La tourmente tunisienne sonne l'heure de vérité pour Ennahdha

Une manifestante tunisienne brandit le drapeau national lors d'un rassemblement antigouvernemental alors que les forces de sécurité bloquent la route menant au Parlement dans la capitale Tunis, le 25 juillet 2021. (Photo, AFP)
Une manifestante tunisienne brandit le drapeau national lors d'un rassemblement antigouvernemental alors que les forces de sécurité bloquent la route menant au Parlement dans la capitale Tunis, le 25 juillet 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 28 juillet 2021

La tourmente tunisienne sonne l'heure de vérité pour Ennahdha

  • La vérité est que le plus grand parti au parlement tunisien est confronté à une crise de confiance dont il est le seul auteur
  • Les manifestants en Tunisie ne considèrent plus la présence du parti islamiste au gouvernement et l'échec de la gouvernance comme une simple coïncidence

DUBAÏ : À première vue, la crise politique qui sévit en Tunisie pourrait compter parmi les retombées de la pandémie de coronavirus, un événement imprévisible qui reste d’actualité malgré la disponibilité des vaccins.

Mais une explication aussi simple ne fait qu'effleurer la surface des problèmes auxquels le pays est confronté, problèmes que de nombreux Tunisiens considèrent désormais comme presque insolubles. Comment la situation en est-elle arrivée là dans un pays qui a été salué comme le seul succès du printemps arabe ?

À en juger par les images provenant de Tunisie, il semble clair que les personnes qui accusent la classe politique de la détérioration des conditions économiques, sociales et sanitaires ne représentent pas une petite poignée d'opposition, mais bien un large pan de l'opinion publique. De même, il est important de reconnaître qu'ils ont ciblé un parti politique particulier dans leurs critiques malgré le talent historique de ses leaders afin d’esquiver la responsabilité démocratique.

 

tunisie

Les bureaux du parti islamiste Ennahdha sont devenus la cible commune de la colère des manifestants dans les villes de Sfax, Monastir, El-Kef, Sousse et Tozeur ces derniers jours, alors que l'augmentation des cas de la Covid-19 a débordé le système de santé et aggravé les problèmes économiques.

Compte tenu du régime politique fracturé et de la politique houleuse de la Tunisie, aucun rival d'Ennahdha n'aurait pu manipuler l'opinion publique à une telle échelle. La vérité est que le plus grand parti au parlement tunisien est confronté à une crise de confiance dont il est le seul auteur. 

1
Un membre du parti islamiste tunisien Ennahdha brandit le signe de la victoire à l'issue d'une session plénière au Parlement dans la capitale Tunis le 30 juillet 2020. (Photo, AFP)

«Il y a encore quelques années, la Tunisie bénéficiait d'une bonne infrastructure de santé publique», a déclaré à Arab News Ammar Aziz, rédacteur en chef adjoint de la chaîne d'information Al Arabiya et citoyen tunisien. «Mais tout s'est effondré, surtout au cours des deux dernières années, à cause de la mauvaise gestion et de la corruption, aggravées par le manque d'équipement. Cela a incité des milliers de médecins à émigrer en Europe.» 

Aziz a révélé que les autorités tunisiennes avaient au départ réussi à contrôler la pandémie de la Covid-19, enregistrant zéro infection en mai 2020. 

«Cependant, Ennahdha, qui a fait une entrée remarquée au pouvoir en 2019, a vu le gouvernement d'Elyes Fakhfakh, qui avait été nommé Premier ministre par le président Kais Saeid en février 2020, destitué en septembre», a-t-il ajouté.

«Le nouveau gouvernement n'a pas pris de dispositions pour l'achat de vaccins d’une manière adéquate. Et, pour aggraver les choses, il a ouvert les frontières du pays sans les restrictions de mise. Cela a certainement provoqué la propagation de la Covid-19.»

{"preview_thumbnail":"/sites/default/files/styles/video_embed_wysiwyg_preview/public/video_thumbnails/hDCZmkdF-wB3RdPhA.jpg?itok=augo3pIF","video_url":"","settings":{"responsive":1,"width":"854","height":"480","autoplay":0},"settings_summary":["Embedded Video (Adaptatif)."]}

À la mi-juillet, la Tunisie avait le taux de mortalité lié à la Covid-19 par habitant le plus élevé d'Afrique, et enregistrait également l'un des taux d'infection les plus élevés du continent. Le ministère de la Santé a reconnu que la situation était dramatique. «La situation actuelle est catastrophique», a déclaré la porte-parole du ministère, Nissaf ben Alya, à une radio locale. «Le nombre de cas a considérablement augmenté. Malheureusement, le système de santé s'est effondré.»

De nombreux Tunisiens considèrent l'instabilité politique comme le plus grand obstacle au progrès dans la lutte contre le coronavirus mortel. La Tunisie a eu trois ministres de la Santé depuis le début de la pandémie. En septembre, le pays a obtenu son troisième gouvernement en moins d'un an, et le neuvième depuis les soulèvements du printemps arabe de 2011 qui a mis fin au règne de 24 ans de Zine El-Abidine ben Ali. 

La crise humanitaire n'est pas passée inaperçue. L'Arabie saoudite a envoyé un convoi d'aide comprenant 1 million de doses de vaccins de la Covid-19, 190 respirateurs artificiels, 319 bouteilles d'oxygène, 150 lits médicaux et 50 appareils de surveillance des signes vitaux avec chariots. Les Émirats arabes unis ont fait don de 500 000 doses de vaccin. La France a fourni le même nombre de vaccins, ainsi que du matériel médical. 

«Ennahdha était perçu comme voulant profiter du succès du président Saïed pour obtenir l'aide de l'Arabie saoudite et de la France», a indiqué Aziz. «Le parti a tenté et réussi à faire remplacer le ministre de la Santé (Faouzi Mehdi), faisant de lui le bouc émissaire de la mauvaise gestion de la situation par le gouvernement. Lorsque ces révélations sont sorties, de nombreux Tunisiens ont conclu qu'Ennahdha utilise la pandémie pour récolter des gains politiques».

1
Des partisans du parti islamiste Ennahda brandissent des drapeaux lors d'une manifestation de soutien au gouvernement tunisien le 27 février 2021 dans la capitale Tunis. (Photo, AFP)

La situation précaire depuis avril a peut-être aussi remué dans de nombreux Tunisiens d'amers souvenirs, d'une époque où un gouvernement de coalition dirigé par Ennahda a tardé à s'attaquer à l'une des mobilisations extrémistes les plus meurtrières du monde arabe, après les soulèvements de 2011. 

Ansar Al-Charia en Tunisie a profité des amnisties post-2011 pour les prisonniers pour croître ses rangs. Ennahda, inspiré à l'origine par les Frères musulmans en Égypte et partisan d'une identité et d'une société ouvertement islamiques pour la Tunisie, ne semblait pas être à la hauteur de la tâche de lutter contre le militantisme. Les assassinats en 2013 de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, deux leaders de l'alliance électorale de gauche du Front populaire, ont encore divisé l'opinion publique tunisienne.

Au moment où le gouvernement a désigné Ansar Al-Charia comme organisation terroriste en août 2013, beaucoup y ont vu un cas où les mesures sont prises après coup. Cinq ans plus tard, un groupe d'avocats et de politiciens a accusé Ennahda d'être derrière les meurtres de Belaid et Brahmi, et d'avoir formé une organisation secrète pour infiltrer les forces de sécurité et la justice. Ces accusations étaient rejetées par le parti.

La réticence du gouvernement à enlever les gants de velours et à briser le militantisme pendant cette période de formation de la démocratie tunisienne hante Ennahda depuis. Comme Aaron Zelin, membre du Washington Institute for Near East Policy, l'a constaté dans un document de recherche du Wilson Center : «Entre 2013 et 2019, des milliers de personnes ont rejoint les mouvements djihadistes à l'étranger. … Depuis la Libye, les Tunisiens ont planifié trois attaques à grande échelle en 2015 et 2016, et au musée du Bardo, une station balnéaire de Sousse, ainsi que la tentative de prise de contrôle de Ben Gardane, une ville le long de la frontière tuniso-libyenne. 

Pas plus tard qu'en 2018, le Washington Post a rapporté qu'une étude publiée par Mobdiun, une organisation qui travaille avec les jeunes du Kram, une banlieue pauvre de Tunis, a révélé que près de 40% des jeunes hommes ont avoué connaître quelqu'un qui avait rejoint une organisation terroriste. Un autre 16% ont affirmé avoir été approchés pour adopter une idéologie extrémiste violente.

{"preview_thumbnail":"/sites/default/files/styles/video_embed_wysiwyg_preview/public/video_thumbnails/AJO7xy05-wB3RdPhA.jpg?itok=hHiwSGXN","video_url":" ","settings":{"responsive":1,"width":"854","height":"480","autoplay":0},"settings_summary":["Embedded Video (Adaptatif)."]}

Ceux qui ne sont pas attirés par le militantisme recherchent d'autres moyens dangereux de réaliser leurs rêves et leurs ambitions. Par conséquent, chaque mois, un grand nombre de jeunes Tunisiens risquent leur vie à la recherche d'une vie meilleure en Europe. Selon l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés, rien qu'en 2020, 13 000 Tunisiens ont traversé la méditerranée, beaucoup d'entre eux étant probablement conscients des dangers auxquels ils seraient confrontés pendant le trajet. 

«Si vous comparez les courtes périodes durant lesquelles Beji Caïd Essebsi, par exemple, ou le premier ministre de Ben Ali a gouverné la Tunisie après le départ de Ben Ali lui-même en 2011, et les périodes durant lesquelles Ennahda a gouverné, vous remarquerez une grande différence : le terrorisme n’est apparu qu’avec Ennahda», a expliqué Aziz.

«Plus récemment, avec Ennahda qui contrôlait le parlement ainsi que le gouvernement, tout s'est simplement effondré, de la sécurité à l'économie. Il en va de même pour le système de transport du pays et les institutions de santé publique. Tous les Tunisiens ont remarqué la détérioration et c'est pour cette raison que nous avons vu les manifestations dans différentes villes le 25 juillet».

1
Le président tunisien Kaïs Saïed monte dans son véhicule au niveau de l'avenue Habib Bourguiba au centre de Tunis, après avoir évincé le Premier ministre et ordonné la fermeture du parlement pendant 30 jours. (Photo, AFP/Présidence tunisienne)

Dans une tentative de désarmer les critiques en Occident et de gagner les laïcs chez eux, Ennahda a annoncé en grande pompe en 2016 qu'il s'éloignait de ses racines religieuses pour se concentrer davantage sur la politique. Mais cette prétendue sortie de l'islam politique et l'entrée dans la «démocratie islamique» n'est restée que cela, une revendication, disent les critiques. Comme certains spécialistes de l'islam politique l'ont remarqué, Ennahda n'a pas encore précisé exactement ce que signifie concrètement la «démocratie islamique» dans laquelle il s'est engagé.

Aujourd'hui, alors même qu’Ennahda fait face à la colère croissante du public face à une tempête parfaite de crises qui frappe la Tunisie, le parti sait qu'il ne peut pas se permettre de s'aliéner son noyau de base. L'admission ouverte de l'échec pourrait entraîner la perte du soutien des islamistes traditionnels. 

Il craint également que le fait de travailler avec des partis laïcs et de faire des compromis politiques n'ouvre des fissures idéologiques débilitantes. Au fil des ans, Ennahda a sûrement dû comprendre que la rhétorique des droits de l'homme et de la politique démocratique ne peut se substituer à de véritables réformes. Mais le jury est sur sa capacité, ou sa volonté, d'entreprendre un tel exercice.

«Ennahda gouverne ou participe au gouvernement de la Tunisie depuis une décennie maintenant. Cela a été la pire décennie de l'histoire moderne de la Tunisie, selon de nombreuses personnes », a souligné Aziz, ajoutant que les dernières manifestations reflètent une indication du sentiment public actuel.

«Ces Tunisiens tiennent Ennahda pour responsable de tous les problèmes du pays. Ils voient le parti comme la principale raison derrière les gouvernements inefficaces, la corruption généralisée, le manque d'emplois, les mouvements migratoires sans précédent vers l'Italie et la France et, aujourd’hui, les taux de mortalité élevés à cause de la Covid-19 du pays par rapport aux autres pays africains et arabes.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

Short Url
  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
Short Url
  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Short Url
  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.