Au coeur d'une crise diplomatique, le chef du Polisario entendu par un juge espagnol

Hospitalisé depuis le mois d'avril à Logroño pour des complications liées au Covid-19, Brahim Ghali sera interrogé en visio-conférence depuis l'hôpital de cette ville du nord de l'Espagne.Photo d'archive RYAD KRAMDI / AFP
Hospitalisé depuis le mois d'avril à Logroño pour des complications liées au Covid-19, Brahim Ghali sera interrogé en visio-conférence depuis l'hôpital de cette ville du nord de l'Espagne.Photo d'archive RYAD KRAMDI / AFP
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Publié le Mardi 01 juin 2021

Au coeur d'une crise diplomatique, le chef du Polisario entendu par un juge espagnol

  • Hospitalisé depuis le mois d'avril à Logroño pour des complications liées au Covid-19, Brahim Ghali sera interrogé en visio-conférence depuis l'hôpital de cette ville du nord de l'Espagne par un juge du haut tribunal madrilène de l'Audience nationale
  • A l'issue de son enquête, le juge pourra décider de le poursuivre ou de prononcer un non-lieu

MADRID: Le chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario, visé par deux plaintes pour "tortures" et "génocide", va être entendu mardi par la justice en Espagne, où son accueil pour y être soigné a été l'étincelle d'une crise majeure entre Rabat et Madrid. 

Hospitalisé depuis le mois d'avril à Logroño pour des complications liées au Covid-19, Brahim Ghali sera interrogé en visio-conférence depuis l'hôpital de cette ville du nord de l'Espagne par un juge du haut tribunal madrilène de l'Audience nationale, lors d'une audience fermée au public prévue à 10H30 (08H30 GMT).

Le chef du Front Polisario et président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, autoproclamée en 1976) n'a été inculpé dans aucun de ces deux dossiers. A l'issue de son enquête, le juge pourra décider de le poursuivre ou de prononcer un non-lieu. 

Il n'en reste pas moins que cette audition est au centre de toutes les attentions en Espagne et au Maroc après plus d'un mois de tensions au plus haut niveau avec, en point d'orgue, l'arrivée mi-mai de près de 10.000 migrants dans l'enclave espagnole de Ceuta.

Dossiers rouverts

A l'origine de cette audition, une plainte "pour arrestation illégale, tortures et crimes contre l'humanité" déposée en 2020 par Fadel Breika, dissident du Front Polisario naturalisé espagnol, qui affirme avoir été victime de "tortures" dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie.

Classée, cette plainte a été rouverte en début d'année.

Datant de 2007, le deuxième dossier sur lequel sera entendu Brahim Ghali, lui aussi précédemment classé, a été rouvert à la faveur de la présence en Espagne du chef du Polisario. 

Il s'agit d'une plainte déposée en 2007 par l'Association sahraouie pour la défense des droits de l'homme (ASADEDH) pour "génocide", "assassinat", "terrorisme", "tortures" ou "disparitions", commis là encore dans les camps de Tindouf, d'après cette organisation basée en Espagne.

Estimant qu'il n'y avait "pas d'indices clairs" de la participation" de Brahim Ghali aux délits décrits dans cette deuxième plainte, le juge a refusé de confisquer ses papiers au chef du Polisario pour l'empêcher de quitter l'Espagne, comme le réclamaient les plaignants.

Brahim Ghali avait déjà été cité à comparaître dans le cadre de cette plainte en 2016 alors qu'il devait se rendre en Espagne pour y participer à une conférence de soutien au peuple sahraoui, mais il avait finalement annulé son voyage.

Lundi, le ministère marocain des Affaires étrangères a averti que la crise n'allait "pas se résoudre avec la seule audition" du chef du Polisario et réclamé de nouveau une enquête "transparente" sur les conditions de son arrivée en Espagne alors que le Maroc l'accuse d'avoir voyagé "avec un passeport falsifié". 

Dans une nouvelle série d'échanges vigoureux, Rabat a par ailleurs souligné que cette crise était "un test pour la fiabilité" du partenariat entre les deux pays.

Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a rétorqué qu'il était "inadmissible" que le Maroc ait pu "attaquer les frontières de l'Espagne" en laissant entrer des migrants à Ceuta en raison de "différents en matière de politique étrangère".

"Criminel de guerre" pour Rabat

"En danger de mort", le chef du Polisario est arrivé en Espagne, selon le quotidien El Pais, dans le plus grand secret le 18 avril, à bord d'un avion médicalisé de la présidence algérienne et muni d'un "passeport diplomatique". 

Il a ensuite été admis à l'hôpital de Logroño sous un faux nom "pour des raisons de sécurité", ce qui a amené le juge à envoyer début mai des policiers sur place pour vérifier son identité et l'informer de sa convocation.

En représailles à l'accueil de celui que Rabat considère comme un "criminel de guerre", les forces marocaines ont ouvert les vannes il y a deux semaines à la frontière à Ceuta, provoquant une vague migratoire inédite.

Territoire désertique de 266.000 km2 situé au nord de la Mauritanie, le Sahara occidental est considéré comme un "territoire non autonome" par l'ONU, en l'absence d'un règlement définitif.

Soutenu par l'Algérie, le Front Polisario réclame un référendum d'autodétermination tandis que le Maroc propose une autonomie sous sa souveraineté.


Liban: deux morts dans une frappe israélienne à Baalbeck 

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien. (AFP)
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  • L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco
  • Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes

BEYROUTH: Au moins deux personnes ont été tuées mercredi dans une frappe israélienne contre une voiture dans la ville de Baalbeck, dans l'est du Liban, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

L'agence nationale d'information ANI a rapporté que la frappe avait été menée par un "drone israélien" dans la ville millénaire qui abrite un ensemble de temples romains classés au patrimoine mondial de l'Unesco.

Ni ANI ni le ministère n'ont fourni d'autres précisions sur ce raid ou sur l'identité des victimes.

Israël mène régulièrement des attaques au Liban, affirmant cibler le Hezbollah, malgré un accord de cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à plus d'un an de conflit, dont deux mois de guerre ouverte, entre Israël et le mouvement libanais pro-iranien.

Sous pression américaine et craignant une intensification des frappes israéliennes, le gouvernement libanais a ordonné le mois dernier à l'armée d'élaborer un plan visant à désarmer le Hezbollah, sorti très affaibli par la guerre.

Selon Beyrouth, l'armée libanaise doit achever ce désarmement d'ici trois mois en ce qui concerne le sud du pays, proche de la frontière avec Israël.

 


Attaques israéliennes à Doha: le Qatar s'entretient avec la présidente de la CPI

L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, préside le sommet sur l'urgence arabo-islamique 2025 à Doha, au Qatar. (QNA/AFP)
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  • Le Qatar explore des recours légaux contre Israël après une frappe à Doha ayant tué plusieurs membres du Hamas et un agent de sécurité qatari
  • Bien que simple observateur à la CPI, Doha intensifie ses démarches diplomatiques et judiciaires pour demander des comptes à Israël

DOHA: Un haut représentant du Qatar a rencontré mercredi la présidente de la Cour pénale internationale (CPI) alors que Doha cherche à engager des poursuites contre Israël après des frappes sans précédent sur son territoire, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères qatari.

Mohammed Al-Khulaifi, qui a été chargé d'entreprendre d'éventuelles démarches légales après l'attaque israélienne, s'est entretenu avec la juge Tomoko Akane à La Haye, a indiqué le ministère.

Le pays du Golfe explore "toutes les voies juridiques et diplomatiques disponibles pour s'assurer que les responsables de l'attaque israélienne contre le Qatar rendent des comptes", a précisé jeudi auprès de l'AFP un responsable qatari, s'exprimant sous couvert d'anonymat en raison de la sensibilité des discussions.

Le Qatar, en tant qu'État observateur à la CPI, ne peut pas saisir directement la cour.

La frappe meurtrière menée la semaine dernière à Doha, visant des dirigeants du mouvement islamiste palestinien Hamas, a déclenché une vague de critiques à l'international, les Nations unies condamnant une "violation choquante du droit international". Elle a aussi valu à Israël une rare réprobation du président américain Donald Trump.

Israël et le Qatar, pays médiateur dans les négociations en vue d'une trêve à Gaza, sont tous deux alliés des États-Unis.

Le Hamas a affirmé que ses principaux dirigeants politiques, installés au Qatar avec l'aval de Washington depuis 2012, avaient survécu à l'attaque qui a tué cinq de ses membres, ainsi qu'un membre des forces de sécurité qataries.

À l'issue d'un sommet extraordinaire lundi à Doha, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique ont appelé "tous les Etats (...) à revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre".

En 2024, la CPI a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, pour crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza.

L'offensive israélienne, qui a fait plus de 65.000 morts dans le territoire palestinien selon les chiffres du Hamas, fiables selon l'ONU, a été déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

La CPI a également émis des mandats d'arrêt contre l'ancien ministre israélien de la Défense Yoav Gallant et le commandant militaire du Hamas Mohammed Deif, tué depuis par Israël.


L'Arabie saoudite et le Pakistan signent un pacte de défense mutuelle

Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le chef de l'armée pakistanaise, le maréchal Syed Asim Munir (à droite), le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane (2e à droite), le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif (2e à gauche) et le ministre saoudien de la Défense photographiés après la signature d'un pacte de défense historique à Riyad, le 17 septembre 2025. (PMO)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane reçoit le Premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif au palais d'Al-Yamamah à Riyad, mercredi. (SPA)
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  • Le pacte marque une étape majeure dans le renforcement des liens sécuritaires et économiques entre deux alliés de longue date
  • L'accord de Riyad transforme des décennies de coopération militaire en un engagement sécuritaire contraignant

​​​​​ISLAMABAD : Le Pakistan et l’Arabie saoudite ont signé mercredi un « Accord stratégique de défense mutuelle », s’engageant à considérer toute agression contre l’un des deux pays comme une attaque contre les deux, renforçant ainsi la dissuasion conjointe et solidifiant des décennies de coopération militaire et sécuritaire.

Cet accord intervient moins de deux semaines après les frappes aériennes israéliennes à Doha visant des dirigeants du Hamas, un événement ayant intensifié les tensions régionales et souligné l’urgence pour les États du Golfe de renforcer leurs partenariats sécuritaires.

L'accord de Riyad marque également une volonté des deux gouvernements de formaliser leurs liens militaires de longue date en un engagement contraignant.

Le pacte a été signé lors de la visite officielle du Premier ministre Shehbaz Sharif à Riyad, où il a rencontré le prince héritier et Premier ministre Mohammed ben Salmane au palais Al-Yamamah. Accompagnés de ministres et responsables militaires de haut niveau, les deux dirigeants ont passé en revue ce que le bureau de Sharif a qualifié de relation « historique et stratégique » entre les deux nations, en discutant également des développements régionaux.

« L’accord stipule que toute agression contre l’un des deux pays sera considérée comme une agression contre les deux », a déclaré le communiqué conjoint.

Il décrit le pacte comme un reflet de l’engagement commun des deux gouvernements à renforcer la coopération en matière de défense et à œuvrer pour la sécurité et la paix dans la région et dans le monde.

Depuis des décennies, l’Arabie saoudite et le Pakistan entretiennent des liens étroits sur les plans politique, militaire et économique. Le Royaume accueille plus de 2,5 millions de ressortissants pakistanais — la plus grande communauté d’expatriés pakistanais — et a souvent soutenu financièrement Islamabad lors de crises économiques. La coopération en matière de défense a inclus des formations, des achats d’armes et des exercices militaires conjoints.

Le nouvel accord formalise cette coopération sous la forme d’un engagement de défense mutuelle, une étape qui, selon de nombreux analystes, place cette relation au même niveau que d’autres partenariats stratégiques dans la région.

Bien que le communiqué n’ait pas précisé les mécanismes de mise en œuvre, il a souligné que l’accord visait à développer les aspects de la coopération en matière de défense et à renforcer la dissuasion conjointe face à toute agression.

Cette visite intervient également alors que le Pakistan cherche à renforcer ses liens avec les États du Golfe, dans un contexte de défis économiques persistants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.pk