Un Iran nucléaire serait un désastre pour la nouvelle année

Photographie montrant le drapeau iranien.(Photo fournie)
Photographie montrant le drapeau iranien.(Photo fournie)
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Publié le Samedi 01 janvier 2022

Un Iran nucléaire serait un désastre pour la nouvelle année

Un Iran nucléaire serait un désastre pour la nouvelle année
  • En 2021, le nouveau chef de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, Mohammad Eslami, a affirmé que le stock d’uranium du pays, enrichi à 20 % de pureté nucléaire, s’élève à 120 kilogrammes
  • Idéalement, la double pression, à la fois à l’intérieur de l’Iran et au-delà de ses frontières, conduirait probablement à l’effondrement du régime actuel, mettant ainsi fin à la longue crise nucléaire

Le régime iranien continue de défier la communauté internationale et de faire progresser son programme nucléaire. Au seuil de l’année 2022, la perspective de voir l’Iran se doter de l’arme nucléaire demeure l’une des plus grandes menaces pour la sécurité mondiale.

Les réponses politiques à cette menace se développent depuis près de deux décennies, mais une solution définitive reste difficile à atteindre. En l’absence de solution, la crise s’intensifie et certains experts affirment même que le régime de Téhéran n’est qu’à quelques semaines de l’acquisition d’armes nucléaires.

Ce calendrier montre clairement que la communauté internationale doit considérer cettequestion comme une priorité absolue, en définissant la politique pour l’année à venir. Les puissances occidentales devraient œuvrer à freiner les progrès réalisés par l’Iran versl’acquisition d’armes nucléaires dans les premières semaines – si ce n’est les premiers jours –de la nouvelle année.

Bien sûr, cela ne peut pas être accompli de manière réaliste au moyen de la stratégie que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne ont obstinément poursuivie au cours de cette dernière année. L’expérience montre que les négociations avec Téhéran peuvent durer indéfiniment, permettant au régime de poursuivre ses activités malveillantes.

C’est d’ailleurs ce qui se passe avec le programme nucléaire iranien et l’accord de 2015, mieux connu sous le nom de «Plan d’action global commun» (PAGC).

Les États-Unis se sont retirés de l’accord en 2018, lorsque le président de l’époque, Donald Trump, a dénoncé l’accord comme étant l’un des pires de l’Histoire, en faisant allusion auxviolations iraniennes, inhérentes à la lettre et à «l’esprit» de l’accord.

L'Iran a fini par officialiser ses violations en réponse et la rapidité avec laquelle son programme nucléaire est revenu à son statut d’avant 2015 a confirmé que le PAGC n’avait jamais vraiment réussi à retarder l’acquisition de l’arme nucléaire par l’Iran.

«Un Iran nucléaire modifierait radicalement l’équilibre géopolitique des pouvoirs et conduirait à une situation catastrophique à compter de 2022.» – Dr Majid Rafizadeh

Depuis, la marge de négociation se réduit considérablement. Début 2020, le régime a déclaré qu’il ne se conformerait à aucune des restrictions imposées par le PAGC.

Bien qu’il ne soit pas certain que le régime ait été pleinement conforme, ses violations flagrantes ont rapidement conduit à un enrichissement de l’uranium à un niveau de 60 %. En 2021, le nouveau chef de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, Mohammad Eslami, a affirmé que le stock d’uranium du pays, enrichi à 20 % de pureté nucléaire, s’élève à 120 kilogrammes.

Cette annonce intervient au moment où les États-Unis, sous la direction d’un nouveau président, travaillent avec les signataires européens du PAGC pour tenter de rétablir l’accord. Mais l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran, dirigée par M. Eslami, est le résultat du propre changement de direction de l’Iran, qui a mis fin à la participation du régime aux négociations entre les signataires à Vienne. Ebrahim Raïssi, le président partisan de la lignedure, a maintenu ces pourparlers dans le flou pendant plus de cinq mois et il a apparemment repris les négociations fin novembre uniquement par crainte que les interlocuteurs occidentaux ne se retirent de l’accord.

Le dernier cycle des pourparlers de Vienne confirme que le changement de tactique de l’Iran n'est pas un changement de stratégie. Le régime reste déterminé à retarder le processus derétablissement du PAGC aussi longtemps que possible. Ainsi, le pays demeure à l'abri des sanctions que l’échec de l’accord imposerait.

Dans le même temps, l’Iran continue de faire progresser ses activités nucléaires à un niveau sans précédent, en installant de nouvelles cascades de centrifugeuses avancées afin de poursuivre rapidement l’expansion de son important stock d’uranium, déjà enrichi à 20 %, et d’acquérir suffisamment de matières nucléaires de qualité militaire pour fabriquer une armenucléaire.

La meilleure stratégie de la communauté internationale pour freiner rapidement la progression de l’Iran vers l’acquisition d’armes nucléaires consiste non seulement à maintenir la pression sur l’Iran à ce sujet mais aussi à le lier aux divers autres problèmes tels que les violations des droits de l’homme, et à exploiter pleinement la vulnérabilité que Téhéran essaie d’atténuer en exigeant d’alléger le fardeau tout en n’offrant rien en retour.

Depuis fin 2017, le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) progresse dans ses efforts pour encourager les soulèvements populaires dans le but de renverser la dictature théocratique du pays. Le régime a lui-même reconnu en janvier 2018 que le groupe d’opposition était le principal responsable du soulèvement national à l’époque. Un message similaire sur le rôle de la résistance organisée a été largement partagé lors d’un soulèvement encore plus important en novembre 2019.

Bien que l’ampleur des manifestations publiques ait diminué après le début de la pandémie mondiale, ces dernières se sont à nouveau intensifiées, en particulier à la suite de «l’élection» d’Ebrahim Raïssi à la présidence au moyen d’un processus que la grande majorité des citoyens iraniens a boycotté. Les médias d’État iraniens mettent constamment en garde contrela perspective d’un autre soulèvement.

Alors que le groupe de résistance et d’autres groupes de militants iraniens sont prêts à œuvrer seuls pour un changement de régime, ils exigent depuis longtemps une modification des paradigmes occidentaux concernant la politique iranienne. Un soutien politique à ces groupes pourrait contribuer grandement à l’intensification de la pression intérieure à laquelle l’Iran fait actuellement face.

Idéalement, la double pression, à la fois à l’intérieur de l’Iran et au-delà de ses frontières,conduirait probablement à l’effondrement du régime actuel, mettant ainsi fin à la longue crise nucléaire et à tous les problèmes régionaux et mondiaux qui découlent clairement de ce régime théocratique.

Au minimum, cette stratégie obligerait l’Iran à reconsidérer la profondeur de son engagement dans des activités nucléaires provocatrices au moment où la crise économique s’aggrave.

Un Iran nucléaire modifierait radicalement l’équilibre géopolitique des pouvoirs et conduirait à une situation catastrophique à compter de 2022.

Le Dr Majid Rafizadeh est un politologue irano-américain formé à Harvard.

Twitter: @Dr_Rafizadeh

NDLR: L’opinion exprimée dans cette page est propre à l’auteur et ne reflète pas nécessairement celle d’Arab News en français.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com