Les ambassades afghanes échappent toujours largement au contrôle des talibans

Sur cette photo d'archive prise le 13 mars 2022, le drapeau afghan flotte devant l'ambassade d'Afghanistan à Washington, DC. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 13 mars 2022, le drapeau afghan flotte devant l'ambassade d'Afghanistan à Washington, DC. (AFP)
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Publié le Lundi 14 mars 2022

Les ambassades afghanes échappent toujours largement au contrôle des talibans

  • Les ambassades afghanes continuent presque toutes à laisser flotter le drapeau noir, vert et rouge de l'ancienne République plutôt que l'étendard blanc du nouveau régime taliban
  • Les soucis s'accumulent pourtant pour ces ambassadeurs, privés de tout soutien financier de Kaboul, avec qui tous les contacts sont rompus

ISLAMABAD: Six mois après le retour des talibans au pouvoir, les ambassades afghanes de par le monde se refusent toujours très majoritairement à représenter le nouveau régime, mais sont soumises à des difficultés financières croissantes et à la pression accrue de Kaboul.


La soixantaine de missions diplomatiques afghanes continuent presque toutes à laisser flotter le drapeau noir, vert et rouge de l'ancienne République plutôt que l'étendard blanc du nouveau régime taliban, l’Émirat islamique d'Afghanistan, qui n'a encore été reconnu par aucun pays.


Aucun des ambassadeurs nommés par l'ex-président Ashraf Ghani, déchu depuis sa fuite de Kaboul le 15 août, n'a accepté de servir les talibans, dont ils rejettent l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam.


Certains, toutefois, ont quitté leur poste ou été poussés vers la sortie par les islamistes, qui sont ainsi parvenus à imposer leurs propres représentants dans quelques pays proches.


"Les talibans ayant pris le pouvoir par la force et étant dépourvus de toute légitimité interne ou externe, et n'étant pas reconnus diplomatiquement, je n'obéis pas à leurs ordres", souligne Khaled Zekriya, ambassadeur à Rome.


Comme ses collègues interrogés par l'AFP, il déclare "protéger la Constitution de notre Etat, la République, et les valeurs et les droits démocratiques précieux, pour lesquels nos partenaires internationaux et nous avons travaillé si dur ces 20 dernières années".


Ces diplomates disent s'exprimer au nom du peuple afghan et non plus de l'ancien gouvernement. Et tentent de convaincre l'Occident de maintenir une aide humanitaire directe auprès de la population, ou défendent la démocratie et les droits humains.


"Les ambassades ont toujours un rôle très important à jouer, pour ce qui est de tenter d'accroître le soutien humanitaire, (ou) pour ce qui est des discussions politiques, ce qui doit être fait pour stabiliser la situation", estime l'ambassadeur à Oslo, Youssof Ghafoorzai.

Salaires pas versés 
Les soucis s'accumulent pourtant pour ces ambassadeurs, privés de tout soutien financier de Kaboul, avec qui tous les contacts sont rompus.


Tous ont dû réduire le train de vie de leur ambassade, en se séparant d'une partie du personnel, en louant des locaux plus exigus, ou en économisant sur les frais de bouche et la facture d'électricité. Ils ont aussi augmenté les tarifs consulaires pour dégager de nouveaux revenus.


"L'ambassade ne reçoit aucun fonds ni aucune assistance financière de Kaboul (...) Nous n'avons pas été en mesure de payer les salaires de notre personnel depuis des mois et nous avons dû réduire au minimum les forces vives et les dépenses de la mission", explique l'ambassadeur à New Delhi, Farid Mamundzay.


L'ambassade afghane à Washington et les consulats à Los Angeles et New York vont même carrément fermer leurs portes cette semaine. "Ils connaissent d'importantes difficultés financières, leurs comptes en banque ne sont pas disponibles", indique à l'AFP un haut responsable du département d'Etat américain.


Les diplomates ne pourront plus bénéficier de leur statut et devront, d'ici un mois, demander un nouveau visa pour rester aux Etats-Unis avec leur famille.


"Nous n'avons pas l'intention d'accréditer des diplomates nommés par les talibans pour le moment", ajoute la source au sein du département d'Etat.


Au Pakistan, les salaires n'ont pas été versés depuis septembre et les employés vivent d'un pourcentage prélevé sur les "frais de visas et de renouvellement des passeports", indique une source au consulat de Peshawar.


Le nouveau Consul général nommé par les talibans ne perçoit plus que 50 000 roupies par mois (280 dollars, 250 euros) contre près de 5 000 dollars à son prédécesseur, selon cette source.


Le Pakistan, accusé de longue date de soutenir les talibans, a été le premier pays à accréditer leurs représentants, dès octobre.


Les talibans ont ensuite réussi à imposer leurs hommes en Ouzbékistan, en Iran et en Chine. A Pékin, ils ont nommé un premier secrétaire leur étant loyal, ce qui a poussé l'ambassadeur à démissionner en janvier.


La Russie s'est aussi dite prête à accepter "deux ou trois" nouveaux diplomates, en assurant qu'ils ne prendraient pas la place de l'actuel ambassadeur.

«Surmonter cette phase difficile»
Les efforts talibans se sont révélés moins fructueux ailleurs. Ils ont échoué à faire accréditer un porte-parole, Suhail Shaheen, comme ambassadeur à l'ONU.

Et à Rome, la police italienne a dû intervenir en janvier après une échauffourée entre l'ambassadeur et un diplomate licencié depuis peu qui entendait le remplacer, en affirmant avoir été nommé par les talibans.

"Il y a eu des menaces, de l'intimidation et des violences dans certaines missions diplomatiques de la part d'anciens employés mécontents, qui sont idéologiquement pro-talibans", affirme M. Zekriya, qui admet la persistance de "préoccupations sécuritaires".


Les talibans n'ont pas répondu aux sollicitations de l'AFP, mais ils assurent généralement avoir largement le contrôle de leurs ambassades.


Pour contrebalancer son manque de relais à l'étranger, le nouveau régime a mené une diplomatie directe très active, en envoyant par exemple des délégations à Oslo, Genève ou encore Doha, où elles ont rencontré de nombreux officiels.


En contact étroit et coordonnant leurs prises de positions, les missions diplomatiques afghanes, en particulier celles situées en Occident, n'ont pas hésité à ouvertement critiquer les talibans pour leurs manquements au respect des droits humains.


"C'est une situation difficile", reconnaît M. Ghafoorzai. "Mais nous savons aussi que nous continuons de représenter un peuple qui a énormément souffert pendant toute son histoire (...) Notre pays et notre peuple sont dans une situation malheureuse et extraordinaire. Alors s'ils peuvent démontrer ce courage et cette patience, nous nous devons de faire de même".


Ces ambassadeurs veulent encore croire en un règlement négocié. Mais en attendant, comme M. Zekriya, ils refuseront de représenter les talibans tant qu'un gouvernement inclusif ne sera pas en place, dont ceux-ci "soient une composante, mais pas la seule". 


Réunion sur Gaza vendredi à Miami entre Etats-Unis, Qatar, Egypte et Turquie

L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain. (AFP)
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  • Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump
  • Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale

WSAHINGTON: L'émissaire américain Steve Witkoff se réunira vendredi à Miami (Floride, sud-est) avec des représentants du Qatar, de l'Egypte et de la Turquie pour discuter des prochaines étapes concernant la bande de Gaza, a appris l'AFP jeudi auprès d'un responsable américain.

Le Qatar et l'Egypte, qui font office de médiateurs autant que de garants du cessez-le-feu dans le territoire palestinien ravagé par deux ans de guerre, ont récemment appelé à passer à la prochaine phase du plan de Donald Trump.

Celle-ci prévoit le désarmement du Hamas, le retrait progressif de l'armée israélienne de tout le territoire, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale.

Le cessez-le-feu à Gaza, entré en vigueur en octobre entre Israël et le Hamas, demeure précaire, les deux camps s'accusant mutuellement d'en violer les termes, tandis que la situation humanitaire dans le territoire reste critique.

Le président américain n'en a pas moins affirmé mercredi, dans une allocution de fin d'année, qu'il avait établi la paix au Moyen-Orient "pour la première fois depuis 3.000 ans."

La Turquie sera représentée à la réunion par le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan.

Dans un discours, le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui affirmé que son pays se tenait "fermement aux côtés des Palestiniens".

 

 


Zelensky dit que l'Ukraine a besoin d'une décision sur l'utilisation des avoirs russes avant la fin de l'année

ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
ze;"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a déclaré Zelensky. (AFP)
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  • Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année
  • "Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord

BRUXELLES: Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé jeudi que l'Ukraine avait besoin d'une décision européenne sur l'utilisation des avoirs russes gelés avant la fin de l'année, lors d'une conférence de presse à Bruxelles en marge d'un sommet des dirigeants de l'UE sur le sujet.

"Nos partenaires ont été informés que la décision doit être prise d'ici la fin de cette année", a-t-il déclaré. Il avait indiqué auparavant que Kiev aurait un "gros problème" si les dirigeants européens ne parvenaient pas à un accord sur l'utilisation de ces avoirs pour financer l'Ukraine. En l'absence d'accord, Kiev sera à court d'argent dès le premier trimestre 2026.

 

 


Trump impose des restrictions d'entrée à sept autres pays et aux Palestiniens

Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
Des personnes arrivent à l'aéroport international John F. Kennedy de New York, le 9 juin 2025. (AFP)
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  • Donald Trump élargit les interdictions d’entrée aux États-Unis à sept pays supplémentaires, dont la Syrie, et inclut les Palestiniens munis de documents de l’Autorité palestinienne
  • La Maison Blanche invoque la sécurité nationale, tout en prévoyant des exceptions limitées, dans le cadre d’un durcissement général de la politique migratoire

WASHINGTON: Donald Trump a étendu mardi les interdictions d'entrée aux Etats-Unis aux ressortissants de sept pays, dont la Syrie, ainsi qu'aux Palestiniens.

Le président américain a signé une proclamation "restreignant et limitant davantage l'entrée des ressortissants étrangers afin de protéger la sécurité des Etats-Unis", a indiqué la Maison Blanche.

Les nouveaux pays concernés par cette mesure sont le Burkina Faso, le Niger, le Mali, le Soudan du Sud et la Syrie, tandis que le Laos et la Sierra Leone passent de restrictions partielles à totales.

Les Palestiniens disposant de documents de voyage émis par l'Autorité palestinienne sont également visés.

L'administration Trump avait déjà imposé des restrictions totales visant les ressortissants de douze pays et des dizaines d'autres pays se sont vus imposer des restrictions partielles.

S'agissant de la Syrie, la mesure intervient quelques jours après une attaque meurtrière contre des soldats américains dans le centre de ce pays.

L'administration Trump dit avoir identifié des pays où les vérifications sont "tellement insuffisantes qu'elles justifiaient une suspension totale ou partielle de l'admission des ressortissants de ces pays".

La proclamation prévoit cependant des exceptions pour les résidents permanents légaux, les titulaires de visas existants, certaines catégories de visas comme les athlètes et les diplomates, et les personnes dont "l'entrée sert les intérêts nationaux des Etats-Unis".

Depuis son retour au pouvoir en janvier, Donald Trump mène une vaste campagne contre l'immigration illégale et a considérablement durci les conditions d'entrée aux Etats-Unis et l'octroi de visas, arguant de la protection de la sécurité nationale.

Ces mesures visent ainsi à interdire l'entrée sur le territoire américain aux étrangers qui "ont l'intention de menacer" les Américains, selon la Maison Blanche.

De même, pour les étrangers qui "pourraient nuire à la culture, au gouvernement, aux institutions ou aux principes fondateurs" des Etats-Unis.

Le président américain s'en est récemment pris avec virulence aux Somaliens, disant qu'il "ne voulait pas d'eux chez nous".

En juin, il avait annoncé des interdictions d'entrée sur le territoire américain aux ressortissants de douze pays, principalement en Afrique et au Moyen-Orient (Afghanistan, Birmanie, Tchad, Congo-Brazzaville, Guinée équatoriale, Erythrée, Haïti, Iran, Libye, Somalie, Soudan, Yémen).

En revanche, le Turkménistan, pays qui figure parmi les plus reclus au monde, se voit accorder un satisfécit, la Maison Blanche évoquant mardi des "progrès significatifs" dans cet Etat d'Asie centrale.

Du coup, les ressortissants de ce pays pourront à nouveau obtenir des visas américains, mais uniquement en tant que non-immigrants.

Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump s'en était pris de façon similaire à certains pays, ciblant principalement des pays musulmans.