Liban: deux ans après la contestation, l'opposition mise sur les législatives

Dans cette photo d'archive prise le 10 novembre 2019, des manifestants libanais brandissent des drapeaux nationaux lors des manifestations antigouvernementales en cours au cœur de Beyrouth. Deux ans après qu'un mouvement de protestation aujourd'hui disparu a secoué le Liban, les militants de l'opposition espèrent que les sondages parlementaires remettront en cause la mainmise de l'élite dirigeante sur le pays. (Anwar Amro / AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 10 novembre 2019, des manifestants libanais brandissent des drapeaux nationaux lors des manifestations antigouvernementales en cours au cœur de Beyrouth. Deux ans après qu'un mouvement de protestation aujourd'hui disparu a secoué le Liban, les militants de l'opposition espèrent que les sondages parlementaires remettront en cause la mainmise de l'élite dirigeante sur le pays. (Anwar Amro / AFP)
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Publié le Samedi 23 octobre 2021

Liban: deux ans après la contestation, l'opposition mise sur les législatives

  • Le 17 octobre 2019, des centaines de milliers de Libanais étaient descendus dans les rues pour réclamer le départ des dirigeants en place depuis la fin de la guerre civile en 1990
  • Au lieu de l'affaiblir, la crise a par ailleurs renforcé le clientélisme, les partis traditionnels distribuant des aides en tous genres à leurs partisans

BEYROUTH, Liban : Deux ans après un mouvement de contestation inédit au Liban, les militants de l'opposition espèrent que les législatives du printemps prochain pourront ébranler la classe politique traditionnelle, même s'ils reconnaissent que les chances d'un changement notable sont minces.

Le 17 octobre 2019, des centaines de milliers de Libanais étaient descendus dans les rues pour réclamer le départ des dirigeants en place depuis la fin de la guerre civile en 1990, accusés d'incompétence et de corruption.

Mais les manifestations monstres se sont progressivement estompées sur fond de répression musclée, de crise économique sans précédent, aggravée par la pandémie de Covid-19, et après l'explosion dévastatrice au port de Beyrouth l'an dernier.

Pour sa part, la classe dirigeante reste soudée malgré ses divergences, notamment pour faire obstacle à l'enquête sur l'explosion qui a fait plus de 200 morts et dévasté des quartiers entiers de la capitale.

Le 14 octobre, le puissant mouvement chiite Hezbollah a fait défiler ses partisans et ceux de son allié, le mouvement Amal, au coeur de Beyrouth pour réclamer le remplacement du juge chargé de l'enquête. Des manifestants ont soudainement essuyé des tirs, déclenchant des violences qui ont fait sept morts.

- Unifier les groupes de l'opposition -

"Nous avons tout essayé face à cette classe politique: les manifestations, les sit-in, la poursuite des ministres et des députés dans les cafés et les restaurants, les blocages de route...Rien n'y fait", affirme à l'AFP Firas Hamdane.

Cet avocat, défenseur de militants arrêtés lors des protestations, a eu le coeur transpercé par une balle lors de la répression d'une manifestation au lendemain de l'explosion au port le 4 août 2020.

Pour lui, "les élections législatives constitueront une étape très importante dans la confrontation" entre "ceux qui veulent édifier un État" et une classe politique "formée de voleurs et d'assassins qui ne connaissent que le langage des armes, de la destruction et du sang".

La contestation a donné naissance à une multitude de mouvements et de partis embryonnaires, ralliant également des partis traditionnels qui se sont désolidarisés de la classe au pouvoir, comme le parti Kataëb, dont trois députés ont démissionné à la suite de l'explosion au port.

Même si tous appellent à un changement politique, ces groupes ne sont pas d'accord sur le moyen d'y parvenir, et divergent sur plusieurs questions fondamentales, comme celle des armes du Hezbollah pro-iranien.

Zeina Helou, membre du bureau politique d'un groupe nouvellement créé par des militants, Lana (Pour nous), estime qu'il est nécessaire d'entamer une nouvelle étape visant à unifier les groupes de l'opposition en vue des élections.

Elle explique que les législatives prévues au printemps 2022 constitueront "une nouvelle bataille dans la guerre ouverte" contre le pouvoir.

"La confrontation sera difficile", reconnaît la militante, et "ne se déroulera pas à armes égales", l'opposition ne disposant pas des moyens matériels et logistiques du pouvoir qui profite également d'une loi électorale taillée sur mesure.

Certains reprochent toutefois aux groupes de l'opposition leur manque de coordination et de mobilisation en vue des élections.

- Fatigue sociale -

Depuis l'automne 2019, les Libanais sont soumis à des restrictions bancaires draconiennes qui les empêchent d'avoir librement accès à leur argent, tandis que la monnaie locale a perdu plus de 90% de sa valeur par rapport au dollar sur le marché noir. Près de 80% de la population vit désormais dans la pauvreté sur fond d'une inflation galopante et de graves pénuries de médicaments, de carburant et de courant.

Au lieu de l'affaiblir, la crise a par ailleurs renforcé le clientélisme, les partis traditionnels distribuant des aides en tous genres à leurs partisans.

La chute libre de l'économie, l'insécurité et l'effondrement des services publics de base ont aussi poussé un grand nombre de familles et de jeunes à l'émigration.

Pour Hilal Khachan, professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth, "les gens vivent une période de fatigue sociale et ont compris que le changement ne viendrait pas facilement" alors que le pouvoir "reste solide".

Et la chercheuse et professeure Rima Majed renchérit: tant que le pays est aux mains de "ceux qui détiennent les armes, l'argent et les milices, ceux qui pensent que les élections changeront le système se trompent".


Plus de la moitié de la population soudanaise a besoin d'aide humanitaire (ONG)

Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
Des responsables soudanais inspectent des camions chargés d'aide humanitaire à Port-Soudan lors du lancement d'un convoi humanitaire à destination de la ville d'Al-Dabba, dans le nord du pays. (AFP)
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  • Plus de 30 millions de Soudanais — la moitié de la population — ont besoin d’aide humanitaire alors que les violences et exactions se multiplient, notamment après la chute d’El-Facher
  • Le DRC dénonce l’inaction internationale face à une crise majeure ayant causé des millions de déplacés et des atrocités documentées à grande échelle

LE CAIRE: La secrétaire générale du Conseil danois pour les réfugiés (DRC), Charlotte Slente, a indiqué après une visite sur le terrain que plus de la moitié de la population soudanaise avait besoin d'aide humanitaire, alors que la guerre opposant l'armée aux paramilitaires fait rage.

"Plus de 30 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire. Cela représente la moitié de la population du Soudan", a déclaré Mme Slente dans un entretien téléphonique cette semaine avec l'AFP, de retour d'un déplacement à la frontière du Tchad avec le Darfour (ouest), une zone qui a vu affluer ces derniers mois des réfugiés soudanais fuyant la guerre.

La population du Soudan était estimée à 50 millions d'habitants en 2024, selon la Banque mondiale.

En s'emparant le 26 octobre de la ville d'El-Facher après 18 mois de siège, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) ont parachevé leur contrôle sur le Darfour, vaste région en proie à de multiples exactions ces dernières semaines.

Le Soudan est le théâtre de "violations de toutes les lois humanitaires internationales, telles que massacres et violences sexuelles", a alerté Mme Slente.

Le Tchad accueille un million et demi de réfugiés soudanais, dont la plupart vivent dans des camps situés le long de la frontière entre les deux pays.

La directrice de l'ONG a dénoncé une "inaction de la communauté internationale, qui s'est contentée de publier des communiqués". "L'impact des déclarations sur les besoins humanitaires sur le terrain est très limité, et elles n'ont certainement pas réussi à mettre fin à la violence", a-t-elle déploré.

Après la prise d'El-Facher, les combats se sont intensifiés dans la région de Kordofan, à l'est du Darfour, où les informations faisant état d'atrocités contre des civils se multiplient.

"Il semble que ce conflit ne retienne l'attention internationale que maintenant, en raison des atrocités et des effusions de sang massives qui ont eu lieu à El-Facher, à tel point qu'elles sont visibles depuis l'espace" grâce aux images satellites, a déclaré Mme Slente.

Déclenchée en avril 2023, la guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et plongé le pays dans la plus grande crise humanitaire au monde, selon l'ONU.


Deuxième point de vente duty-free ouvert à Dhahran

Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
Ci-dessus, la boutique hors taxes de l'aéroport King Khalid à Riyad. L'Arabie saoudite étend ses boutiques hors taxes au-delà des aéroports. (moodiedavittreport.com)
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  • Un deuxième magasin duty-free a ouvert à Dhahran, offrant des produits détaxés aux diplomates accrédités, un an après l’ouverture du premier point de vente à Riyad
  • Le dispositif vise à améliorer l’accès des diplomates aux biens hors taxes et à simplifier les procédures de remboursemen

RIYADH : Un deuxième magasin duty-free a récemment ouvert dans le complexe résidentiel d’Aramco à Dhahran, proposant des produits détaxés aux diplomates accrédités en Arabie saoudite.

Cette ouverture fait suite à l’inauguration du premier point de vente, lancé en juin 2023 dans le quartier diplomatique de Riyad.

Le magasin vise à offrir ses services aux diplomates et représentants des missions diplomatiques de la région, en proposant une expérience commerciale complète et des produits hors taxes, conformément à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques de 1961.

Il entend également faciliter l’accès des diplomates aux biens exemptés de taxes et simplifier les procédures de remboursement, qu’elles soient effectuées périodiquement, à la fin de leur mission officielle ou durant leurs congés saisonniers.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La France plaide pour l'application du cessez-le-feu au Liban face à la recrudescence des attaques israéliennes

Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
Anne-Claire Legendre et Joseph Aoun. (Fourni)
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  • Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à œuvrer à la stabilisation de la région sud
  • La visite de Mme Legendre intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, faisant craindre un conflit plus large

BEYROUTH : La France a réaffirmé jeudi son engagement en faveur de la stabilité du Liban et a promis un soutien accru à ses forces armées et à ses efforts de reconstruction, alors que les attaques israéliennes dans le sud du pays continuent de s'intensifier.

Lors d'une visite officielle à Beyrouth, Anne-Claire Legendre, conseillère du président français pour les affaires du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, a déclaré que Paris continuerait à soutenir le Liban et à "travailler à la stabilisation de la zone sud".

Cette visite intervient alors qu'Israël intensifie ses raids aériens sur les sites liés au Hezbollah, ce qui fait craindre une extension du conflit.

Lors d'une réunion avec de hauts responsables libanais, Mme Legendre a réaffirmé l'intention de la France d'organiser deux conférences internationales pour soutenir les efforts d'aide et de reconstruction du Liban et renforcer l'armée libanaise.

Elle s'est également engagée à activer le comité de surveillance de la cessation des hostilités (mécanisme), en réponse à la demande du Liban de mettre en œuvre le cadre du cessez-le-feu.

La visite de l'envoyée française s'inscrit dans le cadre des efforts diplomatiques urgents visant à alléger la pression sécuritaire croissante exercée par Israël sur le Liban et à relancer la dynamique de l'accord de cessez-le-feu du 20 novembre, qui est au point mort et qui vise à mettre en œuvre la résolution 1701 des Nations unies, initialement rédigée pour mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

Les violations continues par Israël de l'accord de cessation des hostilités comprennent des frappes sur ce qu'il prétend être des cibles du Hezbollah dans le sud, ce qui alimente les craintes au Liban qu'Israël ne prépare le terrain pour une nouvelle guerre sous le prétexte d'arrêter le réarmement présumé du groupe.

Le président libanais Joseph Aoun a déclaré à M. Legendre que la poursuite des hostilités par Israël et son occupation de cinq positions stratégiques empêchaient l'armée libanaise de se déployer pleinement au sud du fleuve Litani, comme le prévoyait l'accord de cessez-le-feu.

Les hostilités quotidiennes d'Israël, a-t-il ajouté, entravent également les efforts de reconstruction du Liban après la guerre.

Selon son bureau de presse, M. Aoun a affirmé que l'armée libanaise poursuivait ses opérations dans les zones où elle s'est déployée au sud du Litani, saisissant les armes et les munitions et inspectant les tunnels et les entrepôts.

Il a ajouté : "L'armée remplit ses fonctions avec précision, en dépit de la propagande qu'Israël diffuse pour saper ses capacités et son rôle - un rôle qui continue de bénéficier du soutien de tous les Libanais."

Il a précisé qu'une douzaine de soldats avaient été tués jusqu'à présent dans l'exercice de leurs fonctions.

M. Aoun a réaffirmé à l'envoyé français que l'option des négociations diplomatiques avec Israël, qu'il avait proposée il y a plusieurs semaines, constituait la voie la plus viable pour rétablir la stabilité dans le sud et dans l'ensemble du Liban.

Il a toutefois confirmé que son pays "n'a pas encore reçu de réponse à sa proposition de négociations".

Dans un communiqué de son bureau de presse, M. Aoun a déclaré : "La poursuite de l'agression ne donnera rien : "La poursuite de l'agression ne donnera aucun résultat. Les expériences passées dans de nombreux pays ont montré que la négociation est la seule alternative durable aux guerres futiles."

Il a souligné que le soutien international, en particulier celui de la France et des États-Unis, peut contribuer à faire avancer les négociations avec Israël. Le comité du mécanisme fait partie des organes capables de parrainer de tels pourparlers, a-t-il déclaré.

M. Aoun a souligné auprès de l'envoyé français que les conférences internationales que la France entend organiser, aux côtés des États-Unis et de l'Arabie saoudite, pourraient aider l'armée libanaise à obtenir l'équipement militaire dont elle a tant besoin pour son déploiement et faciliter le retour des habitants du sud dans leurs maisons et villages détruits.

Il a salué "toute contribution européenne au maintien de la stabilité après le retrait de la FINUL du sud, en coordination avec les unités de l'armée libanaise, dont le nombre passera à 10 000 soldats d'ici la fin de l'année".

Les raids israéliens sur le sud du Liban se sont poursuivis jeudi.

Un drone israélien a frappé une voiture à Toul, près de Nabatieh, tuant son conducteur. Plusieurs raids aériens ont également frappé des installations à Aitaroun et Tayr Felsay.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a déclaré que "l'armée israélienne a effectué un raid sur un dépôt d'armes et sur des infrastructures du Hezbollah situées près de résidences civiles, sur la base de directives des services de renseignement".

Entre-temps, la 13e réunion du Comité du mécanisme, présidée par le général américain Joseph Clearfield, s'est tenue mercredi à Ras Naqoura.

Lors de cette réunion, le Liban a présenté un exposé sur les récentes violations israéliennes, notamment l'utilisation renouvelée des avertissements d'évacuation émis avant de viser plusieurs bâtiments, actions décrites comme une violation flagrante de l'accord de cessez-le-feu.

Le secrétaire général du Hezbollah, Sheikh Naim Qassim, a déclaré que le groupe avait l'intention de conserver ses armes au nord du fleuve Litani, une position qui viole les termes de l'accord de cessez-le-feu.

Après la déclaration de Qassim selon laquelle "il n'y a pas de menace ou de danger pour les colonies du nord", nombreux sont ceux qui se sont interrogés sur la raison pour laquelle le Hezbollah conserve ses armes au nord du fleuve Litani.

En réponse, le parti phalangiste a déclaré que le fait de rassurer Israël sur le fait que les colonies du nord ne sont pas menacées, tout en exprimant la volonté de débarrasser le sud de ses armes, soulève de sérieuses questions quant à l'objectif de la conservation de ces armes.

Le parti a demandé : Où est la soi-disant "résistance contre Israël" si sa priorité aujourd'hui est de rassurer Israël plutôt que de l'affronter ?