Cortèges fournis et incidents violents pour un 1er-Mai très politique

Des manifestants tiennent une banderole sur laquelle on peut lire "climat et justice sociale, même combat" lors de la manifestation annuelle du 1er mai (fête du travail) marquant la journée internationale du travailleur, à Paris, le 1er mai 2022. (AFP).
Des manifestants tiennent une banderole sur laquelle on peut lire "climat et justice sociale, même combat" lors de la manifestation annuelle du 1er mai (fête du travail) marquant la journée internationale du travailleur, à Paris, le 1er mai 2022. (AFP).
Short Url
Publié le Dimanche 01 mai 2022

Cortèges fournis et incidents violents pour un 1er-Mai très politique

  • La mobilisation a été supérieure à celle de l'an dernier dans l'ensemble de la France, où la CGT a revendiqué 210 000 manifestants, contre 170 000 l'an dernier
  • Les violences «parasites» du 1er-Mai «invisibilisent les syndicats et servent de propagande à nos pires adversaires», a tweeté le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon

PARIS : Plus d'une centaine de milliers de personnes ont défilé dimanche partout en France à l'occasion du 1er-Mai, une mobilisation en hausse dans un contexte très politique après la présidentielle, et plusieurs cortèges ont été émaillés d'incidents, en particulier à Paris, conduisant le ministre de l'Intérieur à dénoncer des violences "inacceptables".

La mobilisation a été supérieure à celle de l'an dernier dans l'ensemble de la France, où la CGT a revendiqué 210 000 manifestants, contre 170 000 l'an dernier. Le ministère de l'Intérieur a fait état de 116 500 manifestants contre 106 650 en 2021.

Dans la capitale, la manifestation, entamée vers 14h30 place de la République, s'est dispersée place de la Nation peu après 18H00. La CGT a revendiqué 50 000 manifestants, tandis qu'ils étaient 21 000 selon une comptabilisation du cabinet Occurrence pour un collectif de médias dont l'AFP, et 24 000 selon le ministère, qui en avait recensé 17 000 l'an dernier.

Si le gros des troupes, à l'appel de l'intersyndicale CGT-Unsa-FSU-Solidaires a pu défiler dans le calme à Paris, des tensions sont très vite apparues entre des manifestants très mobiles vêtus de noir, détachés du cortège principal, et les forces de l'ordre.

Vitrines brisées, murs tagués: des dizaines d'agences bancaires ou immobilières, de sociétés d'assurance, mais aussi un magasin bio et un restaurant McDonald's ont été vandalisés, et des affrontements ont émaillé le parcours avec des grenades lacrymogènes répondant à des jets de projectiles. Un sapeur-pompier qui tentait d'éteindre un incendie de palette a été agressé par une femme, qui a été interpellée.

Ces incidents ont conduit le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à dénoncer des "violences inacceptables" commises par des "casseurs". Il a fait état de huit blessés parmi les pompiers. Selon un premier bilan du parquet à 19H00, 50 personnes étaient alors en garde à vue à Paris.

Les violences "parasites" du 1er-Mai "invisibilisent les syndicats et servent de propagande à nos pires adversaires", a tweeté le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui s'en est pris au préfet de police Didier Lallement, "incapable de garantir le droit de manifester en paix" selon lui. 

«Mécontentement très fort»

Les mots d'ordre syndicaux étaient la hausse des salaires, le maintien des services publics et de la protection sociale, et une politique de transition écologique.

La réforme des retraites était aussi l'un des points de crispation de cette journée, une semaine après la réélection d'Emmanuel Macron, a souligné le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, pour qui une nouvelle mobilisation est envisageable dès "avant la rentrée, parce que le niveau de mécontentement sur les retraites ou les salaires est très fort". "Nous sommes opposés résolument (...) à toute forme de recul de l'âge de la retraite", a martelé de son côté le secrétaire général de FO, Yves Veyrier.

Ce 1er mai revêtait aussi une signification particulière pour la gauche, dans le contexte de négociations difficiles pour parvenir à un accord en vue des législatives. Jean-Luc Mélenchon a pris la parole sur une estrade au moment où le cortège parisien s'ébranlait, exhortant à un accord "cette nuit".

Ailleurs en France, des manifestations ont rassemblé 1 900 personnes à Bordeaux, 3 600 à Marseille, 3 500 à Toulouse, 4 000 à Lyon, 1 500 à Strasbourg ou Saint-Étienne, 2 000 à Lille selon les chiffres de la police. Au total, 255 points de rassemblement étaient prévus dans le pays, selon la CGT.

A Rennes, après la manifestation organisée dans le calme dans la matinée (1 650 personnes selon la préfecture), plusieurs centaines de militants d'ultra-gauche ont joué pendant deux heures au chat et à la souris avec les forces de l'ordre, notamment en allumant des feux de poubelles. Des dégradations ont aussi eu lieu à Nantes, où les forces de l'ordre sont intervenues pour disperser des militants d'ultra-gauche, selon la préfecture. La maire PS Johanna Rolland a condamné, dans un communiqué, "des actes de violence inadmissibles".

«Troisième tour dans la rue»

A Marseille, Martine Haccoun, médecin retraitée de 65 ans, est venue "montrer qu'on n'a pas donné à Macron un blanc-seing pour cinq ans, on a voulu faire barrage à Mme Le Pen".

"Je viens manifester tous les 1er mai, mais peut-être que la période après les élections a amené des gens qui ne seraient pas forcément venus", a déclaré à l'AFP Sylvie Marchese, 49 ans, à Toulouse, éducatrice spécialisée syndiquée à la CGT.

Après le barrage à Marine Le Pen dans les urnes et la réélection d'Emmanuel Macron, "le plus dur reste à faire car si on ne se met pas en lutte maintenant, on va pleurer des larmes de sang", estime Alain Theux, 77 ans et syndiqué CGT présent dans le cortège bordelais.

La CFDT, premier syndicat de France, a fait sans surprise bande à part, en organisant un "1er mai engagé pour le climat" et pour des augmentations de salaire. "On cherche des mobilisations qui soient plus symboliques que de masse", a déclaré à la presse son secrétaire général Laurent Berger, lors d'un rassemblement "revendicatif et festif" organisé sur les rails désaffectés de la "Petite ceinture", dans le 18e arrondissement de Paris. 


1er-Mai: des milliers de personnes défilent pour les salaires ou pour la paix

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT  (Photo, AFP).
Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT (Photo, AFP).
Short Url
  • Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée
  • A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie

PARIS: "La colère sociale, elle est bel et bien présente": des milliers de personnes manifestent en France mercredi à l'occasion du 1er-Mai, avec des revendications diverses portées par les syndicats pour les salaires, la paix, Gaza ou encore une Europe "plus protectrice".

Marseille, Lyon, Rennes ou Toulouse, les premiers cortèges, avec souvent des drapeaux palestiniens en plus de ceux des syndicats, se sont élancés dès la matinée.

A l'approche des élections européennes du 9 juin, plusieurs responsables politiques étaient de la partie comme Fabien Roussel (PCF) à Lille ou Manon Aubry (LFI) à Lyon. A Saint-Etienne, la tête de liste du PS et de Place publique Raphaël Glucksmann a été empêché de rejoindre le cortège après des jets de peinture et des invectives de quelques dizaines de militants. Une éviction que le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a dit désapprouver "totalement".

Parmi les premiers cortèges, celui de Marseille a réuni environ 3.000 personnes, selon la police, et 8.000 selon la CGT, sous un ciel gris, derrière une banderole proclamant: "Mobilisés pour la paix et le progrès social".

A Rennes, la manifestation a attiré 1.400 manifestants, selon la préfecture, tandis qu'à Nantes, ils étaient entre 4.000 et 5.000, a constaté un journaliste de l'AFP. Vers midi, de premières dégradations avaient lieu.

A Lyon aussi, entre 6.500 (préfecture) et 13.000 (CGT) ont défilé. Au moins 17  personnes ont été interpellées après des dégradations et des tensions avec les forces de l'ordre.

A Toulouse, ils étaient 3.000, selon la préfecture, 8.000, selon les organisateurs. Le défilé, sous la pluie, s'est tenu au milieu de drapeaux syndicaux, mais aussi palestiniens. "Stop à la guerre, augmentez les salaires" ou "contre la précarité", pouvait-on lire sur des pancartes.

A Paris, la manifestation doit s'élancer à 14H00 de la place de la République vers la place de la Nation. Dans une unité assez large, puisque la CFDT et l'Unsa en seront avec la CGT, FSU et Solidaires.

Avant le départ du cortège parisien, la numéro un de la CGT Sophie Binet a notamment mis en avant "le refus des politiques de casse sociale" et la défense des libertés, y compris syndicales.

La CGT, FSU et Solidaires, ainsi que des organisations de jeunesse dont l'Unef, la Fage ou le MNL (Mouvement national lycéen), ont lancé un appel commun notamment "contre l'austérité", pour l'emploi et les salaires ou encore la paix.

Le premier syndicat français, la CFDT, a de son côté appelé à "rejoindre les cortèges organisés partout en France, pour revendiquer une Europe plus ambitieuse et plus protectrice pour les travailleurs et les travailleuses". Sa numéro un Marylise Léon devait se rendre à Nancy, où elle participera à un débat sur les enjeux des élections européennes.

«plus compliqué»

Son homologue de FO, Frédéric Souillot, était à Montauban, en Occitanie, et dans la capitale les militants devaient manifester séparément depuis la place d'Italie à midi.

L'an dernier, les huit principaux syndicats français (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites.

"Là évidemment, c'est plus compliqué", a reconnu sur BFMTV Benoit Teste (FSU), tout en soulignant comme Marylise Léon, plus tôt sur France Inter, que les appels sont signés "assez largement" localement, notamment à Paris.

Dans ce contexte, au niveau national, "120.000 à 150.000" manifestants sont attendus, selon une note des services de renseignement territoriaux, consultée par l'AFP.

C'est nettement moins que l'an dernier où la mobilisation avait rassemblé près de 800.000 manifestants, selon les autorités, et 2,3 millions, selon la CGT, bien au delà d'un 1er mai classique. A titre de comparaison en 2022, la police avait dénombré quelque 116.000 manifestants (dans la fourchette ordinaire se situant entre 100.000 et 160.000) et la CGT 210.000.

Selon les remontées de la CGT, la mobilisation est "un petit peu plus élevée que le 1er mai 2022. (...) La colère sociale, elle est bel et bien présente", a affirmé Sophie Binet.

A Paris entre 15.000 et 30.000 personnes sont attendues par les autorités, dont 400 à 800 manifestants radicaux.

Mais les autorités s'attendent globalement à des manifestations "plus apaisées" que l'an dernier. De source policière, 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés dont 5.000 à Paris.


Visite du chef de la diplomatie française au Caire mercredi

Short Url
  • Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée
  • La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer

 

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères a décidé de prolonger sa tournée au Moyen-Orient par une visite au Caire mercredi "dans le cadre des efforts de l'Egypte pour obtenir la libération des otages et une trêve à Gaza", a indiqué son entourage à l'AFP.

Stéphane Séjourné, qui s'est rendu ces derniers jours au Liban, en Arabie Saoudite et en Israël, rencontrera son homologue Sameh Choukri à la mi-journée pour porter "le sujet des trois otages français et la coopération humanitaire".

Cette visite intervient alors qu'une médiation qatarie, égyptienne et américaine de longue haleine a fait naître un espoir de trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, associée à la libération d'otages, après près de sept mois de combats et de bombardements quasi quotidiens dans la bande de Gaza.

La France presse depuis des mois Israël de cesser son offensive durablement pour permettre la libération des otages et à l'aide humanitaire d'affluer alors que la population manque de tout.

Israël a donné "jusqu'à mercredi soir" au Hamas pour répondre à son offre de trêve discutée au Caire.

L'Egypte avait affirmé lundi avoir "bon espoir" concernant une trêve. Mais Zaher Jabareen, un des négociateurs du Hamas, a déclaré à l'AFP qu'il était "trop tôt pour parler d'une atmosphère positive dans les négociations".

Quelque 250 personnes ont été enlevées par le mouvement palestinien le 7 octobre lors de son attaque sans précédent dans le sud d'Israël et 129 restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes, selon des responsables israéliens.

L'attaque menée depuis Gaza en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. L'opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, d'après le Hamas.


Ecrans: Macron donne un mois au gouvernement pour dégager des mesures

Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Cette photographie d'illustration prise le 14 février 2024 montre un enfant regardant un écran à Paris. (AFP)
Short Url
  • «Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe» : c’est l'objet du rapport
  • La commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents

PARIS: Le gouvernement a un mois pour dégager des mesures à partir du rapport remis par une commission mandatée pour plancher sur l'usage des écrans et des téléphones portables chez les enfants et adolescents, a annoncé mercredi Emmanuel Macron.

"Déterminer le bon usage des écrans pour nos enfants, à la maison comme en classe : c’est l'objet du rapport qui m'a été remis par la commission d'experts sur l'impact de l'exposition des jeunes aux écrans que j’avais lancée. J’ai donné un mois au gouvernement pour examiner ses recommandations et les traduire en actions", a écrit sur X le chef de l'Etat.

Dans ce rapport d'une centaine de pages, la commission préconise d'interdire l'usage des écrans et des téléphones portables aux plus jeunes et d'en limiter drastiquement l'accès pour les adolescents. Elle alerte en particulier sur "les effets négatifs, directs et indirects, des écrans", notamment sur le sommeil, la sédentarité ou encore la myopie.

Les dix experts dépeignent également les réseaux sociaux comme "facteurs de risque" de dépression ou d'anxiété en cas de "vulnérabilité préexistante", et jugent "alarmant" le niveau d'exposition des enfants à des contenus violents. Ils proposent donc par exemple de pouvoir donner un smartphone sans accès aux réseaux sociaux à partir de 13 ans seulement, puis d'ouvrir cet accès à partir de 15 ans, uniquement sur des réseaux "éthiques".