Tunisie: la pandémie plombe l'économie, conséquences sociales désastreuses

Boutiques et cafés fermés sur l'avenue Habib Bourguiba dans la capitale tunisienne, Tunis, le 15 mars 2020 (Photo, AFP)
Boutiques et cafés fermés sur l'avenue Habib Bourguiba dans la capitale tunisienne, Tunis, le 15 mars 2020 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 11 octobre 2020

Tunisie: la pandémie plombe l'économie, conséquences sociales désastreuses

  • « La première vague de l'épidémie a entraîné la perte de 165.000 emplois selon nos estimations »
  • « Comment va-t-on travailler? On va être obligé de fermer. Et quand je fermerai, qui payera les employés? »

TUNIS : Flambée du chômage, nouvelle vague de faillites en vue: les mesures prises par la Tunisie pour faire face à la flambée des cas de coronavirus vont avoir des conséquences sociales désastreuses dans un pays déjà à la peine économiquement, avertissent des observateurs.

« La première vague de l'épidémie (de mars à juin, NDLR) a entraîné la perte de 165.000 emplois selon nos estimations, » a indiqué Béchir Boujday, membre du bureau exécutif de l'Utica, la principale instance représentant le patronat en Tunisie.

40% des entreprises d'artisanat ont déjà mis la clef sous la porte, et environ 35% des PME sont « menacées de faillite », s'inquiète-t-il au moment où les autorités ont annoncé une série de nouvelles restrictions pour endiguer la pandémie.

Depuis mars, la Tunisie a recensé sur son sol plus de 28.000 cas de Covid-19, dont plus de 400 décès, selon les autorités. Le pays enregistre actuellement plus de 20 morts de la maladie par jour, contre 50 au total entre mars et fin juin.

Les autorités ont interdit début octobre tout rassemblement et ont réinstauré depuis jeudi et pour 15 jours un couvre-feu dans de nombreuses zones du pays, notamment dans toute la région de Tunis.

Le gouvernement a toutefois écarté un confinement général comme celui qui avait été mis en place au printemps, soulignant que le pays n'en avait pas les moyens.

Au premier semestre, le taux de chômage est passé de 15 à 18%, selon l'Institut national de la statistique (INS). Il pourrait atteindre 21,6% d'ici la fin de l'année selon une étude conjointe du gouvernement et de l'ONU, ce qui représenterait près de 274.500 nouveaux chômeurs sur l'année 2020.

De nombreux emplois ont disparu dans le secteur informel, qui embauche quelque 44% des travailleurs tunisiens selon l'INS, notamment dans l'agriculture, la restauration, le commerce ou le tourisme, secteurs clés frappés de plein fouet par la pandémie.

Dans les cafés à Tunis et dans d'autres zones fortement touchées par la pandémie, les chaises ont été interdites par les autorités. Une décision qui "met en péril 100.000 familles", selon la chambre syndicale des propriétaires des cafés.

« Qui payera les employés? »

Majdi Chabbar, gérant d'un bar-restaurant tunisois, perd « jusqu'à 90% du chiffre d'affaires » en ouvrant seulement de 12H à 20H en raison du couvre-feu, mais n'a pas fermé boutique « pour que les employés tiennent le coup ».

Yesser, un de ses serveurs, touche désormais la moitié de son salaire et travaille un jour sur deux. Mais « il n'y a pas de pourboire, car les gens ne viennent pas », s'inquiète le jeune homme qui paie ses études et aide ses parents avec ses revenus.

« Comment va-t-on travailler? On va être obligé de fermer. Et quand je fermerai, qui payera les employés? », lance Ali Ben Rached, propriétaire d'un café, qui ne peut plus servir ses vingt tables en terrasse.

Il appelle les autorités à fournir une aide « au moins sur les salaires des employés et la CNSS », la sécurité sociale tunisienne.

Le pays, s'appuyant largement sur les bailleurs de fonds internationaux, peinait déjà à répondre aux attentes sociales avant la pandémie, les Tunisiens dénonçant l'absence d'amélioration de leur niveau de vie dix ans après la révolution. 

Lors du confinement général en mars, le gouvernement avait versé une aide ponctuelle de 200 dinars (67 euros) aux familles les plus démunies et promis un plan d'aide de 700 millions de dinars (235 millions d'euros) pour les entreprises.

Mais le gouvernement a peu de marges de manoeuvre pour venir au secours de l'économie tant les indicateurs sont au rouge. Selon l'INS, la Tunisie a enregistré une contraction record de 21,6% de son PIB au second trimestre 2020.

L'ancien Premier ministre Elyes Fakhfakh avait déjà averti en juin que l'endettement avait atteint « un niveau effrayant », la dette extérieure du pays ayant « dépassé la ligne rouge » en atteignant à elle seule 60% du PIB, à 92 milliards de dinars (environ 30 milliards d'euros).


Les dirigeants du CCG réaffirment le lien de «sécurité indivisible» lors du sommet de Bahreïn

Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
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  • Toute atteinte à la souveraineté d'un État membre est considérée comme une menace pour la sécurité collective
  • Les pays soulignent l'objectif d'un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires

LONDRES: Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe ont réaffirmé leur lien de sécurité indivisible, enraciné dans une foi, une lignée et une langue communes, ainsi que dans une destinée partagée, à l'issue de la 46e session du Conseil suprême au palais d'Al-Sakhir, à Bahreïn.

Les délégués ont déclaré que la sécurité des États du CCG était indivisible et que toute atteinte à la souveraineté d'un État membre constituait une menace directe pour leur sécurité collective.

"Respecter la souveraineté des États du CCG et de tous les pays de la région, ne pas s'ingérer dans leurs affaires intérieures et rejeter le recours à la force ou à la menace d'y recourir", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Le secrétaire du CCG, Jasem Mohamed Albudaiwi, a déclaré que les États du Golfe étaient unis dans leur soutien au Qatar à la suite des attaques distinctes lancées cette année contre ce pays par l'Iran et Israël dans le cadre du conflit à Gaza.

L'attaque de missiles iraniens visant la base aérienne américaine d'Al-Udeid en juin était "une agression rejetée, une violation claire de sa souveraineté, de son espace aérien et des principes de bon voisinage", a-t-il déclaré.

En septembre, Israël a lancé une attaque aérienne contre des figures du Hamas à Doha, qui a fait six morts, dont un citoyen qatari.

"L'agression israélienne brutale (...) représente une attaque flagrante contre les efforts internationaux visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages", a déclaré M. Albudaiwi.

Les dirigeants du Golfe ont salué les résultats du sommet de la paix de Charm el-Cheikh en octobre et les efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre de Gaza, à faciliter l'aide humanitaire et à soutenir un État palestinien indépendant le long des frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à la solution à deux États et à l'initiative de paix arabe.

Ils ont déclaré que leur objectif était de consolider une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, tout en s'efforçant de résoudre les conflits régionaux et internationaux par des moyens pacifiques.

M. Albudaiwi a félicité l'Arabie saoudite et la France d'avoir coprésidé une conférence organisée en septembre à New York, qui a abouti à la reconnaissance du statut d'État palestinien par plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie. Il a également salué les efforts constants du Qatar, de l'Égypte et de la Turquie pour faciliter les discussions qui ont abouti à l'accord de Gaza.


Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG et a coprésidé la quatrième réunion du Conseil de coordination saoudo-bahreïnien.

Le roi de Bahreïn, Hamad bin Isa bin Salman Al-Khalifa, a déclaré que le sommet avait abordé des questions régionales et diverses méthodes pour renforcer la solidarité et l'intégration du CCG.

L'émir du Koweït, Cheikh Mishal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a déclaré que le CCG avait surmonté des circonstances régionales et internationales complexes et a réitéré la condamnation par le CCG de l'agression israélienne contre le Qatar.

Les dirigeants ont insisté sur l'objectif consistant à débarrasser le Moyen-Orient des armes nucléaires et des armes de destruction massive. Ils ont souligné les efforts déployés par les forces navales conjointes basées à Bahreïn pour renforcer la sécurité énergétique, protéger la navigation maritime et préserver le commerce international.

Ils ont également souligné la nécessité de satisfaire aux exigences du marché commun et de l'union douanière du CCG, de stimuler le commerce et le tourisme et d'investir dans des domaines clés tels que les infrastructures, les transports, l'énergie, les communications, l'eau et l'alimentation.

Les dirigeants ont accueilli le premier ministre italien, Giorgia Meloni, qui a participé au sommet en tant qu'invitée d'honneur.

Le CCG a été créé en 1981 et se compose de six membres : Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn, Qatar et Koweït. Son siège est situé à Riyad.


Yémen: les marins d'un navire coulé par les Houthis libérés 

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
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  • "L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate"
  • Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X

SANAA: Les membres d'équipage d'un cargo coulé par les rebelles yéménites houthis en juillet ont été libérés, a annoncé mercredi un média de ces insurgés, ajoutant qu'ils avaient été transportés par avion de Sanaa à Mascate, la capitale omanaise.

"L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate", a déclaré la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah.

Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X.

Des images de la chaîne Oman TV ont ensuite montré les marins arriver à Mascate, où ils ont été reçus par des responsables omanais et philippins.

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts.

Un responsable houthi a indiqué à l'AFP que la remise en liberté de l'équipage faisait partie d'un accord conclu avec Oman, visant à rapatrier 35 Yéménites, "des malades et des blessés" qui se trouvent "bloqués à l'étranger".

"Ils seront remis à Sanaa" et en échange, les marins du navire doivent être "remis à la partie omanaise", a expliqué cette source sécuritaire, sous couvert d'anonymat.

L'Eternity C, battant pavillon libérien, avait été coulé en juillet dernier en mer Rouge.

Les Houthis avaient publié à l'époque une vidéo de l'attaque, en déclarant avoir "sauvé" un nombre non précisé de marins et les avoir transférés en lieu sûr.

Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis pro-iraniens, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des attaques contre des navires qu'ils estimaient liés à Israël.

Ils n'ont revendiqué aucune attaque de ce type depuis la trêve conclue à Gaza en octobre.


Premières discussions directes entre le Liban et Israël en plus de 40 ans

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
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  • Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU
  • La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat

BEYROUTH: Des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu dans le sud du Liban, les premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays.

Alors que les deux voisins sont toujours techniquement en état de guerre, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a pris soin de souligner qu'il ne s'agissait pas de négociations de paix.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui salué "l'atmosphère positive" dans laquelle s'est déroulée la réunion, selon son bureau.

Celle-ci intervient alors qu'Israël menace d'une escalade au Liban, où son armée continue de viser le Hezbollah malgré un cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, accusant le mouvement pro-iranien de se réarmer.

"Pas important" 

Dirigées par des civils, les deux délégations se sont rencontrées au quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), à Naqoura, près de la frontière avec Israël, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus, selon l'ambassade américaine à Beyrouth.

Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU.

La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat.

L'ambassade des Etats-Unis au Liban a salué mercredi sur X la participation à la réunion de représentants civils: l'ancien diplomate libanais, Simon Karam, et le responsable du Conseil de sécurité nationale d'Israël, Uri Resnick. Elle a parlé d'un "pas important" en vue d'une "paix durable".

"Il a été convenu d'élaborer des idées pour promouvoir une éventuelle coopération économique entre Israël et le Liban", a souligné le bureau de Benjamin Netanyahu.

Le Premier ministre libanais a indiqué pour sa part que ce type de réunions avait pour but de parvenir "à la cessation des hostilités (et) au retrait israélien total" du territoire libanais, où l'armée israélienne conserve des positions dans le sud.

"Les relations économiques viendront à la toute fin du processus de normalisation, qui doit venir après la paix", a expliqué M. Salam. "Elles ne peuvent pas précéder la paix".

Il a souligné que le Liban n'avait pas l'intention de conclure une paix séparée avec Israël.

La rencontre intervient au lendemain de réunions de Mme Ortagus avec Benjamin Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, qui a affirmé sur X que "le désarmement du Hezbollah était crucial pour l'avenir du Liban et la sécurité d'Israël".

Désarmement "incontournable" 

Le gouvernement israélien a répété mercredi que le désarmement du Hezbollah était "incontournable".

L'émissaire américaine est par la suite attendue au Liban, où le président Joseph Aoun s'était déclaré prêt à des négociations avec Israël, brisant un tabou entre les deux pays.

En 1983, après l'invasion israélienne du Liban, les deux pays avaient mené des contacts directs qui avaient abouti à la signature d'un accord prévoyant l'établissement de relations entre eux, mais il n'a jamais été ratifié.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.

"Israël se prépare à une escalade majeure au Liban à la lumière du renforcement militaire en cours du Hezbollah", a affirmé la radio-télévision publique israélienne mercredi.

Selon M. Salam, le Liban est ouvert à ce que l'ONU, les Etats-Unis et la France "vérifient" le désarmement du mouvement pro-iranien par l'armée libanaise dans le sud du pays.

Il a confirmé qu'elle devrait achever d'ici la fin de l'année le démantèlement des structures militaires du Hezbollah entre la frontière et le fleuve Litani, à une trentaine de km plus au nord.