Le monde doit agir de toute urgence pour empêcher l'Iran d’accéder à l'arme nucléaire

Mohammed Eslami, nouveau chef de l'Agence nucléaire iranienne (à gauche) et le représentant de l'Iran auprès de l'AIEA, Kazem Gharib Abadi, viennent d’assister à la conférence de l'AIEA à Vienne, le 20 septembre 2021. (AP)
Mohammed Eslami, nouveau chef de l'Agence nucléaire iranienne (à gauche) et le représentant de l'Iran auprès de l'AIEA, Kazem Gharib Abadi, viennent d’assister à la conférence de l'AIEA à Vienne, le 20 septembre 2021. (AP)
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Publié le Mercredi 29 septembre 2021

Le monde doit agir de toute urgence pour empêcher l'Iran d’accéder à l'arme nucléaire

Le monde doit agir de toute urgence pour empêcher l'Iran d’accéder à l'arme nucléaire
  • Les derniers développements indiquent que le régime iranien est en train de se transformer en État nucléaire
  • Le fait que l’Iran se dote de l'arme nucléaire entraîne des dangers qui ne sauraient être sous-estimés

Les derniers développements indiquent que le régime iranien est en train de se transformer en État nucléaire, ce qui aura des répercussions importantes sur la paix et la sécurité régionales et mondiales.

En effet, le régime poursuit l’enrichissement de l'uranium, enfreignant tous les termes de l'accord nucléaire du Plan d'action global commun (PAGC). Un seul mois serait nécessaire pour que le pays acquière suffisamment de matériel pour alimenter une seule arme nucléaire, et les dirigeants iraniens ne manifestent en aucun cas l’intention de reprendre les négociations qui visent à relancer le pacte nucléaire. «Depuis le 23 février 2021, les activités de surveillance de l'agence sont sérieusement compromises en raison de la décision qu’a prise l'Iran de mettre fin à ses engagements liés au nucléaire», signale l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) au cours du présent mois.

Le fait que l’Iran se dote de l'arme nucléaire entraîne des dangers qui ne sauraient être sous-estimés, pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, l'Iran n'est pas un État rationnel, mais plutôt révolutionnaire, une théocratie qui possède des idéaux révolutionnaires, parmi lesquels l'exportation de son système de gouvernance vers d'autres pays. Cette politique d'exportation de sa révolution vers d'autres nations s’est vérifiée tout au long des quatre décennies du régime. Depuis 1979, lorsqu’ils ont déployé leur Corps des gardiens de la révolution islamique et sa branche d'élite, la force Al-Qods, les dirigeants iraniens sont parvenus à étendre l'influence de Téhéran à l’ensemble du Moyen-Orient, notamment dans la zone qui va de l'Irak au Yémen, grâce à ses groupes mandataires comme les Houthis, le Hezbollah et les Unités de mobilisation populaire – un conglomérat de plus de quarante groupes de milices en Irak.

Imaginez la puissance et l’audace que donnerait au régime iranien la possession d’armes nucléaires pour imposer ses principes révolutionnaires. Il s’ingérerait dans les affaires intérieures d'autres nations et soutiendrait ses milices à travers tout le Moyen-Orient.

En outre, il est à craindre que ces armes nucléaires tombent entre les mains des mandataires iraniens et des milices et que le régime partage sa technologie nucléaire avec eux ainsi qu’avec ses alliés étatiques, comme le régime syrien.

Il est important de souligner que le régime iranien a déjà installé des usines d'armement à l'étranger et qu’il fabrique des missiles balistiques avancés ailleurs, notamment en Syrie. Parmi ces derniers, des missiles à guidage de précision peuvent frapper des cibles spécifiques. Les usines d'armement de l'Iran basées à l'étranger lui offrent une capacité militaire privilégiée pour mener des guerres ou frapper d'autres nations.

La politique d'exportation de sa révolution vers d'autres nations s’est vérifiée tout au long des quatre décennies du régime iranien.

Dr Majid Rafizadeh

Étant donné que le régime fournit déjà des armes avancées à ses mandataires, qu'est-ce qui l'empêcherait de partager sa technologie nucléaire avec eux afin de les renforcer et de saper les intérêts de sécurité nationale d'autres nations? Par exemple, le dernier rapport annuel de l'ONU (Organisation des nations unies, NDLR) révèle que les Houthis reçoivent un nombre important d'armes en provenance d'Iran. Ce document précise: «Un nombre croissant de preuves suggèrent que, en Iran, des individus ou des entités fournissent des volumes importants d'armes et de composants aux Houthis.»

Les armes de l'Iran sont déjà déployées à des fins offensives par ses mandataires. Ainsi, les forces houthies ont lancé un drone sur une base aérienne militaire de la ville de Khamis Mushait, dans le sud de l'Arabie saoudite, en avril dernier. La milice yéménite aurait également lancé plus de quarante drones et missiles sur l'Arabie saoudite pour le seul mois de février. Auparavant, les Houthis avaient revendiqué les attaques de 2019 contre deux usines de Saudi Aramco, au cœur de l'industrie pétrolière du Royaume – la plus grande usine de traitement du pétrole au monde, située à Abqaïq, près de Dammam, et le deuxième plus grand champ pétrolifère du pays, à Khurais.

La troisième menace repose sur le fait que le régime iranien est le premier État parrain du terrorisme au monde. Rappelons que l'un de ses diplomates, Assadollah Assadi, a été condamné à vingt ans de prison en Belgique en raison du rôle qu’il a joué dans l’attentat terroriste déjoué à Paris, en 2018. L’opération visait un rassemblement qui défendait «l'Iran libre».

Par ailleurs, l'Iran envoie des troupes et utilise des agents infiltrés – des personnes issues du milieu universitaire, des représentations diplomatiques, ou d’autres qui obtiennent des visas sous couvert de recherche universitaire ou de tourisme – pour recueillir des renseignements, aider les milices et les armer. Plusieurs pays, dont le Koweït, ont arrêté des Iraniens qui tentaient de s'infiltrer dans leur pays. Et Téhéran utilise également ses ambassades, ses centres culturels et ses diplomates: des cellules sont ainsi constituées, qui ont pour fonction d’organiser et à construire des groupes terroristes. Une décision de la Cour suprême de 2017 au Koweït révèle comment l'ambassade d'Iran a joué sur place un rôle dans la formation de cellules terroristes. L'ambassadeur et les diplomates d'Iran en ont d’ailleurs été expulsés.

La communauté internationale doit agir d’urgence afin d’empêcher Téhéran de se doter d'armes nucléaires, car le monde ne pourra vivre en paix – et deviendra sans aucun doute un lieu beaucoup plus dangereux – si l’Iran devient un État nucléaire.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter : @Dr_Rafizadeh

NDLR : L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.