«Harraga»: Une fuite collective qui séduit des Algériens prêts à risquer leur vie

Désormais, ces jeunes migrants visent l’Espagne grâce à des embarcations motorisées et extrêmement rapides. (Photo fournie).
Désormais, ces jeunes migrants visent l’Espagne grâce à des embarcations motorisées et extrêmement rapides. (Photo fournie).
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Publié le Jeudi 07 octobre 2021

«Harraga»: Une fuite collective qui séduit des Algériens prêts à risquer leur vie

  • On les appelle «harraga», un mot qui signifie littéralement en arabe nord-africain «ceux qui brûlent»
  • Des milliers d’Algériens risquent chaque jour leur vie pour quitter clandestinement le territoire national à destination de l’eldorado européen

ALGER: Jeunes et moins jeunes, femmes ou enfants, des milliers d’Algériens risquent chaque jour leur vie pour quitter clandestinement le territoire national à destination de l’eldorado européen. Les plus chanceux arriveront à bon port sains et saufs, mais certains périront noyés et d’autres seront portés disparus, sans qu’il soit possible pour leurs proches de faire le deuil. C’est un véritable drame. 

Les chiffres sont alarmants. Têtus, surtout: rien que pour le mois de septembre dernier, plus de 1 700 harraga ont débarqué sur les côtes espagnoles. À bord de ces «embarcations de la mort» se trouvent aussi des enfants, voire des bébés, puisque nombreux sont qui ceux se déplacent en famille. 

Le terme «harraga» désigne principalement un phénomène migratoire qui se développe de manière exponentielle ces dernières années.

On les appelle «harraga», un mot qui signifie littéralement en arabe nord-africain «ceux qui brûlent». En effet, on peut entendre dire dans la rue, dans les cafés ou dans les foyers: quelqu’un «a brulé les frontières» pour arriver en Europe sans passeport ni visa. S’ils parviennent à destination, ils détruisent en brûlant (cette fois, au sens propre du verbe) leurs papiers d’identité pour échapper à l’expulsion.

Ainsi, le terme «harraga» désigne principalement un phénomène migratoire qui se développe de manière exponentielle ces dernières années. Beaucoup d’observateurs y voient un signe de la crise profonde que vit la société algérienne et du ras-le-bol harassant qu’éprouve une jeunesse frustrée et déçue.

Désormais, ces jeunes visent l’Espagne grâce à des embarcations motorisées et extrêmement rapides, comme nous l’a confirmé la présidente fondatrice du Centre international pour l'identification de migrants disparus (CIPIMD). Cette dernière tire la sonnette d’alarme au sujet de cette marée humaine qui essaie coûte que coûte d’atteindre les côtes européennes.  

«Depuis l’année passée, nous alertons de la venue de migrants d’origine algérienne. Les médias espagnols se sont fait l’écho de la situation des Canaries, alors que nous avons toujours réclamé l’attention sur les couloirs maritimes Algérie-Espagne, extrêmement dangereux. Actuellement, il semblerait qu’un certain intérêt à ce sujet se développe», affirme Mme Marie-Ange Colsa à Arab News en français.

Citant les chiffres officiels du ministère espagnol de l’Intérieur, la présidente de l’ONG a révélé que, au 30 décembre, plus de 40 100 personnes étaient entrées en Espagne à bord de 2 124 embarcations, contre 26 103 harraga de 1 217 embarcations en 2019, soit une augmentation respective de 53% et 74%. «La nationalité algérienne occupe le premier rang. La majorité est issue de l’Algérie, donc, tandis que les autres qui arrivent aux Canaries sont multinationaux», ajoute-t-elle.

 

Des familles complètes

Toujours grâce aux statistiques du CIPIMD, on apprend que, jusqu’au 14 septembre dernier, plus de 10 700 personnes et 942 embarcations ont gagné les eaux espagnoles via les Baléares et la péninsule, contre 9 021 et 697 embarcations l’année passée, soit des hausses respectives de 18,6% et 35,2%. C’est dire l’ampleur que prend progressivement ce phénomène. «Sachant que les Algériens arrivent soit par Almeria et la région du Levant espagnol (Murcie, Valence, Alicante), soit par les Baléares, il est facile de conclure qu’ils sont majoritaires», assure-t-elle.

Cette organisation humanitaire fait un autre constat alarmant: il s’agit du phénomène de «harraga en famille». En effet, de plus en plus, la présence de femmes et d’enfants, et souvent de familles complètes, est signalée dans ces barques de la mort. Ces personnes ont entre 2 et 29 ans.

Marie-Ange Colsa explique que le CIPIMD a été fondé dans le but d’aider les familles à se renseigner sur le sort de leurs proches et, plus concrètement, à identifier les éventuels cadavres récupérés en mer ou qui échouent sur les plages. «L’exode d’Algériens est une réalité douloureuse. Ils partent car ils sont désespérés, ils ne voient leur avenir qu’en Europe, où ils espèrent pouvoir aider les familles qui restent au pays. Malheureusement, on ne répond pas à leur attente, et nous vivons chaque semaine des drames», confie-t-elle avec tristesse.

 

«Il faut agir»

Contacté par nos soins, Me Zakaria Benlahrech appelle les autorités algériennes à «agir rapidement» pour contrôler ce phénomène; non pas, selon lui, en réprimant à nouveau ou en sensibilisant à travers des fatwas religieuses, mais «en améliorant» la vie des Algériens et en offrant «plus d'opportunités» de réussite. «On doit tout faire pour combattre la pauvreté et aider les populations démunies. Il faut reconstruire la confiance entre le peuple et le pouvoir; c’est primordial si on veut mettre fin à ce cauchemar», plaide l’avocat, qui estime que les conditions des harraga doivent être considérées d’un point de vue humain.

Tous ces facteurs mènent au désespoir chez les Algériens et font naître un sentiment de frustration, au point que certains d’entre eux partent à l'aventure et risquent leur vie, en quête d’un avenir «meilleur», puisque les opportunités en Europe sont «nombreuses».

À ses yeux, on ne gagnera rien si l’on se concentre sur l'aspect juridique, car la législation internationale s'est révélée «incapable» de contrôler ce phénomène. Il poursuit: «Prenons l’exemple de l'Algérie. Notre législation a inclus en 2009 des articles juridiques sévères dans le Code pénal. Il s’agit des articles de 303 bis 30 à 303 bis 41, relatifs au trafic de migrants. Mais cela n’a pas réglé le phénomène, bien au contraire.» 

Il soutient à ce propos que les causes du phénomène des harraga en Algérie sont nombreuses. Elles sont d’ordre social, en raison du taux élevé du chômage et la cherté de la vie, et politique, si l’on considère le nombre inquiétant d’arrestations de personnes opposées au régime et le fait que le système politique échoue à assurer la stabilité: il ne propose «aucune solution efficace, ni orientation sécuritaire étroite», regrette le juriste, qui évoque également la crise économique que connaît le pays.

Selon lui, tous ces facteurs mènent au désespoir chez les Algériens et font naître un sentiment de frustration, au point que certains d’entre eux partent à l'aventure et risquent leur vie, en quête d’un avenir «meilleur», puisque les opportunités en Europe sont «nombreuses».

En 2019, et juste après le déclenchement du Hirak du 22 février, les statistiques ont démontré à grande échelle la réduction du phénomène des harraga. La raison? Le retour de l'espoir chez les Algériens et leur envie de participer à la construction d'un État de droit et d’une vraie démocratie qui garantira la justice sociale et une vie digne pour tous. Mais, rapidement, tout le monde a déchanté et, peu à peu, les barques de la mort ont repris de plus belle.

 

«Mieux vaut être mangé par un poisson que rester ici»

Cette situation, très inquiétante, remet en tout cas au goût du jour la question récurrente du mal-être d’une jeunesse algérienne qui ne croit plus au discours officiel et pour laquelle la confiance avec les gouvernants semble définitivement rompue

Pour mieux comprendre l’état d’esprit de ces jeunes, Arab News en français a pris contact avec Hamza, un trentenaire rencontré dans les ruelles de la Casbah d’Alger. Échantillon représentatif de ces jeunes bien décidés à traverser la Méditerranée, il nous explique ses motivations. «Nous n'avons rien à perdre et tout à gagner. Je suis chômeur depuis plus de dix ans. Pas un sou en poche. Je ne trouve même pas de petits boulots alors que je suis titulaire d'un master 2», commence-t-il. Il nous révèle qu’il compte partir en famille. «J’ai économisé de l’argent. Je prendrai ma famille et je partirai», promet-il, avant d’ajouter sur un ton glacial: «Si je meurs, je préfère ne pas laisser ma petite famille derrière moi. Soit on vit ensemble dans un meilleur monde, soit on crève ensemble». Hallucinant! 

Hamza doit débourser 1 million de dinars algériens, soit à peu près 5 000 euros, pour embarquer sur un «glisseur», un grand zodiac ultrarapide qui assure la «croisière» vers la région d’Almeria en cinq heures seulement. Un business très lucratif pour les réseaux mafieux et autres passeurs qui gèrent ces passages clandestins avec la complicité de certaines autorités.

Prêt à se confronter aux vagues, n’ayant nullement peur de périr, le jeune homme est bien déterminé à partir. Il persiste et signe: «Je préfère être mangé par les poissons que de rester en Algérie. À certains moments de la vie, il faut forcer le destin. Soit on avance et on progresse, soit on meurt. De toute façon, je meurs tous les jours un peu plus. Sans boulot ni aucune perspective, je meurs à petit feu.»

Cette situation, très inquiétante, remet en tout cas au goût du jour la question récurrente du mal-être d’une jeunesse algérienne qui ne croit plus au discours officiel et pour laquelle la confiance avec les gouvernants semble définitivement rompue. Et ce ne sont sans doute pas les images de ces embarcations pleines à craquer qui vont contredire cette vérité, si amère soit-elle!


Israël : le chef de l'opposition appelle à mettre fin à la guerre à Gaza

Un Palestinien marche à côté des décombres d'une maison résidentielle touchée par les frappes israéliennes nocturnes à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 30 juin 2025, alors que le conflit entre Israël et le mouvement islamiste militant Hamas se poursuit. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
Un Palestinien marche à côté des décombres d'une maison résidentielle touchée par les frappes israéliennes nocturnes à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza, le 30 juin 2025, alors que le conflit entre Israël et le mouvement islamiste militant Hamas se poursuit. (Photo de Bashar TALEB / AFP)
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  • Le leader centriste a déclaré : « L’État d’Israël n’a plus rien à gagner dans cette guerre.
  • « Le Hamas ne sera pas éliminé tant qu’un gouvernement alternatif ne sera pas mis en place à Gaza », a estimé Yaïr Lapid.

JERUSALEM : Le chef de l’opposition israélienne, Yaïr Lapid, a affirmé lundi qu’Israël n’avait « plus aucun intérêt à poursuivre la guerre à Gaza », estimant que le conflit ne faisait que « causer des dommages sécuritaires, politiques et économiques ».

S’exprimant lors de la réunion hebdomadaire de son groupe parlementaire Yesh Atid, le leader centriste a déclaré : « L’État d’Israël n’a plus rien à gagner dans cette guerre. Elle se prolonge inutilement, au détriment de notre stabilité et de nos soldats. » Il a également indiqué que l’armée israélienne partageait désormais ce constat.

« Le chef d’état-major, Eyal Zamir, s’est présenté hier devant le cabinet et a affirmé que la décision sur les objectifs à venir relevait désormais des instances politiques. Cela signifie que l’armée n’a plus de mission claire à Gaza », a-t-il insisté.

Selon les autorités israéliennes, au moins 442 soldats ont été tués depuis le début de l’offensive terrestre le 27 octobre 2023.

Déclenchée après l’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023, qui avait fait plus de 1.100 morts côté israélien et conduit à la prise de 251 otages, la guerre avait pour objectif déclaré de « démanteler » le mouvement islamiste palestinien. Pourtant, plus de 20 mois après le début des hostilités, le Hamas est toujours présent dans la bande de Gaza.

« Le Hamas ne sera pas éliminé tant qu’un gouvernement alternatif ne sera pas mis en place à Gaza », a estimé Yaïr Lapid. Il a ainsi appelé à une concertation régionale, notamment avec l’Égypte, afin d’envisager une nouvelle gouvernance du territoire, une perspective à laquelle aucun pays arabe ne s’est jusqu’à présent montré favorable.

Cette prise de position intervient une semaine après le cessez-le-feu conclu entre Israël et l’Iran, entré en vigueur le 24 juin. À cette occasion, le chef d’état-major israélien avait annoncé que l’armée « se reconcentrait sur Gaza, pour ramener les otages à la maison et démanteler le régime du Hamas ».

Dimanche, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a évoqué de « nouvelles opportunités » en vue d’une libération des otages. Mais à ce stade, aucune avancée concrète n’a été rendue publique.

Parmi les 251 personnes enlevées le 7 octobre, 49 sont toujours détenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l’armée.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés crédibles par l’ONU, l’offensive israélienne a fait 56.531 morts, en majorité des civils. La guerre a également plongé la bande de Gaza dans une crise humanitaire d’une ampleur inédite.


Le taux de chômage en Arabie saoudite a atteint 2,8 % au premier trimestre

Le taux d'activité des Saoudiens et des non-Saoudiens a augmenté pour atteindre 68,2 %, soit une hausse de 1,8 point par rapport au trimestre précédent et de 2,2 points par rapport à la même période de l'année dernière. AFP/File.
Le taux d'activité des Saoudiens et des non-Saoudiens a augmenté pour atteindre 68,2 %, soit une hausse de 1,8 point par rapport au trimestre précédent et de 2,2 points par rapport à la même période de l'année dernière. AFP/File.
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  • Parmi les ressortissants saoudiens, le taux de chômage est tombé à 6,3 %.
  • La part des femmes saoudiennes dans la population active a augmenté pour atteindre 36,3 %.

RIYAD : Le taux de chômage global de l'Arabie saoudite est tombé à un niveau record de 2,8 % au premier trimestre 2025, en baisse de 0,7 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent, selon des données officielles.

Selon les chiffres publiés par l'Autorité générale des statistiques, le taux de chômage a également baissé de 0,7 point par rapport à l'année précédente. Le taux d'activité des Saoudiens et des non-Saoudiens a augmenté pour atteindre 68,2 %, soit une hausse de 1,8 point par rapport au trimestre précédent et de 2,2 points par rapport à la même période de l'année dernière.

Le renforcement du marché du travail du Royaume s'aligne sur la Vision 2030, la feuille de route stratégique de la nation axée sur la création d'opportunités d'emploi pour les citoyens et la stimulation de la croissance économique. La lutte contre le chômage reste un pilier essentiel du programme de réformes socio-économiques.  
Pour soutenir les demandeurs d'emploi et rationaliser les efforts en matière d'emploi, le Royaume continue de promouvoir des plateformes numériques telles que Jadarat, un système national unifié pour connecter les Saoudiens aux opportunités d'emploi.

La part des femmes saoudiennes engagées dans la force de travail a augmenté pour atteindre 36,3 % au premier trimestre, soit une hausse de 0,3 point de pourcentage par rapport au trimestre précédent.

"En outre, le ratio emploi/population des femmes saoudiennes a augmenté de 0,7 point de pourcentage, atteignant 32,5 %. Dans le même temps, le taux de chômage des femmes saoudiennes a diminué de 1,4 point de pourcentage, atteignant 10,5 %, par rapport au trimestre précédent de 2024", a ajouté le GASTAT.

Chez les hommes saoudiens, la participation à l'activité économique a légèrement augmenté pour atteindre 66,4 %, tandis que leur taux de chômage a diminué de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 4,0 %.

Le rapport de GASTAT a également révélé que 94,8 % des Saoudiens au chômage sont prêts à travailler dans le secteur privé. Parmi eux, 76,1 % des femmes et 86,3 % des hommes ont exprimé leur volonté de travailler au moins huit heures par jour.

En outre, 58,7 % des femmes saoudiennes à la recherche d'un emploi et 40,4 % de leurs homologues masculins se disent prêts à faire un trajet d'une heure ou plus pour se rendre sur leur lieu de travail.

Parallèlement aux résultats de l'enquête, GASTAT a également publié des statistiques sur le marché du travail basées sur les registres pour la même période.

Le nombre de Saoudiens enregistrés auprès de l'Organisation générale de l'assurance sociale et de la fonction publique a augmenté pour atteindre 2,92 millions au premier trimestre 2025, contre 2,89 millions au trimestre précédent. Parmi eux, 2,42 millions étaient employés dans le secteur privé et 492 620 dans le secteur public.

Dans le même temps, le nombre total de travailleurs enregistrés dans le Royaume - y compris les Saoudiens et les non-Saoudiens - a augmenté pour atteindre 12,8 millions, contre 12,4 millions au quatrième trimestre 2024.

Dans son dernier communiqué, GASTAT a déclaré : "Le ratio emploi-population pour les Saoudiens a augmenté de 0,5 point de pourcentage par rapport au quatrième trimestre de 2024, atteignant 48,0 pour cent, et a augmenté de 0,5 point de pourcentage par rapport au premier trimestre de 2024."

Parmi les ressortissants saoudiens, le taux de chômage est tombé à 6,3 % au premier trimestre, soit une baisse de 0,7 point par rapport au trimestre précédent et de 1,3 point par rapport à l'année précédente. La participation à la main-d'œuvre parmi les Saoudiens a légèrement augmenté pour atteindre 51,3 %, soit une amélioration trimestrielle de 0,2 point.


De nouvelles attaques de civils israéliens contre des soldats en Cisjordanie

Un soldat israélien monte la garde tandis que des colons israéliens visitent le centre historique et le marché de la ville palestinienne d'Hébron, en Cisjordanie occupée, le 28 juin 2025. (Photo : HAZEM BADER / AFP)
Un soldat israélien monte la garde tandis que des colons israéliens visitent le centre historique et le marché de la ville palestinienne d'Hébron, en Cisjordanie occupée, le 28 juin 2025. (Photo : HAZEM BADER / AFP)
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  • Selon les médias locaux, des colons ont pris pour cible le commandant de la base régionale de Binyamin, au centre de la Cisjordanie, le qualifiant de « traître ».
  • Ces violences semblent être une réponse à l’arrestation de six civils israéliens suite aux incidents de vendredi.

JERUSALEM : Plusieurs dizaines d’Israéliens se sont rassemblés dans la nuit de dimanche à lundi devant une base militaire en Cisjordanie occupée. Certains manifestants ont attaqué les forces de sécurité, aspergé les soldats de gaz lacrymogène, vandalisé des véhicules militaires et endommagé une installation stratégique, a indiqué l’armée israélienne.

Selon les médias locaux, des colons ont pris pour cible le commandant de la base régionale de Binyamin, au centre de la Cisjordanie, le qualifiant de « traître ». Ce dernier faisait partie d’un groupe de soldats agressés dans la nuit de vendredi à samedi, après s’être opposés à des colons se dirigeant vers le village palestinien de Kafr Malek, où trois Palestiniens avaient été tués mercredi par des colons, d’après l’Autorité palestinienne.

Ces violences semblent être une réponse à l’arrestation de six civils israéliens suite aux incidents de vendredi. En représailles, des colons se sont à nouveau mobilisés devant la base militaire.

Dans un communiqué, l’armée a confirmé que les forces de sécurité — armée, police et gardes-frontières — étaient intervenues pour disperser le rassemblement. Un civil israélien a été blessé lors des affrontements.

Quelques heures plus tard, l’armée a signalé que des civils israéliens avaient incendié et vandalisé un site de sécurité contenant des équipements utilisés pour prévenir des attentats dans le secteur de la brigade de Binyamin.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réagi en condamnant fermement ces actes, rappelant qu’« aucun pays respectueux des lois ne peut tolérer de tels comportements violents et anarchiques ». Il a exigé l’ouverture immédiate d’une enquête et la traduction des responsables en justice.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a convoqué une réunion d’urgence avec les responsables de la sécurité pour discuter des agressions contre les forces armées. « Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour déraciner cette violence à sa source », a-t-il déclaré.

De son côté, le ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, a également condamné « fermement toute violence » envers les forces de sécurité.

Même le ministre des Finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, pourtant fervent partisan de la colonisation, a reconnu qu’une « ligne rouge » avait été franchie.

Plusieurs ONG de défense des droits humains dénoncent une montée des violences de la part des colons en Cisjordanie, ainsi que l’impunité dont ils jouiraient.

La Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, connaît une flambée de violences depuis le début de la guerre à Gaza, déclenchée par l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Environ trois millions de Palestiniens y vivent, aux côtés de près d’un demi-million de colons israéliens, installés dans des colonies considérées comme illégales au regard du droit international.