Nucléaire: le Qatar renforce son rôle de médiateur entre les États-Unis et l’Iran

Le négociateur nucléaire en chef de l’Iran, Ali Bagheri Kani, arrivant au Palais Coburg, à Vienne, le 8 février 2022 (Photo AP).
Le négociateur nucléaire en chef de l’Iran, Ali Bagheri Kani, arrivant au Palais Coburg, à Vienne, le 8 février 2022 (Photo AP).
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Publié le Mercredi 09 mars 2022

Nucléaire: le Qatar renforce son rôle de médiateur entre les États-Unis et l’Iran

  • Les responsables qataris transmettent des messages d’une partie à l’autre lors des négociations de Vienne
  • «Les étoiles se sont alignées» pour Doha en raison de ses bonnes relations avec Washington et Téhéran 

LONDRES: Le Qatar renforce son rôle de médiateur dans les négociations entre les États-Unis et l’Iran sur l’avenir du programme nucléaire de ce dernier.
Après environ un an de négociations menées sous l’égide de l’UE en Autriche, les responsables affirment que le temps est compté pour parvenir à un accord.
À la demande de Téhéran et de Washington, Doha joue le rôle d’intermédiaire dans les négociations qui se déroulent à Vienne, en transmettant des messages d’une partie à l’autre et en tentant d’apaiser les craintes iraniennes de voir les États-Unis se retirer de l’accord à l’avenir.
Ces craintes découlent du retrait soudain de l’administration Trump, en 2018, du Plan d’action global commun de 2015, également connu sous le nom d’accord sur le nucléaire iranien. Cet accord était le fruit d’un processus diplomatique long et intense entre l’Iran et les États-Unis, la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne et une délégation de l’UE.
Les responsables qataris s’efforcent également de faciliter les discussions directes entre Washington et Téhéran, si un accord est conclu, afin de s’assurer que toutes les questions en suspens, telles que les échanges de prisonniers et l’allègement supplémentaire des sanctions, puissent être abordées à l’avenir, déclare un diplomate informé des discussions au Financial Times.
«Les deux parties ont vraiment besoin d’un accord et la volonté est présente des deux côtés, mais le plus gros problème est la confiance», souligne le diplomate. «Ils pensent chacun que l’autre partie ne veut pas d’accord, ce qui n’est pas justifié.»
Un responsable iranien a refusé de discuter du rôle de Doha dans le processus tout en indiquant que le Qatar «et un ou deux autres pays ont transmis des messages (des États-Unis) dans certains cas».
Les responsables occidentaux exercent des pressions sur l’Iran pour qu’il accepte un accord dans les jours à venir, avertissant que si cela ne se produisait pas, l’accord déjà mal en point deviendrait obsolète en raison des avancées réalisées par Téhéran dans son programme nucléaire. L’Iran enrichit de l’uranium à des niveaux toujours plus élevés depuis plusieurs années et progresse dans d’autres aspects de la production d’armes nucléaires depuis que l’accord de 2015 a commencé à s’effondrer.
En février, le Wall Street Journal a rapporté que l’Iran avait considérablement réduit son «breakout time» — c’est-à-dire le temps qu’il faudrait pour produire suffisamment d’uranium pour une seule bombe nucléaire — à beaucoup moins d’un an, menaçant ainsi de saper un principe fondamental de l’accord initial.
Les parties seraient proches d’un accord, mais certaines questions en suspens doivent encore être résolues. Selon le Financial Times, Moscou a demandé ce week-end des garanties sur le fait que les sanctions américaines, imposées à la Russie après son invasion de l’Ukraine, n’entraveront pas ses échanges commerciaux avec l’Iran. Le quotidien estime que cette demande risque de compliquer les négociations et de renforcer le sentiment d’urgence.
Cependant, les parties ont annoncé qu’elles continueront à négocier «si elles parviennent à un accord».
«La plus grande erreur de l’accord de 2015 était l’arrêt des négociations après sa signature. Au départ, aucune des parties ne se faisait confiance et avait besoin de signes de bonne foi, mais maintenant il y a des avancées positives. Les Iraniens considèrent désormais Biden comme quelqu’un avec qui ils peuvent négocier», note le diplomate.
La résolution, l’année dernière, d’une querelle diplomatique entre le Qatar et certains pays du Golfe, dont l’Arabie saoudite, a permis à Doha de consolider sa réputation d’intermédiaire régional et d’interlocuteur diplomatique. Le Qatar a participé aux pourparlers de paix entre les États-Unis et les talibans avant la prise de contrôle de l’Afghanistan par ces derniers et a été désigné comme «allié majeur non-membre de l’Otan» par Washington en janvier de cette année.
Depuis le début de la crise en Ukraine, l’importance du Qatar pour l’Occident s’est à nouveau confirmée. En effet, le Qatar est l’un des plus grands producteurs mondiaux de gaz naturel liquéfié et constitue donc une source potentielle pour remplacer le gaz russe, dont l’approvisionnement en Europe et en Amérique du Nord s’amenuise.
Ali Vaez, expert sur l’Iran au sein du groupe de réflexion international Crisis Group, explique au Financial Times que l’un des principaux problèmes des intermédiaires lors des négociations de Vienne réside dans le fait que les deux parties ne faisaient pleinement confiance à personne pour «partager des informations qu’elles n’étaient pas à l’aise de communiquer».
Toutefois, Rob Malley, le principal négociateur américain, a toujours entretenu une «très bonne relation» avec le ministre des Affaires étrangères du Qatar, cheikh Mohammed ben Abderrahmane al-Thani, mentionne M. Vaez.
«Les relations du Qatar avec l’Iran ont changé après l’embargo régional et toutes les étoiles se sont alignées pour que les Qataris interviennent», ajoute-t-il.
«Personne d’autre n’entretenait des liens personnels avec les deux parties et n’était mieux placé géostratégiquement à ce moment-là pour jouer ce rôle.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.