La pandémie plonge 100 millions de travailleurs de plus dans la pauvreté, selon l'ONU

«Ce manque d'emplois et d'heures de travail vient s'ajouter aux niveaux élevés du chômage, du sous-emploi et des mauvaises conditions de travail». (Photo, AFP)
«Ce manque d'emplois et d'heures de travail vient s'ajouter aux niveaux élevés du chômage, du sous-emploi et des mauvaises conditions de travail». (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 03 juin 2021

La pandémie plonge 100 millions de travailleurs de plus dans la pauvreté, selon l'ONU

  • Moins d'emplois et d'heures travaillées se traduit mécaniquement par plus de pauvreté
  • À la fin de 2021, le monde comptera encore 75 millions d'emplois de moins que si la pandémie n'avait pas eu lieu

GENÈVE: La pandémie de Covid-19 qui fait rage depuis 17 mois a plongé plus de 100 millions de travailleurs supplémentaires dans la pauvreté, révèle l'ONU mercredi, une situation liée à la chute des heures de travail et à l'évaporation de bons emplois.

Et la crise est loin d'être finie, l'emploi ne devant retrouver son niveau d'avant cette crise sanitaire qu'en 2023, met en garde l'Organisation internationale du travail (OIT) dans un rapport annuel.

À la fin de 2021, le monde comptera encore 75 millions d'emplois de moins que si la pandémie, qui a commencé en Chine, n'avait pas eu lieu.

Et même fin 2022, le retard ne sera pas rattrapé, avec 23 millions d'emplois de moins que s'il n'y avait pas eu la crise sanitaire qui a déjà fait plus de 3,5 millions de morts.

"Se remettre du Covid-19 n'est pas seulement un problème de santé", a estimé le patron de l'OIT, Guy Ryder, soulignant qu'"il faudra aussi surmonter les dégâts sévères causés aux économies et aux sociétés".

"Sans un effort délibéré en vue d'accélérer la création d'emplois décents et de soutenir les membres les plus vulnérables de la société et la reprise dans les secteurs économiques les plus touchés, les effets de la pandémie pourraient se faire sentir pendant des années sous la forme de pertes de potentiel humain et économique et de plus de pauvreté et d'inégalité", a-t-il prédit.

Heures détruites

Le rapport de l'OIT montre que quelque 205 millions de personnes devraient être sans emploi en 2022, soit bien plus que les 187 millions de 2019.

Mais ces statistiques officielles cachent une réalité beaucoup plus sombre parce que le nombre des heures travaillées s'est effondré.

En 2020, ce sont 8,8% de toutes les heures travaillées qui se sont évaporées par rapport au dernier trimestre de 2019, soit l'équivalent de 255 millions d'emplois à temps plein.

Et même si la reprise économique pointe dans certaines régions du monde, à la fin de l'année il manquera toujours l'équivalent de 100 millions d'emplois à temps plein.

"Ce manque d'emplois et d'heures de travail vient s'ajouter aux niveaux élevés du chômage, du sous-emploi et des mauvaises conditions de travail" qui prévalaient avant la crise sanitaire.

Même si la situation de l'emploi doit s'améliorer quelque peu au cours du second semestre de cette année, la reprise sera inégale, en particulier à cause du fossé qui sépare les taux de vaccination dans les pays riches de ceux des pays qui le sont moins.

Ces pays émergents et en développement auront aussi du mal à mettre en place des plans de relance conséquents.

«Pauvreté au travail»

Moins d'emplois et d'heures travaillées se traduit mécaniquement par plus de pauvreté.

Par rapport à 2019, 108 millions de travailleurs sont tombés dans les catégories de gens pauvres ou très pauvres, ce qui veut dire que les foyers qui dépendent d'eux doivent vivre avec moins de 3,2 dollars par jour.

La pandémie a effacé cinq ans de progrès.

"Pour des millions de gens, la perte d'heures de travail combinée à un manque de protection sociale", a provoqué "une hausse dramatique" du nombre des pauvres qui travaillent, déplore M. Ryder.

Pour le travail des enfants et le travail forcé, ce sont des décennies d'efforts qui sont probablement parties en fumée.

Et pour les deux milliards de personnes qui travaillent dans le secteur informel, les conséquences de la pandémie ont été catastrophiques comme pour les femmes qui ont quitté le marché du travail en masse, y compris dans les pays riches, pour s'occuper des enfants, privés d'école.

Un phénomène qui fait craindre à l'OIT qu'on n'en vienne à un retour aux situations liées aux traditions quant aux rôles des genres.

Deux autres points préoccupent l'organisation.

Le premier est la chute de l'emploi des jeunes (-8,7% en 2020) plus de deux fois plus forte que les 3,7% de baisse affichés chez des travailleurs plus âgés.

Le second point est directement le fruit de la pandémie: le Covid long, à savoir des symptômes très divers qui affectent pendant des mois parfois les gens qui ont été contaminés.

Cela pourrait devenir "un phénomène économique et social, pas seulement médical", a mis en garde M. Ryder.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.


Sept accords technologiques avec les États-Unis pour accélérer l’IA saoudienne

L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
L'Autorité saoudienne des données et de l'intelligence artificielle a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en matière d'intelligence artificielle. (SPA)
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  • La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC

WASHINGTON : L’Autorité saoudienne des données et de l’intelligence artificielle (SDAIA) a signé sept accords stratégiques avec des entreprises technologiques américaines de premier plan dans le cadre des efforts visant à accélérer la transformation numérique du Royaume et à développer ses capacités en intelligence artificielle (IA).

Les accords ont été signés en marge du Forum d’investissement saoudo-américain à Washington DC, qui a rassemblé des hauts responsables, dignitaires, PDG et cadres de grandes entreprises saoudiennes et américaines, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La cérémonie de signature a été dirigée par le président de la SDAIA, Abdullah Alghamdi, a ajouté la SPA.

Ces accords couvrent un large spectre de collaborations visant à renforcer l’infrastructure des données, développer les compétences nationales et promouvoir l’adoption de l’IA dans des secteurs clés.

Dans le cadre d’un partenariat, Supermicro travaillera avec la SDAIA sur des solutions serveur, la conception de centres de données, des événements centrés sur l’IA, des programmes de formation et des initiatives d’apprentissage en ligne destinées à développer l’expertise locale.

Dell coopérera avec la SDAIA pour accélérer l’adoption des technologies IA grâce à l’amélioration de l’infrastructure, au transfert de connaissances et à des initiatives de renforcement des capacités nationales.

Un accord distinct avec Accenture permettra aux deux parties d’échanger leur expertise pour renforcer les capacités de leadership en IA. Le partenariat comprend le développement des infrastructures de données et d’IA, le soutien à la transformation de la main-d’œuvre et la sensibilisation du public à l’importance de l’adoption de l’IA.

La collaboration de Cisco se concentrera sur l’accélération de la transformation numérique dans le secteur public, la promotion d’initiatives IA et le développement d’environnements de centres de données évolutifs et dotés d’IA.

L’accord-cadre de la SDAIA avec Boomi renforcera l’innovation au sein de l’écosystème IA du Royaume grâce au développement de centres de données IA alimentés par la technologie Boomi, ainsi qu’à des programmes plus larges d’échange de connaissances.

SambaNova soutiendra la SDAIA à travers des événements conjoints, des camps de formation, le partage de connaissances et des campagnes de sensibilisation pour renforcer les capacités nationales en IA et en données.

Par ailleurs, GitLab explorera des opportunités conjointes dans le développement des compétences, les projets d’innovation, les solutions commerciales et l’expansion de la portée mondiale des applications IA développées en Arabie saoudite.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


BNP Paribas rehausse ses objectifs de solidité financière et bondit en Bourse

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués. (AFP)
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  • Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués
  • Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%

PARIS: Le groupe bancaire français BNP Paribas gagnait plus de 5% jeudi matin à la Bourse de Paris, après avoir annoncé qu'il visait un ratio de solvabilité supérieur d'ici 2027.

Son titre prenait 5,79% vers 08H15 GMT, à 70,93 euros, en première place d'un CAC 40 en hausse de 1,13%. BNP Paribas table désormais sur un "ratio CET1 fixé à 13% à l'horizon 2027".

Plus ce ratio est élevé, plus une banque est capable d'absorber, grâce à son capital, des pertes liées à des crédits non honorés ou à des investissements risqués.

Une banque peut améliorer ce ratio soit en augmentant ses fonds propres, par exemple en mettant en réserve ses bénéfices ou en émettant des actions, soit en réduisant ses crédits et investissements risqués.

Les exigences de CET1 applicables aux banques françaises se situent généralement entre 9% et 10%.

BNP Paribas vise aussi une amélioration "continue" de son coefficient d'exploitation, un indicateur de rentabilité qui rapporte les coûts fixes au produit net bancaire (équivalent du chiffre d'affaires pour les banques).

L'objectif est qu'il atteigne 61% en 2026 et 58% en 2028, "un engagement fort de maîtrise des coûts", selon le communiqué.

BNP Paribas souhaite par ailleurs rester "à l'écoute de [ses] actionnaires grâce à une politique de distribution attractive et disciplinée", a expliqué Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans un communiqué.

Le groupe a aussi annoncé qu'il lancerait courant novembre son programme de rachat d'actions de 1,15 milliard d'euros, dans le cadre de sa distribution du résultat de 2025.