Le mécène turc Osman Kavala, bête noire d'Erdogan, condamné à la perpétuité

Le philanthrope turc d'origine parisienne Osman Kavala lors d'un événement à Istanbul, en Turquie. (Photo, AFP)
Le philanthrope turc d'origine parisienne Osman Kavala lors d'un événement à Istanbul, en Turquie. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 25 avril 2022

Le mécène turc Osman Kavala, bête noire d'Erdogan, condamné à la perpétuité

Le philanthrope turc d'origine parisienne Osman Kavala lors d'un événement à Istanbul, en Turquie. (Photo, AFP)
  • Osman Kavala, accusé d'avoir tenté de renverser le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan, ne pourra bénéficier d'aucune remise de peine
  • Il a été seulement acquitté de l'accusation d'espionnage

ISTANBUL: Le mécène turc Osman Kavala, détenu depuis quatre ans et demi, a été condamné lundi à Istanbul à la perpétuité après les plaidoiries de la défense qui avait réclamé son acquittement pour manque de preuves et dénoncé l'acharnement du pouvoir. 

Osman Kavala, accusé d'avoir tenté de renverser le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan, ne pourra bénéficier d'aucune remise de peine, ont précisé les juges dont le verdict, énoncé après moins d'une heure de délibéré, a été accueilli par des huées dans la salle du tribunal. 

Il a été seulement acquitté de l'accusation d'espionnage. 

Par avance, à la clôture des débats, Osman Kavala - qui a toujours nié les charges pensant contre lui - avait dénoncé un « assassinat judiciaire » contre sa personne: « Les théories du complot, avancées pour des raisons politiques et idéologiques, ont empêché une analyse impartiale des événements et (les ont) déconnectés de la réalité », avait-il lancé avant que les juges ne se retirent. 

Figure de la société civile turque, Osman Kavala, 64 ans, était accusé d'avoir cherché à renverser le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan via le financement des manifestations anti-gouvernementales dites « mouvement de Gezi » en 2013 et lors du coup d'Etat raté de juillet 2016. 

C'est depuis la prison de haute sécurité de Silivri, en lisière d'Istanbul, par visioconférence et vêtu comme à l'accoutumée d'une chemise blanche impeccable, qu'il a suivi lundi les plaidoiries et entendu l'énoncé du verdict, épilogue d'un feuilleton judiciaire renvoyé de mois en mois. 

Les trois avocats de l'homme d'affaires, éditeur et philanthrope, ont notamment fait valoir que jamais les juges ne lui ont demandé « où il se trouvait » lors des faits qui lui étaient reprochés. 

« Il n'y a pas eu de procès: vous n'avez pas posé une seule question à Osman Kavala », a lancé Me Tolga Aytöre. « Pas même: ‘Êtes-vous allé au parc Gezi?’ », épicentre des manifestations de 2013 qui avaient essaimé dans le pays.  

« lâchez vos téléphones »  

De même, le dernier défenseur à s'exprimer, Ilkan Koyuncu, a rappelé que « Kavala est accusé d'avoir joué un rôle dans la tentative de putsch en 2016, mais personne ne lui a demandé où il était la nuit du coup ». 

Pendant les plaidoiries, la représentante du Pen Club, association de défense de la liberté d'expression, Caroline Stockford, a demandé aux juges de « lâcher leur téléphone » pour écouter la défense, laissant entendre qu'ils recevaient leurs ordres sur écran. 

Face à la cour vendredi, Osman Kavala avait dénoncé l'influence du président Erdogan sur son procès. 

Ses sept co-accusés - qui comparaissaient libres - ont écopé d'une peine de dix-huit ans de prison, accusés de lui avoir apporté leur soutien. 

Les militants des droits humains avaient espéré une libération qui enverrait un signal positif, alors que la Turquie essaie de faciliter les pourparlers entre l'Ukraine et la Russie.  

D'autant que le président Erdogan recevait simultanément à Ankara le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres. 

Comme à chaque audience, une dizaine de diplomates occidentaux étaient présents pour témoigner de leur soutien à celui qui est devenu la bête noire du régime Erdogan. 

Surnommé le « milliardaire rouge » par ses détracteurs, Osman Kavala, né à Paris, avait été arrêté en octobre 2017. 

« Graves erreurs de la justice turque »  

Acquitté en février 2020 pour les charges liées aux manifestations de 2013, l'éditeur avait été arrêté quelques heures plus tard - avant même de pouvoir rentrer chez lui - puis renvoyé en prison, cette fois accusé d'avoir cherché à « renverser le gouvernement » lors du putsch raté de juillet 2016, ainsi que d'espionnage.  

Son acquittement avait ensuite été invalidé par la justice turque, mais la reconduction régulière de sa détention en a fait le héros de l'opposition au président Erdogan. 

« Avoir passé quatre ans et demi de ma vie en prison ne pourra jamais être compensé. La seule chose qui pourra me consoler sera d'avoir contribué à révéler les graves erreurs de la justice turque », avait-il prévenu vendredi. 

L'affaire Kavala a déclenché à l'automne une crise diplomatique, Ankara menaçant d'expulser une dizaine d'ambassadeurs occidentaux, dont celui des Etats-Unis, qui avaient réclamé sa libération. 

En février, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a lancé une « procédure en manquement » contre la Turquie. 

Le mois dernier, les procureurs avaient réclamé sa condamnation pour « tentative de renversement » du gouvernement, soit une peine de prison à vie sans possibilité de libération anticipée. 


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com