Comment ont été préparés les attentats du 13-Novembre ?

Abdelhamid Abaaoud dit « Abou Omar Al-Belgiki », commanditaire présumé de plusieurs attentats en Europe (dont l'attaque du Thalys) et considéré comme le chef opérationnel des commandos du Stade de France, des terrasses et du Bataclan (Photo, AFP)
Abdelhamid Abaaoud dit « Abou Omar Al-Belgiki », commanditaire présumé de plusieurs attentats en Europe (dont l'attaque du Thalys) et considéré comme le chef opérationnel des commandos du Stade de France, des terrasses et du Bataclan (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 08 septembre 2021

Comment ont été préparés les attentats du 13-Novembre ?

Abdelhamid Abaaoud dit « Abou Omar Al-Belgiki », commanditaire présumé de plusieurs attentats en Europe (dont l'attaque du Thalys) et considéré comme le chef opérationnel des commandos du Stade de France, des terrasses et du Bataclan (Photo, AFP)
  • Les informations collectées par l'agence européenne de police Europol, l'unité européenne de coopération judiciaire Eurojust, la police française et plusieurs services de renseignement étrangers ont permis de dérouler l'écheveau de l'opération
  • Utiliser «la route des migrants» pour rejoindre l'Europe est une idée de la cellule des opérations extérieures (Copex) de l'EI, dédiée à la perpétration d'attentats en Europe

PARIS: Un donneur d'ordre en zone irako-syrienne contrôlée par le groupe Etat islamique, des commandos affutés dans les camps djihadistes, une cellule dormante à Bruxelles... Les attentats du 13 novembre 2015 ont été minutieusement préparés. 

Les informations collectées par l'agence européenne de police Europol, l'unité européenne de coopération judiciaire Eurojust, la police française et plusieurs services de renseignement étrangers ont permis de dérouler l'écheveau de l'opération. 

La route des migrants 

Dès le soir des attaques, des morceaux de faux passeports syriens sont découverts près des corps de deux des trois « kamikazes » du Stade de France. Ces deux hommes - de nationalité irakienne - sont entrés en Europe par l’île grecque de Leros le 3 octobre 2015 et faisaient partie d'une cohorte de 198 migrants illégaux. 

Dans ce même groupe, la police repère ensuite Adel Haddadi, de nationalité algérienne, et Muhammad Usman, un Pakistanais, brièvement incarcérés à leur arrivée en Grèce. 

Tous deux sont interpellés dans un foyer de migrants en Autriche en vertu d'un mandat d'arrêt européen délivré le 10 décembre 2015. Interrogés, ils reconnaissent avoir été envoyés en mission-suicide en France par l'EI. 

Au fil de leurs investigations, les enquêteurs découvrent que la plupart des membres du commando sont arrivés de Syrie en Europe en se faisant passer pour des réfugiés. 

Leur parcours est souvent le même. Avec de faux passeports syriens ils arrivent en Grèce, traversent avec des voitures de location la Hongrie, l'Autriche et l'Allemagne ou passent par les Balkans avant de rejoindre la Belgique. 

La Copex  

Utiliser « la route des migrants » pour rejoindre l'Europe est une idée de la cellule des opérations extérieures (Copex) de l'EI, dédiée à la perpétration d'attentats en Europe. 

La Copex a été créée en juin 2014. Chapeautée par le numéro 2 de l'organisation, Abou Mohammad Al-Adnani, elle est dirigée par le Belgo-Marocain Oussama Atar dit « Abou Ahmad al-Iraki ». 

En septembre 2014, pour répondre à la coalition militaire internationale et aux frappes aériennes occidentales sur les positions et les troupes de l'EI, Abou Mohammad Al-Adnani a appelé les musulmans à réagir face aux « croisés » et leurs alliés. 

La France fait l'objet d'une vindicte particulière: « si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen - en particulier les méchants et sales Français - alors comptez sur Allah et tuez-le de n'importe quelle manière », exhorte-t-il. « Frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, écrasez-le avec sa voiture, jetez-le d'un lieu en hauteur, étranglez-le ou empoisonnez-le ». 

« Ce discours était fondateur d'une nouvelle stratégie visant à porter le combat contre les +mécréants+ sur leur propre sol et singulièrement en France, avec l'objectif avoué d'y répandre la terreur », analysent les enquêteurs français. 

Plusieurs individus, agissant seuls ou en petits groupes, radicalisés et fascinés par la propagande de l'organisation djihadiste ont répondu à ces appels au meurtre en commettant des attentats sanglants en France, souvent ensuite revendiqués par l'EI. 

Oussama Atar est considéré par les enquêteurs français comme l'ordonnateur de ceux du 13-Novembre. 

Jamais interpellé, il aurait été tué par une frappe de la coalition en zone irako-syrienne en novembre 2017. Il sera toutefois jugé en son absence par la cour d'assises spéciale de Paris. 

Plusieurs membres de la Copex étaient Français ou Belges, « ce qui est logique, puisque les dirigeants de l’organisation avaient publiquement fait de la France leur cible prioritaire », ont noté les enquêteurs. 

La logistique belge 

En Syrie dès 2003 puis en Irak à partir de 2004, où il affronte les troupes américaines avec les combattants djihadistes à Falloujah, Oussama Atar est arrêté par les Américains en février 2005. 

Condamné à vingt ans de prison par un tribunal irakien pour entrée illégale dans le pays, il fait la connaissance en prison d'Abou Mohammed Al-Adnani, le futur numéro 2 de l'EI (tué dans une frappe américaine le 30 août 2016). 

Oussama Atar est libéré en septembre 2012 pour raisons de santé et rentre en Belgique, puis repart en Syrie en décembre 2013. 

Lors de son séjour en Belgique, il est soupçonné d'avoir joué un « rôle majeur » dans la radicalisation de ses cousins Ibrahim et Khalid Bakraoui, tous deux incarcérés pour des braquages. 

Libéré de prison en janvier 2014, Khalid Bakraoui se rend brièvement en Syrie en novembre de la même année. Revenu en Belgique en décembre, il met en place des planques et un réseau logistique à Molenbeek, une commune de Bruxelles. 

Nombre de djihadistes impliqués dans les attentats du 13-Novembre y transiteront avant de passer à l'action. 

Parmi eux, Abdelhamid Abaaoud dit « Abou Omar Al-Belgiki », commanditaire présumé de plusieurs attentats en Europe (dont l'attaque du Thalys) et considéré comme le chef opérationnel des commandos du Stade de France, des terrasses et du Bataclan. 

Leurs membres venus de Syrie arriveront en Belgique à partir de la fin août 2015. Munis de fausses cartes d'identité belges, ils y resteront cachés dans ces planques louées par les frères Bakraoui. 

La période août - novembre sera mise à profit par les djihadistes « pour acquérir les produits nécessaires à la fabrication du TATP (peroxyde d'acétone, un explosif fabriqué à base de produits vendus dans le commerce, ndlr) et très vraisemblablement se procurer les fusils d'assaut utilisés le 13 novembre 2015 », disent les enquêteurs. 

Les séjours en Syrie 

Les djihadistes prêts à frapper en Europe sont pour la plupart des combattants confirmés. 

Presque tous les membres du commando parisien ont fait partie des plus expérimentées « katibat », les « brigades d'élite » de l'EI. 

Ils ont été soumis à une solide formation militaire et à une formation idéologique intensive. Ainsi, le Français Bilal Hadfi, un des trois « kamikazes » de Saint-Denis, avait reçu une formation spéciale sur la fabrication de ceintures explosives. 

Leur cruauté est sans limite. Dans une vidéo de propagande diffusée en janvier 2016 mais tournée avant les attentats, on voit sept des neuf membres des trois commandos exécuter des prisonniers non-identifiés par décapitation ou par arme à feu. On les entend légitimer leurs futurs attentats en France. 

Selon les services de renseignement, « ce crime de sang, commis par chacun des protagonistes, constituait la dernière validation permettant à l’organisation de s'assurer de sa fiabilité et de son engagement ». 

Une fois en Europe, les djihadistes restent en liaison avec leur « émir » via des messageries cryptées. 

L'Irakien se faisant appeler Ahmad Al-Mohammad (qui s'est fait exploser devant le Stade de France) était porteur du numéro de téléphone turc d'Oussama Atar. 


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.