Législatives: les négociations à gauche entrent dans le dur

M. Mélenchon lui-même s'était réjoui vendredi que les «discussions avancent mieux» que ce qu'il pensait. (AFP)
M. Mélenchon lui-même s'était réjoui vendredi que les «discussions avancent mieux» que ce qu'il pensait. (AFP)
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Publié le Mardi 26 avril 2022

Législatives: les négociations à gauche entrent dans le dur

  • Les Insoumis pensaient convaincre les écologistes en capitalisant sur leur désapprobation commune des traités actuels, via le concept de «désobéissance»
  • L'ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot s'est dit aussi clairement opposé à «un système d'Europe à la carte»

PARIS: Après des débuts prometteurs, les négociations patinent entre La France insoumise, EELV et le PCF en vue d'un accord aux législatives. Le PS, lui, entre dans la danse via une rencontre avec les Insoumis programmée mercredi.


"C'est un peu compliqué", grimace Manuel Bompard. Le chef des négociateurs pour La France insoumise, placée en position de force après la solide 3e place de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle (21,95%), était pourtant optimiste jeudi dernier.


M. Mélenchon lui-même s'était réjoui vendredi que les "discussions avancent mieux" que ce qu'il pensait.


Las! Les deux principales tractations bilatérales menées par LFI avec leurs anciens concurrents et potentiels partenaires connaissent des turbulences, alors que la date butoir évoquée par les protagonistes, la fin de semaine, se rapproche.


Avec EELV d'abord. Des discussions ont eu lieu tout le weekend autour du programme. Et si les convergences sont réelles sur de nombreux sujets - "services publics, salaires, climat, égalité hommes-femmes, enseignement supérieur...", dixit le chef d'EELV Julien Bayou -, le sujet de l'Europe est épineux.


Les Insoumis pensaient convaincre les écologistes, amoureux d'une Union européenne fédéraliste, en capitalisant sur leur désapprobation commune des traités actuels, via le concept de "désobéissance". Mais les dirigeants verts y voient la traduction de "l'opt-out" mélenchoniste, un refus d'appliquer certaines règles européennes qui peut mener selon eux à un bras de fer dangereux.


L'ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot, qui a appelé mardi matin à "une coalition très ouverte" et respectant "l'identité des partenaires", s'est dit aussi clairement opposé à "un système d'Europe à la carte".    


La répartition des circonscriptions est un autre obstacle de taille. Manuel Bompard assure avoir pris en compte les remarques des écologistes, leur proposant "20% des 165 circonscriptions" dites "de qualité", notamment dans les villes qu'ils détiennent (Grenoble, Strasbourg, Lyon, Tours, Poitiers, Bordeaux...).


Il estime que les "Verts sont traversés par des contradictions internes entre ceux qui veulent qu'on gouverne ensemble et ceux qui n'y ont pas intérêt". Pour preuve, avance-t-il, le fait que la circonscription proposée à Paris pour Sandrine Rousseau, partisane d'une alliance avec LFI, n'ait pas été considérée comme une priorité par EELV.

 

Jadot favorable à une coalition de gauche, mais derrière Mélenchon, "ça ne marchera pas"

L'ex-candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot s'est dit mardi favorable à une "coalition" de "toutes les forces de gauche" aux législatives, mais il estime que derrière l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, "ça ne marchera pas", contrairement à d'autres figures d'EELV. 

"Je suis pour qu'il y ait évidemment La France insoumise, le résultat du 10 avril les oblige de ce point de vue-là, et aussi toutes les forces politiques de gauche, qui peuvent se réunir autour d'un projet", a-t-il expliqué sur France inter. 

Mais à la question de savoir si cela devait se faire derrière Jean-Luc Mélenchon, il a répondu: "ça ne marchera pas".

"C'est lui le chef?", lui demande la journaliste. "Non", a répondu l'eurodéputé.

Sur BFMTV, l'ex-candidate à la primaire écologiste Sandrine Rousseau, qui a beaucoup critiqué la campagne menée par Yannick Jadot, a de son côté reconnu "le leadership de Jean-Luc Mélenchon". "Il est arrivé premier (de la gauche au premier tour de la présidentielle, ndlr), c'est à lui de mener cette coalition".   

Yannick Jadot s'est dit en outre surpris du "détournement des institutions" opéré par Jean-Luc Mélenchon. "On peut pas se battre pour la VIe République et considérer que les législatives sont un troisième tour de la présidentielle", a asséné l'ex-candidat écolo. 

Pour lui, "c'est dans le respect de la diversité, des identités, qu'on gagnera des députés à l'Assemblée nationale". Sinon "ce sera sans moi", a-t-il prévenu.

Alors que la question de la "désobéissance" aux traités européens, défendue par les Insoumis, est en débat entre LFI et EELV, Yannick Jadot a expliqué qu'il n'était "pas pour un système de l'Europe à la carte". 

"Je ne suis pas prêt à mettre un pied dans une logique où chaque pays va choisir les thèmes sur lesquels il est prêt à avoir une souveraineté partagée", a-t-il dit.

"Mon parti ne dira pas ok sur le point de la désobéissance civile aux traités de l'Union européenne, telle que conçu par Jean-Luc Mélenchon. S'il le fait, je ne serai pas d'accord avec cet accord-là", a-t-il assuré. 

Yannick Jadot a par ailleurs confirmé qu'il ne rejoindrait pas le gouvernement si Emmanuel Macron le lui proposait. "Les débauchages, ça ne sert à rien".

Mais "si ce président de la République décide enfin d'agir pour le climat, évidemment nous (le) soutiendrons (...), ce quinquennat ne peut pas être un nouveau quinquennat inutile, un nouveau quinquennat de l'inaction", a-t-il affirmé.

«Partenariat respectueux»
Julien Bayou objecte que LFI "ne prend pas les mêmes critères de gagnabilité".


Il confie que le pôle écologiste a une revendication majeure, la construction d'une "coalition", et non l'inclusion dans une "Union populaire". 


"On ne veut pas faire la présidentielle bis, l'Union populaire ripolinée ferait le score des Insoumis", dit-il, prônant "une coalition pour nous additionner". 


Symptomatique de ces arguties, le logo à présenter aux électeurs les 12 et 19 juin. Manuel Bompard consent à ce que l'Union populaire ait pour "sous-titre" ou "dans la charte graphique", le mot "écologie". Tandis qu'EELV réclame une présence dans le nom même de la coalition. 


Même s'il souhaite un accord, l'ancien patron d'EELV, l'eurodéputé David Cormand, cogne fort contre les Insoumis: "Ils pensent qu'on fait la manche alors qu'on veut un partenariat respectueux. Ils veulent nous invisibiliser, demandent d'entrer dans l'Union populaire et ainsi d'admettre tacitement qu'il n'y a plus d'utilité à un parti écologiste".


La relation avec les communistes est aussi refroidie. Fabien Roussel aimerait que les socialistes soient inclus dans l'accord pour renforcer la coalition, quitte à temporiser pour le faire comprendre à LFI. Il n'y a donc pas eu de réunions le weekend dernier et les négociations ont repris seulement lundi soir. "On a perdu quatre jours", soupire Manuel Bompard.


Côté PS en revanche, un chemin s'ouvre. LFI a proposé une rencontre mercredi, que les socialistes ont acceptée, ont indiqué les deux parties à l'AFP. La retraite à 60 ans ne convainc pas sur le plan financier les cadres du PS, qui veulent rester ouverts sur cette question pourtant cruciale pour LFI. 


Un cadre socialiste prévient: "Si Mélenchon veut que cette coalition dure, il n'a pas intérêt à nous tordre le bras. Mais il peut parfaitement nous humilier et nous faire disparaître de l'Assemblée".


Dans Le Parisien, l'ex-Premier ministre Lionel Jospin juge "positif pour (le PS) de participer à un accord électoral de toute la gauche. A condition qu’on ne cherche pas à l’écraser".


Guillaume Ancel: Gaza, « un champ de la mort » avec une complaisance internationale

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, répond à Arab News en français. (AFP)
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  • Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël
  • Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps

PARIS: L’opération « Chariots de Gédéon » validée il y a presque une semaine par le gouvernement israélien est bel et bien en marche dans Gaza.

L’objectif affiché de l’opération a été précisé par le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou sur la plateforme X.

« Nous avons décidé d’intensifier l’opération à Gaza, selon la recommandation du chef d'État-major pour aller vers la défaite du Hamas » écrit-il.

Détruire le Hamas, n’est pas nouveau puisque cet objectif a été brandi par le premier ministre dès le lendemain du 7 octobre, et l'élément nouveau de cette opération est l’occupation pure et simple de l’enclave.

Netanyahou, aussi bien que son ministre des Finances Bezalel Smotrich, ont clairement affirmé qu’il ne s'agissait plus de rentrer dans Gaza pour en ressortir, et que l’enclave sera à nouveau occupée par Israël.

Des médias israéliens indiquent avec photos à l’appui, qu’un terrain est actuellement déblayé dans le Sud de Gaza pour accueillir les Gazaouis dans un premier temps.

D’autre part, Israël maintient son blocus hermétique qui affame les habitants de la bande, alors que l’armée israélienne s’adonne au quotidien à des bombardements meurtriers.

Ancien officier de l’armée française et éditeur du blog « ne pas subir » dédié aux questions politiques et de défense, Guillaume Ancel répond à Arab News en français. Il confie avoir espéré « ne plus jamais voir, ou avoir à témoigner » sur pareilles horreurs.

Mais le voilà de nouveau face à la guerre de Gaza, qu’il décrit dans un article publié sur son blog comme étant « le champ de la mort », depuis l’attaque du 7 octobre.

 


Paris et Alger s'enfoncent dans la crise diplomatique

La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères. (AFP)
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  • Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques
  • Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois

PARIS: La crise diplomatique entre Paris et Alger s'est encore aggravée avec de nouvelles expulsions de fonctionnaires français du territoire algérien, à laquelle la France va répondre "de manière immédiate", "ferme" et "proportionnée", a annoncé lundi le ministre français des Affaires étrangères.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi Jean-Noël Barrot lors d'un point presse à Pont-L'Evêque (ouest) où il était en déplacement.

"Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts", a-t-il ajouté.

Malgré une tentative de réconciliation début avril orchestrée par les deux présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, les deux pays ont échoué à reprendre langue de manière apaisée et durable, Alger ayant expulsé mi-avril douze fonctionnaires français du ministère de l'Intérieur.

Le chargé d'affaires de l'ambassade de France en Algérie - en l'absence de l'ambassadeur Stéphane Romatet, rapatrié à Paris pour consultations - a été convoqué dimanche au ministère algérien des Affaires étrangères pour lui notifier cette nouvelle demande des autorités algériennes, avait-on appris plus tôt de sources diplomatiques françaises.

"Manquements flagrants" 

Les fonctionnaires concernés étaient en mission de renfort temporaire, selon ces mêmes sources, qui n'étaient pas en mesure de préciser leur nombre, ni quand l'expulsion sera effective.

"C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a également commenté Jean-Noël Barrot.

A ce stade, le ministère algérien des Affaires étrangères n'a pas publié de communiqué officialisant cette demande qui a été annoncée par une dépêche de l'Agence de presse algérienne (APS).

L'Algérie exige "le rapatriement immédiat" de tous les employés français nommés dans des "conditions irrégulières", affirme APS.

"Cette convocation du diplomate français serait intervenue après le constat de manquements flagrants et répétés de la partie française au respect des procédures consacrées en matière d'affectation d'agents auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises en Algérie", poursuit l'agence, "sans que ces affectations n'aient fait, au préalable, l'objet, ni de notifications officielles, ni de demandes d'accréditation appropriées comme l'exigent les procédures en vigueur.

Les autorités algériennes dénonceraient aussi le blocage du processus d'agrément de deux consuls généraux algériens nommés à Paris et Marseille, ainsi que de sept autres consuls, en attente d'agrément depuis plus de cinq mois.

Mi-avril, les autorités algériennes avaient déjà déclaré persona non grata douze fonctionnaires français, tous travaillant pour le ministère de l'Intérieur. Ils avaient dû quitter l'Algérie en 48 heures.

Alger avait alors justifié cette décision par le fait que les autorités françaises avaient arrêté et mis en détention un agent consulaire algérien.

La France avait immédiatement riposté en prenant une mesure similaire - l'expulsion de 12 agents consulaires algériens - et en rappelant Stéphane Romatet pour consultations. Le diplomate est toujours à Paris.

Gravité inédite 

Dimanche, Jean-Noël Barrot avait souligné que la relation bilatérale restait "totalement gelée" depuis mi-avril, lors d'un entretien aux médias français France Inter/France Télévisions/Le Monde.

La récente crise, d'une gravité inédite entre l'Algérie et son ancienne puissance coloniale (1830-1962), a démarré à l'été 2024 lorsque Emmanuel Macron a apporté son soutien total à un plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, revendiqué depuis 50 ans par les indépendantistes du Polisario soutenus par Alger. L'Algérie avait immédiatement retiré son ambassadeur à Paris.

A l'automne, l'arrestation à Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal pour des déclarations portant, selon l'Algérie, "atteinte à l'intégrité du territoire", avait fait monter d'un cran les tensions.

Les tensions se sont ensuite enflammées début 2025 lorsque Paris a réclamé l'expulsion d'influenceurs algériens, refusée par Alger.

Les autorités françaises reprochent, elles, le refus d'Alger de reprendre ses ressortissants qui sont frappés d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF).


Expulsions de fonctionnaires français d'Algérie: la France répondra «de manière immédiate», «ferme» et «proportionnée» 

 La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot. (AFP)
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  • La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien
  • "C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest)

PONT-L'EVEQUE: La France répondra de "manière immédiate", "ferme" et proportionnée" à la décision "incompréhensible" de l'Algérie d'expulser d'autres fonctionnaires français du territoire algérien, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.

"C'est une décision qui est incompréhensible et qui est brutale", a réagi M. Barrot lors d'un point-presse à Pont-L'Evêque (ouest). "Le départ d'agents en mission temporaire est injustifié et injustifiable. Et comme je l'ai fait le mois dernier, nous y répondrons de manière immédiate, de manière ferme et de manière proportionnée à l'atteinte qui est portée à nos intérêts (...) C'est une décision que je déplore parce qu'elle n'est ni dans l'intérêt de l'Algérie ni dans l'intérêt de la France", a-t-il ajouté.