Unies à New York, le 29 avril 2025. (Getty Images via AFP)
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  • Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, de Bachar al-Assadr
  • Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence

WASHINGTON: Les Etats-Unis ont condamné jeudi les violences contre la communauté druze en Syrie, parlant d'actes "répréhensibles et inacceptables".

"Les violences récentes et la rhétorique incendiaire visant les membres de la communauté druze en Syrie sont répréhensibles et inacceptables", a déclaré Tammy Bruce, porte-parole du département d'Etat, dans un communiqué.

"Les autorités intérimaires doivent faire cesser les combats, tenir les auteurs de violences et de dommages aux civils responsables de leurs actes et assurer la sécurité de tous les Syriens", a-t-elle ajouté.

Le plus influent chef religieux druze en Syrie s'en est pris au pouvoir du président Ahmad al-Chareh jeudi, dénonçant une "campagne génocidaire" contre sa communauté, après que des affrontements confessionnels ont fait plus de 100 morts en début de semaine selon une ONG.

Les Etats-Unis ont confirmé par ailleurs jeudi avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne et ont appelé les autorités intérimaires à prendre des mesures contre le sectarisme, alors que la minorité druze est victime d'une flambée de violence.

Vendredi dernier, le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, a hissé le drapeau de son nouveau pays au siège des Nations unies, marquant ainsi un nouveau chapitre après le renversement, en décembre, du dirigeant de longue date Bachar al-Assad.

La porte-parole du département d'Etat a confirmé que des représentants américains avaient rencontré la délégation syrienne à New York mardi.

Elle a indiqué que les Etats-Unis ont exhorté les autorités post-Assad à "choisir des politiques qui renforcent la stabilité", sans fournir d'évaluation sur les progrès accomplis.