Premiers pourparlers russo-ukrainiens, au cinquième jour de l'invasion russe

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un briefing au bureau du chef de l'État à Kiev. (AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un briefing au bureau du chef de l'État à Kiev. (AFP).
Short Url
Publié le Lundi 28 février 2022

Premiers pourparlers russo-ukrainiens, au cinquième jour de l'invasion russe

  • Des délégations russe et ukrainienne doivent entamer lundi des négociations, au cinquième jour de l'invasion de l'Ukraine
  • Ces pourparlers interviennent alors que l'offensive russe se heurte à une vive résistance de l'armée ukrainienne et des sanctions inédites adoptées par les Occidentaux

KIEV : Des délégations russe et ukrainienne ont entamé lundi au Bélarus de premiers pourparlers au cinquième jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a poussé plus d'un demi-million d'Ukrainiens à fuir leur pays.

Ces premières négociations, qui ont débuté vers 11H00 GMT, interviennent alors que les forces de Vladimir Poutine rencontrent une vive résistance de l'armée ukrainienne, et que les sanctions d'une ampleur inédite adoptées par les Occidentaux font vaciller l'économie russe.

Selon la présidence ukrainienne, Kiev comptait demander lors des discussions --organisées dans une résidence du président bélarusse Alexandre Loukachenko, à la frontière ukraino-bélarusse-- "un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes (russes) du territoire ukrainien".

Le président Zelensky , qui ne participe pas aux négociations, la délégation ukrainienne étant conduite par le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov, a appelé depuis Kiev les soldats russes à "déposer les armes".

Il a également demandé à l'Union européenne (UE) une intégration "sans délai" de l'Ukraine. "Je suis sûr que c'est juste. Je suis sûr que c'est possible", a-t-il lancé.

Le président du Conseil européen Charles Michel a cependant souligné qu'il y avait "différentes opinions" sur l'adhésion de l'Ukraine parmi les Vingt-Sept, semblant écarter toute décision rapide.

Le chef de la délégation russe, le conseiller du Kremlin Vladimir Medinski, a de son côté indiqué vouloir "trouver un accord" avec Kiev qui soit "dans l'intérêt des deux parties".

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a refusé d'énoncer les exigences russes, soulignant que les négociations devaient se faire "dans le silence".

L'agence de presse d'Etat bélarusse Belta a diffusé des images de la salle des négociations, avec une longue table couverte d'une nappe blanche, une dizaine de chaises de chaque côté, et les drapeaux des trois pays dans le fond.  

"Vous pouvez vous sentir en sécurité totale, c'est notre responsabilité sacrée", a déclaré aux délégations en les accueillant le chef de la diplomatie bélarusse, Vladimir Makeï.

Le gouvernement du Bélarus, où sont stationnés d'importantes forces russes, a fait ratifier dimanche par référendum des amendements à sa Constitution ouvrant la porte à une nucléarisation du pays. 

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a jugé cette évolution "très dangereuse", car "cela signifie que la Russie va mettre des armes nucléaires au Bélarus".  

Pas de victoire majeure

Sur le terrain  en Ukraine, Kiev a indiqué lundi que l'armée russe avait tenté dans la nuit de prendre d'assaut la capitale mais que les attaques avaient été repoussées.

La ville était hérissée de barricades de fortune, tandis que des panneaux électroniques publics prévenaient les Russes qu'ils seraient accueillis "par des balles".

"Les Russes savent très bien que notre terre leur brûle sous les pieds", a affirmé à l'AFP Pavlo Krasnopruov, prêt au combat, acteur dans la vie civile.

L'armée russe a fait savoir que les civils pouvaient quitter "librement" Kiev et accusé le pouvoir ukrainien de les utiliser comme "boucliers humains", laissant planer le spectre d'un assaut de grande envergure.

Les Ukrainiens affirment eux que les forces russes ont subi de lourdes pertes au nord-ouest de l'Ukraine, et ont été arrêtées au sud-est de Kiev, mais poursuivent leur offensive sur d'autres localités, notamment Marioupol, important port du sud-est.

En l'absence jusqu'ici de victoire majeure de l'armée russe, Vladimir Poutine a franchi un nouveau cap dans la menace d'élargir le conflit, déjà le plus grave en Europe depuis 1945: il a déclaré dimanche avoir mis ses forces nucléaires en "état spécial d'alerte" face aux "déclarations belliqueuses de l'Otan" et aux sanctions "illégitimes" imposées à la Russie.

Sanctions économiques 

Durant le weekend, les Européens ont durci leurs sanctions économiques contre la Russie. Ils ont exclu plusieurs banques russes du système interbancaire international Swift, et interdit toute transaction avec la Banque centrale de Russie, mesure également annoncée par les Etats-Unis lundi. 

La Banque centrale devrait ainsi voir tous ses actifs gelés dans l'UE et aux Etats-Unis.

Les sanctions commencent à peser: la Banque centrale européenne a constaté la "faillite ou faillite probable" de la filiale européenne de la première banque russe, la Sberbank.

Pour défendre l'économie et le rouble, qui atteignait des plus bas historiques face à l'euro et au dollar lundi, la Banque centrale russe a annoncé relever de 10,5 points, à 20%, son taux directeur.

M. Poutine se concentrait lundi matin sur ces problèmes économiques, selon son porte-parole. "Les sanctions sont lourdes, elles posent problème (...) mais la Russie a toutes les capacités nécessaires pour compenser les dégâts," a affirmé Dmitri Peskov.

Mais plusieurs Moscovites interrogés par l'AFP s'inquiètent pour leurs économies. 

Natalia Prochina, 75 ans, a dit s'apprêter à retirer toute son épargne de la grande banque VTB "pour ne pas perdre de nouveau toute sa fortune", comme cela lui était déjà arrivé pendant la crise financière russe de 1998.

Et l'oligarque Oleg Deripaska, fondateur du géant de l'aluminium Rusal, a appelé à "changer de politique économique et mettre fin à tout ce capitalisme d'Etat," dans une rare critique du Kremlin.

Les Européens ont aussi fermé leur espace aérien aux compagnies russes. La Russie a répliqué en fermant ses portes aux compagnies aériennes de 36 pays.

L'ensemble des marchés mondiaux ont replongé lundi, craignant que le conflit n'alimente la flambée des prix de l'énergie et la reprise de l'inflation.

Soutien militaire européen

Si les pays européens sont pour la plupart membres de l'Alliance atlantique --qui a annoncé qu'elle n'enverrait pas de troupes en Ukraine-- ils ont annoncé dimanche des mesures inédites de soutien militaire à Kiev: déblocage de 450 millions d'euros pour financer des livraisons d'armes et envoi d'avions de combat.

Le président américain Joe Biden s'entretiendra à nouveau avec ses alliés à 16H15 GMT, pour "coordonner" une "réponse unie" face à l'attaque russe, a annoncé la Maison Blanche.

Le président français Emmanuel Macron, président en exercice de l'UE, participera à cette visioconférence puis aura un dîner avec le chancelier allemand Olaf Scholz et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

500.000 réfugiés 

Le flot de réfugiés fuyant l'Ukraine ne cesse de grossir.

Depuis jeudi, plus de 500.000 réfugiés ont fui vers les pays voisins, a indiqué lundi le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. L'UE a dit s'attendre à plus de sept millions de personnes déplacées.

Une majorité se rend en Pologne. Mais la Roumanie, la Slovaquie, et la Hongrie --pays tous membres de l'Otan-- sont aussi concernés.

Connu pour ses positions anti-migrants, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a assoupli les restrictions aux demandes d'asile, et les Hongrois ont accouru à la frontière ukrainienne pour proposer bols de goulash, offres d'hébergement et réconfort.

De longues files de voiture patientent aux points de passage frontaliers avec la Pologne.

Depuis Moscou également, les départs d'Occidentaux devraient s'accélérer. Les Etats-Unis ont autorisé lundi le départ volontaire du personnel non essentiel de son ambassade, et l'Italie et la Belgique recommandaient à leurs ressortissants en Russie de quitter le pays.

Le bilan de cinq jours de conflit reste incertain. L'Ukraine a fait état lundi de 352 civils tués et 2.040 blessés depuis jeudi. Elle affirme que plusieurs milliers de soldats russes ont péri. 

Les Russes, eux, n'ont donné aucun chiffre. 

L'ONU a indiqué lundi avoir enregistré 102 civils tués et 304 blessés, mais a averti que les chiffres réels étaient "considérablement" plus élevés.

Les 193 membres de l'Assemblée générale des Nations unies devaient se réunir lundi en "session extraordinaire d'urgence" pour débattre du conflit.

La France devait soumettre une résolution sur l'aide humanitaire à l'Ukraine au Conseil de sécurité. La Russie y détient un droit de veto qui exclut toute condamnation formelle de l'offensive.

La Chine appelle au calme et reporte ses évacuations

La Chine, qui se refuse à condamner la Russie pour l'invasion de l'Ukraine, a appelé lundi à la désescalade dans le conflit, au moment où les deux parties doivent entamer des négociations au Bélarus.

Depuis le début du conflit, la diplomatie chinoise se livre à un numéro d'équilibriste, entre sa proximité politique avec Moscou et sa défense traditionnelle de "la souveraineté et l'intégrité territoriale" des Etats.

Pékin a refusé d'approuver vendredi la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant l'agression russe mais n'a pas non plus voté contre, en se réfugiant dans l'abstention.

Le régime communiste se refuse à parler "d'invasion" russe et a dit "comprendre" les demandes "raisonnables" de la Russie en matière de sécurité, reprenant à son compte les griefs de Moscou contre l'Otan.

Lundi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, n'a pas condamné la décision du président russe Vladimir Poutine de mettre en alerte ses forces nucléaires et s'est contenté d'appeler les belligérants à "rester calmes et à faire preuve de retenue afin d'éviter une nouvelle escalade".

La Chine "soutient tous les efforts en vue d'une désescalade et d'une solution politique", a-t-il ajouté, alors que négociateurs russes et ukrainiens devaient se retrouver au Bélarus, pays allié de Moscou.

M. Wang a par ailleurs critiqué les sanctions adoptées par les pays occidentaux à l'encontre de la Russie, estimant qu'elles allaient créer de nouveaux problèmes.

Le pouvoir chinois n'a pas voulu dire s'il avait été prévenu ou non de l'invasion de l'Ukraine par M. Poutine, qui a rencontré son homologue Xi Jinping à Pékin début février à l'occasion de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver.

Pékin a ignoré les avertissements des services de renseignements occidentaux sur l'imminence d'une attaque russe, laissant ses quelque 6.000 ressortissants sous la menace des combats.

L'ambassade de Chine à Kiev a dans un premier temps appelé ces derniers à s'identifier à l'aide d'un drapeau chinois et annoncé des évacuations aériennes vers la Chine.

Mais la mission diplomatique a changé de pied samedi, appelant ses citoyens à la plus grande discrétion, avant de renoncer à les évacuer dimanche, face à la dégradation de la situation.

Sur les réseaux sociaux, des internautes font état d'incidents invérifiables entre Ukrainiens et Chinois présents dans le pays.

"Les Ukrainiens sont dans une situation difficile et souffrent beaucoup", a déclaré dimanche l'ambassadeur Fan Xianrong dans une vidéo diffusée en ligne, dans laquelle il appelle "à ne pas se disputer avec les habitants".

"Nous devons comprendre leurs sentiments et ne pas les provoquer", a-t-il ajouté.

Le Vatican «prêt à aider» au dialogue entre Kiev et Moscou

Le Vatican est "prêt à aider" dans les négociations entre la Russie et l'Ukraine, a déclaré le numéro deux du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, dans une interview publiée lundi.

"Le Saint-Siège, qui a suivi ces dernières années les événements en Ukraine de manière discrète et constante avec une grande attention, offrant sa disponibilité pour faciliter le dialogue avec la Russie, est toujours prêt à aider les parties pour reprendre cette voie", a affirmé le secrétaire d'Etat dans un entretien avec plusieurs quotidiens italiens dont Il Corriere della Sera.

Une escalade du conflit impliquant d'autres pays "serait une catastrophe de proportions gigantesques", a-t-il estimé, tout en jugeant un éventuel retour de la guerre froide "un scénario tout aussi préoccupant".

"Je suis convaincu qu'il y a un espace pour la négociation. Il n'est jamais trop tard! Parce que la seule manière raisonnable et constructive d'aplanir les différends est à travers le dialogue", a-t-il ajouté.

"Nous devons éviter toute escalade, arrêter les affrontements et négocier", a-t-il encore déclaré.

Le pape François a demandé dimanche "que les armes se taisent" en Ukraine, appelant également à l'ouverture "urgente" de "couloirs humanitaires" pour les réfugiés fuyant face à l'invasion russe.

"Ceux qui font la guerre oublient l'humanité (...) Ils s'éloignent des gens du peuple, qui veulent la paix et qui sont dans tous les conflits les vraies victimes, qui paient sur leur propre peau les folies de la guerre", a-t-il estimé.

Depuis le lancement jeudi dernier de l'offensive russe en Ukraine, le pape a été très actif sur la scène diplomatique. Samedi, il s'est entretenu par téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le pape était déjà intervenu vendredi. "Toute guerre est une capitulation honteuse", avait-il dénoncé dans un tweet traduit en plusieurs langues dont le russe, fait rarissime.

François s'était en outre rendu vendredi matin à l'ambassade de Russie près le Saint-Siège pour exprimer "sa préoccupation" au deuxième jour de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes.

Un geste lui aussi exceptionnel pour le pontife argentin, qui ne se rend jamais dans les représentations étrangères mais reçoit au palais apostolique les diplomates accrédités au Vatican.

Plus de 1.000 écrivains condamnent l'invasion russe de l'Ukraine

Plus de 1.000 écrivains dont le Britannique Salman Rushdie, la Canadienne Margaret Atwood et les prix Nobel de littérature turc Orhan Pamuk et bélarusse Svetlana Alexievitch ont exprimé leur solidarité avec l'Ukraine et demandé de mettre fin à l'invasion de l'Ukraine.

Dans une lettre ouverte publiée dimanche soir par l'association mondiale d'écrivains PEN International, ces auteurs se disent "consternés par la violence déchaînée par les forces russes contre l'Ukraine" et "appellent d'urgence à la fin de l'effusion de sang".

"Nous sommes unis dans la condamnation d'une guerre insensée, causée par le refus du président Poutine d'accepter le droit du peuple ukrainien à débattre de sa future orientation et de son histoire sans l'ingérence de Moscou", écrivent-ils dans cette lettre ouverte publiée également en russe et en ukrainien.

"Nous sommes unis pour soutenir les écrivains, les journalistes, artistes, et tout le peuple ukrainien, qui vivent leurs heures les plus sombres", ajoutent ces personnalités, qui comprennent également la journaliste philippine Maria Ressa, Nobel de la paix, et la romancière russe Lidoudmila Oulitskaïa.


Inde: l'opposition fustige Modi et ses propos anti-musulmans

Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
Short Url
  • M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019
  • Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril

NEW DELHI: L'opposition indienne a accusé jeudi le Premier ministre Narendra Modi de tenir des propos stigmatisant les musulmans et alimentant, en plein processus électoral, les tensions sectaires dans la plus grande démocratie du monde, constitutionnellement laïque.

M. Modi déploie "son jeu habituel consistant à diviser les hindous et les musulmans", a déclaré jeudi P. Chidambaram, ancien ministre des Finances et membre influent du Congrès, principal parti d'opposition,

"Le monde observe et analyse les déclarations du Premier ministre indien, qui ne sont pas à la gloire de l'Inde", a-t-il ajouté.

M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

Agé de 73 ans et encore très populaire dans l'ensemble du pays, le Premier ministre brigue un troisième mandat à la tête du pays.

Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril et se déroulent en sept phases jusqu'au 1er juin.

M. Modi a présenté mardi sa candidature au siège de député de Varanasi (Bénarès), cité sacrée de l'hindouisme, dans l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord), qu'il occupe depuis une décennie.

L'opposition et les défenseurs des droits accusent M. Modi de favoriser les hindous, majoritaires dans le pays, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.

M. Modi a récemment suscité l'indignation dans les rangs de l'opposition en accusant le Congrès de vouloir distribuer la "richesse nationale" aux "infiltrés", "à ceux qui ont le plus d'enfants", désignant ainsi la communauté musulmane.

L'opposition a saisi les autorités électorales qui n'ont pas sanctionné le Premier ministre. L'Inde est constitutionnellement laïque et son code électoral interdit toute campagne fondée sur des "sentiments communautaires".

Dans un entretien mardi sur la chaîne d'information continue News18, le chef du gouvernement s'est défendu d'alimenter et d'exploiter tout clivage entre hindous et musulmans.

Discrimination 

"Le jour où je commencerai à parler des hindous-musulmans sera celui où je perdrai ma capacité à mener une vie publique", a-t-il affirmé en hindi.

Le lendemain, en plein rassemblement électoral, Narendra Modi accusait le Congrès d'orchestrer un "jihad par le vote" pour que les musulmans se prononcent contre lui.

Au début de la semaine, Madhavi Latha, actrice et candidate du BJP à Hyderabad (sud), s'est autorisée, dans un bureau de vote, à vérifier que la carte électorale de musulmanes correspondait à leur identité, exigeant qu'elles ôtent leur voile.

La police de la ville a ouvert une enquête sur l'incident.

Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.


L'axe Pékin-Moscou, facteur de «stabilité» et de «paix» selon Xi et Poutine

Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
Short Url
  • Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux
  • Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois

PEKIN: Xi Jinping et Vladimir Poutine ont défendu jeudi l'axe Pékin-Moscou comme un facteur de "stabilité" et de "paix" dans le monde, le dirigeant russe espérant un soutien accru de la Chine à sa guerre en Ukraine.

La relation Chine-Russie "est non seulement dans l'intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix", a estimé Xi Jinping, lors d'une rencontre avec son homologue à Pékin.

Et "la Chine est prête à travailler avec la Russie pour (...) soutenir l'équité et la justice dans le monde". "La relation Chine-Russie aujourd'hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir", a-t-il ajouté.

Cette relation est "un facteur de stabilité sur la scène internationale", a assuré de son côté Vladimir Poutine, selon le Kremlin. Elle "n'est pas opportuniste et elle n'est dirigée contre personne".

"Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi internationale", a-t-il déclaré.

Après leur entretien bilatéral, les deux hommes ont signé un communiqué commun pour approfondir le "partenariat stratégique global" sino-russe, selon l'agence officielle Chine nouvelle.

«Reconnaissant»

Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois.

Quelques heures plus tôt, il s'était félicité des avancées de l'armée russe en Ukraine.

Dans leur communiqué commun jeudi, Pékin et Moscou jugent "nécessaire" d'éviter toute décision contribuant "à la prolongation des hostilités et à une nouvelle escalade du conflit".

Une formulation qui semble viser Européens et Américains, la Chine et la Russie affirmant régulièrement que ce sont les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine qui font durer la guerre.

Le géant asiatique est une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie aux lourdes sanctions occidentales.

Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. La Chine bénéficie notamment d'importations d'énergie russe bon marché.

S'exprimant devant la presse au côté de Xi Jinping, Vladimir Poutine s'est dit jeudi "reconnaissant" envers la Chine pour ses "initiatives" de paix dans la crise ukrainienne, selon les agences russes.

La Chine appelle régulièrement au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise) mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.

Ligne rouge 

"Les deux parties sont d'accord sur le fait qu'une solution politique à la crise en Ukraine est la voie à suivre", a déclaré M. Xi face à la presse.

"La Chine espère que la paix et la stabilité seront rapidement rétablies sur le continent européen et continuera à jouer un rôle constructif à cette fin", a-t-il promis.

Par ailleurs, Vladimir Poutine a jugé "nuisible" toute alliance politique et militaire "fermée" en Asie-Pacifique, où son partenaire chinois est en concurrence avec les Etats-Unis, qui coopèrent avec l'Australie et le Royaume-Uni pour contrer l'influence de Pékin.

Le président russe a également rencontré jeudi après-midi le Premier ministre Li Qiang, lequel a déclaré que Pékin souhaitait "continuer à approfondir la coopération dans divers domaines" avec Moscou.

Ces liens sino-russes étroits sont vus avec une suspicion croissante en Occident.

Washington a fixé une ligne rouge à Pékin - ne pas fournir directement d'armes à Moscou - et dit n'avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire.

Mais les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.

Banques prudentes 

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine, dépassant les 220 milliards d'euros en 2023, selon les douanes chinoises.

Les exportations chinoises vers le voisin russe ont toutefois baissé en mars et en avril, après la menace de sanctions américaines.

Car un décret signé en décembre par le président américain Joe Biden autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. Le Trésor américain peut les exclure du système financier mondial, fondé sur le dollar.

Plusieurs banques chinoises ont ainsi interrompu ou réduit leurs transactions avec leurs clients russes, selon huit ressortissants des deux pays impliqués dans le commerce bilatéral.

La Chine cherche parallèlement à renouer ses liens avec les Etats-Unis et devrait limiter le renforcement de sa coopération avec la Russie, selon des analystes.

Moscou et Pékin ont toutefois signé jeudi plusieurs accords commerciaux.

Vendredi, Vladimir Poutine doit se rendre à Harbin (nord-est) pour visiter une foire dédiée au commerce et aux investissements.


Le Premier ministre slovaque dans un état stable mais toujours «très grave»

Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
Short Url
  • Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi «une opération de cinq heures», a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova
  • Selon le vice-Premier ministre, il s'agit d'«une attaque politique» à laquelle il faudra «réagir en conséquence»

BANSCA BYSTRICA: Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve jeudi matin dans un état stable mais toujours "très grave", après avoir été blessé par balle la veille, a déclaré le vice-Premier ministre Robert Kalinak.

"Cette nuit, les médecins ont réussi à stabiliser l'état du patient", a déclaré M. Kalinak, qui est également ministre de la Défense. "Malheureusement, l'état reste très grave, car ses blessures sont compliquées", a-t-il ajouté lors d'un point de presse devant l'hôpital Roosevelt de Banska Bystrica (centre).

Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi "une opération de cinq heures", a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova, confirmant qu'il est toujours dans un état "vraiment très grave" et va rester en soins intensifs.

Robert Fico a été touché par balle "plusieurs fois", selon sa page officielle Facebook, mercredi en début d'après-midi après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie. L'attentat a suscité une vive émotion dans le pays d'Europe centrale et une vague de condamnations internationales.

Selon M. Kalinak, il s'agit d'"une attaque politique" à laquelle il faudra "réagir en conséquence".

La police a arrêté l'assaillant présumé, un homme de 71 ans identifié par les médias slovaques comme un écrivain local. Aucune information n'a été donnée à ce stade sur ses motivations.