L’arsenal croissant de missiles de l’Iran, une menace pour la région

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Publié le Dimanche 13 septembre 2020

L’arsenal croissant de missiles de l’Iran, une menace pour la région

L’arsenal croissant de missiles de l’Iran, une menace pour la région
  • L’Iran possède l’arsenal de missiles balistiques le plus vaste et le plus diversifié au Moyen-Orient
  • Le programme de missiles balistiques iranien en expansion et les tests fréquents créent un sentiment d’insécurité au Moyen-Orient, ce qui conduira inévitablement à une instabilité nouvelle

Alors qu’une grande partie de la communauté internationale se concentre sur le maintien de l’accord sur le nucléaire du Plan d’action global commun (PAGC), l’accélération récente du programme de missiles balistiques de l’Iran a reçu peu d'attention et a été peu analysée ou critiquée.

En dépit des pressions économiques et politiques auxquelles sont confrontées le régime iranien, son programme de missiles balistiques avance à un rythme rapide, notamment concernant la prolifération des armes à guidage de précision à plus longue portée. Le régime a dévoilé le mois dernier plusieurs nouveaux missiles — dont un missile balistique sol-sol, le « Martyr Haj Qassem » et un missile de croisière naval à longue portée, le « Martyr Abou Mahdi » — ainsi que plusieurs moteurs à réaction de haut rang.

L’Iran possède l’arsenal de missiles balistiques le plus vaste et le plus diversifié au Moyen-Orient. Aucun autre pays n'a jamais acquis des missiles balistiques à longue portée avant d'avoir obtenu d’armes nucléaires. Sa capacité de missiles balistiques est l’un des piliers de la politique de sécurité nationale du régime. Ils peuvent être utilisés à des fins offensives ou défensives, mais les missiles sophistiqués sont principalement développés comme vecteurs d'armes nucléaires.

L’expansion du programme de missiles balistiques du régime constitue une menace à la stabilité de la région et aux intérêts nationaux d’autres pays pour différentes raisons. Premièrement, le régime n’a pas hésité à mettre en valeur les capacités de ses missiles pour menacer d’autres gouvernements. Par exemple, un jour après le vote du Conseil de sécurité de l’ONU contre la prolongation de l’embargo sur les armes en Iran le mois dernier, le titre d'un article d'Afkar News, contrôlé par l'État, affirmait : « Le sol américain est désormais à portée des bombes iraniennes ». L’article se vantait des dommages que le régime iranien pourrait infliger aux États-Unis. « En envoyant un satellite militaire dans l'espace, l'Iran a maintenant montré qu'il pouvait cibler tout le territoire américain ; le parlement iranien avait précédemment averti qu'une attaque nucléaire électromagnétique contre les États-Unis tuerait probablement 90% des Américains », lit-on.

L’article a également menacé l’Europe, dont les membres du PAGC se sont étonnamment abstenus lors du vote sur la prolongation de l'embargo sur les armes contre l'Iran. « Le même type de technologie de missiles balistiques utilisé pour lancer le satellite pourrait transporter des armes nucléaires, chimiques ou même biologiques pour rayer Israël de la carte, frapper les bases américaines et les alliés dans la région ainsi que les installations américaines, et viser l'OTAN même dans l'extrême ouest de l'Europe », est-il indiqué.

Le programme de missiles balistiques iranien en expansion et les tests fréquents créent un sentiment d’insécurité au Moyen-Orient, ce qui conduira inévitablement à une instabilité nouvelle, à une militarisation et à une course aux armements.

 

Dr. Majid Rafizadeh

Deuxièmement, le programme de missiles balistiques iranien en expansion et les tests fréquents créent un sentiment d’insécurité au Moyen-Orient, ce qui conduira inévitablement à une nouvelle déstabilisation, à une militarisation et à une course aux armements dans la région. Israël aurait par exemple amélioré son système de défense antimissile Arrow en réponse au programme de missiles iranien.

Alors que les dirigeants iraniens soutiennent qu'ils n'enfreignent aucune loi internationale en tirant des missiles balistiques, Téhéran viole clairement la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette résolution appelle la République islamique à « ne mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des armes nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ».

De plus, comme l'Iran et les signataires restants du PAGC soutiennent toujours que l'accord sur le nucléaire demeure efficace, Téhéran ne devrait entreprendre aucune activité de missiles balistiques « jusqu’au huitième anniversaire de la date d’adoption du Plan d’action (18 octobre 2015) ou jusqu’à la date de la présentation par l’AIEA d’un rapport confirmant la Conclusion élargie, si elle est antérieure ».

La troisième menace est liée au fait que les bénéficiaires de l’arsenal de missiles balistiques iranien en expansion sont généralement des groupes terroristes ou des milices. Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, a précédemment avoué : « Nous déclarons ouvertement que le budget du Hezbollah, ses revenus, ses dépenses, tout ce qu’il mange et boit, ses armes et ses roquettes, proviennent de la République islamique d’Iran ». L’Iran a également perfectionné la technologie des missiles des Houthis du Yémen. Comme l’a reconnu un groupe d’experts de l’ONU, il est extrêmement improbable que les Houthis puissent fabriquer eux-mêmes de tels missiles. « Les caractéristiques de conception et les dimensions des composantes inspectées par les experts sont conformes à celles du missile Qiam-1 de conception et de fabrication iranienne », a rapporté le groupe d’experts.

En outre, le régime iranien aurait installé des usines d’armes hors de ses frontières et fabriquerait des armes de pointe dans des pays étrangers, y compris en Syrie. Certaines des armes que Téhéran y produit comprennent des missiles à guidage de précision. De telles usines d'armes donnent à l'Iran la capacité de mener des guerres ou de frapper d'autres nations de pays comme la Syrie, le Liban, l'Irak ou le Yémen. En d’autres termes, les dignitaires religieux au pouvoir en Iran n’auraient pas besoin d’être directement engagés dans une guerre, chose qui pourrait compromettre leur emprise sur le pouvoir ; cela leur permettrait plutôt d’exploiter des tiers pour opposer d’autres nations entre-elles.

L’ONU doit prendre au sérieux l’accumulation de missiles balistiques par le régime iranien et contrer la distribution par le régime de la technologie des missiles à ses milices et ses groupes terroristes dans toute la région.

Dr. Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter : @Dr_Rafizadeh

NDLR : Les opinions exprimées par les auteurs dans cette section sont les leurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d'Arab News.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur www.ArabNews.com