Le programme nucléaire iranien n’a jamais été destiné à des fins civiles

Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad visite l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz, le 8 avril 2008. (Getty Images)
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad visite l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz, le 8 avril 2008. (Getty Images)
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Publié le Dimanche 26 septembre 2021

Le programme nucléaire iranien n’a jamais été destiné à des fins civiles

Le programme nucléaire iranien n’a jamais été destiné à des fins civiles
  • Si nous nous penchons sur l’histoire du programme nucléaire de Téhéran, il devient évident qu’il était destiné, dès le départ, à la fabrication d’armes nucléaires
  • La communauté internationale est au courant de l’existence de quatre sites nucléaires clandestins en Iran

La question de savoir si le programme nucléaire de l’Iran est destiné à des fins civiles ou à la fabrication d’armes nucléaires est l’une des questions les plus urgentes en matière de paix et de sécurité régionales et mondiales. La réponse à cette question permettra de définir quelles politiques les autres gouvernements doivent adopter à l’égard du régime iranien et de ses ambitions nucléaires.

Les dirigeants iraniens affirment souvent que le programme nucléaire du pays a toujours été destiné uniquement à des fins civiles pacifiques. Téhéran recourt régulièrement aux déclarations du Guide suprême, Ali Khamenei, afin de soutenir sa position. Dans une lettre envoyée en 2010 à la Conférence internationale sur le désarmement nucléaire, M. Khamenei aurait écrit : «Nous considérons l’utilisation de telles armes comme haram (ce qui est interdit par la religion) et nous pensons qu’il est du devoir de chacun de faire des efforts pour protéger l’humanité de cette grande catastrophe.» Le Guide suprême indique également sur son site officiel que la production et l’utilisation d’armes nucléaires sont interdites par les lois islamiques: «La charia et les fatwas aqli (liées à la logique et à la raison) exigent que nous ne les utilisions pas.»

Cependant, si nous nous penchons méticuleusement sur l’histoire du programme nucléaire de Téhéran, il devient évident qu’il était destiné, dès le départ, à la fabrication d’armes nucléaires. Sinon, pourquoi le dossier nucléaire du régime serait-il truffé de secrets et d’activités clandestines, alors que les dirigeants iraniens auraient tout à gagner à divulguer tous leurs sites nucléaires?

Si le programme nucléaire iranien était réellement destiné à des fins civiles, le régime aurait divulgué ses sites nucléaires et bénéficié d’une assistance technologique en vertu du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), dont le gouvernement iranien fait partie. L’Association nucléaire mondiale évoque les avantages dont bénéficient ses membres si leur programme nucléaire est pacifique: «Le TNP était essentiellement un accord entre les cinq États dotés d’armes nucléaires et les autres pays intéressés par la technologie nucléaire. L’accord prévoyait que l’assistance et la coopération seraient échangées contre des engagements, soumis à un contrôle international, et qu’aucune usine ou matière ne serait détournée à des fins d’armement. Ceux qui refusaient de faire partie de l’accord seraient exclus de la coopération internationale ou du commerce impliquant la technologie nucléaire.»

 

«Les agences de renseignement et l’AIEA ont conclu que le régime a effectivement mené des recherches sur les armes nucléaires.»

Dr Majid Rafizadeh

 

Mais, dès le départ, Téhéran a décidé de dissimuler ses activités nucléaires. Par exemple, ses activités nucléaires clandestines dans deux sites majeurs, Natanz et Arak, ont été dévoilées pour la première fois en 2000 par le groupe d’opposition iranien, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI). En 2017, le CNRI a également diffusé des informations critiques selon lesquelles les activités nucléaires de l’Iran se poursuivaient dans la base militaire hautement protégée de Partchine. Selon le groupe, un site à Partchine est secrètement utilisé pour poursuivre le projet d’armes nucléaires du pays. «L’unité chargée de mener des recherches et de construire un déclencheur pour une arme nucléaire s’appelle le Centre de recherche et d’expansion des technologies d’explosion et d’impact, connu sous son acronyme farsi METFAZ», précise-t-il.

La communauté internationale est au courant de l’existence de quatre sites nucléaires clandestins en Iran. La semaine dernière, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a indiqué que «le directeur général est de plus en plus préoccupé par le fait que, même après environ deux ans, les questions de garanties évoquées concernant les quatre sites non déclarés à l’agence en Iran ne sont toujours pas résolues».

De plus, même si les autorités iraniennes ont toujours nié vouloir se doter de l’arme nucléaire, les agences de renseignement et l’AIEA ont conclu que le régime a effectivement mené des recherches sur les armes nucléaires. Par exemple, en 2011, l’AIEA a décrit en détail le type de travaux réalisés par l’Iran: «Les informations indiquent que l’Iran a mené les activités suivantes en rapport avec le développement d’un dispositif explosif nucléaire: des tentatives, parfois couronnées de succès, d’acquisition d’équipements et de matériaux à caractère nucléaire et à double usage par des personnes et des entités liées à l’armée, des tentatives de développement de voies non déclarées pour la production de matières nucléaires, l’acquisition d’informations et de documentation sur la fabrication des armes nucléaires auprès d’un réseau clandestin d’approvisionnement nucléaire et des travaux sur la conception d’une arme nucléaire de fabrication locale, y compris la vérification des composants.»

En outre, la saisie par Israël de documents provenant d’une archive nucléaire à Téhéran en 2018 a directement mis en évidence la dimension militaire du programme nucléaire iranien. L’Institut pour la science et la sécurité internationale a ensuite averti: «L’Iran avait l’intention de fabriquer cinq ogives nucléaires, chacune ayant une puissance explosive de 10 kilotonnes et pouvant être lancée par un missile balistique.»

Il est évident que l’Iran a toujours eu l’intention de produire des armes nucléaires. Par conséquent, les gouvernements doivent élaborer des politiques à l’égard de ce régime sur la base de cette interprétation.

 

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est celle de l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com