La déclaration de Damas sur ses armes chimiques est inexacte et incomplète, selon l'ONU

La résolution 2118 a été adoptée à l'unanimité en septembre 2013 après qu'une enquête de l'ONU a confirmé l'utilisation d'armes chimiques contre des civils dans une banlieue de Damas le mois précédent. (Photo, Reuters/Archives)
La résolution 2118 a été adoptée à l'unanimité en septembre 2013 après qu'une enquête de l'ONU a confirmé l'utilisation d'armes chimiques contre des civils dans une banlieue de Damas le mois précédent. (Photo, Reuters/Archives)
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Publié le Vendredi 07 janvier 2022

La déclaration de Damas sur ses armes chimiques est inexacte et incomplète, selon l'ONU

  • La chef du désarmement de l’ONU a présenté le 99e rapport sur la question au Conseil de sécurité lors de sa première réunion de l'année
  • L'émissaire russe a qualifié la question de «levier de critique anti-syrienne pour nos confrères occidentaux»

NEW YORK: «Des lacunes, des incohérences et des divergences» signifient que la déclaration du régime syrien sur son programme d'armes chimiques reste inexacte et incomplète, selon la chef du désarmement de l'ONU.

Izumi Nakamitsu, sous-secrétaire générale et haute représentante pour les affaires de désarmement, a de nouveau exhorté le gouvernement syrien à «coopérer pleinement» avec l'ONU pour l'interdiction des armes chimiques et à accorder à ses représentants un accès «immédiat et sans entrave».

Ses propos sont intervenus alors qu'elle informait le Conseil de sécurité, lors de sa première session de l'année, sur la mise en œuvre de la résolution 2118, adoptée à l'unanimité en septembre 2013 après qu'une enquête de l'ONU a confirmé l'utilisation d'armes chimiques contre des civils dans une banlieue de Damas le mois précédent. Les images de personnes, dont des enfants, suffoquant après avoir inhalé un agent neurotoxique ont suscité l'indignation dans le monde entier.

La résolution ordonne au régime syrien de détruire ses armes chimiques d'ici mi-2014, et prévient que des mesures punitives seront prises en cas de non-respect. Elle interdit au régime d'utiliser, de développer, de fabriquer, d'acquérir, de stocker ou de conserver des armes chimiques, ou de les transférer à d'autres États ou à des acteurs non étatiques.

En octobre 2013, la Syrie a soumis à l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) une déclaration initiale officielle sur son programme d'armes chimiques, en particulier un plan de destruction des stocks.

Nakamitsu a déclaré au Conseil de sécurité que plus de huit ans plus tard, la déclaration du régime syrien «ne peut être considérée comme exacte et complète conformément à la Convention sur les armes chimiques».

Bien que «certains progrès» aient été réalisés, entraînant la clôture de trois questions relatives à la déclaration initiale, Nakamitsu a signalé que 20 des 24 questions en suspens restent non résolues alors que les enquêtes se poursuivent sur les allégations d'utilisation d'armes chimiques dans divers incidents.

L'une de ces questions en suspens concerne une installation qui, selon les autorités syriennes, n'a pas été utilisée pour fabriquer des armes chimiques. Les informations et les preuves recueillies par l'OIAC depuis 2014 indiquent cependant que la production ou l’utilisation d'agents neurotoxiques comme armes chimiques a effectivement eu lieu là-bas, a ajouté Nakamitsu.

«La substance de ces questions en suspens est préoccupante et implique, entre autres, la recherche, la production et/ou l'armement non déclarés de quantités inconnues d'armes chimiques, et des quantités importantes d'agents de guerre chimique ou de précurseurs et de munitions chimiques dont le sort n'a pas encore été entièrement vérifié par le Secrétariat de l'OIAC», a-t-elle expliqué.

Elle a également regretté que les autorités syriennes aient refusé d'accorder un visa d'entrée à un membre de l'équipe de l'OIAC, ce qui a retardé son déploiement à Damas pour un 25e cycle de consultations. Les efforts déployés pour se réunir à La Haye ont également été infructueux.

Alors qu'elle présentait le 99e rapport sur les armes chimiques du régime syrien, Nakamitsu a de nouveau exprimé l'espoir que les membres du Conseil de sécurité resteront unis sur la question.

Linda Thomas-Greenfield, l'ambassadrice des États-Unis auprès de l'ONU, a affirmé que «c'est une question de paix et de sécurité internationales que Damas remplisse ses obligations internationales. Il est temps pour le régime syrien de cesser de retarder, de cesser son obstructionnisme et de se conformer à ses obligations internationales».

Dmitry Polyanskiy, représentant permanent adjoint de la Russie auprès de l'ONU, a accueilli les nouveaux membres du Conseil de sécurité, les Émirats arabes unis, le Gabon, le Ghana, le Brésil et l'Albanie, qui ont commencé leur mandat de deux ans le 1er janvier. Il leur a dit que, pour leur premier jour au Conseil, ils avaient l'occasion de se plonger dans l'un des sujets les plus controversés et les plus politisés de son ordre du jour et a affirmé qu'il regorge de falsifications, de méthodes d'enquête biaisées et erronées et de manipulations.

«Il est unique», a-t-il ajouté, «car aucun autre épisode n'est aussi détaché de la réalité et ne ressemble autant à un conte de fées que ce dossier». Polyanskiy a soutenu que le gouvernement syrien a «fidèlement respecté toutes ses obligations pertinentes» concernant son dossier chimique, et que le Conseil de sécurité n'a reçu «aucune preuve scientifique du contraire». La Syrie reste prête à accueillir l'équipe technique, a-t-il ajouté.

L'émissaire russe a de plus averti ses collègues qu'en «insistant trop» sur les violations présumées du régime syrien, l'ONU et l'OIAC «minimisent les épisodes d’utilisation d’armes chimiques par des terroristes en Syrie et dans ses États voisins».

Polyanskiy a ainsi conclu: «Le soi-disant dossier chimique syrien a cessé de maintenir une façade d'enquête objective et impartiale qui pourrait confirmer les affirmations sur l'utilisation d'armes chimiques dans ce pays.

«Il n'est plus qu'un levier de critique anti-syrienne pour nos confrères occidentaux, qui sont prêts à tout pour prouver l’indémontrable, même si dans ce cas ils doivent négliger les lois de la physique, de la chimie et de la logique élémentaire.»

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.