Législatives libanaises: le grand mufti encourage les sunnites à voter

Des personnes passent devant une mosquée pendant les prières de la fête du Fitr, à Beyrouth, au Liban, le 2 mai 2022 (Photo, Reuters).
Des personnes passent devant une mosquée pendant les prières de la fête du Fitr, à Beyrouth, au Liban, le 2 mai 2022 (Photo, Reuters).
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Publié le Mardi 03 mai 2022

Législatives libanaises: le grand mufti encourage les sunnites à voter

  • Le pays a célébré la fête du Fitr dans un contexte de difficultés financières accablantes
  • Derian a sévèrement critiqué les autorités et a décrit la situation comme étant «très grave et dangereuse»

BEYROUTH: Le grand mufti, le cheikh Abdel Latif Derian, a profité de son sermon de la fête du Fitr pour prévenir les sunnites du danger que constitue l’abstention du vote lors des prochaines élections législatives qui auront lieu le 15 mai au Liban.
Dans un discours prononcé à la mosquée Al-Amin, au cœur de Beyrouth, Derian s'est adressé à une foule qui comptait plusieurs candidats sunnites et a affirmé que l'abstention était la formule magique qui permettrait aux personnes corrompues d'accéder au pouvoir.
Cette mise en garde survient après que les observateurs internationaux ont déclaré que l'abstention électorale des sunnites favoriserait «l'influence croissante du Hezbollah et de ses alliés de la secte sunnite, à travers la victoire des loyalistes du parti ou de ses alliés. En effet, plus le taux de participation aux élections est faible, plus il sera facile pour le Hezbollah de gagner dans les zones sunnites.»
Derian a tenu ces propos alors que le pays célébrait la fête du Fitr dans un contexte de difficultés financières accablantes.
Le président Michel Aoun a exprimé ses vœux sur Twitter à l'occasion de la fête du Fitr: «Que ceux qui portent en eux le bien veillent aux bons intérêts et à la sécurité de la nation.»
«Que cette fête soit une invitation à tous pour dépasser les intérêts à court terme et concrétiser les ambitions et les espoirs nationaux en faveur du développement et du redressement de notre patrie», a-t-il ajouté.
Quant au Premier ministre Najib Mikati, il a souhaité que «le Liban se rétablisse aussi vite que possible grâce aux efforts de chacun et à une coopération positive, sachant qu'il ne peut y avoir d'autre solution.»
«La répétition des erreurs est un crime, et les pires crimes sont ceux que l'on commet contre la patrie, sous prétexte de la défendre», a-t-il poursuivi.
Derian, la plus haute autorité de l'islam sunnite dans le pays, s'est exprimé lundi parce que «l'enthousiasme sunnite du vote est en baisse» en raison «du mépris qu'éprouve la population à l'égard de la classe dirigeante et de la pauvreté qu'elle a engendrée», a indiqué un responsable de Dar al-Fatwa à Arab News.
«Le 'courant du Futur' et ses partisans comptent parmi ceux qui s'abstiendront de voter, bien que l'ancien Premier ministre Saad Hariri n'ait pas demandé le boycott des élections. Ils ont décidé de ne pas voter parce qu'ils sont peu convaincus des candidats qui pourraient remplacer Hariri.»
La décision de Hariri a conduit la majorité de son bloc parlementaire – qui compte 19 sièges – à ne pas se présenter aux élections. Mikati et ses prédécesseurs Fouad Siniora et Tammam Salam, ainsi que l'ancien ministre de l'Intérieur Nohad Machnouk, ont également décidé de ne pas se présenter aux élections.
«La faim ne connaît ni sectes ni régions. Nous sommes unis par notre souffrance face à des crises qui s'aggravent et par notre volonté nationale de changer la situation et de surmonter l'effondrement et l'échec. Nous aspirons à devenir un État porteur d'un message et lié par une amitié sincère aux frères arabes qui ont soutenu le Liban et le peuple libanais dans les circonstances les plus difficiles», a précisé le responsable.
Derian a sévèrement critiqué les autorités et a décrit la situation comme étant «très grave et dangereuse.»
«Ils essaient de faire de l'agresseur un bienfaiteur et du criminel un héros, élevant l'inutile aux plus hauts rangs de louanges et d'honneur. Ce sont eux qui ont fait du Liban un État en faillite qui mendie de l'eau, de l'électricité et du pain.»
«Aucun de ces bons à rien n'a le courage d'avouer les crimes qu'il a commis au moyen de la corruption et de l'argent mal acquis. Ils font tous semblant d'être des anges et des saints pour pouvoir retourner à la scène du crime, et ils continuent de répandre la corruption. Méfiez-vous de leurs déclarations trompeuses et mensongères.»
Derian a insisté sur le fait que «le changement ne peut être réalisé de loin ni par de simples souhaits. On y parvient par une participation active, massive et honnête. Le choix des membres du Parlement constituera le point de départ de la réforme souhaitée. Quand il s’agit d’une action nationale, il n'y a pas de place pour le désespoir. Nous ne pouvons pas nous soumettre à l'échec et à la corruption, au suicide et à la mort.»
«Pourquoi certains candidats pensent-ils que les gens sont des moutons menacés par la force, même quand ils ont faim et peur ? Les crises sociales et humanitaires ne sont résolues que par le gouvernement et par des institutions étatiques compétentes et efficaces», a-t-il conclu.


Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Vision 2030: le Cabinet remercie les agences impliquées

Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, assiste à la session du Cabinet, mardi. (SPA)
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  • Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne
  • Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne

RIYAD: Le Conseil des ministres a salué les efforts des agences gouvernementales ayant contribué aux avancées réalisées dans le cadre de la Vision saoudienne 2030, alors que le Royaume se rapproche de l’atteinte de ses objectifs clés, a rapporté mardi l’Agence de presse saoudienne (SPA).

D’après le rapport annuel 2024 de la Vision, 93% des principaux indicateurs de performance ont été entièrement ou partiellement atteints depuis le lancement de l’initiative il y a neuf ans.

Le ministre des Médias, Salman al-Dosari, a précisé que le cabinet avait discuté de la troisième et dernière phase de la Vision 2030, qui débutera en 2026. Cette phase visera à pérenniser l’impact des transformations déjà engagées tout en exploitant de nouvelles opportunités de croissance.

Le Conseil des ministres a également salué le don généreux d’un milliard de riyals saoudiens (266,6 millions de dollars; 1 dollar = 0,88 euro) effectué par le prince héritier Mohammed ben Salmane, destiné à soutenir des projets de logement pour les bénéficiaires saoudiens éligibles et les familles dans le besoin.

Le cabinet a souligné que ce don illustre l’engagement constant du prince héritier à améliorer la qualité de vie des citoyens, ainsi que son intérêt soutenu pour le secteur du logement et les initiatives visant à offrir des logements décents aux familles méritantes à travers le Royaume.

Le prince Mohammed a également informé le Conseil de sa rencontre avec le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que de ses échanges avec le Premier ministre indien Narendra Modi.

Le cabinet a salué les résultats de la deuxième réunion du Conseil de partenariat stratégique saoudo-indien, soulignant le développement continu des relations économiques, commerciales et d’investissement entre les deux pays.

Le Conseil des ministres a souligné que la sécurité du Moyen-Orient exigeait d'accélérer la recherche d'une solution juste et globale à la question palestinienne, conformément aux résolutions de la légitimité internationale, à l'initiative de paix arabe et à la création d'un État palestinien indépendant le long des frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

Le Conseil a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts pour accélérer le redressement économique de la République arabe syrienne et a renouvelé son appel aux institutions financières régionales et internationales pour qu'elles reprennent et étendent leurs opérations dans le pays.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'Arabie saoudite condamne les actions d'Israël à Gaza devant la CIJ

 Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
Le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, s'exprime devant la Cour. (Capture d'écran)
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  • Tel-Aviv "continue d'ignorer" les décisions de la Cour internationale de justice, déclare le représentant du Royaume
  • M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

DUBAI : L'Arabie saoudite a condamné mardi devant la Cour internationale de justice la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, l'accusant de défier les décisions internationales et de commettre de graves violations des droits de l'homme.

S'exprimant devant la Cour, le représentant du Royaume, Mohamed Saud Alnasser, a déclaré qu'Israël "continue d'ignorer les ordres de la Cour" et a insisté sur le fait que "rien ne justifie les violations commises par Israël à Gaza".

M. Alnasser a ajouté qu'"Israël a transformé Gaza en un tas de décombres", soulignant la dévastation généralisée et les souffrances infligées aux civils.

Ses remarques ont été formulées au deuxième jour des audiences de la CIJ sur les obligations humanitaires d'Israël à l'égard des Palestiniens, qui se déroulent dans le cadre d'un blocus israélien total de l'aide à la bande de Gaza, qui dure depuis plus de 50 jours.

Ces audiences s'inscrivent dans le cadre d'efforts plus larges visant à déterminer si Israël a respecté les responsabilités juridiques internationales dans sa conduite lors de la guerre contre Gaza.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Syrie: neuf morts dans des affrontements entre forces de sécurité et combattants druzes près de Damas

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants. (AFP)
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  • Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité "
  • "La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué

DAMAS: Neuf personnes ont été tuées dans des affrontements entre les forces de sécurité syriennes et des combattants de la minorité druze à Jaramana, dans la banlieue de Damas, sur fond de tension confessionnelle, selon un nouveau bilan mardi d'une ONG.

Ces violences interviennent un mois après des massacres qui ont visé la minorité alaouite, faisant des centaines de morts, dans le pays où la coalition islamiste qui a pris le pouvoir en décembre est scrutée par la communauté internationale.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), "les forces de sécurité ont lancé un assaut" contre la banlieue à majorité druze de Jaramana, après la publication sur les réseaux sociaux d'un message vocal attribué à un druze et jugé blasphématoire envers l'islam.

L'OSDH, basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un solide réseau de sources en Syrie, a précisé que six combattants locaux de Jaramana et trois "assaillants" avaient été tués.

Plusieurs habitants de Jaramana joints au téléphone par l'AFP ont indiqué avoir entendu des échanges de tirs dans la nuit.

"Nous ne savons pas ce qui se passe, nous avons peur que Jaramana devienne un théâtre de guerre", a affirmé Riham Waqaf, une employée d'une ONG terrée à la maison avec son mari et ses enfants.

"On devait emmener ma mère à l'hôpital pour un traitement, mais nous n'avons pas pu" sortir, a ajouté cette femme de 33 ans.

Des combattants locaux se sont déployés dans les rues et aux entrées de la localité, demandant aux habitants de rester chez eux, a dit à l'AFP l'un de ces hommes armés, Jamal, qui n'a pas donné son nom de famille.

"Jaramana n'a rien connu de tel depuis des années". La ville est d'habitude bondée, mais elle est morte aujourd'hui, tout le monde est à la maison", a-t-il ajouté.

Mardi matin, quelques commerces ont ouvert leurs portes mais les rues de Jaramana, au sud-est de Damas, à majorité druze mais compte également des familles chrétiennes, étaient quasiment désertes, ont rapporté des habitants.

 "Respecter l'ordre public" 

Dans un communiqué, les autorités religieuses druzes locales ont "vivement dénoncé l'attaque armée injustifiée contre Jaramana (...) qui a visé les civils innocents", faisant assumer aux autorités syriennes "l'entière responsabilité de ce qui s'est produit et de toute aggravation de la situation".

"La protection de la vie, de la dignité et des biens des citoyens est l'une des responsabilités les plus fondamentales de l'Etat et des organismes de sécurité", a ajouté le communiqué.

Il a dénoncé dans le même temps "toute atteinte au prophète Mahomet" et assuré que le message vocal était fabriqué "pour provoquer la sédition".

Le ministère de l'Intérieur a souligné mardi "l'importance de respecter l'ordre public et de ne pas se laisser entraîner dans des actions qui perturberaient l'ordre public".

Il a ajouté qu'il enquêtait sur le message "blasphématoire à l'égard du prophète" Mahomet pour identifier l'auteur et le traduire en justice.

Les druzes, une minorité ésotérique issue de l'islam, sont répartis notamment entre le Liban, la Syrie et Israël.

Dès la chute du pouvoir de Bachar al-Assad le 8 décembre en Syrie, après plus de 13 ans de guerre civile, Israël multiplié les gestes d'ouverture envers cette communauté.

Début mars, à la suite d'escarmouches à Jaramana, Israël avait menacé d'une intervention militaire si les nouvelles autorités syriennes s'en prenaient aux druzes.

Ces propos ont été immédiatement rejetés par les dignitaires druzes, qui ont réaffirmé leur attachement à l'unité de la Syrie. Leurs représentants sont en négociation avec le pouvoir central à Damas pour parvenir à un accord qui permettrait l'intégration de leurs groupes armés dans la future armée nationale.

Depuis que la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh, qui a été proclamé président intérimaire, a pris le pouvoir, la communauté internationale multiplie les appels à protéger les minorités.

Début mars, les régions du littoral dans l'ouest de la Syrie ont été le théâtre de massacres qui ont fait plus de 1.700 tués civils, en grande majorité des alaouites, selon l'OSDH.